Un dessin qui n’a peut-être même pas existé – ( RC )
Stoppages avec mètres étalons ( Marcel Duchamp, page de magazine Life )
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Mon dessin a suivi son chemin:
il n’avait pas le tracé sinueux
des racines, en travers du chemin,
pas l’épaisseur du trait repoussant
les obstacles, comme mes bottes
dans l’épaisse couche de neige.
Je me suis demandé comment il avait commencé.
Je l’ai senti avant de le voir,
avant qu’il apparaisse sous la mine.
C’était peut-être une opération mentale.
Elle aurait donné de résultats semblables,
si j’avais poursuivi la ligne,
les yeux clos.
On pouvait voir une ressemblance
avec quelque chose de connu, bien que
on n’en soit pas sûr.
Le chat a marché dessus, il n’y a vu aucun sens,
rien qui ne le trompe au point qu’il s’arrête.
C’est juste une interprétation du visible,
une musique en devenir, et l’esprit
en suit les indices,
comme si on cherchait la solution
à une énigme.
L’espace a continué de se feuilleter , en pages
glacées, un coup de vent a retourné la feuille.
On ne voit plus rien.
Peut-être même qu’il n’a jamais existé.
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RC – oct 2016
Témoins discrets et obstinés ( RC )

objets abandonnés: photo images d’Yci
Restés en patience dans les greniers,
Soustraits au jour, et aux regards
Et tissés de toiles d’araignées
Et qu’on retrouve un jour, par hasard.
Les objets désuets stockés dans un coin
Gardent quelque part un message,
De leur voix venue de loin,
Leurs formes étranges, dont on ne sait plus l’usage.
Manches en bois et parties en fer,
Et l’éclat rouge des cuivres
Ce dont nous parlent les livres,
L’encyclopédie de Diderot et d’Alembert.
Les cabinets de curiosité
Les outils anciens du musée
Dont nous portons l’hérédité
A l’époque des fusées.
Le passé n’est pas éliminé
En traversant l’histoire
Les témoins discrets, se sont obstinés
En nous le donnant à voir
Et portent tout leur sens
Attendant que la mémoire nous revienne
Lorsque nous sommes en présence
Des époques anciennes…
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Tout ce qu’on trouve enfoui
Au fond de nos tiroirs,
Petit à petit recouvert, du voile de l’oubli,
reste cependant en mémoire.
En dehors de la nôtre, pour agir ainsi
Elle voyage au-delà de l’absence,
Ou plutôt reste déposée, dans le lit de l’ici,
Lorsque la vie accumule, ses sédiments denses
Si lentement, qu’on n’a pas l’esprit d’y penser,
Cachant peu à peu , ce qui fait sa magie
En strates compactes et compressées,
Révélées par les sondages d’archéologie .
Je retrouve les traces,
De ce qui est resté tel quel
Et qui patientent, tenaces
Attendant l’action de la pelle…
Sous le manteau de la terre
On a caché ce qui fâche
Tout ce qui fallait taire
Que soigneusement, on cache
Sous le côté lisse
Et les parterres de fleurs
L’enquête têtue, peut trouver indices
Des drames et mal-heurts.
Sous les tombes muettes ,
Traces révélées de l’ADN
Ou bien , dans les éprouvettes
A remonter le temps qui s’égrène.
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RC – 17 février 2013
Bête de Gévaudan ( RC )
Dans ces lieux, que je vous décris
Il y a toujours de ces champignons
Que l’on prend pour des lumignons
Des brumes, de l’encre et des cris..
Il n’y a plus grand monde, avant l’hiver
Quelques boeufs, pas de tracteurs
Mais seulement quelques cultivateurs
Et les environs sont déserts
Dans les labours, ils jettent le blé au vent
Comme elle est bête , du Gévaudan…
dans la forêt sombre, luisent des dents
C’était il y a longtemps, c’était avant…
Il y a des chemins qui vont au hasard
Et des bandits de grand chemin
Qui hantent les routes du destin
Lorsque le jour se fait hagard
Si le sombre se pose là, menaçant
Tous les jours ne sont pas dimanche,
Envers l’inconnu un désir de revanche
Mêle de l’inconnu des désirs de feu et sang
Car on raconte beaucoup de choses
Difficiles à vérifier
Et dont il faut quand même, se méfier
Qui font beaucoup de littérature, – et de prose.
On ne sait plus, avant que pierres se fendent
Ce qui est du vrai ou du fantastique,
Le fil du temps, délite l’historique
Et les traces se diluent en légendes…
A trier du grain de l’ivraie,
Les contes, enjolivés par l’âge
Ne sont plus, au reportage
Qu’évènements, où chercher le vrai
Est comme chercher , quelques indices
Ou l’aiguille dans la botte de foin
De ces échos lointains
Qui ont intéressé la police…
Mais provoquent l’imaginaire
D’un esprit élastique
A voir des bêtes fantastiques
Un peu partout sur terre…
Si une bête s’est échappée
C’est toute un affaire
— On parle d’une panthère
Et toutes les calanques sont bloquées…
Il faut verser de l’encre en litres
Le lecteur des gazettes est poussé à l’achat…
Finalement …… ce n’était qu’un gros chat
Dont on fit les gros titres…
Les nouvelles d’ailleurs ne sont jamais pareilles
La Sardine – ( cétait un record )
Avait bouché le vieux port…
C’est vrai qu’on était à Marseille…
On dit bien avec » l’acssent », » Bonne Mère »
– Tu vois pas qu’ils exagèrent…. ?
Mais dans le sombre Gévaudan
… on en fait tout autant….
Et si la « Bête » — ce phénomène
– Dont on fit affaire d’état
N’était qu’une suite d’assassinats
Qui aurait sa forme humaine…. ?
Dont on fit une « Une »
— faute de trouver un coupable
Ce fut la « bête » », le responsable
… les loups hurlant à la lune….
RC – 20 octobre 2012
( voir -entre autres la description détaillée qu’on en a fait, ici… )
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