Claude Saguet – A ma mère
à ma mère
Mon délire vient
d’un grand orage,
d’un lieu inexploré
à l’Est de l’Angoisse.
Tendresse verte aux carrefours
je le retrouve, couleur d’émeute,
en de lointains faubourgs
noyés de linges tristes.
Le soir peut faire la roue
quand j’écarte les branches,
ou vêtir de neige
la soif des oiseaux,
il assiège mes oreilles
plein de détonations.
En vain la mer efface
le bleu sourd du brouillard,
et griffe de ses sources
les filets de la pluie,
il balise d’injures
la nuit qui me ressemble.
Mon délire vient
de mille chaînes
coulées dans le regard
où tout se contredit.
(Terre de fièvres éditions Tribu juin 1984)
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Alejandra Pizarnik – Invocations (Invocaciones, 1965)
Beauty will save the world ( le blog de schabrieres), nous propose toujours de belles découvertes, dont ce court texte dont je fais l’écho
Alejandra Pizarnik – Invocations (Invocaciones, 1965)
Insiste en ton étreinte,
redouble ta fureur,
crée un espace d’injures
entre moi et le miroir,
crée un chant de lépreuse
entre moi et celle que je me crois.
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Alejandra Pizarnik (1936-1972) – Les Travaux et les Nuits (Los trabajos y las noches, 1965) – Traduction Silvia Baron Supervielle