Octavio Paz – l’amphore brisée

Le regard intérieur se déploie, un monde de vertige et de flamme
naît sous le front qui rêve :
soleils bleus, tourbillons verts, pics de lumière
qui ouvrent des astres comme des grenades,
solitaire tournesol, œil d’or tournoyant
au centre d’une esplanade calcinée,
forêts de cristal et de son, forêts d’échos et de réponses et d’ondes,
dialogues de transparences,
vent, galop d’eau entre les murs interminables
d’une gorge de jais,
cheval, comète, fusée pointée sur le cœur de la nuit,
plumes, jets d’eau,
plumes, soudaine éclosion de torches, voiles, ailes,
invasion de blancheur,
oiseaux des îles chantant sous le front qui songe !
J’ai ouvert les yeux, je les ai levés au ciel et j’ai vu
comment la nuit se couvrait d’étoiles.
Iles vives, bracelets d’îles flamboyantes, pierres ardentes respirantes,
grappes de pierres vives, combien de fontaines,
combien de clartés, de chevelures sur une épaule obscure,
combien de fleuves là-haut, et ce lointain crépitement de l’eau
sur le feu de la lumière sur l’ombre.
Harpes, jardins de harpes.
Mais à mon côté, personne.
La plaine, seule : cactus, avocatiers,
pierres énormes éclatant au soleil.
Le grillon ne chantait pas,
il régnait une vague odeur de chaux et de semences brûlées,
les rues des villages étaient ruisseaux à sec,
L’ air se serait pulvérisé si quelqu’un avait crié : « Qui vive ! ».
Coteaux pelés, volcan froid, pierre et halètement sous tant de splendeur,
sécheresse, saveur de poussière,
rumeur de pieds nus dans la poussière, et au milieu de la plaine,
comme un jet d’eau pétrifié, l’arbre piru.
Dis-moi, sécheresse, dis-moi, terre brûlée, terre d’ossements moulus,
dis-moi, lune d’agonie, n’y a-t-il pas d’eau,
seulement du sang, seulement de la poussière,
seulement des foulées de pieds nus sur les épines
seulement des guenilles, un repas d’insectes et la torpeur à midi
sous le soleil impie d’un cacique d’or ?
Pas de hennissements de chevaux sur les rives du fleuve,
entre les grandes pierres rondes et luisantes,
dans l’eau dormante, sous la verte lumière des feuilles
et les cris des hommes et des femmes qui se baignent à l’aube ?
Le dieu-maïs, le dieu-fleur, le dieu-eau, le dieu-sang, la Vierge,
ont-ils fui, sont-ils morts, amphores brisées au bord de la source tarie ?
Voici la rage verte et froide et sa queue de lames et de verre taillé,
voici le chien et son hurlement de galeux, l’agave taciturne,
le nopal et le candélabre dressés, voici la fleur qui saigne et fait saigner,
la fleur, inexorable et tranchante géométrie, délicat instrument de torture,
voici la nuit aux dents longues, au regard effilé,
l’invisible silex de la nuit écorchante,
écoute s’entre-choquer les dents,
écoute s’entre-broyer les os,
le fémur frapper le tambour de peau humaine,
le talon rageur frapper le tambour du cœur,
le soleil délirant frapper le tam-tam des tympans,
voici la poussière qui se lève comme un roi fauve
et tout se disloque et tangue dans la solitude et s’écroule
comme un arbre déraciné, comme une tour qui s’éboule,
voici l’homme qui tombe et se relève et mange de la poussière et se traîne,
l’insecte humain qui perfore la pierre et perfore les siècles et ronge la lumière
voici la pierre brisée, l’homme brisé, la lumière brisée.
Ouvrir ou fermer les yeux, peu importe ?
Châteaux intérieurs qu’incendie la pensée pour qu’un autre plus pur se dresse, flamme fulgurante,
semence de l’image qui croît telle un arbre et fait éclater le crâne,
parole en quête de lèvres,
sur l’antique source humaine tombèrent de grandes pierres,
des siècles de pierres, des années de dalles, des minutes d’épaisseurs sur la source humaine.
Dis-moi, sécheresse, pierre polie par le temps sans dents, par la faim sans dents,
poussière moulue par les dents des siècles, par des siècles de faims,
dis-moi, amphore brisée dans la poussière, dis-moi,
la lumière surgit-elle en frottant un os contre un os, un homme contre un homme, une faim contre une faim,
jusqu’à ce que jaillisse l’étincelle, le cri, la parole,
jusqu’à ce que sourde l’eau et croisse l’arbre aux larges feuilles turquoise ?
Il faut dormir les yeux ouverts, il faut rêver avec les mains,
nous rêvons de vivants rêves de fleuve cherchant sa voie, des rêves de soleil rêvant ses mondes,
il faut rêver à haute voix, chanter jusqu’à ce que le chant prenne racine, tronc, feuillage, oiseaux, astres,
chanter jusqu’à ce que le songe engendre et fasse jaillir de notre flanc l’épine rouge de la résurrection,
Veau de la femme, la source où boire, se regarder, se reconnaître et se reconquérir,
la source qui nous parle seule à seule dans la nuit, nous appelle par notre nom, nous donne conscience d’homme,
la source des paroles pour dire moi, toi, lui, nous, sous le grand arbre, vivante statue de la pluie,
pour dire les beaux pronoms et nous reconnaître et être fidèles à nos noms,
il faut rêver au-delà, vers la source, il faut ramer des siècles en arrière,
au-delà de l’enfance, au-delà du commencement, au-delà du baptême,
abattre les parois entre l’homme et l’homme, rassembler ce qui fut séparé,
la vie et la mort ne sont pas deux mondes, nous sommes une seule tige à deux fleurs jumelles,
il faut déterrer la parole perdue, rêver vers l’intérieur et vers l’extérieur,
déchiffrer le tatouage de la nuit, regarder midi
face à face et lui arracher son masque,
se baigner dans la lumière solaire, manger des fruits nocturnes,
déchiffrer l’écriture de l’astre et celle du fleuve,
se souvenir de ce que disent le sang et la mer,
la terre et le corps, revenir au point de départ,
ni dedans, ni dehors, ni en dessus ni en dessous,
à la croisée des chemins, où commencent les chemins,
parce que la lumière chante avec une rumeur d’eau,
et l’eau avec une rumeur de feuillage,
parce que l’aube est chargée de fruits,
le jour et la nuit réconciliés coulent avec la douceur d’un fleuve,
le jour et la nuit se caressent longuement comme un homme et une femme,
comme un seul fleuve immense sous l’arche des siècles
coulent les saisons et les hommes,
là-bas, vers le centre vivant de l’origine,
au delà de la fin et du commencement.
Octavio PAZ.
Plus proches des insectes que des étoiles – ( RC )

Je multiplie les voix,
colle mon oreille sur le sol.
J’entends le crépitement de l’univers
à même la terre.
Viennent des vibrations,
et l’enfance de l’herbe,
dont l’enthousiasme se nourrit
du temps et des vents.
De petits riens
que la pluie dépose.
Des feuilles s’ébrouent,
se développent et se ternissent.
C’est dans l’ordre des choses,
ainsi l’éclosion des roses,
leur parfum suave
comme l’éclat des astres.
Je ne vais rien décrire,
la couleur existe,
vibre de lumière,
elle se passe de moi.
Le monde est un chapiteau,
et le spectacle est à deux pas.
Nous sommes plus proches des insectes
que des étoiles.
Cacophonie – (Susanne Derève)

–
Cacophonie de chants d’oiseaux :
ce matin comme chaque matin ils occupent tout l’espace sonore
se répondant d’arbre en arbre , de gouttière en gouttière :
rougequeue, mésange, fauvette
et le vol affairé des hirondelles picorant miettes et rameaux
–
Le va et vient obstiné des fourmis sous la fenêtre que je déjoue
d’une brindille comme on dévie le cours d’un ruisseau
–
Vient l’heure où le lézard furtif , pointant son oeil inquiet
rejoint les pierres chaudes , se risque à laper d’une langue hâtive
une flaque déposée par la nuit.
–
Tandis que le concert des oiseaux s’apaise ,
c’est un long bourdonnement qui monte dans la chaleur :
le chant de basson des insectes saturant le silence.
–
Au sol l’ombre chemine . Heures indolentes ,
les jours ne passent pas ici , ils nous charrient
comme un long fleuve érodant monts et vallées,
à l’échelle d’un temps démesuré
qui polit doucement causses et dolines ,
croque le calcaire d’une dent gargantuesque
sous nos yeux de petits poucets .
–
Marie-Hélène Lafon – Herbe

L’herbe est l’apanage de ce pays, sa première peau.
Elle s’immisce, elle confond par sa virulence.
L’herbe en terre verte ne se sème pas, elle se donne.
A la fin de mars, aux détours du changeant avril, elle pointe, timide, têtue.
En mai, en juin, elle devient insensée, elle ne connaît pas sa force, elle n’a plus de limites,
elle regorge, elle pavoise, elle frôle l’invraisemblable, elle se marquette de troupeaux repus et de pissenlits sémillants.
C’est la saison majuscule, le temps d’insolente jeunesse.
Le vent la brasse, l’étreint, l’éreinte, la pluie la couche, elle se redresse, elle récidive, elle vient à bout de tout.
Elle sent fort le neuf. Enfin elle s’émaille de fleurs vives et penchées, c’est son chant du cygne, elle sera fauchée pour excès de zèle, prolifique munificence.
Elle a été fauchée. Elle jonche, et encore, avant d’être enfournée dans la gueule chaude des machines qui tonitruent, avant la touffeur des granges et des hangars, avant les gaines de plastique drapé, encore, l’herbe se donne. Elle emplit l’air, les soirs, les nuits s’arrondissent d’elle, elle poursuit, elle happe, elle prend, se fait capiteuse, entête comme une chanson ancienne.
Ramassée, compressée, engrangée dûment, elle persiste, elle repousse, elle revient, elle recommence, elle est là, plus légère et non moins crue, à peine émaciée, en regain convoité, une ou deux fois par saison sur les terres les plus généreuses.
Son royaume serait les montagnes d’été où les machines ne l’atteindront pas.
Sur les plateaux de pleine lune, Limon, Cézallier, Aubrac et autres steppes, juin, juillet, août sont le grand temps de l’herbe en gloire, sertie de fleurs aux prénoms précieux.
Les bêtes lentes, répandues sous le ciel énorme, la paissent.
Plus tard, au large des automnes, le fastueux navire cargue les voiles pour le voyage d’hiver, on le déserte;
tout est rare, troupeaux et gens, ce qui reste de l’herbe se tasse, tenace, indéfectible, jauni, mâchuré, roux et rêche à l’œil, souple cependant sous le pied.
Les insectes crépitants n’y courent plus.
L’herbe se fait pelisse, toison de la bête, tendue au ras des jours et des nuits, craquetante et enchantée de givre dans les aubes de décembre.
Sous la neige l’herbe recommence.
extrait de l’ouvrage » album » éd Buchet-Chastel
Charles Le Quintrec – Je suis aussi nu que le feu…
Je suis aussi nu que le feu
Que la fougère
Que la nuit où crèchent les bœufs
Nu comme un ver.
Mes mains.
Des insectes dedans.
Mes mains me brûlent.
Les oiseaux y boivent souvent
Une eau de lune.
Mains qui consacrent
Qui consolent.
Messe des mains
Qui déplacent la nuit des hommes
Jusqu’au matin.
Suis-je si seul d’être si vieux
Quel est mon crime ?
Je suis aussi nu que le feu
Que Dieu domine…
Charles LE QUINTREC « Stances du Verbe Amour »
Guy Goffette – Dimanche
La cloche du beurrier ancien dans le soleil d’octobre est une église oubliée sur la table des hommes
Elle rassemble autour d’elle les miettes éclatantes du cœur qui a vécu son heure de gloire dans le partage et l’apaisement des cris pépites qu’une main sèmera sur le gazon
bleu pour les oiseaux les insectes les dieux invisibles qui portent la lumière au creux des arbres immobiles et dans l’espace ouvert la nuit entre nos songes
Une île d’écriture – ( RC )
Il y a bien un moment, où le bateau,
à force de dériver, accoste à une île.
Je suis d’abord méfiant, puis y risque quelques pas,
on ne sait quel sera l’accueil.
> Je laisse passer du temps.
On apprivoise l’île et ses occupants,
animaux, végétaux et humains
( s’il y en a ).
Inversement l’île apprivoise,
on dirait qu’elle veut m’inclure dans elle,
faire connaître ses humeurs,
à travers ses mangroves, ses lianes,
ses singes et insectes .
Les fruits exotiques sont mon apéro,
et j’ai trouvé un abri
pour les jours de pluie.
Bientôt je vais me greffer aux arbres,
je serai leurs racines,
et une extension de feuillage,
comme si avant j’étais une chose morte,
et qu’alors j’eusse renoncé à l’inutile.
C’est ainsi que j’ai abordé l’île d’écriture,
porté par les alizés,
et maintenant je fleuris d’encre .
–
RC – oct 2017
L’indépendance des choses – ( RC )
Comme en strates . c’est de la matière qui se dépose…
On pense généralement à de la poussière,
ou bien les flocons de fausse neige
qui retombent lentement , une fois qu’on a posé la boule
après l’avoir secouée.
On ne pense pas que les choses ont cette indépendance,
comme il est fastidieux de toujours grouper par famille,
par genre, – à la façon des entomologistes,
qui détectent , parmi les insectes,
leurs caractéristiques communes, et les classent par genre .
Il en est ainsi des papiers.
Tous les papiers administratifs qui s’accumulent,
les factures et les publicités qui s’entasseraient
dans le plus grand désordre,
si on ne venait pas relever la boîte aux lettres .
Il faut classer par formulaire, par couleurs, par années…
mais il y en a toujours qui s’échappent,
du fait de l’inattention ,
et se retrouvent dans d’autres classeurs,
ou dans un livre fermé par inadvertance.
Aller à la ramasse, ce serait aussi comme
trier les champignons,
les comestibles, et ceux qui ne le sont pas
ceux qui se dissimulent,
et font semblant d’être bons….
J’imagine plutôt
…. quelque chose d’insaisissable :
Les vrais objets auraient pris la file de l’air,
aspirés par on ne sait quel phénomène,
il se serait créé un vide sidéral.
Il ne resterait que leurs images ,
et celles-ci clignoteraient encore quelques jours,
à la façon d’hologrammes,
avant de se fondre dans l’obscurité.
Un néant ?
Non, pas tout à fait,
mais > un monde derrière, qui existe,
ayant bu les objets
et gommé leur surabondance.
rendant l’air à nouveau respirable .
–
RC – oct 2017.
Foroukh Farrokhzâd – il n’y a que la voix qui reste
peinture: Arpad Szenes
Pourquoi m’arrêterais-je, pourquoi?
Les oiseaux sont partis en quête d’une direction bleue
L’horizon est vertical
L’horizon est vertical, le mouvement une fontaine
Et dans les limites de la vision
Les planètes tournoient lumineuses
Dans les hauteurs la terre accède à la répétition
Et des puits d’air
Se transforment en tunnels de liaison.
Le jour est une étendue,
Qui ne peut être contenue
Dans l’imagination du vers qui ronge un journal
Pourquoi m’arrêterais-je?
Le mystère traverse les vaisseaux de la vie
L’atmosphère matricielle de la lune,
Sa qualité, tuera les cellules pourries
Et dans l’espace alchimique après le lever du soleil
Seule la voix
Sera absorbée par les particules du temps
Pourquoi m’arrêterais-je?
Que peut être le marécage, sinon le lieu de pondaison des insectes de pourriture
Les pensées de la morgue sont écrites par les cadavres gonflés
L’homme faux dans la noirceur
A dissimulé sa virilité défaillante
Et les cafards…ah Quand les cafards parlent!
Pourquoi m’arrêterais-je?
Tout le labeur des lettres de plomb est inutile,
Tout le labeur des lettres de plomb,
Ne sauvera pas une pensée mesquine
Je suis de la lignée des arbres
Respirer l’air stagnant m’ennuie
Un oiseau mort m’a conseillé de garder en mémoire le vol
La finalité de toutes les forces est de s’unir, de s’unir,
À l’origine du soleil
Et de se déverser dans l’esprit de la lumière
Il est naturel que les moulins à vent pourrissent
Pourquoi m’arrêterais-je?
Je tiens l’épi vert du blé sous mon sein
La voix, la voix, seulement la voix
La voix du désir de l’eau de couler
La voix de l’écoulement de la lumière sur la féminité de la terre
La voix de la formation d’un embryon de sens
Et l’expression de la mémoire commune de l’amour
La voix, la voix, la voix, il n’y a que la voix qui reste
Au pays des lilliputiens,
Les repères de la mesure d’un voyage ne quittent pas l’orbite du zéro
Pourquoi m’arrêterais-je?
J’obéis aux quatre éléments
Rédiger les lois de mon cœur,
N’est pas l’affaire du gouvernement des aveugles local
Qu’ai-je à faire avec le long hurlement de sauvagerie?
De l’organe sexuel animal
Qu’ai-je à faire avec le frémissement des vers dans le vide de la viande?
C’est la lignée du sang des fleurs qui m’a engagée à vivre
La race du sang des fleurs savez-vous?
Traduction de Mohammad Torabi & Yves Ros.
Boîte à vent – ( RC )
installation architecturale Christophe Bénichou, région de Montpellier
Tu vois cette grande boîte,
posée sur la montagne,
obscure , close sur elle-même
personne n’y rentre et personne n’a la clef.
Tout est immobile autour et se dessèche.
Les rayons du soleil rebondissent sur elle
et semblent s’amplifier.
Les insectes ont fait silence,
il n’y a aucun oiseau visible.
Peut-être sont-ils grillés.
Dans cette boîte, j’y ai caché le vent.
–
RC – mai 2017
Deux-bout dans le vent – ( RC )
—
Debout dans le vent
Tronc contre tronc,
Deux arbres —
Marient leurs branches,
Echangent sans doute,
Un dialogue que l’on n’entend pas,
Ecorce lisse,
Contre peau rugueuse
Deux espèces,
deux langages cohabitent,
Par leur sève
Racines imbriquées,
Les unes dans les autres.
Ou bien s’agit-il
D’une lutte silencieuse,
A longueur de siècle,
Un seul sortira vainqueur,
Se nourrissant de sa mémoire,
Laissant ce qu’il en demeure,
Aux insectes,
Découpe d’une silhouette
Libre de ses feuilles,
Sculpture éphémère,
Dans un ciel,
Ou l’orage succède à l’azur,
Le jour, à la nuit ( comme il se doit ).
–
RC- août 2015
Tu peux passer à la page suivante, et continuer – ( RC )
Image : Toño Camuñas
Comme carnet de voyage,
garder les étiquettes des derniers achats,
les papiers de bonbons,
le ticket d’autobus,
la pin-up qui trône
sur le flacon du shampooing,
les diablotins
trouvés dans une pochette surprise,
l’autre jour au luna-park,
un extrait de la pub du produit
qui affirme détruire tous les insectes.
La carte de la dame de trèfle
( ouvrant une nouvelle ère de prospérité)
Ne pas oublier la mèche de cheveux
de la serveuse, qui fut l’amante…
et la page de BD déchirée,
qui patientait au fond d’un tiroir.
Disposer le tout de façon ordonnée,
dans le sens de la lecture,
utiliser une colle efficace,
relier par des quelques tracés au crayon
soulignant les ombres.
Un commentaire n’est pas nécessaire.
Tu peux passer à la page suivante,
et continuer.
–
pour les images produites par Toño Camuñas, on pourra voir aussi Larry Rivers, et Mel Ramos, dans le domaine « pop-art »..
Agnes Schnell – Rêves chagrinés
gravure: Raoul Ubac: lisières du devenir
On pensait jouir de l’infime
ombre d’un oiseau
chaîne rongée des barques
chuchotis des herbes
sous la caresse du fleuve…
En nos ravins et gravats
en nos lisières floues
la voix jaillissait
et berçante nous dominait.
Il y a de toi à moi
des pierres que l’on traîne
et le sable toujours irritant.
Il y a la lumière
le tumulte de l’ignition
et la faim houleuse.
Nous sommes soudain
déplacés destitués
tels des insectes évidés
un jour de pierre humide
et d’enfance éteinte.
Abritant des agents indésirables – ( RC )
–
Les doigts papillons,
multiplient les approches veloutées.
Je ne sais pas faire des histoires longues.
Peut-être, les insectes les grignotent ,
avant qu’elles ne puissent prendre de la consistance.
Ces petites bêtes restent bien petites … quelques larves, des moustiques, des petites mouches inoffensives, et des papillons bruns, de ceux qu’on trouve dans les céréales.
Elles ont juste comme tendance à se multiplier, de se répandre sur mes récits,
Dès que j’ai le dos tourné. Copulant dans les coins, elles parcourent joyeusement les phrases, et se nourrissent de ce qu’elles trouvent.
C’est une famille qui se porte bien, en apparence, et qui fait la fête souvent.
Je dois , en multipliant des mots, leur apporter autant de nourriture qu’elles le désirent .
Je les emporte sans doute en moi, quelque part,
à la manière des fleurs, trop aimables, qui s’ouvrent aux vents, pour que les insectes viennent y chercher le pollen.
En échange, ils déposent leurs œufs.
——– ( C’est une offrande intéressée…)
Ceux-ci restent à l’abri, au cœur même du fruit qui s’est conçu. Ils ont la nourriture assurée et le logement sur place .
L’idée même du récit s’effrite,
en quelques miettes, qu’il m’arrive de me remémorer,
le matin suivant. – presque des confettis, qu’il faudrait se résoudre à assembler par couleur, pour reconstituer l’étoffe originale, une trame tissée bien fragile, attirant tôt la petite faune .
Si, à la place de coucher les mots sur le papier, j’avais l’audace de les prononcer, une nuée de ces insectes viendrait avec,
ne tarderait pas à former un nuage, d’où même la lumière aurait du mal à s’immiscer.
Les paroles auraient un son mat, comme celui là, même des mots,
déchiquetées, et souvent incompréhensibles, à qui n’en saisit pas le fil, la logique interne ( si par hasard, il y en a une ).
——> Il vaudrait mieux que je garde tout ça pour moi
— car on a connu des cas,
où l’écriture, comme la parole, à petites doses, pouvaient s’avérer contagieuses, si une part de l’esprit rentre dans celui de l’autre, et dépose à son tour, quelques œufs, ou de simples bactéries.
Spontanément elles s’activent… c’est souvent à ce moment, je présume,
que se crée un « terrain d’entente ».
– ( on dira que tout n’est donc pas à considérer de façon négative ) –
Si la science se penche dessus, il y aurait toutes les conditions réunies, pour que cela continue son chemin, d’une autre façon … ainsi la vie sur notre planète…
—
Une simple vue de l’esprit ?
Un esprit parasité par des agents indésirables ?
Ou qui contribuent à sa propagation…
–
RC – déc 2014
Spirales adhésives – ( RC )
–
J’imagine, qu’il y a encore du chemin à parcourir.
des obstacles à dépasser, des creux à contourner,
des rocs dont les failles sont autant de pièges,
sans compter la faune qui guette, toujours à l’affut.
La chevelure se confond avec celle des lianes,
et il y a toujours une nuée d’insectes volants,
Ils semblent te suivre… une proie bien tentante,
Ils se sont extraits du plâtre?
Une génération spontanée – comme on disait,
qui s’inscrit en biais des jointures de faïence.
le chemin est d’autant plus long,
que c’est un dédale de pièces, refermées sur elles-mêmes.
Un moment d’inattention, et ce sont des rubans,
qui t’enveloppent à ton insu, tout droit descendus du plafond,
déjà, ils ont fini par occulter complètement les fenêtres,
et se dévident en spirales adhésives, dès que tu t’arrêtes.
–
RC- oct 2014
Là , où s’accrochent les lointains sur la toile … ( RC )
–
Il est une joaillerie fragile,
Suspendue aux fils,
Toujours bien peignés,
De la toile d’araignée
Ce sont des gouttes pour décor,
Des perles de colliers lisses,
Qui, lentement s’épavorent,
Quand la journée glisse,
En arabesques changeantes,
Les insectes au vol léger,
Viennent alors s’y piéger,
Car la toile est transparente…
Et si c’est une autre toile,
Qui piège le paysage,
Ses étés et ciels d’orage,
Et des myriades d’étoiles.
Par petites nuances
Le tourbillon des doigts lestes
Où de grands gestes,
Soudainement dansent,
Quelques pas de lumière,
Accrochés sur les pourpoints,
Et habits de satin,
L’embarquement pour Cythère…
Nous entrons dans un monde imaginaire,
Emportés dans une aventure,
Où s’affrontent les couches de peinture,
Le cheminement du regard s’y perd,
Jusque dans les aires lointaines
Les miroirs des eaux croisent les jours.
Où , portés, par des ailettes, de jeunes amours
Traversent une perspective incertaine….
Tous ces personnages, ensemble
Se promènent comme dans un parc,
Tandis que l’on embarque .
Et l’eau se ride, et tremble…
> Laissons partir ce vaisseau,
Jusqu’au bout du monde,
Où les couleurs se fondent,
Et aussi …. les coups de pinceau .
Chaque regard est neuf ; aucun n’est usé,
La peinture, a traversé le temps,
Même à travers quelques instants,
Accrochés au musée.
–
RC – juillet 2014
Prisonnière dans sa petite boîte ( RC )

objet: luminaire en crâne: galerie.alittlemarket.com
–
Prisonnière dans sa petite boîte,
Que parcourent pourtant les vents de folie
Les délires , et les pensées qui basculent
Quand sont closes , les fenêtres sur le monde,
Et d’abord les sens, qui nous touchent du doigt,
Par l’atmosphère moite du jardin,
Les sons menus des insectes et des oiseaux,
Et la lumière, qui se déplace et rebondit,
Un peu partout, au gré de la liberté,
Des saisons, qui ignorent la raison,
Cette lumière qui nous saisit, en couleurs
Dès qu’on ouvre les yeux,
Une première fenêtre ouverte, sur le monde
–
RC- 6 juin 2013
–
–
Farah Willem – La brume et les insectes bruns

photo de l’auteure
Une pensée semble
s’ouvrir
comme une fleur de lotus dans l’eau, le rideau de verdure découvrant, chevauchant les heures, si fines, si fines, lésions et longues, élongées, entourées de molécules invisibles, une expérience, de nouvelles lois, étendues détendues, fragment du jour, errent les premiers sphinx de liseron, les voix transparentes qui se dilatent dans le jour, élytre du silence, faire entendre ce silence, dans une vérité éphémère cette distension, contre toute saison, l’esprit nage l’huile sur la brume, vers le temps qui ne peut s’empêcher, je sens le vent et ton nom, l’eau et les insectes bruns, le biseau des heures promptes, le sentiment de la boussole, l’acte des heures, je suis enracinée, la pudeur des feuilles froissées, le désœuvrement se concentre, une palette de feuilles égarées à l’abondance d’une musique lisse, ces nœuds de bois sur des substances de détails qui grouillent, je suis dupe, le couloir de la pensée sur des lignes, l’inaction mais ta voix, la voix qui me manque, le croc, ton ventre liquide, le temps se dépose, tes bras de l’éternité, des lueurs minuscules, cet infini qu’on ne peut éteindre, cet infini qu’on ne peut étreindre, et nous perdons la faculté d’être, et nous perdons la faculté d’être libres, je ressens la pensée jusqu’à l’excès des coïncidences, je n’ai rien que l’orifice, la grotte pour polir ma pensée en pensant, à travers des anneaux, des maillures, le point de la voix, les couloirs viennent d’ailleurs, l’élargissement de toi. Et mon cœur entre les seins ?
Et ensuite ? Le ciel cyclopéen.
_
Transe-plantée
les fenêtres ouvertes ( RC )
Il est un temps clément
Et l’herbe pousse
La vie sautille et bruisse,
Hier, il pleuvait à verse
Les fleurs, comme il se doit, fleurissent
Le vert rampe et progresse.
En forêt ,il menace les clairières
Et recouvre les pierres du jardin,rue et bien verte
Au soleil, l’éternuement
Et les fenêtres ouvertes…
Le souvenir n’est plus, du raide hier
Le jour se lève, parfumé du matin.
Je prends avec toi, les chemins de traverse
Que le temps oublie , le temps d’une rencontre
Qui s’étire avec toi, comme une caresse
Je peux vivre, et me passer de montre,
Un dialogue sans paroles,
Il y a quelque part, ton visage qui rit
Et le coeur farandole,
Qui tangue et s’y inscrit.
Sans détour, comme une voie directe
Où les animaux endormis
Pactisent avec les insectes
Et s’en font des amis
La mouche noire a décrit une belle spirale
Avant de se poser sur le beurre,
Sur l’assiette à côté du journal,
… même pas peur…
Le lézard a sorti ses habits de parade
En restant agrippé au mur, l’oeil en veille
Et reste immobile sans tenter l’escalade,
En se frottant de soleil…
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RC
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Retrouver le chemin ( RC )
Même s’il fait jour, quelque part, c’est une fête nocturne
Un frôlement de gestes, des bonds discrets, et des yeux habitués à l’obscurité.
On a laissé au loin , le bruit et la fureur, le crépitement du soleil sur les chaumes
Pour la cathédrale de pénombre,
Où se glissent de temps à autre les bourdonnements têtus d’avions, bien au-delà.
Il faut s’habituer au rideau des bois, à la chevelure mouvante, qui ondule au moindre vent, et
… retrouver ses repères.
Quand tout se ressemble un peu, qu’il faut contourner les corps couchés d’ancêtres écroulés,
Ecarter des rideaux de fougères, s’extraire des pièges de ronces, la progression est lente.
Personne n’a jalonné le terrain, n’a semé de temps en temps des cailloux blancs, qui guideraient les pas.
Celui-ci et le suivant. La distance ( dont on ne peut dire qu’elle s’étire ), ne connaît pas la ligne droite.
Le pied prend appui sur ce qui n’est pas, le terrain s’accidente et se heurte de temps à autre à des rochers instables,
suivis de pentes glissantes.
En attendant me voila progresser dans la fange, les mousses cédant du terrain vers l’humide.,sous les caquetages faciles
des oiseaux exotiques, dont on ne distingue qu’un passage furtif,
La voûte de la forêt est une explosion que l’on suppose verte,
Une cloche végétale, fourmillant d’insectes, où chacun travaille à sa survie.
Je dois agiter les bras en tous sens, pour tenter d’échapper aux moustiques, intéressés par ma présence insolite.
…en d’autres lieux j’aurais pu croiser les corps écailleux de reptiles en attente…
Mais , – je vois une éclaircie soudaine, un sillon clair partage la futaie….
j’ai retrouvé le chemin.
RC – 7 octobre 2012
Ceiba_pentandra le kapokier fromager
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Que je complète avec l’article de Lambert Savigneux: visible dans « les vents de l’inspire «
ploie le temps ce qu’il en reste (remnants)
si l’ ours et l’humus des hêtraies
grise face de pierre polie et vingt sentiers font une taïga d’hiver
vers une douce pas trop rude quand pas de plume
cree grogne ni rend shoshone
dans la huitième nuit blême bleue de loutre et mer
pluie que trois pour une soupe
j’outre
ni crire ni rire même des crocs moins que d’accrocs un clos de cache à l’eau des brins d’ilots
mais ronger une branche sèche si bois sec l’eau crisse fendue une coulée loir pousse de sève perce dans le sens oblique
longue robe libidinale
orignal ou nihil à ni male ni feu mêle ne leurre
et secoue s’en pour sang au coude à coude comme si pioche mais nickel dans les rockeuse bluese
une tête d’ourse s’entête à lever le paw à
l’émergence du soleil
car hiboux n’est pas putois ni castor une peau de daim affamée court pâmée
le poing levé au sol hérisse de poils pour luire
je dis tranquillement s’ébrouer à la voix tachetée
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Après l’éruption ( RC )
Surplombant le vide et prête à tomber,
après la tempête, le feu, les larmes,
la lave s’accumule en strates
projetée des entrailles,
Une fleur surgit, des rochers calcinés,
c’est, la lente reconquête de morceaux de vie,
les insectes ,les lézards, qui se chauffent au soleil
ou bien aux bassins souffrés encore fréquentés de fumerolles…
Où cette jeune pousse a –t-elle bien pu trouver à survivre et s’accrocher ?
–
D’où est venue la graine ? échappée du bec d’un oiseau venu de l’autre rive ?
De la poche du scientifique venu mesurer la densité des gaz, rôdant encore dans les poches ?
De la même façon que le soldat mort, allongé, déchiqueté, dans le Guernica de Picasso, tient, avec son épée brisée, la jeune fleur qui donne tout son sens au tableau…
Comme il est écrit que la vie récuse la crasse et les vertiges du néant
Pour toujours reparti de l’avant.
RC – 13 juillet 2012 ( en écho au très beau texte de Lambert Sav, à voir sur « les vents de l’inspire » )
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Mihàlis Ganas – La Grèce, tu vois…
Comme on peut le lire, ce n’est pas la première fois que la Grèce passe par des hauts et des bas..
d’autres écrits de cet auteur sont visibles ici..

photo de Grèce: journal "the guardian"
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La Grèce, tu vois…
La Grèce, tu vois, ce n’est pas seulement une plaie.
À l’heure creuse le café écumeux,
les radios les télés aux balcons,
couleur de bronze, corps de bronze,
bouchon de bronze la Grèce à mes lèvres.
Sur les murets la glu du soleil
attrape les yeux comme des insectes.
Derrière les murets les maisons éventrées,
terrains de foot, hôpitaux, prisons
créatures du bon Dieu et instruments du diable
et conducteurs de tram buvant seuls
un petit vin râpeux d’Aràhova.
Là des braves ont dormi
le fusil au côté, le sommeil peuplé d’enfants pieds nus.
Des foulards de femmes, fières voilures, passaient,
tapis et couvertures dans l’eau du moulin.
À présent caillasse et godillots
dans ce broyeur de pierres
et conducteurs de tram buvant seuls
un petit vin râpeux d’Aràhova.
–
Greece, – you know …
Greece, you see, it is not just a wound.
At the empty time of the frothy coffee,
radios TVs on the balconies,
color of bronze, bronze body,
a Greece bronze cap to my lips.
On the walls ,the glue of the sun
Catches the eyes like insects.
Behind the walls of the gutted houses,
soccer fields, hospitals, and prisons
God’s creatures and instruments of the devil
and tram drivers drinking alone
a little rough wine of Arahova.
There slept the braves
rifle in hand, the sleepfull of barefoot children.
Scarves for proud women, proud wings, passing,
carpets and blankets in water mill.
Now scree and boots
in this stone crusher
and tram drivers drinking alone
a little rough wine of Arahova.
–
Mihàlis Ganas (Grèce, Épire, 1943).
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Si tu manques de souffle (RC)
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Si tu manques de souffle, c’est parce que monte la route
Et qu’en début de printemps, l’oiseau picore du doute
S’il a laissé ses ailes trop longtemps pliées
Alors que la vie bruisse , dans l’éveil des insectes ailés
Et l’ours brun en sortant de sa tanière, ébloui par le soleil
Sorti de somnolence, a même oublié, jusqu’à la saveur du miel
Ainsi, en se réveillant d’une parenthèse que nul n’habite
Tu retrouves avec elle le sourire, que sa bouche abrite
Le son de sa voix, sa parole et ses gestes aimants
Qui délaissent le triste et font revenir, du passé, l’avant.
—
If you run out of breath, it is because the road goes up
And in early spring, the bird pecks of doubt
If he’d left its wings, too long folded up…
While life rustles, in the wake of winged insects
And the brown bear coming out of his den, dazzled by the sun
Out of sleepiness, even forgotten, until the taste of honey
Thus, waking up for a break , that no-one dwells
You find her mouth again , where shelters her smile ,
The sound of her voice, her loving words and gestures
Who leave the sad, and makes the past forward.
RC 9-avril 2012
—
en écho à Tikopia… sur son tout récent post
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Mouvements d’un cil – papier de riz, moisissures pâles
Une nouvelle fois, je tente de capter l’actualité abondante de « mouvements d’un cil »… et je vous fais partager ses « moisissures pâles– »
Hommage à Horst Judith

Moisissures pâles
La dépossession est une seconde peau. Les touches de poignets,
Les touches de piano étaient bleues. Mes doigts empourprés
Par la fièvre devaient supporter la légère pression. La masse de la légèreté.
La musique est intérieure avant le sentiment d’apesanteur. Elle gravite
Le flux des valvules et de l’hypophyse avant d’envahir l’espace.
Entre les courbes, les vagues frissonnent. Cet élan. Le voile étouffe
La mouette sur l’amandier du Levant. Tous les points sont invisibles.
Les meubles tournoient. Le sol, la terre en dessous se condense
Dans ce rythme qui bat cellulaire. Les bras au fond de l’herbe,
Les tentacules de racines, la moisissure pâle entre les interstices.
Une sonate. Les humeurs fluctuent. Les murs tremblent comme des feuilles,
Poreux quand les doigts déploient les ailes le long des turbulences translucides.
Les notes crépusculaires descendent des siècles que tous les organismes
Ne pourraient comprimer. Sonates de sodium. Impression nocturnale
Quand les champs de la conscience sont à demi-éveillées, étouffée
Par des insectes minuscules sur des taches de pierre.
Moisissure pâle
-
றouvemenʨ d’un ciℓ [edit./ exibit. projects (il y a 5 semaines)
Dispossession is a second skin. The wrists keys,
The piano keys were blue. My empurpled fingers
By the fever had to bear the light pressure. The mass of the light.Music is inner feeling before of weightlessness . It gravitates
The flow valvulars and pituitary before invading the space.Between the curves, waves shiver. This momentum. The veil stifles
The seagull on the almond tree in the Levant. All points are invisible.Furnitures whirl. The soil, the earth below condenses
In this rhythm beating cellular. Arms at the bottom of the grass,
The tentacles of roots, mold pale between the interstices.
A sonata. Moods fluctuate. The walls tremble like leaves,
Porous when fingers deploying the wings along the translucent turbulence .Crepuscular notes down the centuries that all organisms
Could not compress. Sonatas sodium. Nocturnale impression
When the fields of consciousness are half-awake, smothered
by tiny insects on stains of stone.Pale molds
—
retraits d’hier en hivers (RC)
Le manteau gelé de la falaise d’eau
mur de pâte bleutée, – un rideau
aux griffes du temps, la chape appesantie
immobilise la source, – déjà ralentie
La lave de froid, suspend les instants
de vie ruisselante, jusqu’aux printemps
la congèle, – directe assassine
en coulures blanches, jusqu’aux racines
Que même l’astre – de passage – épanoui
ne parvient pas à les rendre à la vie
se heurte et rebondit sur les cristaux
tranchants comme des couteaux
Il faudrait changer d’hémisphère
ou refaire un tour de la terre
d’un coup de baguette – magie
et libérer tout à coup – l’énergie
Laisser de côté le manteau de glace
Faire que semaines – se passent
que d’airs nouveaux, la vie se dope
qu’entre feuilles mortes,les herbes développent
Un timide tapis , duvet de bonheur
étoilé de fleurs – , mouvements,couleurs
et que reprenne les insectes, la course
des bourgeons et des sources
– C’est bientôt chose faite
l’hiver, en rétréci, détale sa défaite
accompagné d’accords musicaux
du refrain des chants des oiseaux
inspiré de « sous le manteau d’hiver » (JoBougon)
A thought seems
open
like a lotus flower in the water, the curtain of greenery discovering, riding hours, so fine, so fine, and long lesions, élongated surrounded by invisible molecules, an experience, new laws, extended relaxed, fragment of the day , wander the first sphinx buckwheat, transparent voice which expand in the day, scissor silence, to make heard the silence, in an ephemeral truth this distension, against any season, the mind swims oil on mist, towards time that can not prevent, I feel the wind and your name, water and brown insects, bevel prompt hours, the feeling of the compass, the act of hours
I am rooted, the modesty of crushed leaves, idleness concentrates, a range of leaves lost in the abundance of smooth music, these nodes wood among substances details that swarming, I fooled, the corridor thinking on the lines, inaction but your voice, the voice that I miss, the hook, your stomach fluid, time deposits, your eternity arms, tiny lights, the infinite that can not be extinguished, this infinity we can not hug, and we lose the ability to be, and we lose the ability to be free, I feel thought to excess coincidences, I have nothing but the orifice, the cave to polish my mind thinking, through rings, silver grains, the point of your voice, corridors come from elsewhere, enlargement of you. And my heart between breasts ?
And then ? Cyclopean sky.
_
Trance-planted
–
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