Petit-matin aux Perenthians – (Susanne Derève)

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Les voix du ciel tirent le mécréant du sommeil
vers 5 heures du matin
Quand elles s’éteignent , reste le bruit des vagues
et des climatiseurs
un rêve de turquoise , et les dents acérées
d’un baliste moqueur creusant son nid ,
indifférent aux bruits du monde .
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extrait de Suite malaise : voyage Malaisie- Singapour ( Septembre Octobre 2022) ( voir partage de Susanne)
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Jean-Claude Pirotte – la mer ne dort pas

Vous avez remarqué dit-il
que la mer ne dort pas
elle est depuis toujours sujette
à l’insomnie c’est le vieil
Hésiode qui l’observe
la mer et moi nous ne cessons
de nous défier sous le ciel noir
quelquefois je joue à l’aveugle
au paralytique je joue au mort
elle en profite pour répandre
du sable et du temps sur mon corps
Insomnie – (Susanne Derève)

Je me serrais tout contre toi
tout contre ton sommeil
et tes rêves me tenaient en éveil
longtemps …
Je me glissais furtivement hors du lit
pour leur faire place
et l’aube m’accueillait chargée de gris et d’ors
épousant les rives basses du fleuve ,
figée dans leur reflet,
n’était-ce l’aile noire d’un cormoran
se déployant sur l’eau et prenant son essor
pour prélever sa proie comme un orfèvre
avant de poursuivre sa route le cou tendu
vers les étraves des grands nimbus
au-delà des écluses et du havre silencieux
des grèves
Alors, en frissonnant je reprenais ma place familière
entre les draps
Je m’y serrais tout contre toi en refoulant tes rêves
avant de sombrer enfin dans le sommeil
mais je crois bien qu’ils m’attendaient
à mon réveil
et tu les poursuivais les yeux ouverts
Attilio Bertolucci – Ancora l’insonnia
L’insonnia allunga la giornata, dunque
sia benvenuta –
Essa ti aiuta
a gabellare il sargente Morfeo
nella garitta
già d’ombra fitta,
a aggirare il borgo murato
nel coprifuoco,
a farsi gioco
d’ongi ordinanza al fine di carpirer
sui picchi assorti
raggi qui morti,
beata luce in porti ancora diurni.
—-
L’insomnie rallonge la journée, qu’elle soit
donc la bienvenue –
Elle t’aide
a tromper le sergent Morphée
dans guérite
que l’ombre assiste,
a contourner le bourg muré
par le couvre-feu,
q te jouer
du règlement pour arracher
aux pics absorbés
des rayons ici morts,
bienheureuse lumière en ports encore diurnes.