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Jean-Claude Pinson – En été je préfère me tenir loin des plages


 

Location T4 7 personnes LE TOUQUET PARIS PLAGE 62520 ARCADIA 34

En été je préfère me tenir loin des plages
pourtant si proches pour un peu
j’entendrais leur rumeur
un mélange de vent clair
de cris de vagues au ralenti
je reste dans la chambre
où j’ai fait mon bureau
guettant dans le temps suspendu
la venue incertaine de la fameuse inspiration
en réalité fabriquée avec des livres pillés
des papiers raturés
des allées et venues à la fenêtre
à rêver devant la vacuité des jardins ouvriers
au mois d’août délaissés
je note des petits riens
espérant par la suite
les faire monter en neige
pouvoir les baptiser poèmes
à condition que s’y retrouve
comme un jus concentré
de la vie
et pourquoi pas un goût de plage
sans la plage cocktail de glace,
d’ambre solaire de baisers
sous les pins, ou
quelque chose d’avoisinant .

 

extrait de« J’habite ici »  de Jean-Claude Pinson


Tomas Tranströmer – Novembre aux reflets de nobles fourrures


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C’est parce que le ciel est gris
que la terre s’est mise à briller :
les prairies et leur verdure timide,
le sol labouré et noir comme du sang caillé.

Il y a là les murs rouges d’une grange.
Et des terres submergées
comme les rizières lustrées d’une certaine Asie —
où les mouettes s’arrêtent et se souviennent.

Des creux de brume au milieu de la forêt
qui doucement s’entrechoquent.
L’inspiration qui vit cachée
et s’enfuit dans les bois comme Nils Dacke.

 

 

 

Tomas Tranströmer, Baltiques. Œuvres complètes 1954-2004. Poésie/Gallimard


Sous les yeux fertiles du temps ( RC )


photo:Pentti Sammallahti

A  tous les  rivages  et au murmure  des vagues
Les paroles croisées, le bonheur  d’une inspiration
Ainsi, le ressac régulier, et l’écume
Qui prend  et donne, reprend encore
L’appel des sirènes  s’est perdu  dans la brume
———Personne n’en propose  de traduction.

Le pays s’est usé de son voisinage,
Pour tatouer la mer de rochers,
C’est une lente métamorphose,
Qui transporte les  éléments
Sous les yeux fertiles  du temps
Au-delà du plein chant du soleil

Les falaises  parait-il  reculent
Et cèdent  au liquide des arpents de prés,
Les remparts  de la ville s’approchent du bord
Et seront un jour  emportés,
Comme le sont les siècles
Aux haleines des brises  et tempêtes.

Faute d’apprivoiser le temps
Il faut faire  avec son souffle
Et le berger pousse ses troupeaux  sur la plaine
Puis les plateaux, qui offrent
A toutes les transhumances, leurs drailles  séculaires
D’un parcours  recommencé, au cycle des saisons.

 

 

RC    – 14 octobre 2012