Gaspar Jaén i Urban – A l’amour actuel
photo perso … tirage argentique 1988
A l’amour actuel
De Del temps present /Du livre Du temps présent (Edicions Bromera, Alzira)
à J.V.P.
Je voudrais tant que tu sois tous ceux
Pour qui j’ai écrit une fois un poème,
Avoir vu avec toi des villes du Nord de l’Italie,
Des hivers, des automnes de l’Europe centrale,
Et lors des nuits rougies au feu, d’aube et de jasmin,
Avoir traversé avec toi d’anciennes routes
De palmes près de la mer,
D’oranges et de cyprès sur les lèvres.
Je voudrais tant que ce présent que tu es,
Plaisant et aimable aujourd’hui,
Vienne de très loin,
De ces années sans toi qui nous laissaient sur la peau
Des nuits d’écume et des étoiles,
Un perpétuel désir qui ne cessait jamais,
Une première jeunesse qui n’était pas consciente
D’être elle-même.
Mais je sais combien est inutile le désir qui m’habite
Dans cette nuit de pluie et de printemps
Qui fuira comme les autres.
D’autres amours étaient là, avant toi,
Et ont occupé la place que nous occupons maintenant,
Ainsi que nos pensées, nos bras,
Et notre bref présent.
Nous le savons sans le dire.
Nous n’avons besoin ni de faits ni de témoins.
–
Com voldria que fosses tots aquells
pels qui alguna vegada he escrit algun poema,
haver mirat amb tu ciutats del nord d’Itàlia,
hiverns, tardors a l’Europa central,
i, en nits de foc roent, d’albada i gessamí,
haver creuat amb tu antigues carreteres
amb palmes vora mar,
taronges i xiprers a frec de llavis.
Com voldria que el present que tu ets,
plaent i amable ara,
vingués de molt lluny,
d’uns altres anys sens tu que a la pell ens deixaven
nits d’escuma i estels,
un perpetu desig que no finia mai,
una joventut primera que no era conscient
de ser ella mateixa.
Mes sé com és d’inútil el desig que m’habita
en una nit de pluja i primavera
que haurà de passar com totes.
Altres amors t’han precedit
i han ocupat el lloc que ocupem ara nosaltres,
els nostres pensaments, els nostres braços,
el nostre breu present.
Ho sabem sense dir-ho.
No cal tenir dades ni testimonis.
Aria – ( Comme un air d’Italie ) – ( RC )
peinture: B Gozzoli – détail-
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C’est en franchissant les portes des jardins,
que la vue se porte, sur les collines.
Elles se dandinent, dans une robe chamarrée d’ors.
On y trouve des villages à mi-pente
Où les maisons s’épaulent de leurs lignes.
Les cyprès forment une couronne, sur les lignes de crète.
Ce serait une lumière, comme celle que peint Botticielli ;
La transparence diaphane de l’air, et le vent léger soulève les voiles de la Vénus,
La caresse du regard enchante même les parterres de fleurs .
Les mains se tendent et les bras s’arquent en chorégraphie.
Les cloches se répondent de vallée en vallée .
La terre ne serait pas comme on la voit ailleurs : blonde ou brune,
Nourrie à la tiédeur solaire,
Presque nourriture à son tour ,
Elle en a le parfum, et son pesant de couleur
Qu’on retrouve dans la robe des vins ,
Alignées dans les trattoria.
Les linges sont oriflammes en travers des rues ;
On a l’impression d’entrer de plain pied dans un tableau …
La langue italienne est une porte ouverte sur sa chanson.
photo Robert Schrader
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photo: Edmondo Senatore – atmosphère toscane
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RC – mai 2015
Astrid Waliszek – bois, bois cette coupe

Mémoire de grandes ailes blanches – ( RC )
–
A ne pas gagner l’ombre,
Et les étés enfuis,
Sur la longue plage du temps,
Je te suis,
Et te vois de loin,
Marcher toute seule, sous la pluie,
Il y a les îles,
Fouettées par les embruns,
Les perles d’eau salée sur ton visage,
Les galets luisants , glissant sous mes pas,
Et le vent qui t’accompagne,
Avec les odeurs du large.
De grands oiseaux blancs planent en tournant,
Et se rappellent des instants soleils,
Du sable épousant les courbes de ton corps,
Les coques des voiliers aux couleurs vives,
L’air vif, faisant claquer les voiles
Et empli du parfum des orangers.
Bien sûr la Normandie, au pied des falaises,
Est loin de l’Italie,
La lumière se dissimule derrière les nuages,
Comme le bonheur approché,
Mais reste à portée d’elles,
Si j’étais porté moi-même,
Par ces grandes ailes blanches.
–
RC – 12 septembre 2013
–
Paris-scies… ou d’errances jusqu’en Camargue (RC)
Paris Scies
Je dirai qu’à Florence
On sremplit la panse
Et qu’à Pise la tour
a ses petits fours
Y a pas en Toscane
Du saucisson d’âne
Mais en Italie
Toujours de grands lits
Marquise à Senlis
Et ses fleurs de lys
Les accueille en dépôt
Gravées dans sa peau
De Reims à Clovis
C’est un tour de vis
Poterie cassons
Vase de Soissons
Si tu vas en Arles
Tu sais dont je parle
Du fond d’Trinquetaille
Nous ferons ripaille
Et qu’on se déplace
Mais toujours j’enlace
Le corsage rayonne
De ma belle lionne
De lionne en Lyon
Un ptit coup d’avion
A califourchon
Dans un ptit bouchon
On s’en paie une tranche
Au bord de la Manche
C’était à St Lo
(pas de vin mais beaucoup d’eau)
Tant de pluie qu’en Bretagne
Pas besoin d’un pagne
Pour se faire masser
Dans un bain glacé
D’retour en Provence
C’est un jour de chance
J’ai vu ma Bougon
Parfumée d’savon
C’était pas rideau
La bête à deux dos
On s’est promenés
Bus et câlinés
Si l’Mistral nous nargue
C’était la Camargue
Lente et paresseuse
Mais aux heures, heureuse,
—
( et une petite réponse à Jo)