voir l'art autrement – en relation avec les textes

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Un long chemin depuis les Landes – ( RC )


Un long chemin serpente entre les arbres,
irrégulier, parsemé d’ornières et de flaques.
semé de pierres ,
comme le fit le Petit Poucet,
et depuis le temps,
couvertes de mousse.

Loin est le pays auquel j’appartiens;
il monte insensiblement
depuis les Landes :
je le sais en allant vers l’amont,
suivant ruisseaux et cascades,
sous l’arche du vent.

Je quitte les fougères
pour des herbes plus maigres,
des buissons de ronce,
des asphodèles,
et marche sous le regard immobile
des champignons.

C’est comme dans un livre de Pierre Bergounioux,
ajouter mon pas au précédent,
mettre peut-être mes traces
dans celles que je laissais ,
cheminant dans l’autre sens

  • un retour imprévu pour d’autres saisons _.

Des années se sont écoulées;
je tiens ma vie en équilibre
sur deux jambes
qui remontent le courant,
les pentes arides
les rochers éboulés.

Je ne devrais pas penser
au temps qui trépasse ,
aux murs lézardés de la maison rose,
trop longtemps abandonnée,
que j’irai retrouver,
après cette trop longue pause.

note: il est fait référence ici à deux ouvrages de Pierre Bergounioux;

 » Ce pas et le suivant« , et « la Maison Rose« 


Alejandro Oliveros – Table de travail


Pablo Picasso – Intérieur à la jeune fille qui dessine –
Table de travail

Au petit matin,
avant que les coqs
ne se perdent dans le ciel,
j’écris sur tes jambes
et restent au sol
mes plumes et mes livres.
Voici ma table de travail :
ici j’écris de mes doigts
contes et poèmes
sur les feuilles de ton corps.
Dans une maison lointaine sont restés
tous mes livres et mes papiers,
les éditions de Catulle et d’Horace
et le théâtre complet de Shakespeare.
Loin de mes cahiers, seul
me reste le papier de ta peau,
en ce si petit matin
où les murs sont aveugles.

Mesa de trabajo 

En las horas más pequeñas,
antes que los gallos
se pierdan en el cielo,
escribo entre tus piernas,
donde quedaron
mis plumas y libros en el suelo.
Es mi mesa de trabajo, 
aqui escribo con mis dedos
los cuentos y poemas
en las hojas de tu cuerpo.
En una casa lejana han quedado
todos mis libros y papeles, 
las ediciones de Catulo y Horacio
y el teatro entero de Shakespeare.
Lejos de mi cuadernos, solo
me queda el papel de tus pieles,
en estas horas mas pequeñas,
cuando son ciegas las paredes.



Le Royaume perdu

Editions CONFERENCE


A qui l’on prête son âme … – ( RC )


Cours et stages de sculpture modelage

Il a prêté son âme à son corps,
et d’une masse inerte,
a favorisé son essor..

De la fraîcheur de la courbe des jambes
à celle de la poitrine,
il n’y a qu’un cercle qui les rejoint,
presque clos.

Il a enfoncé ses doigts
dans la lumière,
et la tension des muscles,
dociles comme le sont
ses épaules et sa cambrure.

Il appuie sur la bouche,
et la modèle avec une spatule,
et la voila qui sourit
de son visage de glaise !

Il faudra bien la lester
d’un lourd socle aux pieds,
pour qu’elle reste à sa place.

Elle ne s’en plaindra pas .


Allain Leprest – l’homme aux deux ombres


Sur l'établi | baldini Jean Pierre – Sculpteur

sculpture  :  Jean-Pierre Baldini

 

Le type d’en haut le solitaire
Si j’vous disais il a deux ombres
Qui le suivent sous les réverbères
De la ville quand la nuit tombe

Une ombre bleue à chaque jambe
La sienne et celle d’une dame
Deux ombres qui soupirent ensemble
Sur le drap sale du macadam

On dit que c’est un vieil amour
Un coup au coeur jamais guéri
Qui n’a laissé que son contour
Découpé dans un matin gris

V’là c’est pour ça qu’il a deux ombres
Qui déambulent derrière lui
Qu’il promène dans les décombres
De sa mémoire toutes les nuits

Deux ombres enlacées côte à côte
Cousues au bas de son manteau
Les mains mises l’une dans l’autre
Qui s’embrassent derrière son dos

Une ombre bleue à chaque jambe
La sienne et celle d’une dame
Deux ombres qui soupirent ensemble
Sur le drap sale du macadam

Le type d’en haut il a deux ombres
Et il les rentre au petit jour
Quand le premier rayon fait fondre
Les contours de nos vieilles amours


Perrine Le Querrec – les nuages


extrait de   » la Patagonie « J'ai jamais foutu les pieds en Amérique 7989688370.jpg

Les nuages

Quitter le rivage de terre et de cailloux, s’avancer vers
les nuages. D’un pied tâter la matière, y entrer d’une
jambe, d’un corps, d’un coup. Plonger dans la mer,
s’en recouvrir, crèvent les gouttes contre la peau nue,
les jambes s’alourdissent, les cheveux, la bouche pleine
déchirer les nuages. Un ciel d’eau sur les épaules,
disparaître.


Alberto Giacometti – nous n’avons pas le choix


theparisreview: Self-portrait by Alberto Giacometti. James Lord writes in his introduction, “He works in a state of intimate excitement with his materials, his long strong functional hands never still, never quite clean of contact with his work … The figures and objects are seen by the artist not as pretexts but as ends in themselves and are to be seen similarly by us.”

 

Self-portrait by Alberto Giacometti.

« Nous nous intéressons à certaines choses, et à celles-là plutôt qu’à d’autres parce que notre constitution nous y oblige, parce qu’il nous serait bien impossible de penser, d’agir autrement. Comme nous n’avons pas le choix de la longueur de nos jambes, de nos maladies, nous ne l’avons pas de notre manière de penser, de notre manière de nous exprimer, et cette manie de s’exprimer est bien du même ordre, rigoureusement du même ordre, que le jeu des mouches autour du globe d’une lampe éteinte au matin. »

— Alberto Giacometti, Écrits, Éditions Hermann, 2007


Le sentiment d’appartenir à une même espèce – ( RC )


photo et création Mickaëlle Delamé

 

 

Plutôt qu’insérer sa tête,
Dans une photographie,
et l’ovale découpé,
pour y placer son visage
il faut punaiser sur le mur
une  feuille  de papier kraft,
se dessiner  en taille  réelle,
toi debout, toi assis,
et parfois  tourner la tête,
pour que les gens
puissent  se regarder,
se mettre en couleurs,
s’échanger quelques paroles,
en bulles phylactères,
animer un bras, un torse,
puis les jambes  ….
L’habit qu’on a choisi,
ne fait pas son moine   ;
D’ailleurs il n’y
en a pas   ( de moines)
chacun alors,
sort à sa manière
de son rôle, et du dessin,
devient lui-même,
sorti du regard de l’autre,
se côtoient,
les personnages
trouvant leur auteur,
décalés d’ombres chinoises,
et quelque chose de commun,
le sentiment d’appartenir,
sans doute
à une même  espèce .


RC –

nov 2014


Denis Scheubel – La vie est colorée de jambes de femmes


 

photo-cinema: Rita Hayworth

photo-cinema: Rita Hayworth

 

 

 

La vie est colorée

De jambes de femmes

Il disait

De noeuds à défaire

La vie est colorée

De jambes de femmes

Qui injectent à l’asphalte

Des rythmes affolants

Alors boire et danser

Il disait

Boire et danser

La vie est martelée

De jambes de femmes

De bas qui crissent

De bateaux qui grincent

De voix d’enfants

Qui pincent

Le coeur.

La vie est un bateau

Où tanguent les jambes de femmes

Qui grincent

Il disait

De boucles bouclées

Qui tintent à leurs oreilles

Quand elles martèlent l’asphalte

Pendant qu’on boit.

Denis Scheubl    dans   » Sex and Cities »

 

 


Sylvie Fabre G – Corps subtil


peinture: John  Singer Sargent; Peter Harrison  endormi

peinture: John Singer Sargent;       Peter Harrison endormi

Qui jugera du chemin ? Ton corps respire, une haleine l’entoure, l’autre est ce passant venu des lointains, retournant aux lointains.

Tu dois consentir, fraction du monde, multiplication des années et des êtres.

Quelle luminosité as-tu un jour connue pour ombrer la rencontre ? Tu te retournes, les traces sont là, derrière, devant, elles te précèdent toujours. Tu sens le sceau de lassitude, tes jambes tremblent quand la peur pose son caillou dans le ventre – étalon or. Sur son autel, une main presse l’attente. La parole reflue quand, jeté en pâture, solitaire, le corps s’étiole, les lèvres se pincent, il n’y a plus de pulpe autour des mots.

Qui jugera du chemin ?           Les voies de l’incarnation ont mille possibles, nous empruntons toujours l’unique, impossible.

Sylvie Fabre G., corps subtil – Editions L’Escampette, février 2009

( Un texte que je dédie particulièrement à Arthemisia )

 

 


Guy Goffette – Avant que la mort vienne


 –

Avant que la mort vienne,

écrire encore

un poème soigné,

avec de l’herbe

toute nue, un morceau

de ciel bleu et

des fleurs et des oiseaux

pour que ça bouge

.

Que rien ne pleure, surtout

pas de pluie grise,

mais des femmes légères

et qui agitent

leurs jambes font rouler

leurs lèvres rouges

sur des mots ronds qui fondent

car tout va s’effacer

la vie se perdre

Guy Goffette

-,