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James Joyce – musique de chambre – XVI


photo Sylvia Alessi

XVI

Dis adieu, adieu et adieu,
dis adieu à tes jeunes jours,
Vient te séduire l’Amour joyeux
et courtiser ton jeune atour –
le corsage ornant tes façons,
Le filet sur tes cheveux blonds.

Quand tu entendras son nom porté
par les trompes du chérubin,
Pour lui commence à libérer
tout doucement ton jeune sein
Et défais doucement le filet
qui marque la virginité.

XVI


Bid adieu, adieu, adieu,
Bid adieu to girlish days,
Happy Love is come to woo
Thee and woo thy girlish ways –
The zone that doth become thee fair,
The snood upon thy yellow hair,

When thou hast heard his name upon
The bugles of the cherubim
Begin thou softly to unzone
Thy girlish bosom unto him
And softly to undo the snood
That is the sign of maidenhood.


James Joyce – musique de chambre III: ( pâles portes de l’aurore)


 

peinture: Stephane  Halbout
III
A l’heure où tout repose encore silencieux,
O toi qui restes seul à surveiller les cieux,
Entends-tu dans la nuit le vent et les soupirs
Des harpes suppliant Amour de réouvrir
Les pâles portes de l’aurore ?

Quand tout est en repos, toi seul es-tu levé
Pour écouter jouer les harpes nuancées
Sur le chemin d’Amour qu’elles vont précédant,
Et le vent de la nuit donnant le contre-chant
Jusqu’à ce que passe la nuit ?

Harpes invisibles, jouez donc pour Celui
Dont le chemin s’en va brillant au Paradis
A l’heure où va et vient quelque tendre lumière,
Une douce musique flotte dans les airs
Et joue ici bas sur la terre.

III
At that hour when all things have repose,
O lonely watcher of the skies,
Do you hear the night wind and the sighs
Of harps playing unto Love to unclose
The pale gates of sunrise ?
When ail things repose, do you alone
Awake to hear the sweet harps play
To Love before him on his way,
And the night wind answering in antiphon
Till night is overgone ?
Play on, invisible harps, unto Love,
Whose way in heaven is aglow
At that hour when soft lights corne and go,
Soft sweet music in the air above
And in the earth below.


James Joyce – musique de chambre – XVII


 

 

 

femme ange.jpg

photo  Francesca  Woodman

 
XVII

Ma colombe, belle et si chère,
Eveille-toi, éveille-toi
Sur mes lèvres et mes paupières,
Rosée de nuit repose là.

Le vent fleurant tisse en concert
Tous les soupirs comme des voix
Ma colombe, belle et si chère,
Eveille-toi, éveille-toi !

Près du cèdre là je t’attends,
O toi ma sœur et mon amie,
Ô colombe de ton sein blanc,
Ma poitrine sera le lit.

Pâle rosée vient se poser
Comme un voile par-dessus moi.
Ma colombe, belle et aimée,.
Eveille-toi éveille-toi.

 

 

My dove, my beautiful one,
Arise, arise !
The night-dew lies
Upon my lips and eyes.

The odorous winds are weaving
A music of sighs :
Arise, arise,
My dove, my beautiful one !

I wait by the cedar tree,
My sister, my love,
White breast of the dove,
My breast shall be your bed.

The pale dew lies
Like a veil on my head.
My fair one, my fair dove,
Arise, arise !


James Joyce – musique de chambre – IV


photo  Chris  Wage

 

IV
L’améthyste du crépuscule mue
Et vire en un bleu toujours plus profond,
Sous la lampe les arbres de la rue

S’emplissent d’un vert et pâle rayon.
Le vieux piano compose un air,
Mélodie gaie, lente et légère ;
Courbée vers les touches jaunies,
Sa tête penche par ici.
Chastes pensées, grands yeux inquiets,
Et mains qui errent à leur gré –
Avec le sombre bleu persistent

Quelques lumières améthystes

 

 

NB  ce texte de James Joyce extrait de  « musique  de chambre »  a été publié aux  éditions « le Bousquet- la Barthe »


James Joyce – musique de chambre V


 

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assemblage: Joseph Cornell   » Cassiopea »

 

 

V
Quand l’étoile s’élance au paradis,
Timide et inconsolée, chastement ;
Daigne entendre dans le soir assoupi
Celui qui à ta porte vient chantant.
Son chant est plus tendre que la rosée
Et lui est venu pour te visiter.

Ô ne te penche dans la rêverie
Quand il t’appelle à l’orée de la nuit.
Ni ne songe   «Qui est donc le chanteur
Dont tombe ce chant qui parle à mon cœur ?»
Reconnais l’amoureuse mélopée :
C’est moi qui suis venu te visiter.

 

 

V
When the shy star goes forth in heaven
All maidenly, disconsolate,
Hear you amid the drowsy even
One who is singing by your gate.
His song is softer than the dew
And he is come to visit you.

O bend no more in revery
When he at eventide is calling.
Nor muse : Who may this singer be
Whose song about my heart is falling ?
Know you by this, the lover’s chant,
’Tis I that am your visitant.


James Joyce – Les jours ( Ulysse )


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« Toute vie est composée de beaucoup de jours, jour après jour. Nous marchons à travers nous, rencontrons des voleurs, des fantômes, des géants, des vieillards, des jeunes hommes, des épouses, des veuves, des beaux-frères. Mais toujours nous nous rencontrons nous-mêmes . »


“Every life is many days, day after day. We walk through ourselves, meeting robbers, ghosts, giants, old men, young men, wives, widows, brothers-in-love. But always meeting ourselves.”

— James Joyce, Ulysses (1922)


James Joyce – Transfiguration


photographe non identifié

photographe non identifié

Il voulait rencontrer dans le monde réel l’image inconsistante que ne cessait de contempler son âme. Il ignorait où et comment la chercher, mais la prémonition qui le guidait lui disait que cette image viendrait à sa rencontre sans qu’il eût besoin d’agir en secret.

Ils se rencontreraient simplement comme s’ils se connaissaient et s’étaient donné rendez-vous, sans doute devant quelque portail ou en un lieu plus secret. Ils seraient seuls, dans l’obscurité et le silence, et en ce moment de tendresse absolue il serait transfiguré. Il se fondrait sous ses yeux en quelque chose d’impalpable, pour reparaître transfiguré l’instant d’après. Faiblesse, timidité et inexpérience le quitteraient en cet instant magique.

James Joyce, Portrait de l’artiste en jeune homme

 

He wanted to meet in the real world the unsubstantial image which his soul so constantly beheld. He did not know where to seek it or how, but a premonition which led him told him that this image would, without any overt act of his, encounter him.

They would meet quietly as if they had known each other and had made their tryst, perhaps at one of the gates or in some more secret place. They would be alone, surrounded by darkness and silence : and in that moment of supreme tenderness he would be transfigured. He would fade into something impalpable under her eyes and then in a moment he would be transfigured. Weakness and timidity and inexperience would fall from him in that magic moment.

 James Joyce, A Portrait of The Artist As a Young Man.

James Joyce – ma colombe


 

 

 

 

 

 

Ma colombe (titre proposé)

 

 

Ma colombe, ma belle,
Prend ton envol !

La rosée de la nuit repose
Sur mes lèvres et mes yeux.
Brodent les vents parfumés
Une musique de soupirs :

Prend ton envol,
Ma colombe, ma belle !

J’attends auprès du cèdre,
Ma sœur, mon amour.
Cœur blanc de la colombe,
Ma poitrine sera ton lit.

La rosée pale repose
Comme un voile sur ma tête.

Ma belle, ma jolie colombe,
Prend ton envol !

(traduction de  Gilles de Seze : http://gdeseze.free.fr/)

Texte original :

My dove, my beautiful one,
Arise, arise!

The night-dew lies
Upon my lips and eyes.
The odorous winds are weaving
A music of sighs :

Arise, arise,
My dove, my beautiful one!

I wait by the cedar tree,
My  sister, my love.
White breast of the dove,
My breast shall be your bed.

The pale dew lies
Like a veil on my head.

My fair one, my fair dove,
Arise, arise !

James Joyce (« Chamber Music« , 1907)