Jean-Jacques Dorio – Il n’y a pas de mots pour la peinture
pour Guy TOUBON
Il n’y a pas de mots pour la peinture
Il y a le concert dans le champ des couleurs qui s’irisent
Il y a un port vêtu de grandes coques noires et de probité candide
Il y a un port et ses navires au tranchant de la brosse dans les bouteilles d’encre des porte-conteneurs
Il y a ce paysage sans cesse visité dont il ne faut pas faire une montagne mais lumières de pourpre d’or et de mystère,
sur cette toile présente où toute réalité se dissout et nous invite à Renaissances !
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Mots de phoenix ( RC )
–
Cette lutte dans la froidure
Que l’on partage en fins mots
De quoi tenir au chaud
Encore des chants d’azur…
Feux de phénix
Renaissant de ses cendres
On peut toujours attendre
Des phrases prolixes
Ou je ne sais quoi
Des feux follets
Ne laissent inquiets
Que ceux restant cois…
J’observe alors, ma foi
Dans le ciel , les fumées,
– de tes proses allumées
Que nous accorde la joie.
RC – 5 mars 2013
note : cette création s’appuie sur un poème de Jean-Jacques Dorio, qui nous évoque le phénix – visible avec beaucoup d’autres dans « poesie mode d’emploi… »
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Le noisetier – (RC)
Pour faire suite au post – « enfances », de B Douvre
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A mon enfance, mon rire monte au ciel
Le vent d’ouest démontre ses risées brutales
Et froisse le feuillage du noisetier
A parcourir les portes de l’avenir
J’égrène, l’aube des nuages d’argent
Et cours ramasser au sol,
La moisson des graines de bois
Complétant le travail d’automne
En m’insérant dans le réseau des branches;
Je m’en remets, à un monde secret
Dissimulé au yeux du monde,
Dans la main végétale,
La saveur un peu acre,
Maintenant un peu lointaine,
Mais je me souviens
Du goût de l’enfance
Accroché aux tiges souples,
A quelques mètres du sol.
–
RC
–
que j’aurais tendance à rapprocher d’un écrit de Jean-Jacques Dorio,
visible sur son site:
LE PUITS LE FIGUIER
le puits le figuier
près d’enfance
la naïveté et le cri du merle
dans les platanes verts
les bouches unanimes
à saluer le jour et la nuit
les princes et les fées
les principes et les fins
et le long soupir
d’années clouées
dans un village des merveilles
et des mythes envolés
Jean-Jacques Dorio – Nuit
NUIT
Cette nuit
le monde se retire
Ce sont deux mains
qui ne s’agiteront plus
sur terre
des pas au bout du chemin
Mais la peine ni la joie
ne s’expriment
la langue sèche
pendue au clou
Des deux mésanges
qui frappaient ce matin
à ma vitre
laquelle s’est envolée ?
–
Jean-Jacques Dorio – Finalement
Jean-Jacques Dorio
Jean-Jacques Dorio – Passage d’Hermès
PASSAGE D’HERMÈS
Il n’y a que la première ligne qui conte
Contre le roc la mer contre la nuit les secrets
de la seconde ligne puis de la troisième
Lambeaux et restes dans ces sillons
Mythes mutant transports métonymies
On hisse le soleil sur la prose du monde
Échafaudages poulies on perd la tête
les cornes la pointe obscure du génie
Neuf lignes neuf sens on peut recommencer
Hermès sa lyre de tortue à grand pas
tes mots à survivre (RC)
Peut-être que tu ne survivras pas à tes mots
Si ceux ci portent une charge toxique
Et qu’ils procurent à leur auteur mille maux
En se reproduisant de famille, prolifiques
Mais on peut imaginer que l’inverse le soit
Et qu’en vin des marges, ils remplissent
Les recueils, et d’indépendance, soient
Au point qu’ils te survivent avec délices
Ces signes qui nous inventent
Vont aussi nous guider
A traverser la mort lente
Mourir pour des idées
C’est bien Georges qui le chante
Et toujours, on le fredonne
Brassens nous enchante plus que hante
Et ses paroles résonnent
A la série des pages ouvertes
On peut voir le temps qui tasse
Du jardin, à la grande fenêtre
Les écrits ne s’envolent ni s’effacent
La parole se donne, orale
Les poètes anciens ,heureux élus
Hugo, Rabelais, de Nerval
La parole écrite est encore lue.
L’étonnant cristal d’immatériel
De la parole qui touche l’âme
Traverse encore tous les ciels
Et nous joue encore ses gammes
Shakespeare, Othello et Ophélie
Au théâtre des hommes, éternel
Et la voix cassée de Billie
Si vivante, belle, très actuelle…
Se nourrissent de mots précieux
Distribués à travers l’espace
Comètes et météores audacieux
Mais nous en avons toujours la trace
——–
Réponse à JJ Dorio pour son « vin des marges »
Jean-Jacques Dorio – Ceci cela…EN SOMME
CECI CELA…EN SOMME
il se pourrait que je dorme en écrivant ceci
la fenêtre ouverte sur quelque voyage secret
sans tête ni queue
il se pourrait que je rêve en écrivant cela
remontant la pendule le poids de l’heure qui tourne
à l’envers d’un poème appris par cœur
les yeux fermés avec ce compagnon sans visage
et sans mots pour le dire
juste un souffle et une pensée mêlés à cette feuille
qui ne connaît pas le sommeil…
même en rêve
Jean-Jacques Dorio – IFS ET GENÊTS EN UN SEUL CRI
IFS ET GENÊTS EN UN SEUL CRI
(mai 2010)
à Michel Cosem
Il y a des poèmes de neige
et d’autres de soleil
les soirs de demi-brume
à Londres
très peu pour nous :
Occitans des Pyrénées
et du sang que François versèrent
au temps des Albigeois
Il y a des poèmes de coeur
et d’Ifs et cris en un seul mot*
Maintenant que j’habite Provence
ifs sont frères des genêts
sur les Alpilles
où crut renaître Vincent
Ifs et genêts
en un seul cri
Jean-Jacques Dorio: – instants
Le temps n’a qu’une réalité, celle de l’Instant.
Gaston BACHELARD
——–
Comme si parfois on cherchait à rendre
Une certaine exactitude de l’existence
Ceci est du pain suédois
De la pastèque cuite au chaudron
Ceci est un chat européen
C’est-à-dire de gouttière
Le bruit d’un réveil
Les paroles des proches
Mangeant le pain et la pastèque
Flattant le chat
Disant les choses du jour
Lançant l’argile dont chacun fait les statuettes de ses rêves
Comme si parfois on auscultait
Ces contours lents
D’un instant
Intact
Jean-Jacques Dorio
Jean-Jacques Dorio et son hommage à Mirò – 2 – LE CREPUSCULE AUX DOIGTS DE ROSE
Miro, Constellation 21
Le crépuscule rose caresse les femmes et les oiseaux
LE CREPUSCULE AUX DOIGTS DE ROSE
LE CRÉPUSCULE ROSE CARESSE LES FEMMES ET LES OISEAUX
Les oiseaux sont des flammes qui raniment le printemps
Le printemps en hiver sous l’amandier sans fleurs
Cent fleurs et mille épines qui déchirent nos vies
Nos vies à l’eau de rose à l’eau de purin à l’eau de vie
L’eau de vie où la part des anges n’est pas faite pour les chiens
Les chiens qui lèchent nos arpèges et nos mains que caressent le concert des Constellations
quand le crépuscule est rose
et caresse d’un geste auroral
les femmes et les oiseaux
Jean-Jacques Dorio – Norge
en janvier 2006, JJ Dorio partageait ce texte sur son blog, que je retranscris ici…
NORGE
Poète solaire il écrivit sur le lombric
le petit vermisseau qui se goinfre
de vérités obèses
Poète scolaire il établit des calendriers
de l’âne au coq
de l’eau au feu
Il mangeait tout
mouches chevaux
âmes étourneaux
Tout il buvait
de la mer verte
au bleu de bleu
Un gros gibier stom’ de Bruxelles
Râpant les mots et la bêtise
Son vin profond était vin de copeaux
Qui crache et recrache l’éclat de l’homme en marche
En vers
Et avec tous
Jean-Jacques Dorio —- Lorca

29 janvier 2006
LORCA
tiré d‘un des premiers posts de Jean-Jacques Dorio, visible à l’adresse suivante
C’est une poésie
Où les fleurs recouvrent la peur
Où le vent court rouge sur la colline
Et vert près du ruisseau
Où le coeur des enfants
C’est une poésie
Que l’on ne lit plus guère
Maladroite Endormie sur les lèvres
Un éventail de lunes et de mules
Qui caracolent entre chansons
Et paysages habités par les mots
Leurs cavaliers sont morts
Ou peut-être se balancent-ils encore
Dans quelque grande rumeur dorée
Jean-Jacques Dorio
Jean-Jacques Dorio LUNE À PARTIR
Jean-Jacques Dorio, publie sur son blog, quantité d’écrits, dont il m’a autorisé à faire écho ici, dans le mien
Voici une de ses nombreuses publications, datant de janvier 2008
LUNE À PARTIR
Je ne dis pas grand chose ce soir
Des paroles éparpillées
Je dis que j’ai oublié ce que j’avais à dire
Et que la lune à travers mon petit carreau
Me regarde
À l’ouest de ma mémoire
Je ne sais ce qu’elle me veut la lune
Elle doit savoir que je suis entrain de me demander
Pourquoi y a-t-il une lune?
N’empêche
Du pas-grand-chose à dire
On a fait cette maille de mots
À partir peut-être
Puisqu’il s’agit de partager…
le soir qui est déjà la nuit
la mémoire les paroles éparpillées le rien à dire
et cette lune qui reviendra demain
poursuivre ses mille et un récits