Corps de Ménéham – ( RC )

photo RC Ménéham juillet 22
Corps de granit en bord de mer,
au hasard , tu verras des maisons minuscules
par rapport à ces géants de pierre.
Comme elles le peuvent, elles se dissimulent
tout en espérant
se mettre à l’abri du vent
et des embruns, derrière les roches.
Pas question pour un Petit Poucet
de s’égarer dans la forêt.
Même si l’océan est proche,
( la futaie est lointaine:
les rochers se referment
sur la terre ferme ):
Possèdes tu le sésame
qui permet d’ouvrir les demeures secrètes
du village de Ménéham ?
si tu veux je te le prête,
mais ne penses pas y trouver
un trésor caché
par les flibustiers :
on ne compte plus les heures
avec le temps qui passe
sur les légendes
parmi les herbes de la lande.
Seuls ces grands corps demeurent:
corps de granite
qui restent sur place
aux grandes formes insolites.
Ils ne confieront rien de leur âge
à ceux qui viennent visiter le village.
Mario Benedetti – des mots qui n’existent plus

Combien de mots n’existent plus.
Le présent repas n’est pas la soupe.
L’eau qui reste ici n’est pas la mer.
Une aide c’est trop demander.
Il n’y a rien à vivre et il n’y a plus rien, sauf mourir, quand on m’enlève les mots .
Et pas de sauts à la corde, de mains qui ensemble se tiennent
, sourires, caresses, baisers.
Le lit de la maison est une lande imprononçable :le repos des mourants,
dans les spasmes agités, quand on sent que l’on vit encore.
Province d’Udine, Codroipo, le malade des deux poumons,
le pantalon trop large, le visage avec la peau sur les os,
le nez effilé , ce n’est pas quelque chose à raconter, ni les souvenirs.
Se savoir aride, se sentir aride…
Et je me dis, réalisez donc, n’ayez pas seulement vingt ans,
et une vie comme éternelle, pour juste me faire du mal.
( traduction « improbable de Google trad, » au mot à mot modifiée pour que cela soit plus compréhensible. )
texte issu du site une nouvelle poésie italienne.
Poppies – (Susanne Derève) –

Ne crois pas que les coeurs s’éteignent Poppies coeurs charbonniers le vent s’en joue et les malmène froisse leurs pétales à regret Ainsi agaçait-il les jupes rouges des filles le vent avec ses ailes bleues de paon feu follet sur la lande palpitant sous la boue et la nuit comme un cierge brûlait à nos genoux Lande brune de bruyères et d’ajoncs croix des calvaires jaunies de mousses la pierre sous nos doigts était douce et les lointains noyés dans les brumes d’été résonnaient de la mer la grande Ourse de sel sur les sables déserts Poppies ne crois pas que les coeurs s’éteignent Là où les champs de blés essaiment leur butin on voit parfois des fleurs aux croisées des chemins un sanglot rouge que noie le vent marin
Camille Loty Malebranche – Van Gogh
V G : champ aux fleurs de maïs
Van Gogh,
Tel le champ de blé aux corbeaux,
Tu es une lande, une source dont je voudrais être l’oiseau ivre.
Et, comme le peintre excentrique, je t’offrirais volontiers mon esgourde
Pour savourer ta voix d’éther, rubis de sang,
Sève-brise de ma verdeur de Myrte multicolore,
Ta voix ! Refuge contre les loups anthropomorphes !
Claude Esteban- les ronces m’ont déchiré
Les ronces m’ont déchiré, le gel
a crevassé mon âme
et j’ai dit que cette lande était maudite,
mauvaise et sans espoir
maintenant je sais
qu’il est un lieu où les contraires
se répondent
que le feu peut dormir dans une pierre ou
traverser le croc d’un serpent
mes amis, je vous avais
perdus comme tant d’autres choses
dans mon rêve
voilà que nous nous retrouvons, souriants
sur le seuil du monde, presque guéris.