esquisse trempée d’encre verte – ( RC )

peinture Jane Cornwell
une esquisse rapide,
dans ce lavis liquide
un pinceau qui court,
sans souci du détail
ni des contours,
trempé d’encre verte à tout hasard,
plus une touche de grisaille
le tout sans symétrie,
mais c’est ton regard
qui y est inscrit
toujours interrogatif:
chaque fois que j’ouvre ce cahier,
je pense à cet instant furtif,
l’essence d’un secret,
ce moment passager
que je vais conserver
pour toujours, à l’abri de l’oubli…
Ecrin – ( RC )
photo d’origine, légèrement modifiée… « l’année du soulier de satin » voir site de la société Paul Claudel
Eclairée de côté par un projecteur,
qui imite le soleil,
pointant ses flèches
entre le creux de la montagne,
je te vois, seule sur la scène.
Je devrais plutôt me perdre ici
dans les plis mauves
de ces rideaux de velours
qui drapent le mur vide,
côté jardin.
J’ai envie de disparaître
dans la douce obscurité de leurs plis.
L’été indien
poursuivant sa vie liquide
avec sa couleur purpurine.
Il y a encore ce bouquet
de fleurs rouges
sur la scène.
Un rouge tellement intense,
qu’il crie la teinte du désir.
Le reste du décor
est comme un écrin,
dont on ne voit pas les ombres .
Je risque un pas
et c’est ta main que j’étreins .
–
Illuminated from the side by a projector,
who imitates the sun,
pointing his arrows
between the hollow of the mountain,
I see you, alone on the stage.
I should rather get lost here
in the purple folds
of these velvet curtains
who drape the empty wall,
Garden side.
I want to disappear
in the soft darkness of their folds.
Indian summer
continuing his liquid life
with its purpurine color.
There is still this bouquet
of the red flowers
on the stage.
Such intense red,
let him cry out the hue of desire.
The rest of the decor
is like a jewel case,
whose shadows cannot be seen.
I risk a step
and it’s your hand that I hold.
Es-tu cet être sans corps ? – ( RC )
–
Es-tu cet être sans corps,
qui ne fait que penser,
et n’a comme décor,
que d’autres exemplaires alignés,
sur les étagères
du laboratoire ?
Ame passagère
que l’on peut voir
dénuée de crâne
( le corps devenu inutile )
un simple organe
reposant tranquille
au fond du bocal :
juste un cerveau ,
dont le mental
ne prend pas eau
> tout cela s’analyse
et se soupèse
et même l’hypophyse
se sent plus à l’aise
flottant dans un liquide
aimable et moelleux,
bien que translucide
(que peut-on espérer de mieux ? ).
Pas de corps vieillissant,
pas de rides,
pas de sang,
mais un autre fluide,
un existence certes monotone,
mais pour les bienfaits de la science,
et la satisfaction des neurones …
la nécessaire expérience
qui libère les pensées
– en se passant d’un corps oppressé –
De toutes façon tu peux communiquer
l’essentiel de tes émotions
et même pouvoir les expliquer ,
en maintes occasions :
va-t-on donc grâce à toi
pouvoir comprendre les détours d’âme,
et tous les émois
d’un psychodrame
tout cela transcrit sur un graphique,
par impulsions électriques ?
Le corps est-il encore nécessaire,
quand on peut en faire abstraction ?
s’il est libre comme l’air
( après son ablation )
on sait qu’il est encore capable
ce cerveau isolé,
– mais relié à des câbles –
d’avoir des pensées pouvant fleurir sans s’emmêler…
> Avec celui d’Einstein on compte bien
recueillir les confidences du physicien…
–
RC – janv 2018
A pertes de vues – ( RC )
– Qui connaît le milieu
d’une mer ? : elle se referme sur mes yeux,
> Je n’en situe pas le centre,
ni ce qui les hante…
bien étanches à des sensations…
autres que celle du glissement de l’eau..
C’est peut-être que ceux-ci deviennent poissons,
et se cachent comme ils peuvent sous les flots,
en fuyant mon visage,
( comme si j’écrivais : fuyant le rivage… )
La peau en serait la surface,
Elle se ramollit et s’efface,
On n’en saisit plus les bords
Les yeux fuient bien plus au nord :
On voit bien qu’ils plongent
à mesure que les jours s’allongent,
et le regard se fait plus flou,
en échappant aux remous,
et aux mouvements de l’onde :
> on dirait qu’ils fondent
ils se dissolvent dans le liquide
en délaissant les rides
accrochées aux paupières :
il y a de moins en moins de lumière
quand on s’écarte du soleil :
> C’est la porte du sommeil :
Plus rien ne les anime,
au plus profond de l’abîme:
l’eau ruisselle et glisse,
mais sur une face, désormais lisse :
il n’est pas sûr qu’ils émergent de l’océan :
désormais perdus dans le néant:
Il n’y a plus d’ailleurs
que pour le regard intérieur
comme s’il s’en était allé
dans une immensité d’eau salée…
C’est ainsi que du lointain se dilue
ce que l’on imagine » à pertes de vues « .
–
RC – fev 2016
Fondu dans l’immobilité – ( RC )
Fondu dans l’immobilité,
C’est situé sous une écorce, où se balancent des pulsations du silence.
Une écorce de chair
Elle se maintient , mais le corps fond.
Comme bu par sa surface intérieure.
> Avoir donc la place de remuer dessous,
Les os s’épiant, et ayant leur propre raisonnement…
Mais toute une apnée de tensions les maintient à distance.
Ce sont des ligaments, des fibrilles, des tendons, qui se croisent,
faute de muscle.
Emmitouflé d’une apparence.
Il suffirait d’appuyer pour en déceler le creux.
Ainsi cabossé comme pourrait l’être un fruit sec, libéré du poids liquide,
momie à la surface riante, mais peinte .
Un masque pour paraître.
Mais dont la fixité inquiète.
Celui qui ne sait plus quel corps il habite,
justement privé d’ enchaînements et mouvements utiles.
Soudé aux montants du lit, les roues caoutchoutées.
Au carcan des poulies, la potence aux perfusions,
qu’on pourrait, gag suprême, orner de la photo du patient… – la potence –
Juste dans le champ de vision …. le regard toujours fixé au plafond.
Le corps corseté n’autorisant que l’angle restreint permis aux yeux
Bénéficiant de la seule exception à l’immobilité…
–
RC – avril 2014
La figure de proue , interroge les siècles – ( RC )
–
Quelque part dans le manteau d’eau
Se rencontrent des formes,
– elles n’ont rien de géométriques –
Assouplies aux contacts des courants,
Elles glissent, parfois l’une à côté de l’autre,
Se regardent avec curiosité,
Des cousins lointains,
Dont on aurait oublié la langue…
Et puis ces hommes carapaces,
Se risquant à quitter la terre ferme,
Et reliés d’un tuyau à l’atmosphère
Du sable meuble sous les semelles de plomb,
Communiquant par signes,
Intrus en scaphandriers,
Frôlés par des raies manta,
Aux lentes évolutions sombres.
Les rubans d’algues pendantes,
Les lumières feutrées d’un soleil
Remué de vagues, – plus haut –
Les bancs de poissons argentés,
Jouent, furtifs ,
Dans le gîte de l’épave d’un voyage arrêté
Dans le silence liquide,
Il y a trois cent années.
Les humains d’aujourd’hui, inspectent sans scrupule,
Le vieux navire , de coquillages incrustés ,
Et ces longues années , au sens propre , écoulées,
Eléments étrangers, venus crever la surface lisse
Du secret des eaux… réunis…un peu comme la rencontre ,
Sur la table de dissection – de Lautréamont
D’une machine à coudre et d’un parapuie.
Le regard vide de la figure de proue , interroge les siècles.
_
RC – février 2014
Fleurs d’air et d’eau. Brisures passagères ( RC )
Et la masse lentement glisse, Retenue par la terre, Canalisée par le creux des roches, La coulée tranquille du fleuve, Reflétant les moustiques, Coléoptères haineux, Hélicoptères, brisant le ciel De leurs pales, momentanément, La fleur de l'air se referme immédiatement, Dès qu'ils s'éloignent, Comme l'eau du fleuve, justement, Le lancer d'une pierre , Après le choc, l'avalant Inexorablement, Brisure momentanée d'une quiétude - Qui prend tout son temps. > De son éternité liquide, et renouvelée. - RC -2 octobre 2013
–
* l’expression « fleur de l’air » est de René Char ( de la « parole en archipel » ):
–
Apnée des attentes – (RC )

photo: Andreas Franke
–
–
Je ne vois plus qu’un vert uniforme
Ces créatures éloignées du soleil
Suspendues, sans d’autre lumière halo,
Que celle qu’elles émettent,
–
Les danseurs de l’immobile,
Ludions
Portant leurs ampoules vacillantes,
Quelque part au-dessus,
–
Si aucune brillance,
Ne vient indiquer,
L’extrémité close,
Le mur de verre,
–
Tout un monde flottant,
Apnée des attentes,
Caresse molle des algues,
Et peu à peu s’incrustent,
–
Au bastingage métallique,
Ancre, cordage enroulés,
L’épopée coquillages
D’embuscade sédimentaire.
–
Elle vient sceller le destin,
Quand se referme le piège,
– Silence liquide.
Du gîte de l’épave,
–
Déposée de biais,
Sur le sable trouble,
S’échappent encore des bulles,
Qui vont suivre, verticales
–
L’histoire de l’air,
Pesant de son couvercle,
> D’atmosphères,
Loin , bien loin, au-dessus.
–
RC – 15 septembre 2013
–
Sur le fil, d’une rencontre invisible ( RC )
–
Je suis sur le fil, d’un tracé invisible.
Il est sous mes pieds, mais abrité d’ombre
Et de terres, croisées sous la coupe de l’hiver.
La mer y a habité, pesé de son poids de vagues
Contourné des falaises et des îles
Déposé son lit de calcaire, sous des ciels de plomb,
Avant que le sol ne penche, et que l’eau ne reflue,
Comme ont reflué les siècles, perdus dans la mémoire du monde…
Je suis sur le fil, d’une rencontre invisible,
Où les pierres se confrontent, les torrents se ruent,
Et les chemins s’enroulent, sur les crêtes de vertiges,
Si nous allons de ce pas, sur la croupe ouverte,
Où la droite, n’a jamais de prise, aux chutes des pentes,
De l’Aubrac aux Cévennes, que parcourent, attentifs,
Beaucoup plus souvent, vautours que goélands,
Au dessus des lèvres ouvertes, des méandres du Tarn…
Ce ne sont pas les amours splendides
Des légendes bretonnes, marquées de la rage des pluies,
– Et des voiles qui claquent,
Au plancher liquide, d’une mer grise,aux promesses de pêche
Mais le territoire, tourmenté de vallées profondes,
> Disputant ses ombres à la rudesse du causse,
Où de fermes de pierre, en vaisseaux désertés
Sont gardés de ruines rocheuses, les lèvres hautaines.
–
en « réponse », à un texte de Xavier Grall
–
ESCALE EN LEON
A Aline
Dans ma mémoire blanche, seules chantent les pierres
de faux poètes ont dit mon pays joliment
je le dirai avec l`effarement de l`hiver
Ah les navrances en décembre des rivières et des moles !
Que ragent les pluies dans les carrières stridentes
que battent les vents dans les rades
que hurlent les toits et les pôles !
Nous irons plus haut que les fades
aurons des fureurs de goélands
dans la mouvance des
chantonneurs de la matière bretonne
rengainez vos guitares
les gabarres sur la mer créent des zones de sang
Dans les masures désertées nous prendrons des femmes cruelles
nous dirons les lèvres amères et les amours splendides
Finistère
Ici commence le monde et la musique du monde
les morts du Chili rêvent dans les villages
et crient
Il y a des Orients rêveurs dans les chaumes pourris
Il y a les loch des océans Pacifiques
Il y a des peuples et des nations dans la prairie
L’onde portée en soi ( RC )
Onde capitaine
Navire sans attaches,
Hollandais volant,
Fol éclat de rien,
Sous l’obscurité liquide
Orage de fond de miel,
Du vin dans mes veines,
Je dérive entre îles,
A l’exercice du réveil,
Abordant une terre,
Amère de vérité,
Les voiles en lambeaux,
C’est un adieu au rêve…
J’étais porté par les songes
Et j’écrivais sur le sable,
Egaré, enfui dans des inconnus,
Et le ressac emportant mes phrases,
Effacée, ma mémoire,
Les pieds revenus sur la terre.
–
RC – 27 mai 2013
–
Le temps a du sursis – ( RC )
Le temps a du sursis
C’est lui qui m’a surpris.
Je suis venu te lire
Avant que les pages ne se déchirent.
A me glisser sous l’écharpe
De tes lignes, j’attrape,
Un morceau de coeur en mots
Dont je me fais proche écho.
En redoublant d’efforts
… Autres horizons, autres décors
Pour Bd’ s et phylactères
Partager semblables repères
Aux parfums de fête
Qui t’ont tourné la tête
Que dire de l’intime ?
D’une vie qui s’anime…
J’entrecroise mes lignes
Aux tiennes, nouvelles rimes.
Réconciliées aux lendemains
J’entrecroise les doigts des mains.
Et partage le reflet
mouvant des fées
Dans un lac au repos
Ondulant, sans crapauds
Au silence limpide
D’étendue liquide
Parfums, phrases d’amour
De tous tes mots autour.
–
RC – janvier 2012, modifié 15 janvier 2013
–
Wislawa Szymborska – Ciel
Ciel (début et fin , 1993)
–
Voilà par quoi on aurait dû commencer: le ciel.
Fenêtre sans rebord, sans feuillure, sans vitres.
Ouverture et rien d’autre,
mais ouverte largement.
Nul besoin d’attendre une nuit sans nuages,
ni de lever la tête
pour regarder le ciel.
Je l’ai derrière mon dos, sous ma main, sur mes paupières.
Le ciel m’enveloppe fermement,
me soulève.
Les montagnes les plus hautes
ne sont pas plus près du ciel
que les vallées les plus profondes.
Pas un endroit où il y en aurait davantage
que dans un autre endroit.
Un nuage est aussi lourdement
écrasé par le ciel qu’une tombe.
Une tombe n’est pas plus au septième
qu’un hibou qui agite ses ailes.
Une chose qui tombe dans le vide
tombe du ciel dans le ciel.
Fluides, liquides, rocheuses,
enflammées et aériennes
étendues du ciel, miettes du ciel
ciel qui souffle et ciel qui s’entasse.
Le ciel est partout
jusqu’aux ténèbres sous la peau.
Je mange du ciel, j’évacue du ciel.
Je suis piège piégé,
habitant habité,
embrasseur embrassé,
question en réponse à question.
Le diviser en Ciel et terre
n’est pas la façon idoine
d’appréhender ce Tout.
Ça permet juste de survivre
à une adresse plus précise,
plus facile à trouver,
si jamais on me recherche.
Mes traits particuliers:
admiration et désespoir.
WISLAWA SZYMBORSKA
(site : Parfums de livres parfums d’ailleurs)
–
A l’intérieur du marbre ( RC )
–
A l’intérieur du marbre
Elle occupe tout l’espace
Ne laisse que peu de distance
Entre deux passages d’oiseaux.
Un blanc liquide
Qui prélève le regard
Et ne le rend pas.
Elle ôte aussi le relief
Et les ombres …
Il n’y a plus d’épaisseur
Palpable
Que celle que parcourent
Les doigts hagards
Livrés à eux-même
– et sans limite
A l’intérieur du marbre.
–
RC – 11 novembre 2012
–
Naturellement la sculpture de Rodin, permet de belles choses, mais chacun a son « interprétation » de l’artiste… voir par exemple le dossier Rodin de Vincent Gauthier
Aran ( RC )
–
Trois petits galets dans l’Atlantique,
Trois vaisseaux de pierre,
Striés dans leur chair,
Au sol de calcaire
Dressent un parcours de murs,
Autour d’une terre maigre,
Et d’herbes arrosées d’eau salée
Lorsque fond un ciel liquide
Où le gris, dispute de l’océan, l’indigo
Trois petites îles se suivent
D’un voyage immobile,
Au Connemara, voisines.
Les soeurs sont sentinelles,
Don Aengus est toujours là
A surveiller l’horizon
Depuis les falaises noires,
Au choc profond des vagues.
Les maisons blanches adossées aux rocs,
Se font lumière, aux ciels de plomb,
Résistent et s’entêtent
Au courroux des tempêtes,
Et aux vents qui les fouettent.
Les îles, échouées sur un socle qui tangue,
Subissent les éléments qui les poussent,
Et où bien peu d’arbres, moussent.
Les hommes qui vivent là,
Aux longues histoires de pêche,
La cicatrice de générations de noyés,
Ont le regard dilué d’eau fraîche.
Vêtus en laine de leurs troupeaux,
Laissés pour compte de leurs terres pauvres,
Ils ont vécu longtemps coupés du monde
L »oral d’un gaëlique d’antan
………………..Sur les îles d’Aran.
–
RC – 18 septembre 2012
–
Océan – mer – terre, destin d’une embrassade ( RC )
–
Océan – mer – terre, destin d’une embrassade
Vogue le destin d’une embrassade,
étreinte et baiser humide de l’eau au sable
la fin de quelque chose, le début d’un autre
s’évanouit la terre ferme, pour le choix du liquide,
une masse matière qui vit de ses soubresauts
l’histoire de tant de marins qui s’y sont fié, en espérant voir un jour la ligne dorée d’un continent lointain, ou, gagnant leur vie au milieu des embruns salés, pour rapporter une manne vivante dans les filets, mais toujours en équilibre, sur l’instable, à portée des caprices de l’écume et du noir des abysses,
peu se sont attardés, à convoquer la couleur bleue, comme celle d’un paradis uni et tranquille…
Et partir en croisière, pour le souvenir dans la mémoire, des ports ensoleillés.
Il y régnait surtout l’odeur tenace des huiles et
Des poissons séchés , à la musique des filins qui claquent sur les voiles, et le concert des mouettes…
L’océan, suit la lente rotondité de la terre, il la cache ,l’obture, et remplit ses failles, antre des mollusques et des mâchoires des prédateurs qui s’y sont fait leur empire…
de l’autre coté des courants l’océan a l’odeur femelle, et ne révèle ses mystères qu’en surface.
On y sait des coraux, des épaves, des algues et méduses, et peut-être des sirènes…
Mais aussi la mémoire des conflits terrestres, des navires coulés, avec leur cargaison, d’hommes et de matériel, le rêve des contrebandiers,, les galions d’or, la vaisselle fine, les amphores pleines de vin d’Italie…
Les boules tueuses des mines, guettant les cachalots métalliques…
Les supports des îles, en stratégie qu’on se dispute, en invasions alternées : Chypre, la Crète,Hawaï et
plus récemment les Malouines…
On y soupçonne les courants obstinés, prolongation des fleuves et rivières, en fantasmant sur la dérive des continents, les migrations parallèles aux oiseaux, des bancs serrés de poissons voyageurs…
On en rêve dans sa chambre, pour voyager en romans, , dans une épaisseur liquide à vingt-mille lieues de Jules Verne, puis aux légendes grecques.
Le raffiot de la rêverie, n’a changé d’échelle que depuis la vue aérienne, avec laquelle les vagues les plus déchaînées, ne semblent qu’un vague frisottis décoratif…
Qu’en serait-il de l’effet de tsunami « pris sur le fait » ?
une onde circulaire, s’étendant comme
lorsqu’on jette un caillou dans l’eau, suivi d’une autre, puis semblant se calmer, alors que des murs d’eau viendraient,
quelques heures plus tard, rejeter violemment les chalutiers, et bateaux de plaisance au milieu des falaises et forêts…
La soupe salée, vécue du bord des côtes dévastées prenant soudain un goût de l’amer, bien éloigné
de l’aspect paisible qu’on suppose à la mer.
…..Sans l’apostrophe…
RC – 14 juillet 2012

peinture: William Turner
Si l’envers était endroit ( RC )

aquatic world ou Russell Blackwood
Si l’envers était endroit
Et le sommeil liquide, le reflet du monde, et celui des plus proches, les sombres forêts moussues, en sentinelles.
Et les algues, au milieu de la matière glauque d’un en-dessus de ciel…
La mémoire porterait le souvenir d’un monde terrestre,
Quelque part, comme en réminiscences.
Plus de pesanteur terrestre pour ta chevelure, que seuls les courants mouleraient de leurs doigts.
Plus de pesanteur pour ta robe, en cloche comme une méduse habitée de toi.
Plus de distance de paroles, même la bouche ouverte, où viendrait parfois s’interposer, l’ombre d’une carpe.
L’ange de l’étang ne montrera pas ses larmes, puisque mêlées aux ondulations des tiges têtues des nénufars.aux parapluies étalés au regard d’un autre monde, collé à la lumière.
Seules les grenouilles en traduiraient l’existence, et , dans leur prophétie, nous diraient les sources, et les orages.
Silence cependant des eaux étales, juste piquetées, en surface, de temps en temps par des points de pluie, ces seules notes de musique d’un piano mouvant, accompagné d’éclairs furtifs…
Et nous serions dressés, à l’horizontale, ou tête bêche,
-peu importe – , à la pliure du monde, la vie traversière….
RC – 23 juin 2012
–
La mer ne parle plus, elle se tait. (RC)

Affiche objet d’une plainte de la région Bretagne
–
La mer ne parle plus, elle se tait.
–
Et si la mer parlait dessous son tapis d’écume et de vagues,
Au silence de la mer celle réduite au silence,
Et aux arbres qu’on élague
Encombrée de sables
Et de débris innommables
La voilà immobile, et presque entièrement recouverte
D’une épaisse confiture
De toutes ces algues vertes
Et d’un semis d’ordures
D’où s’échappent gaz, par bulles
Autour des rochers las
Qu’une lasse marée dissimule
Dernier geste de décence
D’une eau qui n’a pas d’age
Mais qui sent l’essence
A travers les coquillages
Désertés des mollusques
Que goudrons écrasent
Et collent même, jusque
Au cœur de la vase .
Si la mer parlait dessous son tapis d’écume
Qu’elle ôtait son bâillon
Et qu’avec les vents revenus, elle s’enrhume
Elle chasserait ces haillons
D’un seul coup de tempête
Son parfum de dégoût
De fracas et de pertes
Rejetant les égouts
Bien loin sur la terre
Ces rejets de l’ingrate
De toxique amère
Saturés de nitrate.
Retraits d’hier en dignité
C’est d’un autre visage de Bretagne
Tournant dos à la fatalité
Qui ferait, que la nature gagne,
Que la mer épaisse revienne en liquide
Que l’on puisse, voir le sable
Au travers d’une écume limpide
Et d’un pays respectable…
–
RC 11 juin 2012
–
voir notamment ce site avec ces affiches choc, qui dénoncent l’hypocrisie ambiante.
et pour avoir une idée du problème, plusieurs sites en parlent, mais les mesures concrètes se font attendre…, en effet il y aurait une collusion entre les autorités et les sociétés financières qui possèdent une partie des élevages intensifs bretons … ceci expliquant en grande partie cette inertie, pour un problème connu depuis longtemps.
–
Edmond Jabès – le sucre est liquide le long des branches et le soleil rond comme une bille.
La petite fille a posé sa tête
contre la poitrine velue du printemps.
Ses cheveux en sont parfumés;
ses doigts tressent la tige frêle de nos rêves.
Qui fait encore défaut à l’appel?
Ce jour est interdit.
Pour elle,
le sucre est liquide le long des branches
et le soleil rond comme une bille.
(Edmond Jabès)
tes yeux, l’encre bleue (RC)
De tes yeux, l’encre bleue
Vient faire écho aux cieux
Ne reflètent pas le vide
D’un regard liquide
Un monde si furieux
En bosses et en creux
Révèle voiles et lumière
Colères et soufrières
Si le jeyser tout à coup crache
Des émotions qu’ils cachent
Tes yeux, quand ils se lâchent
Ne forment pas tache
Et sans obstacles la course
Des larmes prend sa source
Aux rebonds du passé
Que tu pensais cadenassé
J’irai tendre mes lèvres
Sur tes yeux en fièvre
Pour goûter avide
Ton azur liquide.
texte en rapport d’écho avec celui de JoBougon; larmes en cascade