la fuite éperdue du langage – ( RC )

Ici ce sont des mots
accrochés aux poteaux.
Ils balbutient,
aux orgues du couchant,
et peut-être que le concertiste
a pris les devants
avec mille et une variations,
du cor nu
qui délaisse les bois
pour résonner, ingénu
sous d’autres climats
d’autres lois .
Et ce sont celles de la ville
qui indiquent au passage
la fuite éperdue du langage
emporté par la symphonie urbaine.
Lire ce récit comme une partition
serait bien chose vaine :
Jusqu’aujourd’hui on n’a jamais pu
en faire un poème
à portée de rue :
un cor nu
n’est pas ce corps nu
allongé sur un piano
qui tenterait de lire les mots
accrochés aux poteaux.
Raymond Carver – pluie
PLUIE
Réveillé ce matin avec
une envie terrible de rester au lit toute la journée
et de lire. J’ai lutté quelques minutes contre cette idée.
Ai regardé la pluie à travers la fenêtre.
Et lâché prise. Me mettant entièrement
à l’abri de ce matin pluvieux.
Serais-je prêt à revivre ma vie ?
Avec les mêmes erreurs impardonnables ?
Oui, si c’était seulement possible. Oui.
(in Where Water comes Together with Other Water (1983)
RAIN
Woke up this morning with
a terrific urge to lie in bed all day
And read. Fought against it for a minute.
Then looked out the window at the rain.
And gave over. Put myself entirely
in the keep of this rainy morning.
Would I live my life over gain ?
Make the same unforgivable mistakes ?
Yes, given half a chance. Yes.
Le texte se soustrait au regard – ( RC )
–
J’ai eu un peu de mal à lire :
Les caractères sont trop petits,
mais en plissant les yeux,
j’arrive à distinguer les mots ;
avant qu’ils ne retournent dans le blanc.
Peut-être que ces écrits
se dissolvent d’eux-même,
et n’ont pas de rapport
avec ma vision
Reste à savoir pourquoi.
Le message se soustrait au regard,
rentre dans le blanc du papier,
d’abord pâlissant,
puis carrément blanc :
> il se dissimule ,
jouant les extrèmes
comme pouvait le faire
Malevitch avec son fameux
» carré » ( qui n’en est pas tout à fait un )
posé en oblique ,
mais qui, avec les années,
reste apparent.
Le texte est sans doute toujours là,
en encre blanche,
celle qu’on dit sympathique.
Il suffirait
d’un procédé simple,
pour le faire réapparaître :
la chaleur d’une flamme,
comme dans chaque page
( que l’on croit vierge d’intentions ) .
–
RC – juin 2015
L’attente de te lire (RC)
Dans ma porte secrète
Il y aura toujours prète
L’encre de ma main
Pour t’écrire demain
( Pour Jo )