Jacques Roman – lettera amorosa – 04

Sa parole n’a de légitimité qu’à ne jamais te passer sous silence,
qu’à jeter encore ta pierre dans le jardin de la loi.
Je l’avoue : terrorisé devant qui te renie.
Une telle terreur que toute ma chair se fait l’écho d’un hurlement à la vie à la fin duquel…
est-ce laissé pour mort ? Terreur encore quand, le proférant à haute voix,
ton nom lui-même me précipite dans ma bouche : si l’imposture y
était éternellement tapie ? Si ma langue ne travaillait qu’à embaumer une charogne ?
Non ! Je l’entends ce corps aimant infernal comme forcené qui là-haut agite ma langue et dit que son corps est ton corps. Malheur à qui n’a pu voir le cul de son dieu !
C’est d’être pénétrés de toi jusqu’à la moelle que les amants se crient je t’aime
et c’est lancer de poignards sur la cible du temps tandis que la roue tourne.
Sur le plancher d’un bal de campagne dressé au soleil, un jour d’été, près d’un
étang, à mes yeux un être a pris tes traits. Je ne quitterai pas le bal sans fin.
Tandis que là-bas la mort seule reste au bord de la piste, quelqu’un rit
aux larmes d’aimer dans le brouillard, amour, ton ombre même.
Il est temps que j’expédie cette lettre. Il fait nuit et jour à la fois.
Je prononce ton nom. J’ouvre la bouche, s’unissent un instant mes lèvres
et s’élance le souffle aux entrailles du silence. Au secret de la fièvre,
braise m’offre un temps brûlant. Je recommence, je recommence.
LETTERA AMOROSA
Que chacun reste à sa place – (RC )
montage perso 2012
–
Je me méfie des signes
Clignotant dans la nuit.
Ce sont peut-être des phares,
Guidant les marins vers le port,
Ou des feux sournois qui égarent…
Je me méfie des symboles,
Et des grandes formules;
Des lions ailés sur les drapeaux,
Des discours et grandes phrases,
De bavards, et de l’emphase.
L’image peut-être trompeuse,
Et celui qui l’utilise,
Le fait souvent habilement,
L’abondance nous cerne,
Ce qu’on appelle « prendre des vessies pour des lanternes ».
Que chacun reste à sa place,
Et vénère ou non, un dieu.
Je n’ai rien contre les convictions,
Le parcours de l’imaginaire.
Chacun est libre, les pieds sur la terre,
De percevoir entre les nuages,
Les murmures des oracles,
Et de croire aux miracles,
De lire des figures
Dans le marc de café…
Chacun ses choix.
Quant à en faire une loi,,
Imposer ce qu’il faut croire,
Permettez que je doute,
Je ne partage pas avec la planète,
Mes hallucinations.
Je ne suis pas conforme,
Et pas fait pour les dogmes.
Et j’ai quelque suspicion,
Envers la politique, et la religion.
–
RC – sept 214
Sa parole est d’or ( RC)
Si je voulais me lancer dans la politique
J’aurais à parler en public
Tenir des propos de comptoir
Et donner dans l’oratoire…
Si je voulais me lancer dans la politique
Un métier bien sympathique
Il faut d’adord mettre son grain de sel,
Et puis tirer les ficelles…
Faire du bagoût à l’italienne,
Monté sur une estrade, comme Démosthène
La bouche de cailloux si pleine,
Qu’au début, on l’entend à peine.
Mais à force de s’entraîner,
Force discours rondement menés
Avec sa voix de stentor,
On dira que sa parole est d’or.
Les politiques et l’oratoire
Disent « Votez pour moi, ce soir »
Ce sera une bonne initiative
(pour les législatives)
Nous avons besoin de vos voix
Pour créer de nouvelles lois !!
Votez pour moi, c’est le bon choix !!
( et vive le Roi !)
Ne reculant devant aucun bon mot
A dénoncer le vrai du faux
En en tirer des phrases, avantage
Phrases dont nous sommes otages.
Dans la nation, les jeux d’alliances
Se font et se défont (pour le bonheur de la France)
L’orateur n’est pas taciturne
Et nous conduira aux urnes
Les promesses électorales
C’est surtout jouer de l’oral
Les paroles s’envolent les écrits restent
Ou bien il faudrait qu’on les leste.
A l’art oratoire, la conviction,
Rime avec soumission
Aux jeux du pouvoir
« Allez vous faire voir »
On pourrait même lancer des paris
Et deviner la première tromperie…
Vous verrez que rien ne presse
Pour transformer en concret, les promesses …
RC 2 juin 2012
Giorgio Bassani- il faut mourir une fois au moins
- photo: montage perso
Le jardin des Finzi-Contini de Giorgio Bassani