Louis Calaferte – LONDONIENNES (extraits)

André DERAIN – Londres Westminster
Pendant que j’allumais une autre cigarettetu as quitté tes basassise au bord du litet maintenant tu n’oses pasdans cette chambre où nous n’avons jamais dormilever les yeux sur moiC’est soudain comme si le temps meurt ou s’arrêteun long alinéaje m’approche du litet viens te prendre entre mes brasdans cette douceur triste et qui nous engourditj’ai aussi peur que toiIl y a au-dehors des rumeurs vagabondesnous ne nous en irons que pour un autre mondeA Londres c’est l’automne il est presque minuit*C’est vrai qu’il pleut à Londreset que les ponts s’ennuientLe ciel mourant et hypocondreaux nuages noués de suieA Londres il pleut à Londrespaillettes de la pluieOn voyait la ville se fondrecomme irréelle comme enfuieUn peuple imprécis correspondresous les dômes des parapluiesNos ombres allaient se confondredans l’ombre grise de la pluieC’est vrai qu’il pleut à Londreset que je t’ai suivie*Je ne crois pas te l’avoir ditlundi mardi ou mercrediou quelque jour de la semaineEt pour autant qu’il m’en souviennetes dents blanches la bouche ouvertetu mangeais une pomme verteJ’ai rencontré dans Fetter Laneau bras de la sombre Maryle fantôme de FrankensteinEt pour autant qu’il m’en souviennele jade était surnatureldans tes longs yeux de caramelIl y avait aussi BoswellMilton et puis Dickens aussiet d’autres ombres magiciennesMais pour autant qu’il m’en souviennele blanc le jade et le vert pommeje ne voyais que toi en sommeQui réellement me surprenneslundi mardi ou mercrediet tous les jours de la semaineRagtimeAnthologie de la poésie françaiseDu XXè sièclenrfPoésie Gallimard
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