Trouver sa propre entrée – ( R C )
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peinture: Raoul Ubac
Il doit bien y avoir quelque part,
une entrée gardée secrète,
qui mène vers un ailleurs
qu’empruntent des explorateurs,
et – dont ils n’ont jamais parlé :
C’est une parole mutique
dont chacun connaît la clef,
le sésame, pour y accéder…
se guidant peut-être à tâtons,
sur les parois de la conscience .
C’est difficile à expliquer…
Malgré toute la bonne volonté,
dont je pourrais faire preuve,
je ne peux rien dire …
Il faudrait que je trouve ma propre entrée…
Je suis dans un espace clos,
où nulle lumière ne pénètre,
juste guidé par le murmure familier,
du bruissement du sang
dans mon corps .
Peut-être verrais-tu dans le noir,
si tu étais à ma place,
quelque luciole voleter,
ou une étoile qui clignote…
( si c’est un signe …)
Mais ceux-ci sont trompeurs,
et finissent par s’effacer
aussi soudainement qu’ils sont apparus,
à la façon d’une cigarette
indiquant une présence,
et qui a fini de se consumer.
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RC – avr 2016
Embrasser le monde, même à courte échelle – ( RC )
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Avec quelques idées, des pas hésitants sur la berge,
Il se hasarde sur le seuil de l’existence,
Et quelquefois trempe son corps en entier,
Ou juste un doigt, histoire de « tester ».
C’est sûr, sa vue ne porte pas loin, pas plus
que la lueur d’une lampe de poche, pointée sans grande portée.
Nous dirons que c’est la nuit, ou un soir bien avancé.
Ce n’est pas un phare, qui fend l’obscurité.
Mais plutôt une luciole .
Une pensée qui jouit de sa propre lumière .
L’étreinte de l’extérieur, est un espace .
qui semble se refermer sur lui à mesure qu’il avance .
L’arbre était immobile , sentinelle de plein vent .
Une présence, qu’il aurait pu ne pas voir ,
s’il était passé une dizaine de mètres sur le côté .
En fait, la marche porte son propre aveuglement .
Il est difficile d’embrasser le monde, même à courte échelle,
Sans se faire porter par la lumière d’un astre .
Celle d’un livre, par exemple .
Sans être universel, le regard en sera plus étendu .
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RC – nov 2014
poème bantou – feu – ( trad Leopold Sédar Senghor )

peinture perso: maternelle age 5 ans ( j’ai probablement été fortement aidé… toujours est-il que j’ai toujours cette peinture, d’un format 50×65 cm)
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Feu
« Feu que les hommes regardent dans la nuit, dans la nuit profonde,
Feu qui brûles et ne chauffes pas, qui brilles et ne brûles pas.
Feu qui voles sans corps, sans coeur, qui ne connais case ni foyer,
Feu transparent des palmes, un homme sans peur t’invoque.
Feu des sorciers, ton père est où ? Ta mère est où ? Qui t’a nourri ?
Tu es ton père, tu es ta mère, tu passes et ne laisses traces.
Le bois sec ne t’engendre, tu n’as pas les cendres pour filles, tu meurs et ne meurs pas.
L’ âme errante se transforme en toi, et nul ne le sait.
Feu des sorciers, Esprit des eaux inférieures, Esprit des airs supérieurs,
Fulgore qui brilles, luciole qui illumines le marais,
Oiseau sans ailes, matière sans corps,
Esprit de la Force du Feu,
Ecoute ma voix : un homme sans peur t’invoque »
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Poème Bantou
(traduit par Léopold Sedar Senghor)
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