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Trop lourd, pour que je reste debout, à la surface du monde – ( RC )


gravure sur bois Lynd Ward

Le poids de ma tête est trop lourd
pour que je reste debout,
à la surface du monde.
Je le creuse avec les dents,
la face contre terre,
et il m’arrive de trouver,
quand je dévisse un membre,
mon double, sculpté dans le bois,
par ces racines revêches,
qui ont fini par absorber mon sang.


C’est ainsi que ma vue s’est brouillée,
sans doute à cause de la poussière,
qui, elle aussi encombre mon esprit.
Je ne pense qu’aux temps,
où, trop léger sans doute,
je planais à quelques mètres
au-dessus du sol.
Composé de plusieurs parties
prévues pour s’emboîter,
il a fallu les rassembler.


J’étais à la recherche de la pièce manquante,
qu’on déniche par inadvertance :
un visage à modeler,
qui, maintenant que j’y pense,
offre une certaine ressemblance
à celui qui me fait face et me regarde,
dans le dédale des racines .


Le poids de ma tête est trop lourd  :
je ne peux que supposer
que trop d’années l’ont plombée :
le jour se confond avec la nuit,
et je ne peux saisir aucune de ces lueurs,
enfouies dans la terre.


Je ne peux que les imaginer…
car, si j’y voyais encore,
je verrais croître les arbres
se nourrissant de morceaux d’étoiles.
La mienne doit être quelque part,
car un jour je l’ai perdue…


Catherine Pozzi – Lotus


peinture Sharon Freeman

Sur le lac pâle inondé de lueurs,
Sur le lac triste où l’eau froide frissonne,
Bien loin des bords où le chant monotone
Des grillons noirs, égrène sa douceur,

Seul et divin, planant sur l’eau dormante,
Eblouissant, pur, et mystérieux,
Un lotus blanc, magique , radieux,
Etale au ciel brumeux sa splendeur languissante.

Tu t’ouvriras peut-être ainsi, une nuit sombre,
Ô Fleur de mon amour suprême et désolé !
Et tu endormiras mon coeur désespéré
Dans un rêve alangui de volupté et d’ombre.


Le logis de la cartomancienne – ( RC )


photo: Simonu

Tout en haut de l’escalier

d’une maison délabrée

à façade grise

c’est le logis

de la cartomancienne…

Un chat blanc

à la tête couleur de suie,

veille, avec indifférence

sur une boîte en osier

devant l’entrée

qui reste ouverte

en permanence:

jamais il ne sommeille;

C’est à cet animal

qu’on pose les questions

sur le palier

comme c’est l’usage:

-petit sphynx, petit lion-

Le consulter,

est comme regarder

dans une boule de cristal…

Dans son oeil

se reflètent d’étranges lueurs

où dansent les présages.

Si tu vas chez la cartomancienne,

tu n’y accèdes qu’à pied :

tu repéreras l’escalier:

il est peint de deux couleurs

en rouge et en bleu,

ce qui égaie un peu les lieux:

Quand le chat est à l’intérieur,

c’est elle qui t’accueille

en habits de deuil,

assise, comme toujours

dans le fauteuil de velours .

Il faut suivre le protocole :

elle a les phrases lentes

et peut s’endormir

après quelques paroles

décisives sur l’avenir,

car elle est un peu voyante.

En fin de journée

ses mains sont transparentes.

Tu devras la laisser

méditer sur ton cas

ou bien c’est avec le chat

qu’il faudra dialoguer.


.


Lambert Savigneux – lueur


lueur

 

 

 

 

visible  dans  sa page Lamazezen)

septembre 10, 2011 by | 3 Comments

deux lueurs

à l’étoile

l’une transperce le néant tandis que l’autre la caresse

une seule lumière

le moment et le ciel

vibre

un seul ciel toi et moi

des deux cotés de l’étoile

réunis par la distance

photo de Richard Mitchell:                  visible sur le blog Touching light