Dans les courbes de la nuit se cachent les pensées les plus secrètes, là où je ne peux avoir accès, car les lendemains ne connaissent pas de parole : celles ci ne sont pas nées et le discours reste bouche bée, n’émettant que des sons muets. Si j’écris le chant, chacun y lit sa propre histoire, les raisons de croire, et les chemins où ils s’égarent, alors que déjà les lumières s’éteignent sur les jours passés, brûlées par le sel, ensevelies sous les marches d’un temps, où l’on n’espère plus de printemps . Ne cherche pas à m’appeler, je suis déjà ailleurs.
Elle en a les gestes, mais pas la consistance, elle est attachée aux pas, fidèle et obstinée s’adapte aux circonstances, se déforme à loisir.
Rien ne peut la soumettre, si ce n’est l’extinction des lumières. Elle demeure anonyme, et n’a pas d’autre nom qu’ombre. Discrète elle demeure à ses côtés, jamais elle ne prend d’initiatives. Est-ce un personnage secondaire, qui s’en détachera, lorsque la vie brusquement, le quittera ,
Où étaient les lumières, les étoiles?
Les valses et les satins?
Les guirlandes du sapin?
Je n’ai rien vu
Ni entendu,
Des rires et des joies de la rue,
Du repas familial de fête,
Ainsi que toutes les paillettes.
Paillettes aussi dans mes cheveux,
Mais surtout sur ma robe noire,
C’était pour faire semblant d’ croire,
Pour cacher tout autour de moi,
Ma réalité calcinée.
Où étaient les lumières, les étoiles?
Les valses et les satins?
Les guirlandes du sapin?
Tout y était, rien ne manquait,
Ni ton absence,
Ni ton indifférence…
Le silence absolu,
C’est pour ça que j’ai bu.
Une potiche scintillante,
Sophistiquée comme une reine,
Juste un peu trop inanimée.
Où étaient les lumières, les étoiles?
Les valses et les satins?
Les guirlandes du sapin?
Je vois la nuit somnambule…
Elle progresse sans rien voir,
l’obscurité l’accompagne,
frôlant les arbres, puis déversant son encre.
La nuit noie tout, et se confond en portes secrètes,
ouvertes à travers un décor qui transforme
celui de l’espace diurne .
Les hommes , pour ne pas la voir,
utilisent d’artifices,
en disposant le long des routes
de petites lumières,
ou bien des enseignes publicitaires
qui clignotent, histoire de détourner
l’attention de la nuit.
Celle-ci enveloppe les immeubles,
comme les pierres du chemin ;
Les précipices de la montagne,
ont devancé l’appel du sombre.
Peut-être se heurte-t-elle à eux,
et ne retrouve pas elle-même son chemin.
Elle pourrait rester sur place,
ou tourner en rond,
toujours somnambule
si un jour le soleil ne venait pas :
on ne sait pas si elle l’attend avec impatience,
ou s’enfuit , effrayée, à l’autre bout de la terre .
Une minute à peine Et je suis revenu De tout ce qui passait je n’ai rien retenu Un point Le ciel grandi Et au dernier moment La lanterne qui passe Le pas que l’on entend Quelqu’un s’arrête entre tout ce qui marche On laisse aller le monde Et ce qu’il y a dedans Les lumières qui dansent Et l’ombre qui s’étend Il y a plus d’espace En regardant devant Une cage où bondit un animal vivant La poitrine et les bras faisaient le même geste Une femme riait En renversant la tête Et celui qui venait nous avait confondus Nous étions tous les trois sans nous connaître Et nous formions déjà Un monde plein d’espoir
Pierre Reverdy
Les ardoises du toit,
: La plupart du temps (coll. Poésie/Gallimard, 1989)
Il est l’heure maintenant de dormir
ne disparais pas trop vite où je ne peux plus marcher
ne vas pas trop vite où mes pas ne vont plus
ma vie elle n’est rien qu’un peu de ces chansons infirmes
de la cendre soulevée sur nos chemins intérieurs
j’ai dressé mon amour dans cette déchirure
j’ai exhumé le diamant de ces rêves offensés
je suis comme les autres hommes les autres éphémères
qui vont partout se cogner chercher de la lumière
j’habite la nuit je n’ai que la nuit
pour me raconter ce que c’est que de rester en vie
aveugle incertain ignorant
je ne fais qu’errer de lueur en lueur
et lorsque je l’atteins je brûle comme chacun
photo perso; panoramique collines éclairage vallée du Lot… voir le panoramique dans une dimension d’image plus grande ? cliquer sur elle
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En tous sens, coulissent des rideaux ,
– Des pans de décor, qui bougent
Se masquent, grimacent une ambiance,
Tantôt légère, tantôt portée d’inquiétudes
> C’est une scène de théâtre,
Une question d’étoffes, de murs végétaux,
Où l’éclairagiste s’affaire,
Dans les hauteurs, à combiner les lumières,
A rassembler les nuages
User de la douche, des matités et brillances
Orage côté cour, grand projecteur côté jardin.
Qui s’éclaire et puis s’éteint,
Aux vents fantasques, il faut saisir l’instant
La mesure des secondes, ne revenant plus,
S’il faut en faire un dessin.
RC – 24 mai 2013
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– A noter que ce type d’éclairage ponctuel et fugace est une des caractéristiques de la région et est effectivement perçu ( avec les pans de montagnes ou en lumière ou en ombre, selon la position des nuages), comme une scène – un théâtre de lumières….. Voir sur la même atmosphère mon article sur » Lozère en causses »
08.02.13