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Marc Hatzfeld – n’oublie pas…


Si l’herbe casse sous le regard du vent
Et si le vent dérape sur le seuil de ce soir
Si le soir se dérobe et tâtonne
N’oublie pas de leur dire:
«Retournez aux pages blanches de vos cahiers perdus
Retournez au lit de feuilles sèches
Retrouvez le chemin d’une étoile.»
N’oublie pas de leur dire
De retrouver la bulle d’air égarée
Dans la bille de ver
re
Libellule à l’envers.
N’oublie pas.


Marc Hatzfeld – souvenir du précambrien


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Ah! quand de ta tête poussaient des baobabs
En touffes bourrues comme les forêts du Bengale
Et qu’y grondaient les tigres tigrés
Qu’y jacassaient cent mille singes jongleurs
Quand de ta tête jaillissaient des bambous clairs
Ah! les bambous, ils ployaient aux sourires de tes rêves
J’y entendais siffler le vent matutinal
Chassant la brume au ras de l’eau
Quand ta tête flottait parmi les nénuphars
Fleur d’épave oublieuse et rieuse

Sous les saules qui pensent aux saules
T’en souviens-tu?
Venait la pluie, venait l’orage
Surgissait le terrible ouragan qui battait les montagnes
Nous étions seuls et nous dansions alors
Et remplissions les creux rouges des volcans
De songes et de mémoires, d’images fabuleuses
Pour le sommeil des hommes de plus tard.


Marc Hatzfeld – la pensée


L’HORLOGE DE LA GALERIE DU CLARIDGE

   horloge à eau , imaginée par Bernard Gitton,

Une araignée mélancolique
File la toile mécanique
De la pensée automatique
Et toc
Du temps savant
Que la clepsydre famélique
Des gouttes crottes
Porte au cadran symptomatique
Des mots pesants
Qui balancent leurs tacs
et leurs tiques
Pour que s’enchaîne le rythme logique
Du corps pourri
De la pensée cacophonique
Et toc
Qui m’étouffe le cœur.

Marc Hatzfeld est par ailleurs auteur de livres « reportages » et engage une réflexion sur le génocide au Rwanda; comme « là où tout se tait »;


Marc Hatzfeld – l’attente


montage perso à partir de documents de brookenshaden

L’amie l’attente
Laisse ignorer son nom
Toujours seconde
Derrière la pompe et l’or des grandes émotions.
Souvent heureuse
L’attente
Ne porte pas d’autres visages
Que ceux mélangés des images
Qui glissent dans l’oubli
Et se brisent enfin
Sur la fin d’un soupir.
Mais elle revient
Malicieuse et modeste
Elle réclame ses restes
S’immisce sous ton ombre
Et te parle
Te regarde: elle veut rire avec toi
L’attente
Elle te croque les ongles
Elle te mouche
Et prend les formes tièdes
D’un monde sans importance
Elle se fait mur. elle se fait pain
Elle devient le stylo ou la main
Ou le bruit d’un pas qui résonne et repasse
Mais ne finit jamais plus par frapper à la porte
Devenue sourde.

extrait du recueil de Marc HATZFELD « GIROUETTE »