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Aucune théorie sur le déplacement – ( RC )


photo RC plage et dunes Sainte Marguerite ( 29 )

Là, tout est au beau fixe.
Quelques nuages volages
sont à leur place.
Personne n’imaginerait
à part l’ingénu Magritte,
que les rochers se détachent
et s’envolent, oublieux de leur masse
avant de retomber au petit bonheur
pour la plus grande joie des autochtones,
voyant pleuvoir les menhirs.

C’est une image peu réaliste,
….je le concède,
qui pèse très peu
comparée à ces tonnes
qui ont été déplacées …
mais comment expliquer
que des pierres usées
par des millénaires de marées,
se retrouvent en équilibre
sur ces rochers dentelés ?

L’océan, dans sa grande générosité
aurait-il, inversé le cours des choses,
glissé ses bras sous les écueils,
bousculé les centres de gravité,
ignoré les lois de la physique,
pour leur rendre une légèreté
« métaphysique « 
comme ces nuages que l’on voit passer
lors de ces après-midi d’été,
où règne calme et volupté ?

Je n’ai là-dessus aucune théorie,
pas interrogé le sable sage
sous le soleil de juillet,
de toute façon,
il ne m’aurait pas répondu :
je me suis contenté de chercher l’ombrage
sous les blocs de granite
dont la longue vie
contient plus de secrets et de chansons
que je n’en pourrais inventer…


Marc LE GROS – Mémoires de basse


BORD DE MER AU POULDU

    Paul Sérusier – Bord de mer au Pouldu

 

 

                                           II

 

Puisque rien n’est écrit

D’avance et

Qu’il ne reste que des restes

Après tout

Quelques couleurs à mettre sur le jour

Un peu de voix à faire entrer

Dans le bond des grèves

On est là

Dans la fraicheur qui déteint sur nos mains

Nos yeux ne prennent plus l’eau

Depuis longtemps

Et quand l’un après l’autre les oiseaux

Passent au blanc

Le vent seul nous donne l’heure

On ne répond plus

 

 

 

LXVII

 

On arpente le bas flot tous les deux

Les yeux frottés

Aux mues vives des marées

De ma pâleur à ton visage d’ailleurs

Il n’y a plus très loin

C’est ma mémoire que tu blanchis

Et quand au bord le plus léger

Le plus mince de nous-mêmes

La lumière doucement touche

A sa fin

On est comme ces anomies

Sur les grèves

Ces fines pelures nacrées

Transparentes à peine comme l’air du temps qui passe

On y passe aussi on court même

Chaque fois

On y laisse sa peau

 

 

MEMOIRES DE BASSE – Calligrammes –  1987

 

 

 


Alain Helissen – ( my life on a horse back ) 10027810


 
437.JPG
photo: montage  perso  2014
n’écoutez pas aux portes le bruit des prépa-
ratifs dispersez-vous mouvements des marées
le hasard emportait parfois des victimes
vous cherchez bien entendu à vous tailler
la part du lion à lion lion et demi vous
n’avez pas les crocs de l’emploi qui vous
a appris ténacité mensonge outrecuidance
feintise arrogance calomnie pègre intesti-
nale il vous faut beaucoup monnayer votre
pignon sur rue votre obésité tranquille à
peine écorchée par quelques morts subites
hygiène précaire boum boum/rada boum trou-
bles cardiaques ah tourne-broche handicaps
cornes hargneuses et dans l’obscurité
l’infime mouvement des lèvres les langues
se rapprochaient cinématographie

Dom Gabrielli – Délire au couchant


nature   sunset  99

delirium at sunset

 

 

I dig deeper

 

gravels blooded into unspoken sounds

 

still i seek the invisible tides

 

reluctant to row that bewildered boat

 

through the rapids of innocence

 

boulders of the sun’s pain
bloodclotted on my forehead
I suck at banished figs insane

 

the bruised sun sends me away
to live with extinct memory
by the cypresses in the cemetry

 

I am seated there
I have a red book and a black pen

 

I am not leaving anywhere

 

I have the grey in my sights

 

I write your naked body there

 

in bark

 

I shall declare
all the emotions of sunsets rare

 

je creuse plus profond

 

les graviers de sang incarnés en sons indicibles

 

pourtant je cherche les marées invisibles

 

réticent à guider cette barque en perdition

 

à travers les rapides de l’innocence
les pierres de la douleur du soleil
explosent sur mon front
je suce la folie de figues bannies

 

le soleil meurtri m’expulse

je vis sans mémoire

près des cyprès dans le cimetière

 

je suis assis là

j’ai un livre rouge et un stylo noir

 

je ne vais nulle part

 

j’ai le gris en ligne de mire

j’écris ton corps nu là
en écorce

je déclarerai
toutes les émotions des couchants rares

 

 Dom Gabrielli

Châteaux en Espagne, une île au milieu des mers ( RC )


Il faut je crois, suivre une ligne,

Un fil invisible, de ténacité,

Pour construire, comme on dirait,

Ces « châteaux en Espagne »,

Se parsèment, dans les espaces vides,

Sur des monticules ocre , et jaune,

Des constructions, que l’on dirait utopiques,

Jamais achevées, et offertes aux vents,

Les semblables propulsant les ailes,

Des moulins à vent,

Chargés par Don Quichotte,

– Sa lance en avant.

Oui, les grandes ailes tournent,

Et souvent broient du vide,

Elles tournent dans la tête,

Comme de grands oiseaux blancs,

Peut-être ne sont-ils maintenant

Qu’une image, marquant les esprits,

Marqué par l’imaginaire,

photo: forteresse reconstituée de Mornas, vallée du Rhône, Vaucluse

Ainsi se remontent,

Pour le bonheur des touristes,

D’anciennes forteresses,

Habitées par les ronces.

Tout y est sécurisé,

On y accède en voiture,

On domine la vallée,

Et son autoroute.

C’est une belle carte postale,

Dont les assaillants d’antan,

Devaient garder dans leur cœur,

Pour raconter leurs exploits aux enfants,

Ah, les volées de flèches,

Tirées des meurtrières !

Ah, l’huile bouillante, rebondissant,

Aux pieds de la tour !

Ah les beaux boulets,

De plus de cinq livres,

Expédiés au-dessus des murailles,

Par notre artillerie…. !

Et ces soldats aux casques luisants,

Leurs écus aux couleurs du drapeau,

Claquant sur le donjon,

Leurs cottes de maille… !

Ceux qui ont de la chance,

Lors des fêtes médiévales,

Peuvent voir, dans des copies d’habits d’époque,

La comtesse ,tout en damas et soieries, et sa suite….

Tout est reconstitué,

Des histoires de batailles,

Dans le moindre détail,

En panneaux explicatifs.

C’est très instructif,

On a même refait, au milieu de la cour,

Un grand jouet, grandeur nature,

C’est une catapulte – toute neuve-,

. Qui participe au décor…

Car ici tout est décor,

Il n’y a plus de vie,

Dans les salles désertes,

Que l’on occupe,

– Toujours pour la culture, –

Par des pièces énigmatiques,

De grands artistes

Inspirés sans doute,

Par les murs en pierres lourdes,

Les verres troubles des fenêtres,

Et le sol en terre cuite.

Les salles d’exposition sont climatisées,

L’humidité est contrôlée,

La lumière est étudiée,

Pour le confort du visiteur

Le département s’occupe de tout :

De l’art, de la culture, et du patrimoine,

( Et le fait savoir en multipliant,

Publicités et affiches voyantes. )

Mais revenons à nos châteaux en Espagne,

Ou plutôt ce que chacun,

Dans la discrétion et l’intime,

Construit pour lui-même…

En forgeant son monde intérieur,

De formes et de couleurs,

De passions et d’utopies,

En se construisant la vie…

Une île au milieu des mers,

Perdurant contre vents et marées,

Ouvert à la perspective des sens,

  • c’est un grand voyage –

A s’arc-bouter,

Contre les éléments hostiles,

Mais les vagues sont porteuses,

Vous y serez bientôt…

– Je vous y invite –

RC- 13 octobre 2013

Moulins de Consuegra – Espagne


Ghost Pig – Tes yeux planaient


Tes yeux planaient sur des nefs de pluie grise,

Peuple d’ouragan et d’océan sans églises.

Tes yeux à la semblance d’un goéland,

Libres et mobiles, blancs.

Beaucoup plus bas, contre l’île, ressacs, marées.

Le capitaine fracasse a déserté le cerisier,

Les crabes rouges, et le cidre doux.

Bien au-delà les papous adorent leur idole,

Pylone de basalte crachant du feu sur le sol.

Au matin dans la clairière,

L’Enfant joue dans la lumière.


Paolo Messina – Résurgence


peinture:     Gordon Cook:   figure sans visage dans une veste

 

 

— >  article visible  sur le blog  de Sempre0allegra

 

 

 

E’ un tempo, una passione, un modo di andare, da un luogo di vita ad uno diverso,

l’andare, qui ora, segna un dolore,

le cose terrene, fragili accordi,

lavoro negato, dignità sepolta,

la felicità è perduta, la legalità muore;

ci lasciano l’ombra,desiderio di niente,

alziamo maree e lasciamo alle cose

il silenzo del mare;

elogio dell’ombra che porta la vita!

 

Paolo Messina

Serena pasqua di risorgenza 2011


… »lascia che l’altro sia quello che è….. »

 

 

Il est temps de sortir de l’ombre, le silence fétiche d’un pays fatigué, il est temps d’aimer notre pays »

RESURGENCE (1)

il est un temps, une passion, une manière de faire, d’un point à l’autre,
être actif aujourd’hui engendre des douleurs
les choses de la terre, ces accords fragiles
le travail refusé, notre dignité ensevelie
le bonheur est perdu, la légalité meurt
on sort de l’ombre, mais sans aucun désir
on soulève des marées et on les abandonne au hasard
le silence de la mer
louanges de l’ombre qui porte la vie

(1) réapparition


Max Jacob: – vie et marée


 

 

 

Vie et marée

Quelquefois, je ne sais quelle clarté . nous faisait
entrevoir le sommet d’une vague et parfois aussi le bruit
de nos instruments ne couvrait pas le vacarme de l’océan  qui se rapprochait.

La nuit de la ville était entourée de  mer.

Ta voix avait l’inflexion d’une voix d’enfer et le piano  n’était plus qu’une ombre sonore.

 

 

Alors toi, calme, dans  ta vareuse rouge, tu me touchas  l’épaule du bout de ton
archet, comme l’émotion du Déluge m’arrêtait.

« Reprenons! » dis-tu.
O vie 1 ô douleur! ô souffrances d’éternels
recommencements !
que de fois lorsque l’Océan des  nécessités m’assiégeait !
que de fois ai-je dit, dominant  des chagrins trop réels ! hélas!

« Reprenons! » et ma  volonté était comme la villa si terrible cette nuit-là.
Les nuits n’ont pour moi que des marées d’équinoxe.

——–

Max JACOB« Le Cornet à dés »
(Gallimard)
Bibliothèque des Arts Décoratifs       Échelle de sensations