Mario Benedetti – des mots qui n’existent plus

Combien de mots n’existent plus.
Le présent repas n’est pas la soupe.
L’eau qui reste ici n’est pas la mer.
Une aide c’est trop demander.
Il n’y a rien à vivre et il n’y a plus rien, sauf mourir, quand on m’enlève les mots .
Et pas de sauts à la corde, de mains qui ensemble se tiennent
, sourires, caresses, baisers.
Le lit de la maison est une lande imprononçable :le repos des mourants,
dans les spasmes agités, quand on sent que l’on vit encore.
Province d’Udine, Codroipo, le malade des deux poumons,
le pantalon trop large, le visage avec la peau sur les os,
le nez effilé , ce n’est pas quelque chose à raconter, ni les souvenirs.
Se savoir aride, se sentir aride…
Et je me dis, réalisez donc, n’ayez pas seulement vingt ans,
et une vie comme éternelle, pour juste me faire du mal.
( traduction « improbable de Google trad, » au mot à mot modifiée pour que cela soit plus compréhensible. )
texte issu du site une nouvelle poésie italienne.
Mario Benedetti – seul comme ce porte-manteau

Moi aussi seul comme ce porte-manteau,
comme sont les tables, comme est la planche à repasser.
Murs et rambardes, le fauteuil, la cheminée.
Brûle le feu incendiant le jardin tout entier,
tout le pré, les bois, tous les printemps.
Tersa morte, (extraits)
Milan, Mondadori, 2010
Mario Benedetti – Depuis la nuit le matin la nuit
[Chap. 8 : 6]
Depuis la nuit le matin la nuit,
pantalons verts, pantalons bleus,
le noir, le bleu clair, le cuivré, tout.
Parce que n’est plus un mot.
Les mers, les routes sont des maisons
et les maisons, des routes et des mers.
La pierre s’enfonce sans la corde autour du cou.
Affleurent en cercles les mots sur ses lèvres.
Mais peu importe, peu importe.
Quelques voyelles, le long du visage blanc
et noir, de cheveux, sa lumière.
Effondrée sur un côté. Recroquevillée.
Derrière toi, et devant, au delà, il n’y a rien.
,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,de: Pitture nere su carta, Milan, Mondadori, 2009