Purgatoire – ( Susanne Derève)

Aimais les dernières feuilles rousses
aux arbres
de celles qui s’accrochent
aux branches nues comme un adieu
tandis que l’hiver facétieux fait table rase
des feuillées,
s’étiolent dans un souffle
que la lune ranime
d’un pâle éclat de givre dans la nuit
de Janvier
Aimais les froids matins d’hiver,
ensommeillés de gel,
le tintement grêle de la cloche à midi
zébrant le ciel à la volée,
d’un bleu de porcelaine
plus pur qu’au plein d’été
Et sur le parvis glacé dessous
la flèche du clocher les messieurs
à bedaine et les dames serrées
dans leurs manteaux de laine
noirs
les enfants lorgnant
les flaques du trottoir
avant d’aller docilement s’asseoir
près du bedeau
(en purgatoire)
Aimais par-dessus tout
pendant ce temps
– étais-tu suspendu à l’instant ? –
paresser au lit avec toi
guetter le froissement silencieux
du dégel
le floc des paquets de neige
chutant mollement des toits
Aimais le désordre des draps
et le va et vient de tes doigts
sur ma peau
là où nait le désir qui vous emporte
sur son aile comme un oiseau
l’ aile du désir est si pure
je la confisque
aux anges en robe de bure
veillant le carré des fidèles
tandis qu’aux cantiques se mêle
de nos ébats le doux murmure
Poèmes du Gévaudan – IV (Susanne Derève)

Les feuilles du marronnier vibrent du rouge
d’une fin d’été lie de vin au soleil
effaçant les cuivres de l’ombre
Elles s’effritent sous le doigt
craquent et s’envolent au vent léger
Sur le tronc, coquille vide, un escargot
si lent que le temps l’a figé,
et le bois mort au pied de l’arbre
qu’on ne ramasse pas
qu’on ramassera peut-être
si les mots ne viennent pas
et pour peu qu’ils viennent
ils diront la douce langueur du sommeil
la sueur étoilée des paupières
le timbre d’argent de la lumière
entre les volets clos
son lent chemin jusqu’à l’éveil
et le café qu’on prend au lait au lit
ou bien dehors près de la treille
aux raisins verts et de l’amphore
abandonnée aux herbes folles
d’où naissent les mots incertains
le doux murmure des paroles
sur la joue tendre du matin
Poèmes du Gévaudan – I (Susanne Derève)

Photo-montage RC
Entre chien et loup
j’ai rêvé de toi, ouvert les yeux
et fermé la fenêtre
Un chien aboyait doucement
et le grand loup du Gévaudan
projetait son ombre noire sur les cimes
au delà des murs de la maison
au delà du portail
où tinte la cloche au matin
entre chien et loup
à l’instant où le coq a lancé
son refrain
Pavane du matin – (Susanne Derève)

photo RC (Sète)
Pavane du matin infante claire
un volet bat
C’est le vent glissant sur les toits
de tuiles
le vent courant sur les pierres
Femme de tes doigts agiles
qui lances des roues de lumière
le jour est là
La croûte dorée du jour
comme un pain chaud sortant du four
Et tourne la roue du bonheur
Femme qui tricotes les heures
dis-moi si l’amour m’attendra
Dans les ténèbres un volet bat
La lune pâle des faubourgs
grignote l’ombre sur les toits
Infante noire, nuit de velours
dis-moi s’il me reconnaîtra
Si les mots du matin – (Susanne Derève)

Zao Wou-Ki – Hommage à Claude Monet
Le vent pousse la barque
et mon rêve prend l’eau
réveil menteur
solitude d’un matin vengeur
Si les mots du matin coulaient
de source comme un lied
en notes translucides
une eau limpide une eau claire
ou ces parfums que vient charrier
le vent du Nord mêlés à ceux
des fleurs premières
quand j’ouvre la fenêtre
sur les bruits étouffés du dehors
odeurs de carène et de vase
de lilas et de miel
Lumière au sortir du sommeil
nous tenions-nous au bord du temps
– le monde je le sais appartient
aux amants avec son poids de rêves –
une enclave imprimant la mémoire
sans trêve
en lieu et place du passé
la trame des jours si dense
qu’on en oublie à naviguer à vue
de bonheur en souffrance
l’irrémédiable issue
Richard Brautigan – poème d’amour
photo Andreas Kauppi
Qu’est-ce que c’est agréable
de pouvoir se lever le matin
tout seul
et de ne pas avoir à dire aux gens
que vous les aimez
quand vous ne les aimez plus.
Jacques Ancet – l’heure de cendre
Ecoute-moi, simplement
sans cesser tes gestes quotidiens : écrire une lettre, faire chauffer la soupe, mettre le couvert, que sais-je
l’eau qui coule les bruits ne me gêneront pas : le tintement des cuillers, le froissement bleu des flammes du gaz, l’eau qui coule du robinet, et
même si tu ne comprends pas tout, si tu oublies de m’écouter, tant pis, tu seras là, encore un peu
je saurai qu’il me suffit presque de tendre la main pour sentir ta chaleur.
Mais les mots me suffisent l’espace de ta présence que je sens, même si je ne te vois pas avec la nuit
tout ce qui fait cet instant si différent des autres malgré l’angoisse – ou peut-être à cause d’elle transparence noire où brillerait chaque éclat de la vie
Laisse-moi m’approcher un peu plus, avec ces mots que je cherche
de longues heures nous séparent du matin. Traversons-les ensemble
J A 1980
Patrick Berta Forgas – il était cette fois
photo: Wolleh
–
Cette fois,
Les rangs sont froids.
Le pas des foules
Traîne au pied des monuments.
L’empreinte d’une histoire
Sans autre imagination
Qu’un vieux rêve ravivé,
Des siècles assassins
D’âmes, dans la nuit.
Cette fois,
La demeure est cernée
Des cendres du cauchemar
Qui se relève.
Incontinence et pollution
Aux draps des sueurs.
Cette fois,
L’ombre va prendre la couleur
Où tout se perd,
Les chemins et y compris,
Le matin.
Bernat Manciet – Sonet – Le matin croît en toute chose
aquarelle W M Turner
Le matin croît en toute chose
toute chose déclenche un matin
Toi : un matin aux cris de neige
des mouettes pures sur Ambès
je te reconnus à ton rire
piaffé de ciel et de sel
je te reconnais car c’est notre rire
depuis les talons jusqu’au front net
lorsque blanchirent les rives
jusque dans mes paumes ouvertes
je sus que c’était ton jour
jour de mille paupières
blanches tu m’as trouvé à tâtons
tous lendemains ne sont que ce matin
Rabindranath Tagore – Au petit matin
photo Nicolas Grandmangin
Au petit matin on murmura que nous allions partir en barque, toi seulement et moi,
et qu’aucune âme au monde ne saurait jamais rien de notre pèlerinage nous menant éternellement vers un autre nulle part.
Sur cet océan sans rivages, devant ton sourire attentif, silencieux, mes chants s’amplifieraient en mélodies, libres comme les vagues, libres de la servitude des mots.
Le temps n ’est-il pas venu ? Qu ’il y a-t-il encore à faire ?
Vois, le soir est descendu sur la plage et dans la lumière faiblissante les oiseaux de mer regagnent leurs nids.
Qui sait quand, les amarres rompues, la barque, telle la dernière lueur du couchant, s’évanouira dans la nuit ?
Ahmed Mehaoudi – Le matin s’éveille

Le matin s’éveille sur un temps nuageux, les choses de la vie circulent banalement, et même dans un cadre urbain triste et monotone , la place Carnot dans son vert bouteille , son kiosque à musique, ses terrasses bondées de consommateurs , ce tout le monde qui chuchote , les furieux klaxons angoissants , la ville s’enfonce dans le jour chacun dans l’espoir de vivre mieux
…la ville pourtant est dépeuplée ,il y a comme un grand vide , un manque à faire pleurer , un sentiment qui ne s’avoue pas ,un sentiment qui n’a pas de mot , peut-on l’expliquer , lui donner un nom , inutile il est abstrait et il vous tient à la gorge , c’est beaucoup plus une envie de monter au ciel et de disparaître ,
à croire que plus personne ne respire en ville , que personne n’est vivant , et pourtant le bruit du monde vibre tout près comme un être qui ronfle dans la nuit ..
Ce matin, il y a comme un froissement de silence, une voix tremblante sans qu’elle se discerne d’une voix qui s’est tue ; je regarde cette tentative de pluie, elle ne vient pas,
j’y entends un murmure, peut-être une complainte, un petit chant doux,
je voudrais tant écouter, mais mon cœur est si fermé ce matin que je me sens étrangement absent de moi-même …
Est-ce donc çà l’amitié quand l’autre part et vous quitte à jamais ? Il n’y a pas de larmes , ni cri de détresse , un rien , un néant …
le matin s’éveille , sans lui qu’est-ce pour moi cette ville ,
un étonnant terrain vague où se confond des formes inconnues que je ne reconnais plus pourtant si familiers , des formes et des formes à l’infini jusqu’à la sortie du dernier virage …
Il me le disait , me le disait au grès de nos cafés et de nos vertiges littéraires , je m’en irai , quel vide vous aurez à vivre ,
ici où l’on m’avait confisqué mon bonheur , et où j’avais piteusement vécu ,
ici où je m’étais allongé dans la boue d’une insolente farce ,
comme quoi il n’y a rien de mieux que de se rendormir et de reporter ce réveil matinal à plus tard …je me recouvre de ma couverture , allons le rejoindre dans notre rêve…
Matin (Susanne Derève)
CHUTA KIMURA, Landscape
Se réveiller heureux un matin blanc
Il y a si peu de vent
Les arbres se diluent
dans un semblant de brume
comme une estampe japonaise
un vert grisé
où vacille un halo de lumière incertaine
Un brouillard qui s’étend jusqu’aux franges
de l’être
un demain dont on ne saisirait pas le contour
dont on se dit que l’amour peut s’y glisser
peut-être ou bien s’en évader
aux premières vendanges
par la fenêtre
L’oiseau qui se pose, replie ses ailes et s’ébroue,
le sait-il, où le mèneront les transhumances
En perd-il pour autant l’insouciance
du jour
Se rendormir heureux un matin blanc
Attendre que le rideau se lève
Faire semblant
Juste une hypothèse sur l’existence des choses – ( RC )
peinture: H Matisse
J’ai crû que c’était le matin.
J’ai regardé ma montre.
Il est plus de 9 heures .
La météo n’en a rien dit
( on ne l’aurait pas crue ).
Ou bien ce serait un saut dans le temps .
La nuit s’en engouffrée dans le jour
a profité d’une brèche :
J’ai ouvert la fenêtre.
L’éclipse du temps s’est étendue
pendant la nuit,
et se prolonge
jusqu’à l’immobilité des choses.
Je distingue à peine les murs d’en face.
Le béton, les cheminées, d’autres fenêtres.
Elles portent un voile de deuil.
Aucune lumière.
Les lotissements sont bien là, obscurs.
Les immeubles ne présentent que des surfaces,
plantés au sol comme des esquisses de décor.
A peine plus noirs que le fond d’encre.
Les rues où rien ne circule.
Tout a été happé par le silence.
A la façon d’un Malevitch
qui aurait peint du noir sur du noir.
C’est bien le matin,
d’après l’heure ,
mais peut-on l’appeler encore comme ça ?
Le jour s’est perdu quelque part,
happé par l’infini,
– que sais-je ?
A moins que j’aie seulement rêvé:
un rêve de lumière, caressant les choses,
la pensée d’un astre,
( juste une hypothèse sur
l’existence des choses ),
que rien ne viendrait confirmer .
–
RC – mai 2018
Samira Negrouche – Illusion
Illusion
mon regard s’abandonne
sous l’eau cristalline
de l’oued en crue
flottaison
mes sens en arythmie
au corps qui se
promène
sur le cours incertain
M’en aller
comme feuille d’automne
et m’oublier au travers
des branches en furie
des eaux ravagées
de la soif inépuisable
des tuiles tombantes
de la maison dégarnie
m’en venir
au petit matin
effleurer ton rivage.
( extrait de L’heure injuste )
Salah Al Hamdani – Le jour se lève sur Bagdad
Avant l’Euphrate il y avait un horizon
qui guidait le nomade
une larme au-dessus d’une dune
une averse sur les falaises
une grêle d’enfance
une lumière qui inondait l’argile
L’Euphrate est ma mère
et je le reconnais comme on enjambe son matin
pour un tatouage de soleil
sur un palmier
dans une vieille cour.
Raymond Carver – pluie
PLUIE
Réveillé ce matin avec
une envie terrible de rester au lit toute la journée
et de lire. J’ai lutté quelques minutes contre cette idée.
Ai regardé la pluie à travers la fenêtre.
Et lâché prise. Me mettant entièrement
à l’abri de ce matin pluvieux.
Serais-je prêt à revivre ma vie ?
Avec les mêmes erreurs impardonnables ?
Oui, si c’était seulement possible. Oui.
(in Where Water comes Together with Other Water (1983)
RAIN
Woke up this morning with
a terrific urge to lie in bed all day
And read. Fought against it for a minute.
Then looked out the window at the rain.
And gave over. Put myself entirely
in the keep of this rainy morning.
Would I live my life over gain ?
Make the same unforgivable mistakes ?
Yes, given half a chance. Yes.
Wislawa Szymborska – Quatre heures du matin
Wislawa Szymborska
QUATRE HEURES DU MATIN
Heure de la nuit au jour
Heure du flanc droit au gauche
Heure pour avant la trentaine.
Heure balayée sous le chant des coqs.
Heure où la terre semble nous chasser.
Heure où nous glace le souffle des étoiles éteintes.
Heure de qu’est-ce qui restera-bien-de-nous.
Heure vide,
sourde, aride.
Fond du fond de toutes les autres heures.
Personne n’est vraiment bien à quatre heures du matin.
Si les fourmis sont bien à quatre heures du matin,
Bravo les fourmis! Mais que viennent vite cinq heures,
Si tant est que nous devons survivre.
Le matin se déhanche – ( RC )
photographe non – identifié..
–
Comme il fait encore sombre, ce matin,
La rue s’illumine de points.
Les réverbères sur la perspective de l’avenue.
Et puis quelques fenêtres.
Dans l’une d’elles, l’image d’une femme qui se coiffe,
Ses bras sont en l’air,
Elle découpe sa silhouette,
Une danse en S,
Rayée des lames du store,
Le matin se déhanche,
En promesses de jour….
–
RC – nov 2014
Marie-Hélène Montpetit – Le matin en retour
–
Le matin crie Heïdi dans le chalet du lit
Mon corps est un sofa
dont les coussins bayent aux corneilles
Dans la corbeille du sommeil
j’ai lavé cette nuit du linge sale de famille
Le matin en retour de labour
s’étire
à travers les sillons de ma carte du ciel
–
de (40 singes-rubis, )
Béatrice Douvre – Ce matin
–
Ce matin…
Ce matin est plein de brume
Où des oiseaux se mêlent à des feuilles
Des oiseaux froids se suivent
À peine si l’on distingue
Tant c’est l’aube
Leurs jeux du peu de nuit
Restée au sol d’automne
Les troncs penchent
Où nous avions marché
Par degré dans l’eau de la lumière
Comme un corps enchevêtré qui a mémoire
Et le temps pour œuvre.
–
Béatrice Douvre
Au 27 lumineux – ( RC )
Iris, photo personnelle, printemps 2011
Au matin, venu d’une nuit à gestes longs
J’ai émergé de tes bras au sourire blond.
Bercé de l’empreinte de ta souche
Venue verser la tendresse de ta louche.
Nous avons joint nos doigts d’écriture
Pour faire des duos fabuleux en lecture
De gestes enveloppants, nuées d’étincelles
Parsemés d’épices, de crème renversée, et de sel.
La nuit aurait pu t’absorber et diluer
Ton image, la chaleur de ton corps se muer
En mirage, cendre d’imaginaire agacé
Fugace, illusion sitôt vue, sitôt effacée…
Mais le matin descendit du ciel, comme nacelle
Ton esprit me guide en pensée et au réel,
Toi, statue sortie des fées électriques
Vœu de Pygmalion fleuri d’authentique.
Mais le temps (au delà de la nuit)
Peut-il – dans tout ce bruit
permanent , faire que se change
En ombre, l’empreinte de l’ange ?
–
RC – 2011, repris en mai 2014
-
A Pygmalionne, je fus ta sculpture
Détaché d »anonymat, d’une belle aventure
Je prends sens entre tes mains créatrices
De la terre, de la glaise que tes mains pétrissent
Contre dits, contre toi, bruits de couloir
Moulé de tes mains chaudes en laminoir
Fresque volume en liesse à tes vents
D’autan en emportent tes gestes savants
Que je prends vie, soudain, sous tes augures
Et perds , en passant, mon armure.
C’est le matin à Paris – ( RC )

photo: Jerôme Dumoux: voir son site
Le matin arrive sur la ville qui dort,
On devine juste le clocher de la cathédrale,
Qui dépasse d’entre les nuées pâles,
Tout est indistinct encore,
Les rues sont encore couvertes de sommeil
Avant la dissipation des brumes matinales…
Les trottoirs présentent leur côté sale
En attendant la traversée du soleil,
Il peine à trouver son chemin,
( C’est, il est vrai, un grand voyage ),
Pour finalement s’immiscer d’entre les nuages,
Et réduire les gris comme peau de chagrin.
En répandant l’alphabet des couleurs,
De l’or liquide, en cascades,
Eclaboussant les façades,
S’éveillant au fil des heures.
La nuit s’est faite oublier,
Sa main pesante s’est retirée,
On peut voir, de nouveau, éparpillés ,
Des éclats clairs, sur mes souliers.
Tout ce qui est blanc m’éblouit,
La lumière multiplie ses taches,
La journée est en ordre de marche…
L’odeur des croissants frais me ravit.
C’est le matin à Paris.
–
RC – mars 2014
Daydreamdaisies ( ML ) – Love for life
–
Un texte dans la langue originale, de M L ( du blog de Daydreamdaisies),
suivi de ma traduction…
–
I cradle the silence
I bow my head as life’s candle is lit
I can see the flame trembling
In the meandering trail of birds
Rejoicing in the cry of a newborn
My gaze, it answers to the infinity
My fingers run smooth
In morning’s blinding curtain
With gratitude
With freedom of breath
In laughter and in vehemence
They run and my hands
They lift me up
When I throw myself in between
The blades of thunder and light
I am the spark
Flaring, blazing
I am the warmth born
Where those two blades meet
I am life
Where swords of contrasts
Sometimes dash to fall
In love
—
Daydreamdaisies ( M L )
–
Je supporte le silence
Je m’incline quand la bougie de vie est allumée
Je peux voir la flamme tremblante
Dans le sentier sinueux des oiseaux
Me réjouissant dans le cri d’un nouveau-né
Mon regard, répond à l’infini
Mes doigts se passent en douceur
Dans le rideau aveuglant du matin
avec gratitude
Avec la liberté du souffle
Dans le rire et dans la véhémence.
Ils courent et mes mains
me relèvent
Quand je me jette entre
Les pales du tonnerre et de la lumière
Je suis l’étincelle
La torche, flamboyante
Je suis la chaleur née
Lorsque ces deux lames se réunissent
Je suis la vie
Où des épées de contrastes
Parfois se précipitent , à tomber amoureuse.
–
-
RC
Les horizons encore, derrière (RC)

peinture: Erich Heckel: chevaux blancs 1912
Il y a tant d’horizons encore, derrière la tombe du silence,
Tu peux partir blessée, à déchirer la lune
Et l’image de l’aimé,
T’enfoncer dans les ornières, et t’égarer en chemin
Les oiseaux de passage, – ils ne te prennent pas ta voix,
Mais de la leur, te montrent, au petit matin,
Le jour naissant, dans ses habits de rosée,
Et la voie, un chemin ténu
Qui finit bien, un jour
Par sortir de l’hiver
–
RC – 30 avril 2013
–
Pygmalionne à l’ancre de tes jets
Aux quatre vents des détroits de l’ouest
J’ai pris ton bras et retourné nos vestes
Il s’agissait avant tout que je peste
Contre les dits de couloirs de nos gestes
Tu m’as tournée contre toi d’un ton leste
Ne t’arrête pas de dessiner ta fresque
Car dans les vents il y a à Lambesc
Autant de joie que de vie ou de liesse.
Carnet privé