Méduse et boîte de conserve – ( RC )

Frasques flasques
en reflets sur galets –
matière confuse d’une méduse
mauvais rêve à flanc de grève…
hydre molle dans l’attente
de marée montante;
faut-il qu’on l’apprivoise ?
Qui ferait collection
de bulles , de tentacules
vers de vase
ou vieux poissons
épinglés comme papillons ?
Je reste sur la réserve
des images oniriques .
( mon quant-à soi
privilégie la matière opaque ) ,
– oublier le ressac
– ouvrir une boîte de conserve :
un en-cas assez pratique
à défaut d’être romantique
…pour le pique-nique …
Pégase – (Susanne Derève)

Gorgone aux yeux de pierre je regardais s’enfuir le temps exsangue Pégase, auréolé des nuits de gel qui déployais tes ailes blanches en bordure des chemins grêlés de vent sur les rameaux légers du jour naissant enrubannés de sève Les nuages tendaient au ciel des bannières d’argent Les neiges de printemps sous ton sabot délié fondaient en sources claires Pégase qui piétinais l’hiver et terrassais la gangue bleue de mes chimères
Si l’envers était endroit ( RC )

aquatic world ou Russell Blackwood
Si l’envers était endroit
Et le sommeil liquide, le reflet du monde, et celui des plus proches, les sombres forêts moussues, en sentinelles.
Et les algues, au milieu de la matière glauque d’un en-dessus de ciel…
La mémoire porterait le souvenir d’un monde terrestre,
Quelque part, comme en réminiscences.
Plus de pesanteur terrestre pour ta chevelure, que seuls les courants mouleraient de leurs doigts.
Plus de pesanteur pour ta robe, en cloche comme une méduse habitée de toi.
Plus de distance de paroles, même la bouche ouverte, où viendrait parfois s’interposer, l’ombre d’une carpe.
L’ange de l’étang ne montrera pas ses larmes, puisque mêlées aux ondulations des tiges têtues des nénufars.aux parapluies étalés au regard d’un autre monde, collé à la lumière.
Seules les grenouilles en traduiraient l’existence, et , dans leur prophétie, nous diraient les sources, et les orages.
Silence cependant des eaux étales, juste piquetées, en surface, de temps en temps par des points de pluie, ces seules notes de musique d’un piano mouvant, accompagné d’éclairs furtifs…
Et nous serions dressés, à l’horizontale, ou tête bêche,
-peu importe – , à la pliure du monde, la vie traversière….
RC – 23 juin 2012
–
Sous la surface des choses – (RC)

–
S’il faut voir les poissons de plus près,
et s’immerger sous la surface des choses
j’endosse la combinaison de plongée
L’attirail du scaphandrier
Et je me laisse aller à des distances obscures
Et ne plus penser à l’air,qui d’habitude,
gonfle mes poumons…
Je suis un ludion suspendu en eaux
Frôlé par des bancs de poissons qui errent
Caressé par des méduses avides d’un pays,
Celui du dessus, qui ne leur est pas permis
Comme ne m’est plus permis la lumière du soleil
Si faible sous les tonnes de liquide en mouvement.
C’est, franchi la frontière agitée des vagues,
Un domaine réservé, que tâter du pied, ne peut suffire
Et qui m’englobe, et qui m’avale
Comme toutes les certitudes de plancher sec…
Et les seiches me prêtent leur encre marine
Pour que j’écrive la mémoire des abysses,
Le vrombissemnt silencieux du passage des orques
Les étranges lanternes des baudroies
Et le dédale de couleurs des coraux et anémones
Qui dansent avec les courants chauds
Avec à peine le souvenir de l’homme
Et une épave oblique, aux hublots sertis
De coquilles et de rouille, avec son échelle
Accrochée au bastingage de l’inutile.
RC – 17 juin 2012
–
If we have to see the fishes closer
and immerse ourselves under the surface of things
I put on the wetsuit
The diver’s paraphernalia
And I let myself go to obscure distances
And think no more at the air, which usually
fill my lungs …
I am a ludion suspended in waters
Tickled by shoals of fish that roam
Caressed by jellyfishes, eager for a country ,
One above, which they are not allowed
As I am no longer allowed for sunlight
So low, beneath tons of moving liquid.
That is, across the border turbulent waves,
A reserved area, where the feeling of feet wouldn’t be enough
And that includes me, and swallows me
Like all the certainties of dry floor …
And cuttlefish lend me their naval ink
Writing for the memory of the abyss,
The silent vrombissemnt of orcas passing
The strange lanterns of monkfishes
And the maze of colorful corals and anemones
Dancing with the warm currents
Barely the memory of man
And an oblique wreck, portholes with crimped
Shells and rust, with its scale
Hanging on the railing of useless.
–
Maria Calandrone – Corps-diaphragme en majeure partie
Maria Grazia Calandrone
Corps-diaphragme en majeure partie
De la végétation affleure le corps
des pommiers – avec leurs médaillons d’or. Bannières de calme plat
dans le blanc de la machine adriatique – déboussolée
par la tempête immobile des estacades, sanctuaires tanguants
de bois et de rebuts
ferroviaires sur plusieurs mètres de mer. Les hommes de la montagne
dominent l’Inquiet de leurs plateformes – ils prolongent dans le deuil
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . des eaux
la terre, sa verdeur de meule sylvestre – et le soleil
règne plus grand que la peur.
Les manches retroussées, les pieds nus
– de la côte ils prononcent les Nombres donnés
par les étrangers
qui cultivent l’ange des rêves – cœurs pleins de larves
et de pissenlits – arrachés à la beauté boréale. Ah, si nous étions !
forêts de mâts dans la brume – voici le Souverain Ensemble
sur les taches du Neutre de tous les jours – le pollen dispersé
par le vase des siècles, où la somme des tempêtes est égale
au froncement inconstant d’un sourcil.
Mettez donc ma santé à côté de celle de notre frère
avec des projections de neige polluante sur les pins
qui ont des ombrelles de méduses terrestres pour que rien ne manque,
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . pas même
des roses hématiques et des rouleaux de parchemin dans les mains – ou
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . .. .. . . discours
sur le climat et le sol et sur les passerelles rongées, qui changent
la mer en terre – frêles – comme toi mon amour, qui sillonnes le large
de tes sabots de pierre et manifestes une originelle collision.
–
texte que l’on peut retrouver dans le blog « une autre poésie italienne »
–