Leon Felipe – Je ne suis pas venu chanter
Gravure MC Escher ( partielle): goutte de rosée
Je ne suis pas venu chanter, vous pouvez remporter votre guitare.
Je ne suis pas non plus venu et je ne suis pas ici pour remplir mon dossier pour qu’on me canonise quand je mourrai.
Je suis venu regarder mon visage dans les larmes qui marchent vers la mer,
Le long du fleuve,
et le nuage…
et dans les larmes qui se cachent
dans le puits,
dans la nuit
et dans le sang…
Je suis venu regarder mon visage dans toutes les larmes du monde,
et puis aussi pour mettre une goutte de mercure, de pleurs, ne serait-ce qu’une goutte de mes pleurs
dans la grande lune que fait ce miroir sans limites où ceux qui viennent me regardent et se reconnaissent.
Je suis venu écouter encore une fois cette vieille sentence dans les ténèbres :
Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front
et la lumière à la douleur de tes yeux.
Tes yeux sont les sources des pleurs et de la lumière.
Georges PEREC – Epithalames

Gerhard Richter – Haggadah
Donne-moi ce murmure
ce chemin en écho
où commence ce dire
Mon cœur incendié remue une cendre noire
Rumeur rêche d’une corne d’or
Chimère de mercure ou de chrome
Une déchirure inconnue de douceur
Mienne, comme mon émoi même
Epithalames ( Noce de Kmar Bendana
& Noureddine Mechri)
Beaux présents Belles absentes
Poésie Points
Préférer les sandales aux bottes de cahoutchouc ( RC )
-fresque de la Villa Farnèse – Raphaël
Au confort exotique,
le corps s’étale
dans la vie locale
aux aléas climatiques…
Convoquée , manucure
Ne craint pas scandale
Et dessine , démarche bancale
Les pieds, ailés de Mercure
Trouver meilleure chausse
A son pied servile ….
Il est toujours plus facile
De célébrer des noces
En sortant de son chapeau
Un soulier de cristal
Plutôt que sandale
Aux temps hivernaux.
Au sortir de l’aéroport
Si tu as le pied fin,
C’est soulier de satin,
Garanti grand confort
Aux pays du soleil
Sans être momie, aux bandelettes
Es tu bien dans tes baskets
Les ampoules vissées aux orteils ?
Trouver chaussure à son pied,
Le grand amour rêvé…
Cueilli au pied levé,
Des temps expatriés.
Des bottes de sept lieues
Permettent, avec quelque chance
De franchir grandes distances
Pour agiter, mouchoirs des adieux.
La soif d’idéaux
Fait de toi la reine
– Un jour couverte d’étrennes
Portée au plus haut…
C’est oublier, que la terre est dure,
Même de l’autre côté – obtuse
Et que les semelles s’usent
Avec la distance, et le pas sûr…
Il n’y a pour rêver, pas d’age…
Aux vols d’altitude
La chute peut être rude
En quittant les nuages.
Laissant de l’amour, le mystère
J’en connais, qui préfèrent des souliers
– De milieux hospitaliers
Accrochés à la terre.
Se bouchant les oreilles, Ulysse
Pour éviter , des sirènes, les voix
Fit ainsi son choix
– Et sur lui, elles glissent.
Quittant le paradisiaque,
Le voila, laissant le boubou
Pour des bottes de cahoutchouc
Bientôt en vue d’ Ithaque …
Pénélope,…. pour l’accueillir, est venue,
Portant ses escarpins
Au creux de ses mains,
Et elle, elle est pieds nus…
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RC – 14 janvier 2013
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Les chercheurs d’or (RC)

photo extraite du site eco-volontaire.com
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C’est une vision de l’enfer
Qui prend pour décor une mer
Qui sentirait forge et vapeurs d’essences
Feux, supplices et tourments des sens
Ainsi se précipitant sur le « matériel « du bonheur
C’est une marée humaine, – cette ruée sur l’or
Précipitant dans le gouffre toutes ces mains avides
Pour quelques paillettes, mais de soif, pas de liquide
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Et quand l’océan n’aura de souvenirs que vidé
De sa vie… il faudra sur sa surface sèche, nous guider
Aux poissons, plaques de sel, le musée des ossements
L’amer des ors et cristaux brillants, comme firmament
C’est ce qu’il nous restera à voir
De la lumière, passée au noir
Des reliques comme pourboire
Et d’eaux polluées — plus rien à boire
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RC – 17 mars 2012
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( cette ruée vers l’or, bien connue pour un des moments clefs de la conquète de l’amérique, est encore d’actualité, notamment dans les pays pauvres, par exemple de l’Afrique sub-Sahélienne, où des dégâts écologiques, suite aux exploitations minières, par exemple l’utilisation du mercure sont d’autant plus marqués, par la pénurie en eau… voir sur le même sujet, le film « Altiplano », qui se situe au Pérou, et le bel article de ballinicreation )
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