Andreï Poliakov – Mésange

Paul KLEE – Landscape with yellow birds
Mésange parlait ainsi :
Les temps automnaux vont si bien à la pluie,
tels les poissons
à l’aide de leurs petites ailes
des formidables oiseaux monstrueux
y nagent en effet
et des poupées appartenant à deux jeunes filles,
deux filles
et deux poupées.
Il n’y a que la petite feuille,
La petite feuille, précieuse sur sa belle branche,
jaunit dans la fenêtre —
Petit Chinois du quotidien.
Et me voilà —
debout
sur la brindille,
cachant dans le feuillage
mon automnale
famille.
Débarquement chinois (9) Editions Novoje izdatelstvo Moscou 2010
Revue rumeurs Novembre 2018 traduction Katia Bouchoueva
Tes mots revenus – ( RC )
J’ai emporté les mots que tu m’as glissé à l’oreille,
je les ai confiés aux ,
afin qu’ils voyagent,
et qu’ils les racontent à leur façon…
Je suis le passeur des phrases, celles qui sont dites,
et celles qui ne le sont pas.
Un jour, comme je l’ai vu,
( ou plutôt, comme je les ai entendus,
les mésanges sont venues frapper à ma fenêtre ) :
c’est qu’elles avaient sans doute
une réponse à me donner, et le récit de ton voyage .
J’ai essayé de l’interpéter à ma façon,
et les mots pensés,
ont ainsi continué leur voyage,
dans ma tête peut-être,
en donnant naissance à d’autres écrits .
C’est que tu parles un peu en moi…
–
RC – avr 2017
( réponse à Anna Jouy : voir les mots partis )
Cathy Garcia – Printemps Païen
peinture – détail de Cl Monet
Papillotes bleues qui dansent,
Papillons heureux qui s’élancent
Dans le vaste le ciel
Mouillé de pastel !
Clochettes qui vont par les chemins,
Porteuses de bonnes nouvelles,
Froissant leurs ailes sur les herbes
Parfumées.
Cortège étincelant, Vibrionnant de soleil !
Clavecins huilés
Qui bruissent
Dans les champs d’azur !
Corolles lisses, touches
De blanc pur,
Si fragiles
Et maintes fois déflorées
Par un doux et vigoureux
Bourdon déluré.
Bat le tambour de la terre,
Cœur de mésange chaud et palpitant
Et dansent les filles légères,
Leur robe en fleurs !
Sonnent les fifres,
Chantent les alouettes,
Les rats des champs
Sortent en guinguette!
Les nuages pompeux
Entrent dans la danse
Et tournent,
Tournent de plus en plus vite !
Ils enflent, s’assombrissent
Jusqu’à se brouiller entre eux
Et moi qui dansais avec eux,
Le nez en l’air,
Le cul par terre,
J’entends le crépitement
De leur rage qui ruisselle
Sur ma pauvre pomme
Inondée de joie !
Sylva Péron-Berbérian – Guerre et paix
– collection Marina Picasso
–
Je n’entends pas la colombe chanter
J’entends le merle des Indes
La mésange bleue et le roitelet
J’entends la pie boiteuse
La grive nerveuse le cuvelier
Et les oiseaux du monde entier
Mais je n’entends pas la colombe chanter
La colombe qui aimait
D’arbre en arbre voler
Et que l’on a froidement
Assassinée.
Je n’ai pas vu l’olivier
J’ai vu le laurier-rose
L’eucalyptus et le poivrier
J’ai vu le flamboyant
L’hibiscus le caroubier
Et les arbres du monde entier
Mais je n’ai pas vu l’olivier
L’olivier où venait
La colombe se poser
Et que l’on a lâchement
Incendié.
–
Jean-Jacques Dorio – Nuit
NUIT
Cette nuit
le monde se retire
Ce sont deux mains
qui ne s’agiteront plus
sur terre
des pas au bout du chemin
Mais la peine ni la joie
ne s’expriment
la langue sèche
pendue au clou
Des deux mésanges
qui frappaient ce matin
à ma vitre
laquelle s’est envolée ?
–