Rituel – ( RC )
Le poids de l’histoire
se referme dans un soir
où son corps s’offre au sacrifice,
bientôt, tas d’immondices.
Le prêtre accomplit sa fonction,
après quelques génuflexions
pointe son couteau
à la jonction des peaux .
Une rapide entaille,
une fontaine ruisselante,
( pendant que tout le monde chante ) ;
> recueillons le sang avant qu’il ne caille…!
Elle a le temps d’ imaginer son cadavre
ouvert en son milieu,
révélant des secrets inavouables,
dans ce cimetière graisseux .
Quelques livres de chair,
qui se lisent à l’envers,
ouvert, le sachet de viande animale
– un nu on ne peut plus intégral –
où tout apparaît à découvert:
les muscles et leurs attaches,
la viande qui se relâche
les cartilages bleutés, les os et les viscères.
Le rituel ne tolère aucun remords
l’action s’est déroulée sans repentir,
on pourra bientôt lire l’avenir
à travers la mort !
Fi du corps et de ces éléments inutiles ! ;
——–> il faut aller à l’essentiel,
c’est un instant de grâce subtile
( on bénit son âme montée au ciel ).
Célébrons la Puissance Divine !
que Sa volonté s’accomplisse !
soit béni aussi, son sang pour la fertilité
les récoltes abondantes, et la fécondité !
D’habitude ce sont des animaux
sacrifiés pour la science :
là, elle a donné son corps en pleine conscience,
il n’est pas l’heure d’états d’âme sentimentaux…
Allons ! Allons ! le temps presse!
… on attend que les suivants
arrivent , modestes et resplendissants
( une dizaine suffira avant la Messe ! ).
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RC- dec 2019
Habillé de ton portrait – ( RC )

– photographe non identifié
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Habillée de brume,
Elle enveloppe l’air,
Qu’une lueur allume,
C’est tout un mystère,
Si tu fuis le noir,
Et navigues, en puissance,
Dans le laboratoire,
Avec tes expériences…
Finissons en du tragique,
Voilà ce qu’il faut que tu crées ,
D’un coup de baguette magique,
En ouvrant le tiroir aux secrets.
Et qu’ensuite, je m’endorme,
Habillé de ton portrait,
( tu vois, j’ai changé de forme ),
En empruntant tes traits.
Il n’est pas besoin d’une messe,
Ni de prier la Vierge
Pour la caresse d’une déesse,
Encore moins, de brûler des cierges .
Juste la promesse,
De ton sourire,
Me redonne une jeunesse,
Que rien ne peut ternir.
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RC- avril 2014

masque « sourire du jaguar » art traditionnel mexicain.
Au sujet des masques mexicains, que je trouve souvent exceptionnel, grâce à leur inventivité, une page synthétique de pinterest en donne une bonne idée…
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Vases sacrés de sacrifice ( RC )

photo Lukas Jackson, agence Reuters
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Enroulé autour d’une pierre,
Je possède la terre,
Et les ruisseaux plombent
Aux échancrures des combes,
Et la mer cravache d’écumes,
Sous des ciels d’enclume,
Quand l’horizon se déchire,
Il faut s’attendre au pire,
Le brasier ocre de cruauté,
Confisque l’éternité
Au soleil tacheté d’ombres épaisses,
– Cela vaut bien une messe –
S’étend le froid polaire,
Hérissé de tessons de verre,
Soudé de couches de glace…
Aucun été ne l’efface,
Pourtant, au plus profond,
Elle trépide et fond,
Fin de léthargie, fin de sieste,
Enfin, la planète proteste,
Et je sens sous mes mains des cascades,
Se ruant en cavalcades,
Et au passage des flots,
Se fomente un complot,
Protestations, murmures et révolte,
sous l’oppression, voila ce qu’on récolte…
Ainsi mijotent ruptures et schismes,
Fractures et séismes,
A des distances de là, les esclaves,
Se libèrent en ruées de lave,
Se frayant une route,
A travers la croûte,
Et puissamment jaillissent,
Du creux des abysses,
Eructent éruptions,
Spasmes et convulsions,
Les volcans s’ouvrent les veines,
Ejaculent en chaîne,
Vases sacrés de sacrifice,
Allumés, les feux d’artifice….
Le feu côtoie la glace,
Il faut qu’elle cède la place,
Elle ne peut plus attendre,
Sous un ciel de cendres,
La froidure libère ses eaux sarabande,
Et dentelle les contours d’Islande.
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RC – 25 août 2013
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