Carnets de dessins de Provence – ( RC )

A chausser les sandales de l’enfance,
te rappelles-tu des champs de Provence ?
Tu n’avais pas à ouvrir ton herbier,
le vent poussait ses vagues dans le blé,
comme dans la farandole
de la voix du mistral
soufflant par rafales
sur le plateau de Valensole.
Tu l’as parcouru à pied,
en sortant ton carnet à dessins.
De jeunes lavandes
déroulaient leurs points
avec de curieuses perspectives,
où le feuillage argenté
des oliviers, voisine celui, plus léger
de la promesse des amandes.
Contre les montagnes lointaines,
je me souviens de la teinte rousse
tirant sur le brun de Sienne,
opposée aux vertes pousses
des rangées de vignes
étagées sur les pentes ,
offertes à la cuisson du soleil.
Tu en parcours les lignes,
un soleil de miel
sous tes sandales de silence.
Les ceps crient
dans l’impatience
d’une lumière de braise
aux senteurs de la garrigue.
Bousculés dans les croquis
d’encre et de fusain,
sont-ils l’essence
de la morsure du midi
que rien n’apaise ,
calmés seulement
par la douceur de lait des figues…?
Guillevic – Recette
Peinture: Ch Soutine: rue à Cagnes
Prenez un toit de vieilles tuiles
un peu avant midi.
Placez tout à côté
un tilleul déjà grand
remué par le vent.
Mettez au-dessus d’eux
un ciel de bleu, lavé
par des nuages blancs.
Laissez-les faire.
Regardez-les.
Guillevic (extrait de « Avec » – éditions Gallimard, 196
Des fleurs volées , et des heures envolées – ( RC )
image » collage perso »
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Des fleurs volées,
Et des heures envolées,
Au parcours des chemins,
Tiennent au creux de la main,
Comme ces mots notés,
Sur un coin de papier,
Car nullement ils n’encombrent
Dans la poche … restés à l’ombre.
Ils sont soudain sortis
Du creux de l’oubli,
Pour re-surgir ainsi,
Au soleil de midi.
Ce sont des fleurs séchées,
Une esquisse à peine ébauchée,
Des mots malhabiles,
Et des vers fragiles,
Tout ce qu’il faut pour cadencer,
La lumière de la pensée
Pour autant qu’ils essaiment …
… Je vais les assembler en poème .
–
RC- mars 2014
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écrit inspiré d’une création d’Ulysse » Le fond de ma poche »
Miguel Veyrat – Une falaise,une bougie ( Acantilado A trasluz)
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UNE FALAISE UNE BOUGIE
Si tu brilles
Au matin silencieux
Et commences à frissonner
Un autre silence attend
Que celui de la mer.
Aux dons tranquilles.
Le double Silence
et la mort
d’un midi calciné
Et quand tu te retournes
Le phare de l’âme d’Allan Poe
Une tour de tes rêves
Ce double silence
De la mer et de la plage
D’une double conscience.
—
traduction perso de ….
ACANTILADO A TRASLUZ
Si alumbra
en silencio la mañana
y enciende el cuerpo al frío
Otro silencio aguarda
que a la mar
la calma otorga
Silencio doble
y a la muerte
calcinado mediodía
Y cuando te enciendes tú
faro del alma de Allan Poe
torre de ensueño
Este doble silencio
mar y playa
Conciencia doble.
© Miguel Veyrat ( “La voz de los poetas”/ Transparencia XIV “Calima” 2002)
Paul Celan, et Rose Ausländer
Esprits nomades nous dit Rose Ausländer.. ( suite à mes recherches sur Else Lasker Schüler)…
Paul Celan
Parle –
Mais sans séparer le non du oui.
Donne aussi le sens à ta parole
donne-lui l’ombre
Donne-lui assez d’ombre,
donne-lui autant d’ombre
que tu en sais partagée autour de toi entre
minuit et midi et minuit.
À cela Rose répond :
j’ai trouvé
un mot qui ne pleure pas
les autres portent le deuil
de la perte
de la patrie.