monument aux morts de Bergues (59)
C’est un mas solitaire au fond d’un val oublié
Sur un chemin de pierre qui court au long des pans de rochers
On dit que des rivières essaient encore de chanter
Dessous les tapis de lierre. On dit : « Le temps a dû s’arrêter
Un jour de misère
Que tonnaient, tonnaient, tonnaient les canons de guerre »
On dit
Qu’à l’ombre un peu légère que fait encore un laurier
Au creux d’un lit de bruyère, une fille alla s’allonger
On dit que vint l’hiver sans qu’elle ait pu détourner
Les yeux du chemin de pierre que de la neige allait effacer
On dit d’elle encore
Qu’aux nuits de pleine lune elle s’en revient des morts
Saluez les ailes élimées du vent qui se mêle à nos champs
Sally est revenue chez les vivants souffler la chandelle aux amants
Saluez les ailes élimées du vent mais fermez l’oreille à son chant
Sally est revenue, Sally est le vent qui tourne et tourne et tourne et…
On dit qu’un célibataire natif du bourg d’à côté
S’en vient les nuits de lumière dans le bel habit d’un officier
Le nez levé en l’air, la main posée sur l’épée
Qu’avait dû porter son père, ou bien le père de son père, qui sait ?
Au temps de misère
Où tonnaient, tonnaient, tonnaient les canons de guerre
On dit
Qu’à l’ombre un peu légère que fait encore le laurier
On en vit deux cents naguère… Mais l’amour n’est plus ce qu’il était
Moi qui n’ai, pauvre erre, pas plus d’épi que d’épée
Je vais au mas des mystères dès que mon cœur est triste à pleurer
Et je sais alors
Qu’aux nuits de pleine lune elle s’en revient des morts
Saluez les ailes élimées du vent qui se mêle à nos champs
Sally est revenue chez les vivants souffler la chandelle aux amants
Saluez les ailes élimées du vent mais fermez l’oreille à son chant
Sally est revenue, Sally est le vent qui tourne et tourne et tourne et…
C’est un mas solitaire au fond d’un val oublié
Sur un chemin de pierre qui court au long des pans de rochers
On dit que des rivières essaient encore de chanter
Dessous les tapis de lierre.
On dit :
« Le temps a dû s’arrêter… »
WordPress:
J'aime chargement…
07/16/2018 | Catégories: auteurs à découvrir, sculpture | Tags: épée, bruyère, canons, chanter, Frédéric Clément, guerre, lierre, lune, misère, morts, officier, rivières, rochers, vent | Poster un commentaire

Les chasseurs (fragment)
Chaque soir nous allumions un grand feu et nous bâtissions la hutte du voyage,
avec une écorce élevée sur quatre piquets. Si j’avais tué une dinde sauvage, un ramier,
un faisan des bois, nous le suspendions devant le chêne embrasé, au bout d’une gaule
plantée en terre, et nous abandonnions au vent le soin de tourner la proie du chasseur.
Nous mangions des mousses appelées tripes de roche, des écorces sucrées de bouleau,
et des pommes de mai, qui ont le goût de la pêche et de la framboise.
Le noyer noir, l’érable,le sumac, fournissaient le vin à notre table.
Quelquefois j’allais chercher parmi les roseaux une plante,
dont la fleur allongée en cornet contenait un verre de la plus pure rosée.
Nous bénissions la Providence ou sur la faible tige d’une fleur avait placé cette source limpide au milieu des marais corrompus, comme elle a mis l’espérance au fond des cœurs ulcérés par le chagrin comme elle a fait jaillir la vertu du sein des misères de la vie.
François-René de CHATEAUBRIAND
« Atala »
WordPress:
J'aime chargement…
08/09/2017 | Catégories: photography, poètes connus | Tags: érable, bouleau, chasseurs, Chateaubriand, chêne, dinde, faisan, feu, fleur, hutte, misère, misères, noyer, pommes, proie, rosée, sumac, vin | Poster un commentaire

Mécanicienne en bleu parmi les digitales
Je ferai ça plus tard pas comédienne
Pas maîtresse pas danseuse même étoile
Pas voyageuse-représentante-glacière ou femme fatale
Boulangère pâtissière couturière roturière
Serveuse borne notairesse cuisinière frigidaire
Infirmière laverie lingère même si légère
Pas comme comme commerçante pas femme savante
misère
Valérie Rouzeau Quand je me deux, Le Temps qu’il fait. 2009
WordPress:
J'aime chargement…
02/11/2017 | Catégories: auteurs à découvrir, photography | Tags: boulangère, laverie, mécanicienne, misère, roturière, valerie Rouzeau | Poster un commentaire

–
Tu ignores tout de la nuit .
Elle a juste oublié la lumière,
Les belles saisons s’enfuient
Sous des manteaux de poussière,
Qui s’étendent en rideaux,
De latérite
Sur les routes d’Afrique :
Ces fils tendus entre des pays,
Dont beaucoup mordent la misère,
A pleines dents .
Car la nuit s’étale en plein jour,
La population ne connait d’amants,
Que les dieux de l’enfer .
Ce sont eux que l’on prie :
On dirait que le passé d’esclavage,
N’a pas suffi,
Toujours on se décide,
Pour le choix du fer,
Le goût du sang ,
Et ses ravages.
Ce ne sont pas les luttes fratricides,
Qui résoudront les choses :
Les groupes de fanatiques,
En répandant la terreur ,
Augmentent encore la dose,
Avec le rideau de la nuit .
Malgré la chaleur,
Le soleil reste extérieur
Bien loin de la terre ,
Et des démons de la guerre .
–
RC – mai 2015
WordPress:
J'aime chargement…
08/30/2016 | Catégories: actualités, Afrique, photography, self creation | Tags: Afrique, amants, chabriere, enfer, esclavage, fanatiques, guerre, laterite, misère, nuit, poussière | 1 commentaire

Le cœur à l’étroit
mes amis sommeillent
ils ont froid et les abeilles
feront un miel amer
Mon pays sourit aux touristes
Alger la Blanche dort en paix
vont et viennent les cars de police
la lèpre au cœur est bien gardée
Qui donc ira dénoncer
la grande amertume des ruches
le corps à l’étroit
les pauvres trichent avec le froid
Belle peau de douce orange
et ces dents de matin frais
la misère donne le change
ne vous fiez pas à tant de beauté
Ici on meurt en silence
sans trace au soleil épais
mais demain le soleil amer
qui voudra le goûter
Sous les jasmins le mur chante
la mosquée est calme et blanche
ô flâneur des longs dimanches
il y a grande merci
À la surface de la nuit
tas d’ordures sac et pluie
In Œuvres poétiques, Actes Sud, 1999
WordPress:
J'aime chargement…
08/23/2016 | Catégories: auteurs étrangers, self creation | Tags: abeilles, Alger, amer, blanche, coeur, dimanche, jasmin, Jean Sénac, lèpre, misère, mosquée, ordures, pauvres, police, ruches, silence, soleil | Poster un commentaire

De l’autre moitié du siècle je viens
dont le temps gris oublie déjà
tout ce qu’en fut l’âpre misère
et de nouveau le monde fait
devant tes pas fermer tes mots
retour à ceux un jour vaincus
oh très subtils les dédales
du grand jeu froid des capitales
retour à ceux qui sont jugés
sort sans pardon des bouches closes
tout juste dignes de se taire
qui pour toujours n’auront plus droit
qu’au grand oubli des cimetières.
WordPress:
J'aime chargement…
12/09/2015 | Catégories: auteurs à découvrir, photography | Tags: bouche, capitales, cimetières, dédales, Jean Pérol, misère, pardon, vaincus | Poster un commentaire
texte extrait des « écrits de Vanves »

photographe non identifié
—
Partis nulle part, ni toi ni moi
Perdues pour nous toutes les plages.
Propriétaires d’un sou, été brûlant,
Pas dans nos prix les océans,
De la misère – goût toujours sec,
Tourne la croûte sèche dans la bouche,
Plat – bord de l’eau, mangé l’été !
Espace de pauvres, poches retournées.
Anthropophages de Paris
Replets, joufflus, panse luisante
Vous tous, mangeurs de poésie,
Ripailles de graisse, un franc l’entrée
Et pour la bouche, lotions-poèmes,
Refrains, sonates et versets,
Voûtes célestes, fronts étoiles.
Eau de toilette – le chant aux lèvres.
Mangé l’été, Paris ! Plages sèches !
Pour vous – soyez maudits
Pour vous la honte ! Recevez
Mon autographe dans la figure :
De mes cinq sens – cinq doigts signant,
Meilleurs souvenirs, bons sentiments.
(Paris- La Favière 1932-1935.)
WordPress:
J'aime chargement…
09/20/2015 | Catégories: auteurs étrangers, photography, poètes connus | Tags: autographe, céleste, doigts, eau de toilette, figure, graisse, honte, lèvres, Marina Tsvetaieva, misère, océans, Paris, plages, souvenirs | Poster un commentaire
–
C’est sec, épineux, et ici on mange des pierres .
On survit comme on peut .
Et puis ceux qui ne peuvent pas,
Mangent leur désespoir.
–
Ils se décident alors, à franchir le mur.
Un mur différent des autres.
Pas de béton, ni de barbelés.
Il s’étend à l’horizontale, liquide.
–
Tes frères ont embarqué
Dans des bateaux si lourdement chargés,
Qu’ils penchent de leur poids de misère .
La mer, puisque c’est elle,
–
Se termine dans les esprits, quelque part,
Bien au-delà de l’horizon ,
Par des pays que l’on dit riches .
C’est ce que dit la télévision,
–
Le rêve est à portée de mer.
On ne sait ce qui est vrai,
( Ceux qui sont partis ne sont pas revenus ) ,
Le rêve entretient l’illusion,
–
Nombreux sont les candidats,
Ils ont misé leur vie pour un voyage
qui n’a rien d’une croisière :
Ils ont chèrement payé les passeurs
–
Comme en jouant à la roulette :
Faire confiance au destin, aveugle
Sans savoir où il mène.
Les dés jetés sur le tapis bleu :
–
Avec la question
« Coulera, coulera pas ? »
Cela ne dépend plus de toi
Le mur d’eau reste à franchir :
–
C’est un espace sauvage,
Avec tous ses dangers
La progression est lente ;
Elle n’en finit pas
–
On dit qu’il y eut de nombreux naufrages,
On dit, ( car les morts ne parlent pas ) ,
Mais les cris, avec le gémissement du vent,
Ou les vagues hostiles,
–
Qui se lancent avec fracas
Contre la frêle coque .
Si tu vois un jour les îles,
Des pays étrangers,
–
Tu auras eu la chance, beaucoup de chance,
– remercie les dieux –
De voir de tes yeux
Cette carte postale ! –
–
Que tu pourrais envoyer,
– Si tu survis,-
Une fois arrivé ,
A ceux de ton pays natal.
–
Maintenant, il te faut plonger,
Nager, nager jusqu’à épuisement
Car la traversée ne comprend
pas de canots pour les naufragés.
–
Après cette épreuve redoutable,
Migrant, si ton corps
T’as permis d’arriver à bon port,
Te voilà sur le sable .
–
Mendiant de la vie
Avec une dizaine de rescapés.
Ils ont eu comme toi la chance,
Que le hasard leur ait souri,
–
Touristes malgré eux, arrivés
Dans un club de vacances .
D’autres se sont échoués,
Dans la nuit, dans ce havre.
–
Mais ils sont immobiles,
Sur la plage lisse.
Ce sont des cadavres,
Que vient compter la police.
–
Au concert des nations,
Le mur de la mer,
Est aussi une frontière ,
D’où suinte la misère,
–
Celle des pays en guerre.
Un mur des lamentations .
–
RC – juin 2015
Au sujet des touristes « malgré eux »…on pourra se reporter au film de Costa-Gavras, « Eden à l’Ouest »
ainsi qu’à cet article tout récent relatant la juxtaposition des « vrais » touristes, aux migrants, sur l’île de Kos ( Grèce )
WordPress:
J'aime chargement…
06/26/2015 | Catégories: actualités, photography, self creation | Tags: îles, barbelés, carte postale, chabriere, chance, coque, croisière, frontière, guerre, hasard, horizontale, illusion, lamentations, liquide, misère, mur, naufrages, passeurs, port, roulette, sable, tapis, télévision, vacances, vagues, voyage | Poster un commentaire

– image d’actualité ( Congo) site dw.de
–
Si c’est un homme,
Alors, laisse le marcher,
Et garder tête haute,
Sous le soleil,
De son pays,
Sans pour autant,
Lui faire respirer
La haine et l’envie.
–
Les lumières artificielles,
Des écrans et néons ;
Une civilisation,
Où des hommes de néant,
Commercent le droit de vivre,
Si seulement trouver à se nourrir,
Au delà de la poussière
D’un soleil retiré, reste possible.
–
Au lendemain de l’émeute,
Les boîtes de médicaments,
Vidées, – concentrés de richesse ,
Les pharmacies pillées
Et eux, avalés comme des bonbons,
… Les dollars eux-même,
Ne sont pas plus comestibles…
Que le sourire du bourreau.
–
Avec ceux qui n’ont rien,
Et n’auront jamais rien,
Que la faim au ventre,
Générant des hordes,
D’ enfants soldats,
Le pays cerné
Par sa propre misère.
A défaut d’avenir.
–
( en rapport avec « white material », film de Claire Denis )
–
RC – août 2014
WordPress:
J'aime chargement…
09/10/2014 | Catégories: actualités, Afrique, photography, self creation | Tags: avenir, émeute, bonbons, chabriere, chaos, dollars, envie, faim, haine, misère, néant, néon, nourrir, pharmacie, soldats, vivre | Poster un commentaire

peinture: Edw Munch fille à la fenêtre 1893
NUIT
Je sais peu de choses de la nuit
mais la nuit semble me connaître,
et même plus , m’aide comme je le voulais,
l’existence me couvrant avec ses étoiles.
Peut-être que la vie est la nuit et le soleil , la mort.
Peut-être la nuit n’est rien
On peut tout supposer
et les êtres qui vivent nulle part.
Peut-être les mots sont tous là
dans le vaste vide des âges
nous rayant l’âme des souvenirs.
Mais la nuit , a savoir la misère
Qui boit notre sang versé et nos idées.
Elle doit haïr nos yeux
Les sachant pleins d’intérêts, de malentendus.
Mais il arrive que j’entends le deuil de la nuit dans mes os.
Leurs immenses délires de larmes
et des cris ,disant,que quelque chose s’en est allé pour toujours.
Sans jamais de retour.
–
LA NOCHE
Poco sé de la noche
pero la noche parece saber de mí,
y más aún, me asiste como si me quisiera,
me cubre la existencia con sus estrellas.
Tal vez la noche sea la vida y el sol la muerte.
Tal vez la noche es nada
y las conjeturas sobre ella nada
y los seres que la viven nada. Tal vez las palabras sean lo único que existe
en el enorme vacío de los siglos
que nos arañan el alma con sus recuerdos.
Pero la noche ha de conocer la miseria
que bebe de nuestra sangre y de nuestras ideas.
Ella debe arrojar odio a nuestras miradas
sabiéndolas llenas de intereses, de desencuentros.
Pero sucede que oigo a la noche llorar en mis huesos.
Su lágrima inmensa delira
y grita que algo se fue para siempre.
Alguna vez volveremos a ser.
–
WordPress:
J'aime chargement…
04/19/2014 | Catégories: Art, auteurs étrangers, fine arts, peinture | Tags: alejandra pizarnik, étoiles, deuil, malentendus, misère, mort, nuit, sang, soleil, souvenirs | 3 Commentaires

éruption solaire – photo Nasa
–
Le soleil est si grand,
Qu’il tendra ses bras,
Et si à midi je meurs,
Ce sera bien au chaud,
Je lui rendrai ma vie,
J’oublierai la misère,
Ses jardins desséchés,
Et les côtés sombres,
Qui tentent d’échapper,
A la coulée de lumière,
Mais le soleil est si grand,
Que , de la terre rebelle,
Il ne fera s’il le veut,
– Qu’une bouchée, mais
Je ne serai plus là,
Pour le voir,
> Aveuglé par les étés.
–
RC
—
(texte inspiré par un poème de Béa Tristan « le soleil » )
–
WordPress:
J'aime chargement…
11/21/2013 | Catégories: photography, self creation | Tags: été, bras, chabriere, chaud, jardin, lumière, misère, rebelle, soleil, terre | 2 Commentaires

photo: H Cartier-Bresson, 1934 – Mexique
Derrière la grille ouverte entre les murs,
la terre noire sans arbres, sans une herbe,
les bancs de bois où vers le soir
s’assoient quelques vieillards silencieux.
Autour sont les maisons, pas loin quelques boutiques,
des rues où jouent les enfants, et les trains
passent tout près des tombes. C’est un quartier pauvre.
Comme des raccommodages aux façades grises,
le linge humide de pluie pend aux fenêtres.
Les inscriptions sont déjà effacées
sur les dalles aux morts d’il y a deux siècles,
sans amis pour les oublier, aux morts
clandestins. Mais quand le soleil paraît,
car le soleil brille quelques jours vers le mois de juin,
dans leur trou les vieux os le sentent, peut-être.
Pas une feuille, pas un oiseau. La pierre seulement. La terre.
L’enfer est-il ainsi. La douleur y est sans oubli,
dans le bruit, la misère, le froid interminable et sans espoir.
Ici n’existe pas le sommeil silencieux
de la mort, car la vie encore
poursuit son commerce sous la nuit immobile.
Quand l’ombre descend du ciel nuageux
et que la fumée des usines s’apaise
en poussière grise, du bistrot sortent des voix,
puis un train qui passe
agite de longs échos tel un bronze en colère.
Ce n’est pas encore le jugement, morts anonymes.
Dormez en paix, dormez si vous le pouvez.
Peut-être Dieu lui-même vous a-t-il oubliés.
Tras la reja abierta entre los muros,
La tierra negra sin árboles ni hierba,
Con bancos de madera donde allá a la tarde
Se sientan silenciosos unos viejos.
En torno están las casas, cerca hay tiendas,
Calles por las que juegan niños, y los trenes
Pasan al lado de las tumbas. Es un barrio pobre.
Tal remiendosde las fachadas grises,
Cuelgan en las ventanas trapos húmedos de lluvia.
Borradas están ya las inscripciones
De las losas con muertos de dos siglos,
Sin amigos que les olviden, muertos
Clandestinos. Mas cuando el sol despierta,
Porque el sol brilla algunos dias hacia junio,
En lo hondo algo deben sentir los huesos viejos.
Ni una hoja ni un pájaro. La piedra nada más. La tierra.
Es el infierno así ? Hay dolor sin olvido,
Con ruido y miseria, frío largo y sin esperanza.
Aquí no existe el sueño silencioso
De la muerte, que todavia la vida
Se agita entre estas tumbas, como una prostituta
Prosigue su negocio bajo la noche inmóvil.
Cuando la sombra cae desde el cielo nublado
Y del humo de las fábricas se aquieta,
En polvo gris, vienen de la taberna voces,
Y luego un tren que pasa
Agita largos ecos como un bronce iracundo.
No es el juicio aún, muertos anónimos.
Sosegaos, dormid ; dormid si es que podéis.
Acaso Dios también se olvida de vosotros.
Luis Cernuda, La Réalité et le Désir (La Realidad y el Deseo)
–
WordPress:
J'aime chargement…
11/14/2012 | Catégories: auteurs étrangers, photography | Tags: anonymes, bistrot, boutiques, bronze, Cartier-Bresson, clandestins, douleur, enfer, espoir, grille, immobile, linge, Luis Cernuda, misère, morts, murs, pauvre, poussière, quartier, sommeil, tombes, vieillards | Poster un commentaire

montage et photos RC
beauté nue vérité nue pauvreté image des excès rebelles opiniâtres
corps faux-semblant faux-semblant de l’esprit de l’existence images
hypostases du nom précis de falsification des images débauche
monotones des manuels utiles et des pronoms il est question de noms
prénoms dans l’ordre la harpe de David le coursier du grand Alexandre
les soldats de la liberté devant le peloton d’exécution
le domestique déchiffre une lettre la cornue détrousse l’énigme
le copiste a pour vie le silence la figure est belle mais plus encore
l’infigurable pourvoit les jours sous le nom dissimule la beauté sa misère
–
WordPress:
J'aime chargement…
11/01/2012 | Catégories: auteurs à découvrir, photography, self creation | Tags: Alexandre, Aron Kibedi;beauté, énigme, David, débauche, domestique, exécution, figure, images, liberté, misère, monotone, rebelles, silence | Poster un commentaire
Je m’en vais la tête haute
Absorber la misère
Moi l’ami des exilés
Mes dessins animés
Pour maintes évasions
Millénaires
Les regards assassinés
La veille des morts
A toi l’honneur
Monsieur l’Ermite
Dépuceler la sagesse
Les pistes dépeuplées
Nos vierges se complaisent
Dans les couleurs nocturnes
Nos sentiers n’ont jamais été
Impasses
Jamais indiscrets
De minables camarades
Les caravanes anonymes
Les poisons qui se crispent
En dehors des malaises
A long terme l’Exil
Tant de cimetières
Déjà au feu des croisades
AILLEURS
Offre-moi des strapontins
Je suis l’Exil
Et j’ai honte
Car j’ai vécu
Le désarroi des douars
L’enterrement des mille et une nuits
La chasse aux kasbahs
A plat-ventre
Dans mon pays
Il y a des régions oubliées
Dans les bas-fonds des mémoires
Ecartelés sans musique
Sans lecture
Des coupoles de thé
Vert. Non des fraîcheurs
Comme a dit l’Autre
Toute la ville a souffert
De lagunes par toi
Et les miettes à fond noir
Les tombeaux tuberculeux
A même le sol. Hélas
Le ciel pour une fois
S’est effondré dans ma coupe
Je suis sec
Car c’est moi ce prisonnier
Des fantômes à venir
Et non cet homme nu
Là-bas
Qui se cramponne à la foudre
Qui ne sait que pleuvoir
Sur la mer
Une pluie mordue de châtaignes
Et de figues sèches
Moi l’ami des Exilés
Millénaires
Parmi tous ces regards
Assassinés
La veille des morts
J’ai maintes fois dépassé
Les abreuvoirs à tortures
Et je viens vous offrir
Maintenant
Mon cadavre
Non ma pitié
Jamais inerte
Une charogne dérobée
A l’heure sacrilège
Voici les vautours.
–
WordPress:
J'aime chargement…
10/12/2012 | Catégories: auteurs à découvrir, auteurs étrangers, photography | Tags: ailleurs, anonyme, assassinés, écartelés, cadavre, caravanes, cimetières, croisades, exilés, fantô, fantôme, figues, foudre, impasses, kasbahs, mémoires, misère, Mohamed Fatha, morts, poisons, prisonnier, tombeaux, tortures, vautour | Poster un commentaire

peinture: Piet Mondrian
La mer à boire
J’étais l’enfant d’un siècle fou
J’avais la tête pleine d’oiseaux
Je construisais de beaux châteaux
Je vidais la mer dans un trou
La mer était belle à mourir
J’étais une fleur à cueillir
La vie était un jeu d’enfant
Je prenais vraiment tout mon temps
J’avais pour moi l’éternité
Pour vider la mer dans un trou
Je me soûlais de liberté
Et je réinventais la roue
J’étais l’enfant d’un siècle chaud
Dans ma petite tête il faisait beau
Mes châteaux se tenaient debout
Et mon royaume était partout
Et je suis devenu un homme
Les mots sont mes plus beaux châteaux
Mais comme une image vaut mille mots
Mes beaux châteaux vont prendre l’eau
Les mots deviennent des numéros
Un plus un égale zéro
Plus on a de zéros plus on vaut
Quand on signe son nom à l’endos
Je suis l’enfant d’un siècle de fous
Les riches creusent aux pauvres un trou noir
Donnez-moi donc un peu à boire
Et tant qu’à y être : versez-moi la mer
Et je rêve encore de boire l’eau de la rivière
Quand j’étais petit je m’y baignais dans la lumière
Ah mais aujourd’hui les rivières prennent l’eau
Et je rêve encore au jour où dans les dictionnaires
On ne trouvera plus le mot guerre qui crée la misère
Et qu’enfin les mots ne prendront plus l’eau
Il reste encore quelques oiseaux
Qui ne chantent pas encore faux
Je vide la mer dans mon verre
–
extrait d’une chanson de l’auteur
Paroles et musique : Raôul Duguay
–
–
WordPress:
J'aime chargement…
07/22/2012 | Catégories: Art, auteurs à découvrir, auteurs étrangers, fine arts, peinture | Tags: éternité, boire, cateau, dictionnaire, enclos, fleur, fou, guerre, hommezero, lumière, mer, misère, noirchâteau, numéro, oiseaux, pauvres, Raoul Duguay, trou, verre, zéro | 2 Commentaires

peinture: R Magritte – pluie de personnages ( le généreux donateur)
–
Il pleut des personnages, en habit de ville
Raides comme des soldats de plomb
En contre-jour de lampes d’un destin immobile
Ne traçant que vers le plus long
Les hommes s’étalent dans l’alcool
Et ne cessent de revenir en arrière
A même la dure surface de béton, du sol
Tatouages bleutés de leur mémoire de chair.
L’humanité a la gueule de bois,
La parole creuse, mais prolifique
… elle nous revient de guingois,
Au lent bal des années pathétiques.
Il pleut des personnages, clones de camarades
Egalité, éternité, fraternité
Et fête en marmelade
C’est ce qui fait la liberté
De tous les laissés pour compte
Ceux aux habits raidis
Au rendez-vous de la honte
De leur vie, le taudis
Au bal de la soupe populaire
Qui n’ a , au goût de paradis
Que l’amer de l’en- terre
Cercle de misère, et des maudits.
RC 10 juin 2012
–
WordPress:
J'aime chargement…
06/13/2012 | Catégories: Art, fine arts, self creation | Tags: alcool, égalité, béton, chabriere, fraternité, guigois, honte, marmelade, maudit, misère, paradis, plomb, soupe, tatouages, taudis, ville | 1 commentaire

ZhouChen, fleur de pêcher XVIè siècle
1
Au loin la rivière roule d’obscures promesses.
Le sapin tutélaire veille,
ancêtre tenace gardant sous son aile les âmes innombrables des lapins d’autrefois, bouquet d’âmes innocentes ayant connu l’effroi sous la lame agile en ce lieu précis, misérables créatures liées aux misérables paysans, les unes et les autres aujourd’hui confondues dans l’absence, dans la radiation de tout ce ce qui fut, une fois, une unique fois présence, atomes de chair pareillement broyés sous la meule qui jamais ne crisse, jamais ne grince, terreau de misère faisant croître le sapin haut et ferme, à l’ombre duquel j’écris ce jour, traversée d’une calme joie — légère puisque sans fondement, sans raisons, sans réponses. Sans consolation.
Là -haut, le vent souffle.
Là-haut, un busard trace de grands cercles dans le bleu du ciel avant de rejoindre son poste de guet , au sommet d’un frêne.
Sous la terre et le grès rose, sous les étangs , les bouleaux, les bruyères, les anciens n’en finissent pas de se décomposer.
Le vent tourmente la peau des vivants,
attise les signes.
Au vif de l’été la plante du pied s’impatiente.
WordPress:
J'aime chargement…
06/05/2012 | Catégories: auteurs à découvrir, fine arts, les arts nous parlent, peinture | Tags: arbres, étang, bouleau, bruyères, busard, Françoise Ascal, misère, paysan, sapin, vent | Poster un commentaire

Lettre à un prisonnier
Léopold Sédar SENGHOR Recueil : « Hosties noires »
Ngom ! champion de Tyâné !
C’est moi qui te salue, moi ton voisin de village et de cœur.
Je te lance mon salut blanc comme le cri blanc de l’aurore, par dessus les barbelés
De la haine et de la sottise, et je nomme par ton nom et ton honneur.
Mon salut au Tamsir Dargui Ndyâye qui se nourrit de parchemins
Qui lui font la langue subtile et les doigts plus fins et plus longs
A Samba Dyouma le poète, et sa voix est couleur de flamme, et son front porte les marques du destin
A Nyaoutt Mbodye, à Koli Ngom ton frère de nom
A tous ceux qui, à l’heure où les grands bras sont tristes comme des branches battues de soleil
Le soir, se groupent frissonnants autour du plat de l’amitié.
Je t’écris dans la solitude de ma résidence surveillée – et chère – de ma peau noire.
Heureux amis, qui ignorez les murs de glace et les appartements trop clairs qui stérilisent
Toute graine sur les masques d’ancêtres et les souvenirs mêmes de l’amour.
Vous ignorez le bon pain blanc et le lait et le sel, et les mets substantiels qui ne nourrissent, qui divisent les civils
Et la foule des boulevards, les somnambules qui ont renié leur identité d’homme
Caméléons sourds de la métamorphose, et leur honte vous fixe dans votre cage de solitude.
Vous ignorez les restaurants et les piscines, et la noblesse au sang noir interdite
Et la Science et l’Humanité, dressant leurs cordons de police aux frontières de la négritude.
Faut-il crier plus fort ? ou m’entendez-vous, dites ?
Je ne reconnais plus les hommes blancs, mes frères
Comme ce soir au cinéma, perdus qu’ils étaient au-delà du vide fait autour de ma peau.
Je t’écris parce que mes livres sont blancs comme l’ennui, comme la misère et comme la mort.
Faites-moi place autour du poêle, que je reprenne ma place encore tiède.
Que nos mains se touchent en puisant dans le riz fumant de l’amitié
Que les vieux mots sérères de bouches en bouche passent comme une pipe amicale.
Que Dargui nous partage ses fruits succulents – foin de toute sécheresse parfumée !
Toi, sers-nous tes bons mots, énormes comme le nombril de l’Afrique prodigieuse.
Quel chanteur ce soir convoquera tous les ancêtres autour de nous
Autour de nous le troupeau pacifique des bêtes de la brousse ?
Qui logera nos rêves sous les paupières des étoiles ?
Ngom ! réponds-moi par le courrier de la lune nouvelle.
Au détour du chemin, j’irai au devant de tes mots nus qui hésitent. C’est l’oiselet au sortir de sa cage
Tes mots si naïvement assemblés ; et les doctes en rient, et ils ne restituent le surréel
Et le lait m’en rejaillit au visage.
J’attends ta lettre à l’heure ou le matin terrasse la mort.
Je la recevrai pieusement comme l’ablution matinale, comme la rosée de l’aurore.
—————
A lire aussi de L S Senghor; son élégie à Martin Luther-King
–
WordPress:
J'aime chargement…
05/26/2012 | Catégories: Afrique, auteurs étrangers, d'images, les arts nous parlent, poètes connus | Tags: Afrique, amour, ancêtres, étoiles, barbelés, brousse, caméléon, destin, flamme, haine, identité, Leopold Sédar Senghor, masques, misère, mort, négritude, paupières, police, sottise | 1 commentaire

peinture; Nicolas de Staêl: paysage marine 1955
NICOLAS DE STAËL
Vous êtes mort, je ne sais rien de la mort des hommes,
rien de la goutte d’eau qui renverse la figure et la dilue en Dieu.
Dieu lui-même qu’est-il, le néant ou la roche ?
la structure de l’ombre, le suprême reproche,
et peut-être à peine notre interrogation ?
Dieu n’est-ce pas la voix de ma mère qui tremble
quand le dernier arbre rassemble
ses fruits,
quand la misère souterraine
délie le dernier bout de laine
et tout de go nous sommes nus ?
Tout de go il fait nuit
et sur nos cœurs les gens dans la détresse
abandonnent leurs graffiti.
Vous êtes mort, Nicolas de Staël,
et je ne connais rien de la mort des hommes !
Sur la toile le rouge et le noir répercutent
l’armature des ténèbres
un lit où l’appétit funèbre
du jour
tourne, tourne à nous rompre les vertèbres !
Le soleil sur la peau des gisants se retire…
Nicolas de Staël, vous aimiez tant que cela la vie ?
tant que cela pour la briser
sans même un cri ?
Ceux qui se tuent se tuent dans le silence
comme un petit enfant qui fronce les paupières
et s’en va.
Les uns sont des oiseaux de roche,
les autres, oh nul ne les approche
dans le grand espace alarmés !
Nicolas de Staël, le jaune vous avait-il lâché ?
Un rien suffit, un rien quand la couleur s’insurge,
on dit «adieu, adieu Panurge »
et l’on remonte au premier signe écrit.
Mais dans le cœur, dans le cœur, qui connaît les dimensions de la Merci ?
JEAN SENAC
–
WordPress:
J'aime chargement…
05/25/2012 | Catégories: Art, auteurs à découvrir, fine arts, peinture | Tags: briser, détresse, enfant, espace, Jean Sénac, jeune, laine, misère, mort, néant, Nicolas de Staël, noir, rouge, tenèbres, toile, vertèbres | 1 commentaire

peinture : Jim Hodges
–
Au fond de chaque amour des cancrelats sommeillent.
Sont-ce des cancrelats, mon coeur, ou des abeilles ?
Et lentement, tandis qu’en amande les yeux
S’éternisent, dans le désir, le bruit soigneux
De la noire légion dévore nos oreilles.
Rien n’y fait, nos soupirs ni nos gémissements
Ni le lin délirant dont nous vêtons nos contes,
Rien, et quand la beauté nous attache et nous ment
Les cancrelats sont là qui nous troublent et montent
Avec notre bonheur et son double, la honte.[…]
Si chanter mon amour c’est aimer ma patrie,
Je suis un combattant qui ne se renie pas.
Je porte au coeur son nom comme un bouquet d’orties,
Je partage son lit et marche de son pas.
Sur les plages l’été camoufle la misère,
Et tant d’estomacs creux que le soleil bronza
Dans la ville le soir entrelace au lierre
Le chardon de douleur, cet unique repas. […]
–
WordPress:
J'aime chargement…
05/11/2012 | Catégories: Art, auteurs à découvrir, fine arts, peinture | Tags: abeille, bonheur, cancrelat, chardon, douleur, honte, Jean Sénac, légion, misère, oreille, ortie, ville | Poster un commentaire

Image; Th Sankara – ( ex président du Burkina-Faso, – assassiné)
–
Un ptit tour en Afrique ?
Des pays en devenir
Le rêve ou l’avenir,
Je vais en touristique
Ne parlant que de moi
Du côté bien-heureux
De ces gens chaleureux
Je vous jure, de toute bonne foi
Ici, point on ne gèle
C’est déjà un avantage
Du fait de mon grand age
D’ailleurs je vais dans les hôtels
–
Les quatre étoiles me vont bien
Le tapis rouge est là
Sous mes gestes las
On ne manque de rien
A mon service on s’précipite
Et c’est si sympathique
Ces pays , de noms exotiques
Que les gens noirs habitent
Surchargés de peaux d’ombres
C’est un beau camouflage
J’avoue, avec l’usage
J’apprécie le sombre
Au coin du restaurant
Y en a qui tendent la main
———-A chacun son destin …
Partout y a des mendiants
Toujours prêts à profiter
Des touristes de passage
Encombrés de bagages
Au soleil de l’été !!
Ils ont pourtant dla chance
D’écouter dla musique
En mouvements diaboliques
Favorisant la danse !
Ici c’est l’beau temps
Et pas b’soin d’parapluie
La pluie, çà, c’est d’un ennui !
Qui fait fuir les gens…
—J’ai entendu aux infos
Que l’on parlait de guerre
De faim et de misère
Mais tout cela est faux
Ou , c’est un peu plus au nord
Y a toujours des gens
Qui sont jamais contents
Et qui comptent les morts
De défilés en parades
Y a eu d’l’animation
Des soldats en mission
Qui montaient la garde
Au bout de l’avenue
Et ils jouaient les durs
Mais avaient de l’allure
Avec leur belle tenue
La casquette à visière
Des gradés arrogants
Avec leurs gants blancs
– ce qu’ils étaient fiers ! –
Enfin ici, c’est cool
D’abord je m’en balance
Je suis là, en vacances
J’ai même joué aux boules
Avec le cuisinier
Il était très aimable
Sur la plage, sur le sable
Et sous les palmiers
Puis sieste en transat
Le cocktail en main
Cà vaut pas le vin
A l’abri des nattes
Il fait très chaud ici
Mais sans faire de frime
Y a aussi la clim’
Qui fonctionne aussi
J’aurais pu aller ailleurs
Mais quelle importance
Pour être en vacances
—–Y a toujours meilleur
Le décor original
Pour un court séjour
Vaut ce petit tour
Bamako,, et Dakar, au Sénégal
Vivant à l’occidental
Le quartier d’la plage
Est un gros village
Faut qu’j’envoie mes cartes postales.
—
pour souligner un certain contraste entre mon texte « touristique », au second degré,
et certains ressentis poétiques concernant le même pays,
ou l’actualité de certains pays d’Afrique: récemment la Côte d’Ivoire, aujourd’hui le Mali.., rendez-vous sur cette page de la poésie-actuelle… qui a pour mot clef,justement, Bamako…
–
–
WordPress:
J'aime chargement…
03/25/2012 | Catégories: Afrique, self creation | Tags: ailleurs, Bamako, camouflage, chabriere, clim, frime, guerre, hôtel, mendiants, misère, noir, Sénégal, transat, vacances | Poster un commentaire

Un jour un saint’ homme eut une conversation avec le bon Dieu et Lui posa une question :
« Seigneur j’aimerais bien savoir comment sont le Paradis et l’Enfer »
Dieu conduit le saint’ homme vers deux portes.
Il en ouvrit une et lui permit de regarder à l’intérieur.
Il y avait une très grande table ronde.
Au milieu de la table il y avait un très grand récipient contenant
de la nourriture au parfum délicieux.
Le saint’ homme en eut l’eau à la bouche
Les personnes assises autour de la table étaient maigres, avaient une mine livide et malade.
Toutes avaient un air affamé.
Ils avaient une cuillère avec un manche très très long, attachée à leur bras.
Tous pouvaient atteindre l’assiette de nourriture et en recueillir un peu, mais
comme le manche de la cuillère était plus long que leur bras,
ils ne pouvaient approcher la nourriture de leur bouche.
Le saint’ homme trembla à la vue de leur misère et de leur souffrance.Dieu lui dit: « tu viens de voir l’Enfer »
Dieu et l’homme se dirigèrent vers l’autre porte.
Dieu l’ouvrit
La scène que l’homme vit était identique à la précédente.
Il y avait la grande table ronde, le récipient qui lui faisait venir l’eau à la bouche.
Les personnes autour de la table avaient eux aussi des cuillères avec de longs manches.
Cette fois, par contre, ils étaient bien nourris, heureux et papotaient entre eux en souriant.
Le saint’homme dit à Dieu : « Je ne comprends pas »
« C’est simple » répondit Dieu. Ceux-ci ont appris que le manche trop long de la cuillère ne leur permettait pas de se nourrir eux-mêmes mais permettait de nourrir leur voisin. Ils ont ainsi appris à se nourrir les uns les autres !
Ceux de l’autre table, au contraire, ne pensaient qu’à eux-mêmes…. L’Enfer et le Paradis sont égaux dans la structure… la différence nous la portons en nous !!!!
Je me permets d’ajouter :
« Sur la terre il y a suffisamment de choses pour satisfaire les besoins de tous mais pas la goinfrerie de quelques-uns »
Nos pensées, pour le peu qu’elles puissent être bonnes, sont des perles fausses tant qu’elles ne sont pas traduites en actions.
Il en va de même pour les changements que tu voudrais voir dans le monde ».
Mahatma Gandhi.
WordPress:
J'aime chargement…
03/05/2012 | Catégories: philo | Tags: Mahatma Gandhi, Manche, misère, nourrir, parfum, souffrance, table | 2 Commentaires

peinture : Edouard Vuillard
« Je suis né sur un sol charbonneux.
Tout était noir dans la région minière.
Les murs, la boue dans les squares, les arbres et les façades des immeubles, les eaux grumeleuses des rivières comme les fumées que crachaient les usines, l’humeur maussade des hommes rentrant chez eux le soir, la colère des femmes, les joies fiévreuses, la misère. Je poussais là discrètement.
Me promenais dans les décharges et parmi les remblais, croyant la chérir, cette terre, incapable d’envisager pourquoi de brusques répulsions se saisissaient de moi, qui m’accablaient ou me serraient la gorge.
J’errais sans but. […] »
—
Lionel Bourg, extrait de Montagne noire, Le Temps qu’il fait (coll. Lettres du Cabardès), 2004
—
texte qui pourrait s’associer à un autre du même auteur:
Vivre alors
mais vivre un peu plus loin
si ce n’est davantage vivre
entre peur et merveille
les yeux rivés
à la berge nuptiale une
main caressant les cheveux emmêlés
de son unique rêve
extrait de L’immensité restreinte où je vais en piétinant, Éd. La Passe du Vent, 2009
—
en connaître davantage sur Lionel Bourg ?, c’est avec lieux dits..
–.

WordPress:
J'aime chargement…
03/01/2012 | Catégories: Art, d'images, peinture, poètes connus | Tags: charbonneux, décharges, fumées, joie, Lionel Bourg, misère, Vuillard | Poster un commentaire

peinture: Francis Bacon – Portrait of George Dyer Crouching, 1966
Jean Baptiste. Tati-Loutard, que l’on peut retrouver dans un post récent sur terre de femmes, est un poète congolais, décédé en 2009, une page de discussion,( de francopolis ) d’où est extrait le présent poème, est visible ici
LA REVOLTE GRONDE
Nous avons rompu avec le soleil :
Au point du jour seuls les oiseaux s’en vont
Vers les collines accueillir ses rayons.
Que se passe-t-il ? Quelles voix étranges
Craquellent le silence aux quatre coins de la ville ?
Quelle race oubliée dans les décombres du siècle
Surgit des masures où la misère traîne
L’herbe comme un chien jusqu’aux pas des portes ?
A-t-on vu jamais (hors saison) le ciel
Se joindre à la terre ?
Voici que les nuages descendent du Mont-Soleil
Pour fleurir une foule qui hisse au bout des lèvres
Des cris aigus comme des couteaux de jet.
La ville regarde à travers un masque blème
La marche des Cavernicoles. La peur gagne :
Même le temps s’effarouche dans le clocher ;
On l’entend s’enfuir, sonnant aux pieds
Ses anneaux de bronze.
La révolte monte la Révolte gronde.
J.-Baptiste . Tati-Loutard – voir aussi la publication de juin 2012
–
—
WordPress:
J'aime chargement…
01/31/2012 | Catégories: Afrique, auteurs à découvrir, auteurs étrangers, d'images, peinture | Tags: bronze, cavernicole, couteaux, Francis Bacon, masure, misère, révolte, soleil, Tati-Loutard, vie, ville | 1 commentaire