Annie Salager – Lis de mer

à J.F .Temple
Tant d’années sans eux les lis
le léger inconfort des étangs
les vieilles cabanes de pêcheurs
les canaux les roselières
l’ennui pour eux de n’être pas la mer
soudain un champ de saladelles
je gémis attachée au train
je guette le mistral les flamants roses
je veux les lis de mer
les lieux d’exil terre ni mer
où travaille l’instable le néant de l’être
fouetté par-dessus tête
des courtes vagues du désir
et tout ce poids du temps
les mêmes
J’entends la mer balayer le rivage
entrer dans la chambre
la rumeur du sablier
le ciel est noir d’étoiles
la nuit le peuple
de lis en poussière de mer
j’ai soif d’eux
dans les senteurs du maquis
l’instant du vivre
tient en haleine
le même
Il est venu de loin
___en pétales sépales
corolle étamines pistil _
depuis l’union des dunes
_ silencieuses et des limpidités
dont l’eau meut: les anneaux
il est: vertu par les millions d’années
jaillir du sable fin où la pluie
lui conserve des souvenirs d’espace
et où le temps lui vient
pénétré de lumière
face au mien
de loin très neuf
nouveau venu et
lieu de culte où
seule en son parfum
demeure la présence
La solitude du pin ( RC )
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La solitude du pin, secoué par le mistral
Sans remords, lourd de bruissements,
Se tait, offrant ses épines, au soleil
Et aux senteurs de thym…
Tout tourne autour du centre,
Certains diront « nombril du monde »
< Mais où est donc le centre ,
Si je n’en connais pas l’origine ?
L’humanité commence par le nombril,
Disent-ils avec justesse, dans la tradition congolaise.
Et le monde, … Commence-t-il par le temps,
Et l’horloge du soleil, qui indique , du pin, ses ombres ?
Ou bien le regard, celui de l’enfant,
Que l’on porte , comme nos premières années,
Toujours vivantes, avec la mère, présente
Dans l’humanité, dont elle est l’Origine,
et se tient toujours ici…
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RC – 18 juin 2013
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En rapport avec le texte de Norbert Paganelli
Non ce n’est pas facile
De cueillir la main et son ombre
La solitude du thym
Charcuté sans remord
Il faut savoir tendre l’oreille
Et se taire
Captant un silence
Lourd de bruissements
Il faut aussi creuser
Et creuser encore
Et unir la force de l’homme
Au regard incrédule de l’enfant
La femme elle
Se tient toujours ici
Norbert Paganelli http://invistita.fr/
(du recueil »A notti aspeta / La nuit attend »)
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Le contour du soleil, celui de mes mains ( RC )
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En formant le contour du soleil, à celui de mes mains,
peut-être en forme de cœur,
( Que sait-on des coïncidences ?)
Ou d’un soleil en losange …
Il faut éclabousser
-de lumière les dimensions nocturnes,
mettre en boîte
les parcelles de brouillard,
Celles qui restent.
Déjà, les gargouilles des cathédrales nordiques,
ont mangé les pensionnaires de l’angoisse,
en laissant place aux vents,
qui ont fait place nette…
Il est un jour comme celui-là,
aux bords tranchants …
Si le doute s’aventure,
aux abords inconnus,
alors comme les oiseaux migrateurs,
recherchent des régions enveloppées,
d’airs marins,
Je reviendrai au pays du mistral,
et aux campaniles,
qui découpent leurs silhouettes,
le matin, aux rumeurs bruissantes
des marchés aux légumes…
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RC – 25 février 2013
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photo
moleendfishing
gargouille Oxford, England
Fin d’hiver à Valensole (RC)
plateau de Valensole, lavandes en hiver photo Thierry WeBer-
Partis de montées raides, en vallons tièdes
Une légion de points, se succèdent
Alignés en portées – courbes musicales
D’accord gris-tendre de boules végétales –
Lignes striant la terre de Provence
Rythme et tonalités douces, naissance,
D’un parfum rampant , au mistral, la légende
De nets horizons , aux étendues de lavande
Bien avant, qu’un mauve soutenu, vienne incendier
La parure argentée des champs d’amandier,
——Evidemment proche du ciel, plus que du sol
Le plateau, suspendu, de Valensole.
la vieille dame indigne – voleurs
Un petit retour sur le blog de la vieille dame
( au passage, c’est si je me souviens bien, un film de René Allio, qui porte ce nom)

photo: les voleurs de poule... image du film "Le Pont de Remagen"
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et parmi ses nombreuses parutions, la catégorie « marchands de certitudes »…où je suis « tombé », avec son texte: « voleurs »…
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Ca y est ils sont revenus
Ils se sont tous assis en rond
Ils m’ont attendue
Ils n’ont pas peur de la lumière
Ils s’ emportent avec l’autan
Ils se perdent dans le mistral
Ce sont les mangeurs de mots
Les troueurs de temps
Les jamais contents
Ils me prennent les mains
Puis les laissent tomber si bas
Que je ne peux plus les remettre en place
Ce sont les dévoreurs d’être
Les plieurs de volonté
Les voleurs d’éternité
Les escaliers dérobés
Les talons esquintés
Les boues.
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Lecture des Alpilles, en Crau ( RC)
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Je lis les Alpilles assises sur la Crau
Un parcours ouvert, qui se fait sans pirogue
Au pays peint par Van Gogh
Marquant son passage, en solitaire héros
Et à revoir, encore, et encore ses peintures
Au mistral agitant les oliviers: il perdure
Et penche au bord des routes les verticales
des platanes – sans les faire pour autant bancales
Je revois la lumière qui s’étale dans la plaine
Et vibre, jusqu’aux salins, sans perdre haleine
Les tours de Tarascon et Beaucaire
Son choc ,sur les contreforts de calcaire
Par dessus l’enclos de Fos, les géants de fer
De Moralès,, gardent leurs grands airs
Attendant, d’un envol de leur cimetière
De rejoindre la mer à l’étang de Berre
Il faut aussi que je nomme
La sentinelle du grand Rhône
Arles ,ensoleillée, et magnifique
Des compétitions photographiques
Partageant solennelle et intime
Les sculptures de Ste Trophime
Aux Picasso de Réattu, lyriques
Les allées des Alyscamps, ces antiques
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Ce poème ailé, est un paysage .
Il n’est pas que sur la page
Mais en conscience ,l’oeil , voyageur
Semblable, mon frère ma sœur, et quel qu’en soit le lecteur
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Variation à partir de « j »aperçois le semblable » de J Jacques Dorio