
photo : John Finnan
Un mouvement continu brasse la terre.
Whitman écrit que l’herbe, c’est peut-être les cheveux des morts, il y a tant de monde en dessous qu’au bout d’un moment ils refluent, ils sont les arbres, le lierre, les roches, c’est pour ça aussi que la nature nous est si familière.
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08/18/2019 | Catégories: photography | Tags: Amandine Monin, arbres, cheveux, herbes, morts, mouvement, rochers, terre, Whitman | Poster un commentaire
monument aux morts de Bergues (59)
C’est un mas solitaire au fond d’un val oublié
Sur un chemin de pierre qui court au long des pans de rochers
On dit que des rivières essaient encore de chanter
Dessous les tapis de lierre. On dit : « Le temps a dû s’arrêter
Un jour de misère
Que tonnaient, tonnaient, tonnaient les canons de guerre »
On dit
Qu’à l’ombre un peu légère que fait encore un laurier
Au creux d’un lit de bruyère, une fille alla s’allonger
On dit que vint l’hiver sans qu’elle ait pu détourner
Les yeux du chemin de pierre que de la neige allait effacer
On dit d’elle encore
Qu’aux nuits de pleine lune elle s’en revient des morts
Saluez les ailes élimées du vent qui se mêle à nos champs
Sally est revenue chez les vivants souffler la chandelle aux amants
Saluez les ailes élimées du vent mais fermez l’oreille à son chant
Sally est revenue, Sally est le vent qui tourne et tourne et tourne et…
On dit qu’un célibataire natif du bourg d’à côté
S’en vient les nuits de lumière dans le bel habit d’un officier
Le nez levé en l’air, la main posée sur l’épée
Qu’avait dû porter son père, ou bien le père de son père, qui sait ?
Au temps de misère
Où tonnaient, tonnaient, tonnaient les canons de guerre
On dit
Qu’à l’ombre un peu légère que fait encore le laurier
On en vit deux cents naguère… Mais l’amour n’est plus ce qu’il était
Moi qui n’ai, pauvre erre, pas plus d’épi que d’épée
Je vais au mas des mystères dès que mon cœur est triste à pleurer
Et je sais alors
Qu’aux nuits de pleine lune elle s’en revient des morts
Saluez les ailes élimées du vent qui se mêle à nos champs
Sally est revenue chez les vivants souffler la chandelle aux amants
Saluez les ailes élimées du vent mais fermez l’oreille à son chant
Sally est revenue, Sally est le vent qui tourne et tourne et tourne et…
C’est un mas solitaire au fond d’un val oublié
Sur un chemin de pierre qui court au long des pans de rochers
On dit que des rivières essaient encore de chanter
Dessous les tapis de lierre.
On dit :
« Le temps a dû s’arrêter… »
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07/16/2018 | Catégories: auteurs à découvrir, sculpture | Tags: épée, bruyère, canons, chanter, Frédéric Clément, guerre, lierre, lune, misère, morts, officier, rivières, rochers, vent | Poster un commentaire

Ignorant que tes hautes étoiles
avaient tremblé leur dû.
Pas un autre sanglot. Pas une brise
pour effleurer les branches,
susciter la présence des prés et des collines.
Avec courage tes lampes dans la tempête
auront lutté comme là-bas hublots et feux
du vaisseau qui oscille, se couche et sombre
fort de sa morgue et de ses cheminées.
Maintenant si je me tourne vers l’arrière
c’est pour te voir périr dans le brouillard
avec ma vie, sans un reproche.
J’aimais ces maisons qui m’ont quitté
et ces vignes qui tordaient les poignets
maigres de la douleur. La hache
qui tout à coup tranche le nœud de cordes
est plus aiguë que le croc du lion.
Aussi intraitable fut à l’entrée du désert Alexandre,
qui ignorait doute et détresse. Mais mon empire,
je le construis en soustrayant, en dispersant
les ombres et les morts.
Bientôt j’ausculterai les lignes
gravées sur la cire des paumes
pour réfuter l’arrêt sévère des destins.
Rivières et forêts, vitraux et pierres,
écoles et maisons, les sons ancrés aux souvenirs
avaient donné très tôt l’exemple.
Les oiseaux libres nous quittent dès l’automne
pour de lointains soleils que rien ne saurait abolir.
Seuls les visages sont restés dans le cadre des noms
– des cadres propres, certes, mais sans dorure.
(Infinis brefs avec leurs ombres).
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01/10/2018 | Catégories: auteurs à découvrir, d'images | Tags: Alexandre, éternité, étoiles, brouillard, cadres, cordes, croc, destins, infinis, morts, noeuds, ombres, Philippe Delaveau, pierres, sanglot, soleils, souvenirs, tempête, vignes, vitraux | Poster un commentaire
peinture: Z Music
Deux cent silences
rejoignent le silence
Deux cent regards
à jamais pétrifiés
Des millions de mutismes
froids de ne vouloir
sauver le juste de l’injuste
le vivant de l’innommable
absolvent les bourreaux
C’est la mémoire indifférente
abdiquant la puissance du verbe
devant mille girons maternels
spoliés de leur douceur .
***
Sache qu’ici les morts sont moins morts
leur poids fustige toute mesure
Ils cessent même d’être morts
à leur guise se fabriquent les légendes
Un seul corps éteint sous les feux de la rampe
efface des monceaux de cadavres .
Abdelkader Zibouche
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01/09/2018 | Catégories: Art, fine arts, peinture | Tags: Abdelkader Zibouche, cadavres, injuste, légendes, morts, mutisme, pétrifiés, silences, verbe | Poster un commentaire

peinture: Adrew Wyeth Dodges Ridge
nous ne reviendrons plus ici nous n’avons plus les clefs c’est aussi bien ce lieu n’était plus adapté à la fatigue croissante. rien ne me manquera sinon ce que je voyais au matin depuis mon lit par la fenêtre mansardée un fragment d’arbre conifère. les lieux nous oublient et nous hantent sans nostalgie ils sont heureux et nous errons de halte en halte à demander « où sont nos morts » à des gens qui ne les ont jamais connus. Si je savais qui de mon cœur ou de ma tête me joue ce tour de garder souvenir de ce que mon regard ne pourra plus saisir d’un coup sec et sans remords, je l’arracherais comme un organe inutile, qui trouble vainement le repos de mon âme, et autres effets indésirables.
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11/04/2016 | Catégories: Art, auteurs à découvrir, fine arts, peinture | Tags: arbre, conifère, fatigue, fenêtre, halte, Lucie Taïeb, morts, nostalgie, organe, regard, souvenir | Poster un commentaire

–
C’est se situer au bord de la rive,
Et poser son regard, là où il le peut
On ne sait plus où, ( ou bien si peu )
Tant bien , lentement , qu’ il dérive.
Le sol est comme un éponge,
Va-t-il aussi se diluer,
Rétrécir et diminuer,
Ainsi on sait que l’acide ronge
Les métaux les plus lisses …
Abandonnant leur netteté,
Leur carapace de dureté,
En montrant leurs cicatrices…
Le ciel se confond,
Avec la surface liquide,
Et se dévoie en rides,
Menaces et affronts.
Un saule pleure et se désole,
Cherchant consolation dans des reflets,
Brisés, ceux d’une lune couleur de lait,
Suspendue dans du formol.
Les terres partagées,
Aux lèvres sales,
Déglutissent et avalent,
Ce qu’il reste de zones émergées.
Si j’ose m’aventurer,
A pas prudents,
Je progresse si lentement
Que j’oublie la durée.
Voila un banc de sable,
Et quelques herbes humides,
Me servant de guide,
– Si j’en suis capable.
Avec de l’eau jusqu’à la taille,
Je soulève au-dessous,
Des nuées de boue,
Malgré la rocaille ;
Que reste -t-il à dire ?
Bien peu de choses,
D’une étendue morose
Lente coulée des souvenirs,
Et celui du chemin,
Celui de l’espoir,
Enseveli sous la mémoire,
D’un autre destin…
Ici, rien à la ronde,
Quelques poissons au ventre blanc
Les yeux morts, et répandant
Une odeur nauséabonde ;
Les flots passant par-dessus les dunes
Ont aussi emporté
Quantité de bois flotté,
Enchevêtrés sur l’eau brune.
On pourrait rire
Et aussi – ( à propos -, dire : ),
S’il faut périr un soir
Ce n’est pas la mer à boire…
Car ce n’est pas la mer,
Le cortège de la nuit,
Cette eau de suie,
Etale comme un suaire.
–
RC – janvier 2014
–
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06/05/2015 | Catégories: self creation | Tags: acide, chabriere, cortège, coulée, destin, dunes, formol, lèvres, liquide, métal, morts, nauséabond, reflets, rive, rocaille, sable, salé, souvenirs, suaire | Poster un commentaire
photo : Corey Goldberg
Elle chante,
La bouche muette,
Mais elle chante .
Il y a , bien au-delà des morts,
La continuité du temps,
Il se poursuit en silence,
Comme se fendille la pierre,
… et n’avoir plus d’yeux pour pleurer,
Ne dit pas, pour autant,
Fermer son regard sur l’avenir.
–
RC
– janv 2015
she sings,
The dumb mouth,
But she sings.
There is, beyond the deads,
The time’s continuity,
It continues in silence,
As crazes the stone
… And have no more eyes to cry,
Does not means, so far,
Close his eyes on the future.
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01/10/2015 | Catégories: actualités, english translation, photography, sculpture, self creation | Tags: avenir, bouche, chabriere, morts, muette, pleurer, regard, silence, temps | Poster un commentaire

Photo Mohammed Salem 2004
O peuple de l’arrière-monde du monde
existe-t-il un présent à l’impensable
verras-tu un lendemain à l’obscur
Où dormiras-tu du sommeil des morts apaisés
si nul ne prononce ton nom
ni ne calme les gerçures de tes mains
ni ne convie au banquet de midi
la fraîcheur de l’ombre que tu aimas .
–
extrait de » Chant triste pour une Algérie défunte »
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01/03/2014 | Catégories: Afrique, auteurs étrangers, photography | Tags: Abdelkader Zibouche, gercure, mains, morts, ombre, peuple, sommeil | Poster un commentaire

————————–
Je vais dormir ni ce soir,
ni demain ni jamais peut-être,
pendant que le blues est dans ma tête,
les douze temps du désespoir
Si futiles si dérisoires
Les balais sur la vieille caisse
Et les mots que la nuit tresse
et qu’inspire le soleil noir
—
c’est le dernier signal
l’ultime éclat de braise
on se voit disparaître
au coude du canal
et l’écluse est fermée
immobile à jamais
———-
nous avions reconnu
la péniche des morts
mais elle était au loin
si lente que la nuit
nous la perdions de vue
or chaque lendemain
elle approchait du port
désert que nous quittions
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09/22/2013 | Catégories: d'images, poètes connus | Tags: blues, braise, canal, Jean-Claude Pirotte, morts, nuit | Poster un commentaire

peinture: Marsden Hartley
Perdu dans la Montagne un soir de novembre
Amples demeures des morts. La sourde. L’endormie.
J’entends se déchirer la caresse des branches
contre sa pierre énorme
j’entends la violente larme des torrents.
Je rôde sur une rive de fumée.
J’éveille une barque l’eau neutre les roseaux.
Je trouble à peine leur silence.
Je passe et ne laisse aucune ombre.
Chemin perdu, j’appelle.
A peine un écho me répond
un vent d’hiver.
Où sont les anciens voyageurs ?
Où sont mes camarades mes frères ?
Où sont ils ?
Soupir innombrable des pins contre une pente obscure.
–
–
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08/28/2013 | Catégories: Art, auteurs à découvrir, fine arts, peinture | Tags: écho, frères, hiver, larme, montagne, morts, obscure, ombre, pente, pierre, roseaux, soupir, Theo Leger, torrents, voyageurs | Poster un commentaire

Alexandre et son cheval Bucéphale (Cosmographie de Gaïus Julius Solinus ) XIV è siècle
–
Nommer ?
Le nom ne se répétait plus.
Dans l’espace cinq rayons superposés
réduisaient les astres, les mers, les ciels à diverses égalités.
Un germe formulait les lois d’un univers magique,
lumineux par les cris poussés dans des souffles de morts
hors d’un monde habité.
Jean Daive
in » 1, 2 de la série non aperçue
–
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08/17/2013 | Catégories: Art, auteurs à découvrir, fine arts, peinture | Tags: astres, habité, Jean Daive, magique, mer, morts, nommer, univers | Poster un commentaire

Choix de Chrysanthèmes…(aussi le symbole de l’Empereur du Japon.)
La mort des hommes me concerne
Depuis quelques temps
Je lis la page nécrologie
Pour prendre connaissance
Si un quidam de mon entourage
N’a pas pris la poudre d’escampette
Sans avoir eu la politesse de m’avertir
C’est une habitude qui va avec l’âge
Plus on vieillit plus jalonne la route
La disparition d’êtres humains
Qui à défaut d’avoir partagé le pain
Avons en toute insouciance
Becqueter l’oxygène
L’élément indispensable
De la respiration
Ce n’est pas que mourir
M’angoisse particulièrement
Le joueur d’échec sait toujours
Qu’il y a fin de partie
Soit dit quand même
Je ressens injustice
De voir homme ou femme
De ma génération
Et parfois plus jeunes
Fauchés blés
Au beau milieu
De leur déjeuner
Avec l’existence
La mort de l’autre
C’est toujours un peu la sienne
Quand je m’échinais dramaturge d’état
Dans le thème obsédant du mal être
Chaque suicidé était un peu de ma peau
Qui pourrissait sans avoir eu
Son comptant d’enchantements
La lumière cisèle un rai
Au milieu de mes rideaux
Cela éclaire mon carnet
De quelques visages radieux
Que ma mémoire soupçonneuse
Croyait avoir oublié
C’est sentiment prenant
Frisson dans la couenne du dos
Larmes que j’aurai mal à retenir
Si je savais pleurer
Mais voilà le sensible
Ne connaît pas les pleurs
C’est façon à survivre
Pour pépier en toute liberté
Les détails et les grandeurs
De cette pérégrination ordinaire
Qui ma foi
Pour n’être pas de première main
Autorise de griffonner ces mots
Qui font du bien à ceux
Qui les écrivent
Et j’espère aussi à ceux
Qui les lisent
Soleil de Toussaint
Sur le coin de la table
Pourtant quelque part dodeline
Dans la couette mélancolique
Des nuages
Un cerceau de lune
Où s’attarder entier
Dans la soie de l’enfance.
Voilà ce qui me fallait écrire
Aujourd’hui sur la mort des autres
Qui est toujours mienne.
Serge Mathurin THEBAULT .
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06/10/2013 | Catégories: auteurs à découvrir, photography | Tags: larmes, morts, oxygène, sensible, Serge Mathurin Thebault, Toussaint | Poster un commentaire
-

peinture: Mark Rothko
- Et la mort n’aura pas d’empire.
- Les morts nus feront foule
- Avec l’homme dans le vent et la lune rousse ;
- Quand leurs os blanchiront et leurs os blancs partiront,
- Ils auront des étoiles au coude et au pied ;
- Même s’ils sont fous, ils seront sains d’esprit,
- Même s’ils sont perdus en mer, ils reviendront ;
- Les amoureux seront égarés mais l’amour restera;
- Et la mort n’aura pas d’empire.
- Et la mort n’aura pas d’empire.
- Sous les rouleaux de la mer
- Ils demeureront à l’abri de la tourmente ;
- Torturés pour que lâchent leurs nerfs,
- Attachés à une roue, ils ne cèderont pas ;
- La foi en leurs mains éclatera,
- Et les diables cornus les piétineront ;
- Écartelés de toute éternité, ils ne céderont pas ;
- Et la mort n’aura pas d’empire.
- Et la mort n’aura pas d’empire.
- Plus aucun cri de mouette à leurs oreilles
- Ou le déferlement des vagues sur les rivages ;
- Où la fleur s’épanouit peut-être qu’aucune fleur
- Ne lèvera son front aux coups de la pluie ;
- Bien qu’ils soient fous et raides comme des clous,
- Leurs têtes laboureront les champs de marguerites ;
- Brisés par le soleil jusqu’à ce que le soleil se brise,
- Et la mort n’aura pas d’empire.
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04/26/2013 | Catégories: Art, auteurs étrangers, d'images, fine arts, peinture, poètes connus | Tags: amoureux, étoiles, diable, Dylan Thomas, empire, front, morts, mouette, pluie, rivages, tourmente, vagues | Poster un commentaire

gravure: Odilon Redon
Lorsque
je
serai réconcilié avec mes morts.
Quand
ils
s’
attableront avec moi
pour le festin du soir,
moins inquiets qu’autrefois ils ne l’étaient, vivants.
Encore sur la réserve aux mains gantées d’hiver toutefois.
Alors
alléluia alléluia la neige
devant
tombes
ouvertes
nous danserons
alléluia
l’
ALLEMANDE
Autour
du
brasero
où
leurs ombres se morfondent & tremblent.
Frank Venaille
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03/15/2013 | Catégories: Art, d'images, poètes connus | Tags: alleluia, Franck Venaille, hiver, morts, neige, ombre | Poster un commentaire

peinture: Ben Shahn
(Mein Urgroßvater war Schmalzhändler, 1957)
Mon arrière-grand-père était marchand de saindoux,et aujourd’hui
chacun se souvient encore de lui
entre Henndorf et Thalgau,
Seekirchen et Köstendorf,
et ils entendent sa voix
et se serrent
les uns contre les autres à sa table,
qui fut aussi la table du Maître.
En 1881, au printemps,
il se décida pour la vie : il planta
la vigne le long du mur de la maison
et appela les mendiants ;
sa femme, Maria, celle au ruban noir,
lui offrit encore mille ans.
Il inventa la musique des cochons
et le feu de l’amertume,
et parla du vent
et du mariage des morts.
Il ne me donnerait aucun bout de lard
pour mes désespoirs. »
–
T B – Sur la terre comme en enfer (Auf der Erde und in der Holle, 1957)
–
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12/10/2012 | Catégories: Art, auteurs à découvrir, auteurs étrangers, peinture, poètes connus | Tags: amertume, cochons, désespoir, marchand, mariage, morts, ruban, saindoux, Thomas Bernhard, vent, vigne | Poster un commentaire

photo: H Cartier-Bresson, 1934 – Mexique
Derrière la grille ouverte entre les murs,
la terre noire sans arbres, sans une herbe,
les bancs de bois où vers le soir
s’assoient quelques vieillards silencieux.
Autour sont les maisons, pas loin quelques boutiques,
des rues où jouent les enfants, et les trains
passent tout près des tombes. C’est un quartier pauvre.
Comme des raccommodages aux façades grises,
le linge humide de pluie pend aux fenêtres.
Les inscriptions sont déjà effacées
sur les dalles aux morts d’il y a deux siècles,
sans amis pour les oublier, aux morts
clandestins. Mais quand le soleil paraît,
car le soleil brille quelques jours vers le mois de juin,
dans leur trou les vieux os le sentent, peut-être.
Pas une feuille, pas un oiseau. La pierre seulement. La terre.
L’enfer est-il ainsi. La douleur y est sans oubli,
dans le bruit, la misère, le froid interminable et sans espoir.
Ici n’existe pas le sommeil silencieux
de la mort, car la vie encore
poursuit son commerce sous la nuit immobile.
Quand l’ombre descend du ciel nuageux
et que la fumée des usines s’apaise
en poussière grise, du bistrot sortent des voix,
puis un train qui passe
agite de longs échos tel un bronze en colère.
Ce n’est pas encore le jugement, morts anonymes.
Dormez en paix, dormez si vous le pouvez.
Peut-être Dieu lui-même vous a-t-il oubliés.
Tras la reja abierta entre los muros,
La tierra negra sin árboles ni hierba,
Con bancos de madera donde allá a la tarde
Se sientan silenciosos unos viejos.
En torno están las casas, cerca hay tiendas,
Calles por las que juegan niños, y los trenes
Pasan al lado de las tumbas. Es un barrio pobre.
Tal remiendosde las fachadas grises,
Cuelgan en las ventanas trapos húmedos de lluvia.
Borradas están ya las inscripciones
De las losas con muertos de dos siglos,
Sin amigos que les olviden, muertos
Clandestinos. Mas cuando el sol despierta,
Porque el sol brilla algunos dias hacia junio,
En lo hondo algo deben sentir los huesos viejos.
Ni una hoja ni un pájaro. La piedra nada más. La tierra.
Es el infierno así ? Hay dolor sin olvido,
Con ruido y miseria, frío largo y sin esperanza.
Aquí no existe el sueño silencioso
De la muerte, que todavia la vida
Se agita entre estas tumbas, como una prostituta
Prosigue su negocio bajo la noche inmóvil.
Cuando la sombra cae desde el cielo nublado
Y del humo de las fábricas se aquieta,
En polvo gris, vienen de la taberna voces,
Y luego un tren que pasa
Agita largos ecos como un bronce iracundo.
No es el juicio aún, muertos anónimos.
Sosegaos, dormid ; dormid si es que podéis.
Acaso Dios también se olvida de vosotros.
Luis Cernuda, La Réalité et le Désir (La Realidad y el Deseo)
–
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11/14/2012 | Catégories: auteurs étrangers, photography | Tags: anonymes, bistrot, boutiques, bronze, Cartier-Bresson, clandestins, douleur, enfer, espoir, grille, immobile, linge, Luis Cernuda, misère, morts, murs, pauvre, poussière, quartier, sommeil, tombes, vieillards | Poster un commentaire

photo: Steven Dempsey
article disponible sur le blog de Candice Nguyen: dont il gaut aussi voir les productions photographiques...
Je suis né dans l’antre et si quelqu’un me demandait, je lui répondrais que rien ne peut se dire en dehors du susurrement.
Je suis né dans l’antre, à l’écart du bavardage des hommes, leur babil incessant qu’ils ne savent plus taire et dont ils ne se rendent plus compte, dans l’antre, et ce bruit m’est assourdissant. Geler à pierre fendre agitation brouhaha tours banques cac et ces singes décident du monde.
C’est contre la mort, la leur, qu’ils s’obstinent dans ce leurre, remplir les espaces du monde un à un, et dans les airs, les moindres interstices, ondes ombres recoins vibrations, partout leurs lumières, leurs flots de paroles sur quel réel : dis-moi, comme si, comme si cela allait faire oublier l’inconstance de toute chose et leur renouvellement, mais sans eux, et après eux.
Acquérir, acquérir et repousser au plus loin là où l’homme n’est plus, n’est plus rien qu’une rumeur lointaine qui agite ses bras désespérément et ses jambes à la recherche d’un point d’eau qu’il aurait suffi de creuser. Creuser. Les puits, les ventres, la lumière, laisse rentrer. On avait quoi à perdre à faire autrement.
Magnésium fortifiants Célestène, passent les amphétamines bêta-bloquants pharmacopée. J’attends la nuit alors pour que la rumeur se taise un peu, toujours trop peu, des voitures qui passent, le cri d’un passant à la sortie d’un bar, un téléviseur qui hurle encore quand les lumières se sont éteintes. J’attends la nuit et je n’allume pas je guette, je guette le crépuscule d’été qui s’étire sans fin dans le ciel et qui tire du bleu clair vers le orange, le jaune, le vert et s’enfonce dans le bleu noir de la nuit, le rouge sang, le violet, la nuit et son presque silence — humain;
Humains, reposez-vous, reposez-vous encore, encore un peu plus jusque demain, silence, viens, viens… Et si les hommes levaient la tête à ce moment précis où le rouge s’accapare déjà le ciel et recouvre nos têtes alors peut-être n’aurions-nous plus besoin d’allumer des cierges encore en la mémoire des morts et des désastres ici et là.

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10/25/2012 | Catégories: auteurs à découvrir, photography | Tags: amphétamines, Candice Nguyen, ciel, cierges, crépuscule, espaces, morts, parole, pierre, rouge, rumeurs, silence | Poster un commentaire
Je m’en vais la tête haute
Absorber la misère
Moi l’ami des exilés
Mes dessins animés
Pour maintes évasions
Millénaires
Les regards assassinés
La veille des morts
A toi l’honneur
Monsieur l’Ermite
Dépuceler la sagesse
Les pistes dépeuplées
Nos vierges se complaisent
Dans les couleurs nocturnes
Nos sentiers n’ont jamais été
Impasses
Jamais indiscrets
De minables camarades
Les caravanes anonymes
Les poisons qui se crispent
En dehors des malaises
A long terme l’Exil
Tant de cimetières
Déjà au feu des croisades
AILLEURS
Offre-moi des strapontins
Je suis l’Exil
Et j’ai honte
Car j’ai vécu
Le désarroi des douars
L’enterrement des mille et une nuits
La chasse aux kasbahs
A plat-ventre
Dans mon pays
Il y a des régions oubliées
Dans les bas-fonds des mémoires
Ecartelés sans musique
Sans lecture
Des coupoles de thé
Vert. Non des fraîcheurs
Comme a dit l’Autre
Toute la ville a souffert
De lagunes par toi
Et les miettes à fond noir
Les tombeaux tuberculeux
A même le sol. Hélas
Le ciel pour une fois
S’est effondré dans ma coupe
Je suis sec
Car c’est moi ce prisonnier
Des fantômes à venir
Et non cet homme nu
Là-bas
Qui se cramponne à la foudre
Qui ne sait que pleuvoir
Sur la mer
Une pluie mordue de châtaignes
Et de figues sèches
Moi l’ami des Exilés
Millénaires
Parmi tous ces regards
Assassinés
La veille des morts
J’ai maintes fois dépassé
Les abreuvoirs à tortures
Et je viens vous offrir
Maintenant
Mon cadavre
Non ma pitié
Jamais inerte
Une charogne dérobée
A l’heure sacrilège
Voici les vautours.
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10/12/2012 | Catégories: auteurs à découvrir, auteurs étrangers, photography | Tags: ailleurs, anonyme, assassinés, écartelés, cadavre, caravanes, cimetières, croisades, exilés, fantô, fantôme, figues, foudre, impasses, kasbahs, mémoires, misère, Mohamed Fatha, morts, poisons, prisonnier, tombeaux, tortures, vautour | Poster un commentaire

peinture; William Hogarth – Sigismonde pleurant sur le coeur de Guiscardo 1759 ( détail)
Anna Niarakis, auteure grecque, nous transmet ce texte avec quelques maladresses grammaticales ( voulues, je suppose), qui évoquent la saveur d’un accent étranger
A tu
A tu, s’adresse ce poème.
Comme tant d’autres.
A tu, qui tu graves hiéroglyphes
sous la lune d’un désert.
Ou d’une ville déserte, tachant
ses murs sales avec peinture rouge.
Errant, aube
Demi éméché, demi fou
dans les rues, places et des permis
autoroutes,
immobile.
A tu, qui tient à l’écart
de silence, bégayant devant
Le feu et sa colère égarée
Qui tu plantes jacinthes dans un
colline sec de mots morts et
tu attends le printemps.
Corps des impulsions déséquilibres
soigné
solide et lourd
dans la clarté de ta tristesse.
Perdu.
Tu découvres ce que tu
vas perdre encore et encore.
Tu secoues du noir
les épaulettes colorées
et tu tires ta route
Espoir improbable de mon obsession.
À tu,
que je ne connais pas
qui tu es,
Je sais seulement que
tu viens…
.
Anna Niarakis
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07/13/2012 | Catégories: Art, auteurs à découvrir, auteurs étrangers, fine arts, peinture | Tags: Anna Niarakis, autoroute, colère, désert, espoir, fou, hieroglyphes, jacinthes, morts, perdu, printemps, solide, tristesse | Poster un commentaire

extrait du « promenoir magique »
c’était la jeunesse et comme chacun je la croyais furieusement intouchable, tu ne t’inquiétais ni de Dieu ni des flammes tu portais des cravates de soie dans les rues étourdies par l’été
tu trouvais tout à fait naturel d’être enveloppé de lumière et cependant déjà sans l’avouer tu rejoignais tes premiers morts
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04/04/2012 | Catégories: les arts nous parlent, poètes connus | Tags: intouchable, Jean-Claude Pirotte, jeunesse, lumière, morts, soie | Poster un commentaire

peinture: Nicolas de Staël . " les Indes galantes"
tu donnes
le la aux nuages
la clef de sol au ciel
tu dis les simples
la bienvenue
aux morts
tu parles
à vif
—-

objet sculpture: age du bronze, sistre d’Anatolie ( Turquie)
—–
et au sujet de Nicolas de Staël, René Char qui l’a connu et rencontré écrivait:
–
Les amants sont inventifs dans l’inégalité ailée qui les recueille sur le matin.
Il faut cesser de parler aux décombres.
Une écriture d’échouage. Celle à laquelle on m’oppose aujourd’hui.
Paysage répété au sommet de la nuit sur qui se lève une lueur.
La brûlure du bruit. Louée soit la neige qui parvient à en éteindre la cuisson.
Les femmes sont amoureuses et les hommes sont solitaires. Ils se volent mutuellement la solitude et l’amour.
Toi qui nais appartiens à l’éclair. Tu seras pierre d’éclair aussi longtemps que l’orage empruntera ton lit pour s’enfuir.
Y a-t-il vraiment une plus grande distance entre nous et notre poussière finale qu’entre l’étoile intraitable et le regard vivant qui l’a tenue un instant sans s’y blesser ?
…Nicolas de Staël, nous laissant entrevoir son bateau imprécis et bleu, repartit pour les mers froides, celles dont il s’était approché, enfant de l’étoile polaire.
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03/25/2012 | Catégories: fine arts, les arts nous parlent, poètes connus, sculpture | Tags: bienvenue, ciel, goutte, Michael Glück, morts, nuages, René Char | 2 Commentaires

sculpture: Jacques Lipschitz femme drapée 1919
Je n’ai pas entendu l’homme, les yeux humides de piété, dire au serpent qui le pique mortellement: « puisses-tu renaître homme et lire les védas ». Mais j’ai entendu l’homme comme un char lourd sur sa lancée écrasant mourants et morts, et il ne se retournait pas.
Son nez était relevé, comme la proue des embarcations vikings, mais il ne regardait pas le ciel, demeure des dieux, il regardait le ciel suspect d’où pouvait sortir à tout instant des machines implacables, porteuses de bombes puissantes.
extrait de Ecce Homo
—

sculpture; Ossip Zadkine
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02/02/2012 | Catégories: poètes connus, sculpture | Tags: bombes, char, ciel, dieux, Lipschitz, Michaux, morts, sculpture, suspect, Zadkine | Poster un commentaire