Viens avec moi, poète. Quitte ta table avec sa rose triste. La joie est à l’extérieur. Mourant et renaissant il arrive à cheval: il s’assied sur l’herbe. Viens avec moi, oh, mon ami. La douleur est à l’extérieur. Cela arrive et cela ne se produit pas seulement en pleurant. Il apporte soixante-dix morts sur terre. Viens avec moi. Dans le ciel , de gros oiseaux tournent en rond pendant que les paysans sont venus sur leur ile d’herbe, et ils parlent et chantent autour d’elle. Viens avec moi. Dans la rue passe un grand drapeau avec une étoile, sur des fleurs que les femmes plantent.
Cela arrive et le ciel ne passe pas tout simplement. Il apporte soixante-dix morts sur terre.
Viens avec moi, cet homme a des voix que tu ne peux pas trouver; que ton verset a une nouvelle femme , à qui le vent des branches souffle dans ses cheveux et sa jupe. Viens, ils ne te connaissent pas Ta chanson est dehors. Pour qui sera la fleur solitaire de ton verre; pour qui, s’il est mort ? Viens avec moi pour rencontrer l’homme à la table de la terre; pour accompagner l’homme dans sa rue de sang et de lys Le chant est dans la voix de ceux qui chantent. L’ange est dehors.
( tentative de reconstruction du texte par google trad ) à partir du texte original..
Me voici seul avec ma voix j’entends le dernier pas qui balaye la route et le silence tombe enfin comme l’ombre d’une feuille.
Me voici seul avec ma voix, un nouveau jeu commence puisque le sang torride dont je m’étais vêtu rejeté vers la mer écrase d’autres naufrages, c’est de mon propre sang que je teindrai les murs mon sang hanté de l’âme neuve des lecteurs du ciel.
Un homme gris marche dans la rue de brouillard ; Personne ne le devine. C’est un corps vide ; Vide comme pampa, comme mer, comme vent, Déserts d’amertume sous un ciel implacable.
C’est le temps passé, et ses ailes maintenant trouvent parmi les ombres une force pâle ; C’est le remords, qui de nuit, hésitant, Secrètement approche une ombre insouciante.
Ne serrez pas cette main. Plein d’orgueil le lierre S’élèvera recouvrant les troncs de l’hiver. Invisible dans le calme l’homme gris marche. N’entendez-vous pas les morts ? Mais la terre est sourde.
Remordimiento en traje de noche Un hombre gris avanza por la calle de niebla; No lo sospecha nadie. Es un cuerpo vacio; Vado como pampa, como mar, como viento, Desiertos tan amargos bajo un cielo implacable.
Es el tiempo pasado, y sus alas ahora Entre la sombra encuentran una pdlida fuerza; Es el remordimiento, que de noche, dudando, En secreto aproxima su sombra descuidada.
No estrechéis esa mano. La yedra altivamente Ascender a cubriendo los troncos del invierno. Invisible en la calma el hombre gris camina. i No sentis a los muertos? Mas la tierra esta sorda.
On ne pourra jamais dire si les morts se souviennent de leur existence . Maintenant, à l’ombre des cyprès ils peuvent simplement parier sur les escargots qui se promènent sur leur tombe, savoir qui franchira le premier l’enclos, dès la première pluie pour longer le mur de l’église, mais il est peu probable qu’ils pénètrent à l’intérieur : l’odeur d’encens ne les attire pas; l’eau bénite a le goût des cierges. Ils préfèrent les morts aux vivants, ceux-là ne risquent pas de les écraser avec leurs gros sabots….
Et tu finis par ranger le livre, là-haut, à sa place exacte, ce petit creux d’ombre et d’oubli comme le coin de terre qui te revient. Tu reviens toi aussi
à ta place, devant la fenêtre, la table, ce carré de neige que nul encore n’a forcé et qui va dans tous les sens comme ta vie parmi les mots, les morts.
Tu sais bien qu’aucun signe ne guérit de l’absence, pas plus que le merle en tombant ne renverse l’axe de la terre, mais tu persiste, ô scribe, à soudoyer les anges :
un peu d’or dans la boue, dites, que la nuit reste ouverte.
Montreur de l’ombre, un soleil bleu s’éteint , mes rêves se sont repliés dans le soir … Imagines-tu une île solitaire, léchée de vaguelettes sombres,
y verrais-tu des peupliers palpitant dans le grand air , semblables à ceux que l’artiste a peints, frémissant de toutes leurs feuilles d’or, contre un ciel moribond et la couronne de cyprès noirs… ?
Seule présence, sur la gauche , cette embarcation, qui se dirige vers l’île des morts. Le passeur a un spectre pour compagnon; Par son entremise il le mène à sa dernière demeure, Là où le temps s’immobilise.
Les peupliers ont cessé de frémir, cernés par les cyprès. On entendrait presque leurs murmures alors que la lumière disparaît : Tout est figé , comme dans cette peinture où tout semble s’endormir…
Whitman écrit que l’herbe, c’est peut-être les cheveux des morts, il y a tant de monde en dessous qu’au bout d’un moment ils refluent, ils sont les arbres, le lierre, les roches, c’est pour ça aussi que la nature nous est si familière.
Ignorant que tes hautes étoiles
avaient tremblé leur dû.
Pas un autre sanglot. Pas une brise
pour effleurer les branches,
susciter la présence des prés et des collines.
Avec courage tes lampes dans la tempête
auront lutté comme là-bas hublots et feux
du vaisseau qui oscille, se couche et sombre
fort de sa morgue et de ses cheminées.
Maintenant si je me tourne vers l’arrière
c’est pour te voir périr dans le brouillard
avec ma vie, sans un reproche.
J’aimais ces maisons qui m’ont quitté
et ces vignes qui tordaient les poignets
maigres de la douleur. La hache
qui tout à coup tranche le nœud de cordes
est plus aiguë que le croc du lion.
Aussi intraitable fut à l’entrée du désert Alexandre,
qui ignorait doute et détresse. Mais mon empire,
je le construis en soustrayant, en dispersant
les ombres et les morts.
Bientôt j’ausculterai les lignes
gravées sur la cire des paumes
pour réfuter l’arrêt sévère des destins.
Rivières et forêts, vitraux et pierres,
écoles et maisons, les sons ancrés aux souvenirs
avaient donné très tôt l’exemple.
Les oiseaux libres nous quittent dès l’automne
pour de lointains soleils que rien ne saurait abolir.
Seuls les visages sont restés dans le cadre des noms
– des cadres propres, certes, mais sans dorure.
(Infinis brefs avec leurs ombres).
nous ne reviendrons plus ici nous n’avons plus les clefs c’est aussi bien ce lieu n’était plus adapté à la fatigue croissante. rien ne me manquera sinon ce que je voyais au matin depuis mon lit par la fenêtre mansardée un fragment d’arbre conifère. les lieux nous oublient et nous hantent sans nostalgie ils sont heureux et nous errons de halte en halte à demander « où sont nos morts » à des gens qui ne les ont jamais connus. Si je savais qui de mon cœur ou de ma tête me joue ce tour de garder souvenir de ce que mon regard ne pourra plus saisir d’un coup sec et sans remords, je l’arracherais comme un organe inutile, qui trouble vainement le repos de mon âme, et autres effets indésirables.
C’est se situer au bord de la rive,
Et poser son regard, là où il le peut
On ne sait plus où, ( ou bien si peu )
Tant bien , lentement , qu’ il dérive.
Le sol est comme un éponge,
Va-t-il aussi se diluer,
Rétrécir et diminuer,
Ainsi on sait que l’acide ronge
Les métaux les plus lisses …
Abandonnant leur netteté,
Leur carapace de dureté,
En montrant leurs cicatrices…
Le ciel se confond,
Avec la surface liquide,
Et se dévoie en rides,
Menaces et affronts.
Un saule pleure et se désole,
Cherchant consolation dans des reflets,
Brisés, ceux d’une lune couleur de lait,
Suspendue dans du formol.
Les terres partagées,
Aux lèvres sales,
Déglutissent et avalent,
Ce qu’il reste de zones émergées.
Si j’ose m’aventurer,
A pas prudents,
Je progresse si lentement
Que j’oublie la durée.
Voila un banc de sable,
Et quelques herbes humides,
Me servant de guide,
– Si j’en suis capable.
Avec de l’eau jusqu’à la taille,
Je soulève au-dessous,
Des nuées de boue,
Malgré la rocaille ;
Que reste -t-il à dire ?
Bien peu de choses,
D’une étendue morose
Lente coulée des souvenirs,
Et celui du chemin,
Celui de l’espoir,
Enseveli sous la mémoire,
D’un autre destin…
Ici, rien à la ronde,
Quelques poissons au ventre blanc
Les yeux morts, et répandant
Une odeur nauséabonde ;
Les flots passant par-dessus les dunes
Ont aussi emporté
Quantité de bois flotté,
Enchevêtrés sur l’eau brune.
On pourrait rire
Et aussi – ( à propos -, dire : ),
S’il faut périr un soir
Ce n’est pas la mer à boire…
Car ce n’est pas la mer,
Le cortège de la nuit,
Cette eau de suie,
Etale comme un suaire.
photo : Corey Goldberg
Elle chante,
La bouche muette,
Mais elle chante .
Il y a , bien au-delà des morts,
La continuité du temps,
Il se poursuit en silence,
Comme se fendille la pierre,
… et n’avoir plus d’yeux pour pleurer,
Ne dit pas, pour autant,
Fermer son regard sur l’avenir.
–
RC
– janv 2015
she sings, The dumbmouth, But shesings. There is,beyondthe deads, The time’s continuity,
It continuesin silence, Ascrazesthe stone … Andhave no moreeyes to cry, Does not means, so far, Closehis eyes onthe future.
O peuple de l’arrière-monde du monde
existe-t-il un présent à l’impensable
verras-tu un lendemain à l’obscur
Où dormiras-tu du sommeil des morts apaisés
si nul ne prononce ton nom
ni ne calme les gerçures de tes mains
ni ne convie au banquet de midi
la fraîcheur de l’ombre que tu aimas .
–
extrait de » Chant triste pour une Algérie défunte »
Quand
ils
s’
attableront avec moi
pour le festin du soir,
moins inquiets qu’autrefois ils ne l’étaient, vivants.
Encore sur la réserve aux mains gantées d’hiver toutefois.
Alors
alléluia alléluia la neige
devant
tombes
ouvertes
nous danserons
alléluia
l’
ALLEMANDE
Autour
du
brasero
où
leurs ombres se morfondent & tremblent.
Mon arrière-grand-père était marchand de saindoux,et aujourd’hui
chacun se souvient encore de lui
entre Henndorf et Thalgau,
Seekirchen et Köstendorf,
et ils entendent sa voix
et se serrent
les uns contre les autres à sa table,
qui fut aussi la table du Maître.
En 1881, au printemps,
il se décida pour la vie : il planta
la vigne le long du mur de la maison
et appela les mendiants ;
sa femme, Maria, celle au ruban noir,
lui offrit encore mille ans.
Il inventa la musique des cochons
et le feu de l’amertume,
et parla du vent
et du mariage des morts.
Il ne me donnerait aucun bout de lard
pour mes désespoirs. »
–
T B – Sur la terre comme en enfer (Auf der Erde und in der Holle, 1957)
Je suis né dans l’antre et si quelqu’un me demandait, je lui répondrais que rien ne peut se dire en dehors du susurrement.
Je suis né dans l’antre, à l’écart du bavardage des hommes, leur babil incessant qu’ils ne savent plus taire et dont ils ne se rendent plus compte, dans l’antre, et ce bruit m’est assourdissant. Geler à pierre fendre agitation brouhaha tours banques cac et ces singes décident du monde.
C’est contre la mort, la leur, qu’ils s’obstinent dans ce leurre, remplir les espaces du monde un à un, et dans les airs, les moindres interstices, ondes ombres recoins vibrations, partout leurs lumières, leurs flots de paroles sur quel réel : dis-moi, comme si, comme si cela allait faire oublier l’inconstance de toute chose et leur renouvellement, mais sans eux, et après eux.
Acquérir, acquérir et repousser au plus loin là où l’homme n’est plus, n’est plus rien qu’une rumeur lointaine qui agite ses bras désespérément et ses jambes à la recherche d’un point d’eau qu’il aurait suffi de creuser. Creuser. Les puits, les ventres, la lumière, laisse rentrer. On avait quoi à perdre à faire autrement.
Magnésium fortifiants Célestène, passent les amphétamines bêta-bloquants pharmacopée. J’attends la nuit alors pour que la rumeur se taise un peu, toujours trop peu, des voitures qui passent, le cri d’un passant à la sortie d’un bar, un téléviseur qui hurle encore quand les lumières se sont éteintes. J’attends la nuit et je n’allume pas je guette, je guette le crépuscule d’été qui s’étire sans fin dans le ciel et qui tire du bleu clair vers le orange, le jaune, le vert et s’enfonce dans le bleu noir de la nuit, le rouge sang, le violet, la nuit et son presque silence — humain;
Humains, reposez-vous, reposez-vous encore, encore un peu plus jusque demain, silence, viens, viens… Et si les hommes levaient la tête à ce moment précis où le rouge s’accapare déjà le ciel et recouvre nos têtes alors peut-être n’aurions-nous plus besoin d’allumer des cierges encore en la mémoire des morts et des désastres ici et là.
Je m’en vais la tête haute
Absorber la misère
Moi l’ami des exilés
Mes dessins animés
Pour maintes évasions
Millénaires
Les regards assassinés
La veille des morts
A toi l’honneur
Monsieur l’Ermite
Dépuceler la sagesse
Les pistes dépeuplées
Nos vierges se complaisent
Dans les couleurs nocturnes
Nos sentiers n’ont jamais été
Impasses
Jamais indiscrets
De minables camarades
Les caravanes anonymes
Les poisons qui se crispent
En dehors des malaises
A long terme l’Exil
Tant de cimetières
Déjà au feu des croisades
AILLEURS
Offre-moi des strapontins
Je suis l’Exil
Et j’ai honte
Car j’ai vécu
Le désarroi des douars
L’enterrement des mille et une nuits
La chasse aux kasbahs
A plat-ventre
Dans mon pays
Il y a des régions oubliées
Dans les bas-fonds des mémoires
Ecartelés sans musique
Sans lecture
Des coupoles de thé
Vert. Non des fraîcheurs
Comme a dit l’Autre
Toute la ville a souffert
De lagunes par toi
Et les miettes à fond noir
Les tombeaux tuberculeux
A même le sol. Hélas
Le ciel pour une fois
S’est effondré dans ma coupe
Je suis sec
Car c’est moi ce prisonnier
Des fantômes à venir
Et non cet homme nu
Là-bas
Qui se cramponne à la foudre
Qui ne sait que pleuvoir
Sur la mer
Une pluie mordue de châtaignes
Et de figues sèches
Moi l’ami des Exilés
Millénaires
Parmi tous ces regards
Assassinés
La veille des morts
J’ai maintes fois dépassé
Les abreuvoirs à tortures
Et je viens vous offrir
Maintenant
Mon cadavre
Non ma pitié
Jamais inerte
Une charogne dérobée
A l’heure sacrilège
Voici les vautours.
peinture; William Hogarth – Sigismonde pleurant sur le coeur de Guiscardo 1759 ( détail)
Anna Niarakis, auteure grecque, nous transmet ce texte avec quelques maladresses grammaticales ( voulues, je suppose), qui évoquent la saveur d’un accent étranger
A tu
A tu, s’adresse ce poème.
Comme tant d’autres.
A tu, qui tu graves hiéroglyphes
sous la lune d’un désert.
Ou d’une ville déserte, tachant
ses murs sales avec peinture rouge.
Errant, aube
Demi éméché, demi fou
dans les rues, places et des permis
autoroutes,
immobile.
A tu, qui tient à l’écart
de silence, bégayant devant
Le feu et sa colère égarée
Qui tu plantes jacinthes dans un
colline sec de mots morts et
tu attends le printemps.
Corps des impulsions déséquilibres
soigné
solide et lourd
dans la clarté de ta tristesse.
Perdu.
Tu découvres ce que tu
vas perdre encore et encore.
Tu secoues du noir
les épaulettes colorées
et tu tires ta route
Espoir improbable de mon obsession.
À tu,
que je ne connais pas
qui tu es,
Je sais seulement que
tu viens…
.
c’était la jeunesse et comme chacun je la croyais furieusement intouchable, tu ne t’inquiétais ni de Dieu ni des flammes tu portais des cravates de soie dans les rues étourdies par l’été
tu trouvais tout à fait naturel d’être enveloppé de lumière et cependant déjà sans l’avouer tu rejoignais tes premiers morts
peinture: Nicolas de Staël . " les Indes galantes"
tu donnes
le la aux nuages
la clef de sol au ciel
tu dis les simples
la bienvenue
aux morts
tu parles
à vif
—-
objet sculpture: age du bronze, sistre d’Anatolie ( Turquie)
—–
et au sujet de Nicolas de Staël, René Char qui l’a connu et rencontré écrivait:
–
Les amants sont inventifs dans l’inégalité ailée qui les recueille sur le matin.
Il faut cesser de parler aux décombres.
Une écriture d’échouage. Celle à laquelle on m’oppose aujourd’hui.
Paysage répété au sommet de la nuit sur qui se lève une lueur.
La brûlure du bruit. Louée soit la neige qui parvient à en éteindre la cuisson.
Les femmes sont amoureuses et les hommes sont solitaires. Ils se volent mutuellement la solitude et l’amour.
Toi qui nais appartiens à l’éclair. Tu seras pierre d’éclair aussi longtemps que l’orage empruntera ton lit pour s’enfuir.
Y a-t-il vraiment une plus grande distance entre nous et notre poussière finale qu’entre l’étoile intraitable et le regard vivant qui l’a tenue un instant sans s’y blesser ?
…Nicolas de Staël, nous laissant entrevoir son bateau imprécis et bleu, repartit pour les mers froides, celles dont il s’était approché, enfant de l’étoile polaire.
Je n’ai pas entendu l’homme, les yeux humides de piété, dire au serpent qui le pique mortellement: « puisses-tu renaître homme et lire les védas ». Mais j’ai entendu l’homme comme un char lourd sur sa lancée écrasant mourants et morts, et il ne se retournait pas.
Son nez était relevé, comme la proue des embarcations vikings, mais il ne regardait pas le ciel, demeure des dieux, il regardait le ciel suspect d’où pouvait sortir à tout instant des machines implacables, porteuses de bombes puissantes.