Jean-Luc Parant – le chant du vide

C.M. – Mais la musique n est-ce pas le chant du vide ?
J.-L.P. – Oui, car si être aveugle c’est avoir perdu le soleil, être sourd ce serait avoir perdu le vide. Un texte qui ne laisserait rien entendre ne se laisserait pas lire.
La lumière sans l’espace ne pourrait pas l’éclairer, la nuit le recouvrirait aussi vite.
Si les oreilles sont placées de chaque côté de la tête et non ailleurs c’est parce que de chaque côté de nous il y a le vide sans fin.
À gauche et à droit nuit, devant nous le jour.
(extrait d’un dialogue avec Claude Margat )- CIPM editions
Nous écoutons cette cantate (RC ) – Que le monde soit ( SD )

retable Chartreuse de la Sainte-Trinité de Champmol ( Dijon )
Je t’ai vue à travers la musique . Tu dansais comme dans toi-même au son de ces voix, habillées de pourpre, et qui s’élevaient jusqu’aux voûtes, donnant un peu de chaleur aux âmes qui ont froid, dans le parcours des leçons de Ténèbres, où l’on mouche les chandelles une à une, jusqu’à ce que l’obscurité pèse son poids de silence . Je t’ai vue à travers la musique , tu étais loin, mais proche pourtant , tu avais tracé mon nom sur le carreau de la vitre, et nous écoutions la même cantate, comme si je te tenais la main et, les yeux fermés, les harmonies se croisant , offraient au jour naissant , la lumière vibrant , avec l’avènement d’un monde, celui que l’on ne peut décrire ni en images ni à l’aide de mots . René C – septembre 2018 variation sur " que le monde soit ( SD ) ------- Que le monde soit… comme je le veux comme je l’ai pris enfanté au matin les yeux ouverts La lumière s’y déployait si blanche avant que la couleur l’inonde, ainsi l’orgue conduit la voix - la liturgie du jour à venir était blonde et me parlait de toi. J’ai effacé un peu de buée à la fenêtre et sur le carreau froid tracé ton nom dessiné un peut-être Le jour venait de naitre limpide et pur, oratorio vibrant une césure avant que le ciel ne bascule vers son avènement dans une orgie d’ors et de cuivres Je ne sais s’il était d’une étoffe dont on peut se vêtir comme l’aube de lin des retables ou la pourpre ardente des rois s’il fallait le poursuivre dans sa marche solaire au-delà du beffroi qui claironnait les heures et l’aurais-je cherché dans le sel ou le sable comme le vent façonne la dune instable quand il glissait vers toi en éclaireur Le monde s’offrait à moi par un matin de fin d’été et je m’en suis saisie les yeux fermés. SD
Quelle méthode ? – ( RC )

Y a-t-il une méthode
que l’on doive suivre
pour écrire un poème,
courber les mots,
les faire danser,
sur le fil tendu
de la pensée ?
Personne ne m’a chuchoté
la réponse
et le rythme
de la musique
qui l’accompagne,
- alors je le laisse fleurir
comme bon lui semble…
Quelques images
lui sont attachées,
au gré de ma fantaisie
houle argentée
accompagnée du vent de l’inquiétude,
d’un soleil radieux
ou bien tragique…
le poème – si on le qualifie ainsi –
prend son envol ,
sans que je mesure l’espace
entre ses pieds,
Il ne paraît pas
entravé de normes rigides :
il s’échappe, sans que je le retienne.
Dominique Grandmont – le spectacle n’aura pas lieu IV

Quelque chose de trop
vrai dans ton sourire j’essaie
de rester de ne voir
qu’un genou le coude
le creux d’une veine
ou rien ceux qui restent
savent tout moi j’essaie
de ne pas voir mais je ne peux pas
non plus partir quelque chose
a lieu qui n’a pas de nom qui n’a pas
besoin de nom tout un corps là-bas comme
les mots d’une chanson
et qui se redresse
sans même écouter la musique continue toute seule dans un café
le spectacle n’aura pas lieu a été publié aux éditions messidor
Nicolas Granier – Brèves de poésie ( sur textes de RC )
Nicolas Granier, dans ses émissions régulières « brèves de poésie », vient de faire lecture de trois de mes écrits qui ne sont pas encore publiés ici… c’est l’occasion d’écouter une belle interprétation orale , puisque la plupart des textes sont conçus de façon à porter la musique des mots, comme s’il s’agissait d’une partition….
( qu’il en soit remercié )
Voir le lien Youtube me concernant
comme celui sur les textes de Susanne

Ouverture en musique ( pour Apollon musagète )- ( RC )

Ouverture en musique,
uniquement en sépia ;
la statue antique
donne toujours le « la »…
Nous attendrons d’ Apollon
une harmonie céleste,
en imitant son geste
avec ou sans violon.
De ce dessin très classique,
qui semble inachevé
on pourrait écouter résonner
ses harmoniques,
– découvrir sur ces entrefaites
la composition de Stravinsky
convoquant une mélodie
pour « Apollon musagète… »
Walt Whitman – Fière musique de la tempête

Ah d’un petit enfant, Tu sais comment pour moi tous les sons sont devenus de la musique, La voix de ma mère dans une berceuse ou un hymne,
(La voix, O voix tendres, voix aimantes de mémoire, Dernier miracle de tous, O voix la plus chère de ma mère, sœur, voix;)
La pluie, le maïs en croissance, la brise parmi le maïs à longues feuilles, Le surf de mer mesuré battant sur le sable, L’oiseau qui gazouille, Le cri aigu du faucon,
Les notes des oiseaux sauvages la nuit comme volant bas migrant vers le nord ou le sud, le psaume dans l’église de campagne ou au milieu des arbres en grappes, la réunion de camp en plein air, le violoniste dans la taverne, la joie, le chant de marin à longue haleine, Le bétail bas, le mouton bêlant, le coq qui chante à l’aube.
Toutes les chansons des pays actuels résonnent autour de moi, les airs allemands d’amitié, de vin et d’amour, les ballades irlandaises, les joyeux jigs et les danses, les parures anglaises, les chansons de France, les airs écossais, et le reste, les compositions inégalées d’Italie.
À travers la scène avec une pâleur sur son visage, mais une passion sombre, Stalks Norma brandissant le poignard dans sa main.
Je vois la lueur artificielle des yeux des pauvres fous de Lucia, Ses cheveux le long de son dos tombent et se décoiffent.
Je vois où Ernani marche dans le jardin nuptial, Au milieu du parfum des roses nocturnes, radieux, tenant sa mariée par la main,
Entend l’appel infernal, le gage de mort de la corne. Aux épées croisées et aux cheveux gris dénudés, La base électrique claire et le baryton du monde, Le duo de trombones, Libertad pour toujours!
De l’ombre dense des châtaigniers espagnols, Par les murs anciens et lourds du couvent, une chanson gémissante,
Chant d’amour perdu, le flambeau de la jeunesse et de la vie éteinte dans le désespoir, Chant du cygne mourant, le cœur de Fernando se brise. Se réveillant de ses malheurs enfin chanté, Amina chante,
Copieuse comme des étoiles et heureuse comme le matin, allume les torrents de sa joie. (La femme grouillante vient, L’orbe lustre, Vénus contralto, la mère en fleurs, Sœur des dieux les plus élevés, le moi d’Alboni que j’entends.)
il s’agit d’une partie du texte ( partie 3 ) – qui en comporte plusieurs…
James Joyce – musique de chambre – XVI

XVI
Dis adieu, adieu et adieu,
dis adieu à tes jeunes jours,
Vient te séduire l’Amour joyeux
et courtiser ton jeune atour –
le corsage ornant tes façons,
Le filet sur tes cheveux blonds.
Quand tu entendras son nom porté
par les trompes du chérubin,
Pour lui commence à libérer
tout doucement ton jeune sein
Et défais doucement le filet
qui marque la virginité.
XVI
Bid adieu, adieu, adieu,
Bid adieu to girlish days,
Happy Love is come to woo
Thee and woo thy girlish ways –
The zone that doth become thee fair,
The snood upon thy yellow hair,
When thou hast heard his name upon
The bugles of the cherubim
Begin thou softly to unzone
Thy girlish bosom unto him
And softly to undo the snood
That is the sign of maidenhood.
Le soleil ne déçoit pas les mots – ( RC )
peinture: Albert Marquet: contre-jour à Alger
Je dépose sur la page quelques mots.
Il n’y a pas d’heure, pour ces quelques
flocons noirs éclairant le jour à leur façon.
Une promenade les déplace,
trois silhouettes s’en détachent,
le soleil ne les déçoit pas,
( je n’ai pas encore défini leurs ombres
et j’invente du sable sur une plage,
un port exotique qui n’existe pas encore ).
Je les accompagne
de quelques notes de musique;
elles se dispersent sur la rive .
Un rythme me vient.
Je l’accompagne d’une lueur matinale,
comme une incidence portée dans le texte .
Mon langage parfois m’échappe.
– je suis distrait de mes pensées –
Le bateau est parti sans que je ne m’en aperçoive.
–
RC – dec 2019
James Joyce – musique de chambre III: ( pâles portes de l’aurore)
peinture: Stephane Halbout
III
A l’heure où tout repose encore silencieux,
O toi qui restes seul à surveiller les cieux,
Entends-tu dans la nuit le vent et les soupirs
Des harpes suppliant Amour de réouvrir
Les pâles portes de l’aurore ?
Quand tout est en repos, toi seul es-tu levé
Pour écouter jouer les harpes nuancées
Sur le chemin d’Amour qu’elles vont précédant,
Et le vent de la nuit donnant le contre-chant
Jusqu’à ce que passe la nuit ?
Harpes invisibles, jouez donc pour Celui
Dont le chemin s’en va brillant au Paradis
A l’heure où va et vient quelque tendre lumière,
Une douce musique flotte dans les airs
Et joue ici bas sur la terre.
–
III
At that hour when all things have repose,
O lonely watcher of the skies,
Do you hear the night wind and the sighs
Of harps playing unto Love to unclose
The pale gates of sunrise ?
When ail things repose, do you alone
Awake to hear the sweet harps play
To Love before him on his way,
And the night wind answering in antiphon
Till night is overgone ?
Play on, invisible harps, unto Love,
Whose way in heaven is aglow
At that hour when soft lights corne and go,
Soft sweet music in the air above
And in the earth below.
Quelque chose d’indéfinissable – ( RC )
Il y a quelque chose d’indéfinissable,
lorsque ta voix s’empare des mots
et les projette, haut dans le ciel,
un ciel
qui ne semble être fait que pour toi.
Et les voilà qui redescendent doucement,
– ainsi ces graines de pissenlit, légères,
celles en forme de parachute –
qui s’allient avec le vent pour se poser
comme des fleurs de neige.
Lorsque se forgent des lignes,
chaque flocon trouve sa place,
rejoignant leurs semblables
portés par une onde calme
naissant en toi.
Il y a quelque chose d’indéfinissable,
une évidence qui s’offre
comme les notes dessinent le chant
ravissant l’oreille de celui,
prêt à les entendre .
C’est un cadeau que l’on reçoit,
évident comme l’accord
entre le silence et la musique,
émanation discrète
du corps et de l’âme .
Le poème est une constellation,
et les mots, des étoiles
qu’un fil invisible relie :
toi seule en maîtrise ces atomes,
qui restent insaisissables .
–
RC – mai 2019
Parfum – (Susanne Derève)

Photo Robert Mapplethorpe
Il suffirait d’un mot
Lait fleur
enfant mémoire
Il suffirait d’un son
le do nu du dormeur
Et le si de silence
Il suffirait la nuit
de franchir le miroir
dans une douce errance
de flâner en chemin
de cueillir dans le noir
une rose sans tain
et dans un vertige soudain
il suffirait
d’un mot
qui nous dirait
parfum
Charlie Chaplin – Vie
J’ai agi par impulsion, j’ai été déçu par des gens que j’en croyais incapables, mais j’ai déçu des gens aussi.
J’ai tenu quelqu’un dans mes bras pour le protéger.
Je me suis fait des amis éternels.
J’ai ri quand il ne le fallait pas.
J’ai aimé et je l’ai été en retour, mais j’ai aussi été repoussé.
J’ai été aimé et je n’ai pas su aimer.
J’ai crié et sauté de tant de joies, j’ai vécu d’amour et fait des promesses éternelles, mais je me suis brisé le coeur, tant de fois!
J’ai pleuré en écoutant de la musique ou en regardant des photos.
J’ai téléphoné juste pour entendre une voix, je suis déjà tombé amoureux d’un sourire.
J’ai déjà cru mourir par tant de nostalgie.
J’ai eu peur de perdre quelqu’un de très spécial (que j’ai fini par perdre)………
Mais j’ai survécu!
Et je vis encore!
Et la vie, je ne m’en lasse pas …………
Et toi non plus tu ne devrais pas t’en lasser. Vis!!!
Ce qui est vraiment bon, c’est de se battre avec persuasion, embrasser la vie et vivre avec passion, perdre avec classe et vaincre en osant…..parce que le monde appartient à celui qui ose!
La vie est beaucoup trop belle pour être insignifiante! »
A l’aplomb de l’enclume (Susanne Derève)

Pierre Péron – Brest
Miroir de brume
soleil voilé
exactement à l’aplomb de l’enclume
doux reflet du métal
et le bruit sourd que fait le marteau
sur l’étal
Le clapotis de l’eau
dans les soutes
le pas des hommes et le pavé
qui claque
un air de jazz abandonné au vent
et le vent qui l’emporte
et l’emporte le temps
comme le son volé
à la corne de brume
son voilé sitôt dissout
dans la pluie fine froide
je serre sur mes épaules
mon imperméable
j’écoute
la musique de la nuit
au fond des cales
le chant des hommes
celui des gouttes d’eau
dans les flaques
celui du jour qui se lève
avec le long mugissement
de la ville
qui répond
à celui de la mer
à celui des bateaux qui rentrent
au port
à la criée
au jasement des mouettes rieuses
qui tournent tournent longtemps
avant de fondre sur leur proie
leurs ailes battant l’air
j’écoute
la voix de l’homme qui les disperse
et ceux là-bas
qui embarquent
sans repères
passé le dernier fanal
dans le fracas
de la haute mer
la musique a été transportée ailleurs – ( RC )
peinture: Paul Delvaux
J’entends le silence,
comme un souffle en négatif,
.. et c’est la nuit.
Evidemment la musique est toujours là.
Mais elle a été prélevée, et se trouve ailleurs
en-dehors de la ville,
dans une petite pièce
où deux femmes en miroir lisent un petit livre,
accompagnées dans leur pensée
par la mélodie du chalumeau.
( vous savez, cette toute petit flûte
qui a accompagné
la traversée de l’eau
dans l’histoire du musicien d’Hamelin
entraînant avec lui rongeurs, et enfants ) .
Ici c’est un homme
en grand manteau rouge
comme sorti
d’une peinture allemande.
Une étrange lueur nimbe les lectrices .
Une fausse perspective,
au sol en damiers rigides
curieusement ouverte
permet pourtant aux roses
de s’épanouir, malgré l’obscur .
–
RC – oct 2017
( d’après une peinture de Paul Delvaux )
Guy Goffette – le jardin d’enfance
dessin – association du clos du Nid, Lozère
Peuplé de voix et de couleurs,
le jardin d’enfance persiste en nous,
royal malgré la chute et l’exil du roi ;
il rafraîchit les déserts traversés de l’âge,
rattrape l’aveugle dans la musique,
le sourd dans la contemplation.
Toujours ce qui manque à nos vies,
cet innommable vide tout à coup derrière la nuque,
qui nous remplit de regrets, de remords,
de nostalgie, toujours a la forme d’un jardin.
Eugenio de Andrade – J’entends courir la nuit
J’entends courir la nuit par les sillons
Du visage – on dirait qu’elle m’appelle,
Que soudain elle me caresse,
Moi, qui ne sais même pas encore
Comment assembler les syllabes du silence
Et sur elles m’endormir.
.
.
.
« Il n’y a pas d’autre manière d’approcher
de ta bouche : tant de soleils et de mers
brûlent pour que tu ne sois pas de neige :
corps
ancré dans l’été : les oiseaux de mer
couronnent ton visage
de leur vol : musique inachevée
que les doigts délivrent :
lumière répandue sur le dos et les hanches,
encore plus douce au creux des reins :
pour te porter à ma bouche, tant de mers
ont brûlé, tant de navires. »
Eugénio de Andrade, Blanc sur blanc, Gallimard, Collection Poésie
La buée que fait la nuit- (Susanne Derève)

Helen Frankenthaler ‘Draft’ 1969
Dériver ce soir
à la remorque des nuages,
suivre leur course grise,
ponctuée d’un vol d’oiseaux
aile ivre qui s’élance
sur l’horizon des champs pâlis
s’éparpille et s’enfuit
au-delà des coteaux
Attendre qu’il fasse tout à fait noir
poser les lèvres sur la vitre
pour y goûter la buée que fait
la nuit
y écouter le bruit qu’elle fait
en s’engouffrant par la fenêtre
avec ses échasses de vent
et ses éclats de mandoline
ses bras qui se referment
sur un air d’accordeone
Peut-être te rejoindrai-je alors
qui sait
ce n’est que la musique
d’une nuit rompue à l’absence
où les mots ne disent plus rien de nous
que cet éveil où ils nous tiennent
à la remorque de l’aile immense
de l’oiseau
un chant qui tait son nom
se nourrit du silence
et brûle ses vaisseaux
Ezra Pound – La rose éclose pendant mon sommeil
peinture: pêcheurs en barque Codex Skylitzès Matritensis
–
Et la rose éclose pendant mon sommeil,
Et les cordes vibrant de musique,
Capripède, les brindilles folles sous le pied ;
Nous ici sur la colline, avec les oliviers
Où un homme pourrait dresser sa rame,
Et le bateau là-bas dans l’embouchure ;
Ainsi avons-nous reposé en automne
Là sous les tentures, ou mur peint en bas comme des tentures,
Et en haut une roseraie,
Bruits montant de la rue transversale ;
Ainsi nous sommes-nous tenus là,
Observant la voie depuis la fenêtre,
Fa Han et moi à la fenêtre,
Et ses cheveux noués de cordons d’or.
Nuage sur le mont ; brume sur coteau ouvert, comme une côte.
Feuille sur feuille, branche d’aube dans le ciel
Et obscure la mer, sous le vent,
Les voiles du bateau affalées au mouillage,
Nuage comme une voile renversée,
Et les hommes lâchant du sable près du mur des flots
Ces oliviers sur la colline
Où un homme pourrait dresser sa rame.
XXXIII –
Qui chante là-bas ? – ( RC )
–
image extraite du film « qui chante là-bas » de Slobodan Sijan
Je me souviens de l’ex-Yougoslavie
des plaines, de la nostalgie,
de la chanson d’un violon navigant dans le ciel,
et les airs de danse traditionnels.
– Il y a des airs que l’on n’apprend pas,
ils traversent les saisons,
et à travers leurs chansons,
on se demande : » qui chante là-bas ? « .
C’est une musique qui traverse les hivers,
passant outre massacres horreurs
elle triomphe de la mort
et des taches sombres de la guerre
Passant sans encombre par-dessus les frontières .
Entends-tu encore la mélodie ?
celle qui nous dit que la vie
continuera , par-delà les tombes et les cimetières .
–
RC – aout 2018
Un chemin tracé entre les étoiles – ( RC )
photo Ile Vaadhoo des Maldives: provenance
Il y a une musique,
dont je ne connais pas l’origine ,
elle me vient du vent, sans doute.
Elle m’entoure parfois de son écume,
comme si j’étais une île,
et qu’il suffise d’avoir les yeux ouverts ,
pour recevoir la brise
et comprendre la chanson .
Alors je suis poreux,
comme peut l’être une éponge,
mais elle boit les mots
qui me viennent à l’esprit.
Au loin des navires passent, indifférents ;
de toute façon
ils ne sauraient traduire
le poème qui s’écrit par ma main ,
ni le souffle qui gonfle les voiles :
Dans un autre sens ,
c’est peut-être trouver un chemin
tracé entre les étoiles .
–
RC – mai 2017
Miquel Marti I Pol – Un jour, je serai mort …
.
–
Un jour, je serai mort
et encore dans l’après-midi
dans la paix des routes,
dans les champs verts,
parmi les oiseaux et au milieu de l’air
tranquillement en ami
et de passage parmi ces hommes
Je ne sais pas et je t’aime.
Un jour, je serai mort
et encore dans l’après-midi
dans les yeux des femmes
qui viennent et qui m’embrassent,
dans la musique ancienne
toute mise au point,
ou même dans un objet,
le plus intime et le plus clair
ou peut-être dans mes vers.
Dites-moi quel prodige
rend le soir si doux
et si intense à la fois,
et à quel champ ou à quel nuage
dois-je attribuer ma joie;
parce que je sais supporter
tout de mon entourage,
et que je sais que quelqu’un, plus tard,
saura préserver ma mémoire.
Les paroles au vent
Miquel Marti I Pol
Sylvia Mincès – Andante de poussière
photo perso 2017
Un limbe de musique s’unit à ma peau ; cette greffe sonore m’hypnotise,
le temps d’un fa bécarre éternel, pour m’habiller en grain de sable ou de pollen.
Fécondée, je deviens fleur et puis sentir, de toute la couleur
de mes pétales étonnés, ces sarabandes de tierces bleues
qu’éclaboussent des quintes d’or.
Sur mes feuilles, coule un torrent de notes évadées
d’une sonate en rien majeur tandis que mes racines
sourient à des accords aigus, cueillis près d’un clavier
que caressent de fantomatiques églantines.
Je me désintègre alors en atomes d’extase puis me dissous
dans un néant traîtreusement féerique
où les larmes ne sont que sucre la haine froissement de miel.
Jean-Pierre Paulhac – Une voix
Une voix
Comme un sourire
Une voix
Comme un soleil
D’océan indien
Une voix
Comme un horizon bleuté
Vers lequel voguent mes mots
Aspirés d’espoir
J’entends
Des rires de palmiers qui se tordent de musique
Des pas de danse qu’invente une plage espiègle
Des chants qui montent sur des braseros ivres
Des crustacés qui crépitent leur saveur pimentée
Ici
C’est le silence gris des bétons déprimés
C’est la glace qui saisit tous les masques
C’est un jadis souriant embrumé d’ombre
C’est l’ennui qui ne sait que recommencer
J’entends
Des guitares rastas aux cris de parfum hâlé
Des bras nus de désir qui dégrafent la lune
Des hanches insatiables que dessoudent la salsa
Des nuits secrètes aux folles sueurs de soufre
Ici
C’est le mutisme morne des grimaces polies
C’est la morgue soyeuse des cravates policées
C’est la cadrature étroite des cercles vicieux
Qui soumet à ses ordres la horde quadrillée
J’entends
Mes souvenirs marins d’aurores océanes
Mes remords nomades de dunes vives
Ma mémoire exilée qui déborde en vain
De tant d’hivers que la chaleur a bafoués
Ici
Le temps se tait s’étire et se désespère
Le temps n’est plus une chimère bleue
Le temps se meurt de mourir de rien
Et chaque ride compte un bonheur perdu
J’entends
Un rêve qui papillonne son corail osé
Un rêve qui murmure un refrain salé
Un rêve qui soupire son souffle de sable
Sur l’éternel instant d’un été sans fin
Une voix
Comme un sourire
Une voix
Comme un soleil
D’océan indien
Une voix
Comme un horizon bleuté
Vers lequel voguent mes mots
Aspirés d’espoir
Clarice Lispector – Prends ma main
Prends ma main…
Je vais à l’instant te conter
Comment je suis entrée dans l’ineffable
Qui a toujours été ma quête insaisissable et secrète
Comment je suis entrée dans l’interstice
unissant les numéros un et deux
Comment j’ai connu la frontière qui sépare mystère et feu
Combien souterraine est cette frontière
Entre deux notes de musique vibre une autre note
Entre deux maintenants de vie se glisse un autre maintenant de vie
Et deux grains de sable même inséparablement liés
Sont partagés par un espace infime
Entre deux sentiments se loge un autre sentiment
Et dans toute matière se love un espace
Qui est respiration du monde.
Et cette incessante respiration du monde
N’est autre que ce que nous entendons
N’est autre que le silence.