Bernat Manciet – sonnet IX (laurier du vent )

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J’entre dans le laurier du vent
dans son frémissement de foret
dans la poix des guis picorés
et les bleus dorés d’un jeune juillet
en tous mes lieux tu répands ta querelle
partout l’oiseau devient feuille
et la rose ailes par son néant
liserée des rires de ta peau
mais parmi les ombres en foule
fourrés buissons et halliers
voici paraître comme une lueur de lune
et de lointain en lointain apaisé
le tourbillon se fait mutisme
ce silence qui t’est louange
Abdelkader Zibouche – deux-cent silences
peinture: Z Music
Deux cent silences
rejoignent le silence
Deux cent regards
à jamais pétrifiés
Des millions de mutismes
froids de ne vouloir
sauver le juste de l’injuste
le vivant de l’innommable
absolvent les bourreaux
C’est la mémoire indifférente
abdiquant la puissance du verbe
devant mille girons maternels
spoliés de leur douceur .
***
Sache qu’ici les morts sont moins morts
leur poids fustige toute mesure
Ils cessent même d’être morts
à leur guise se fabriquent les légendes
Un seul corps éteint sous les feux de la rampe
efface des monceaux de cadavres .
Abdelkader Zibouche
Severine Landry – Ne rien oublier
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image virtuelle – maglor
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Et ne rien oublier de l’obscurité
scintillante de la voix du silence
de l’absence réconfortante de
l’empreinte de son être de la
tendresse de son œil sombre.
Ne rien oublier
de sa présence palpable
dans l’isolement de la nuit
où le sommeil s’éclipse
et règne la lune pleine
gorgée de lumière douloureuse.
Elle parle encore
dans le mutisme
du monde endormi.
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(paru dans la revue « 17 secondes »)