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Articles tagués “nature

Ludovic Massé – la terre du liège ( extrait )


estampe chinoise musée Guimet Paris

Tout au long de ces années d’exil, j’appris peu dans les livres,
seulement de quoi ne pas être vaincu aux examens,
mais la petite jungle où je pataugeais, parmi une faune sans griffe ni crinière,
ensauvagea plus encore mon caractère et mes sentiments,
m’immunisa pour toujours contre les tentations et les ambitions dérisoires.

Profit unique, vraie richesse engrangée d’une âme goulue,
sagesse surgie de l’instinct, privilège providentiel qui m’a permis de vivre
avec plus de joie que de résignation.
Comme on l’imagine, j’emportais toute ma vie passée avec moi, contre moi,
jour et nuit, sans jamais la lâcher, la compromettre d’une distraction ou d’une lâcheté.

Quoiqu’il advint, j’étais sûr de trouver la paix dans mes refuges.
Aux heures les plus absorbantes, les plus périlleuses de ma vie d’étudiant,
je m’évadais irrésistiblement des maquis du savoir pour me retremper
dans ceux de la nature. Cependant qu’on me rivait des chaînes,
je galopais dans les montagnes ; mon âme débordait d’arbres et de fleurs.


As-tu amarré ta folie aux petits matins du monde – (Susanne Derève) –


George Nick – Au dessus de Pemigewasset river 1986
As-tu amarré ta folie aux petits matins du monde,                        
nommant dans ta fièvre  fredaines, égarements  ta muse émue, 
et cette sourde musique de l’hiver
loin très  loin sous  terre  où se danse la ronde,
sous la longe enfouie des prairies enneigées, les prairies basses,
la vie d’avant naissance.

Fouille, fouine,   
sourde est la vie, le long repos des spores 
un membre inerte, enchaîné au gel par l’entrelacs des glaces, 
la divine toile de l’hiver-araignée, 
et toi, 
pèlerin transi, tu fais fausse route encore :
tout, de ce qui a péri, renaît. 



le temps dépassé des châteaux – ( RC )


photo RC château de Tournels -Lozère

C’est le temps dépassé,
des habitats et châteaux
qui dominent les sommets
pour clore une partie du paysage.

Plantés sur des pitons inaccessibles,
qui fréquente aujourd’hui
ces demeures médiévales,
sinon les amateurs de cartes postales ?

Il faut longtemps pour que la nature
reprenne ses droits,
que la forêt vierge édicte sa loi

qui n’a que faire des siècles

de fiefs et quelques bouts de terre…-
J’enlèverais toutes ces pierres
qu’ignorent les rivières
et les oiseaux,

ou je laisserai ces ruines
pour les touristes
en mal de sensations
qui se font photographier

à côté d’un mannequin
paré d’une armure…

  • c’est que la nostalgie des conflits
    a la vie dure…-

Mary Oliver – Regarde , les arbres –


Paul Sérusier – Arbre jaune –

Regarde, les arbres

sont en train de tourner

leurs propres corps

en piliers

de lumière,

sont en train d’exhaler la riche

fragrance de la cannelle

et de l’accomplissement,

les longs cierges

des massettes

sont en train d’éclater et de flotter là-bas sur

les épaules bleues

des étangs,

et chaque étang,

peu importe ce que son

nom est, est

sans nom maintenant.

Chaque année

tout

ce que je j’ai jamais appris

pendant ma vie

me ramène à ceci : les feux

et la rivière noire de la perte

dont l’autre rive

est le salut,

son sens

nul d’entre nous ne le saura.

Pour vivre en ce monde

tu dois être capable

de trois choses :

d’aimer ce qui est mortel ;

de le tenir

contre tes os sachant

que ta propre vie en dépend ;

et, quand le moment viendra de le laisser

partir,

de le laisser partir.

 

In Blackwater Woods

Traduction : Aédàn (2021)

Look, the trees 

are turning

their own bodies

into pillars
 
of light,

are giving off the rich

 fragrance of cinnamon
 
and fulfillment,

the long tapers 

of cattails 


are bursting and floating away over 
  
the blue shoulders
 
of the ponds,


and every pond,

no matter what its
 
name is, is 


nameless now.

Every year 


everything
 
I have ever learned

 in my lifetime
 
leads back to this: the fires
 
and the black river of loss
 
whose other side
 
is salvation,

whose meaning
 
none of us will ever know.

To live in this world
 
you must be able
 
to do three things:

to love what is mortal;

to hold it 

against your bones knowing
 
your own life depends on it;

and, when the time comes to let it
 
go,

to let it go.




voir  aussi : 

 Mary Oliver en Français Facebook

ou

https://www.poetryfoundation.org/poetrymagazine/browse?contentId=41916


Kenneth White – Lettre à un vieux calligraphe


Arkhip Kuindzhi – On a Valaam Island, 1873

 

 

Cent jours passés

par les grèves et les montagnes

 

à l’affût

du héron et du cormoran

 

puis écrire ceci

à la lisière du monde

 

dans un silence devenu

une seconde nature

 

et connaitre à la fin 

dedans le crâne, dedans les os

 

le sentier du vide.

 

 

Un monde ouvert 

Anthologie personnelle 

nrf

Poésie /Gallimard


La vie devant nous- (Susanne Derève)


Runquist-Bluff+House+++squarespace

 Tollef Runquist-  Landscapes

 

 

On a la vie devant nous

les matins de branches mouillées

les clés du temple      les aurores

la chair dorée des prunes d’Ente

les  chaises qu’on laisse dehors

qu’il fasse soleil ou  qu’il vente  

 

On a la vie devant nous

le  petit kiosque à musique

et le piano désaccordé

près du vieux banc  mélancolique

des roses  aux premières gelées

 

On a  la vie devant nous

et du bois dans la cheminée

Dans  la serrure du temple

suffit  de tourner la clé 

pousser la porte et qu’on  y entre

pour  rêver

 

qu’on a la vie devant nous

et pour peu qu’on soit somnambule

ou que la raison bascule

on y croirait

 

 

 

 

 


Horizons (Susanne Derève)


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         John Joseph Enneking  (Spring Hillside)

 

 

Un dégradé de jaunes et de verts
jusqu’à l’horizon
de genêts, d’ajoncs, de graminées légères
Être là
sans raison
sans autre raison que de se sentir vivre
vivant
 
de l’incroyable élasticité de la mousse
sous les pas
du tronc  lisse    clair
–  l’écorce cède sous les doigts  –
de la respiration profonde  du bois
d’une plume tombée à terre

 

Je sais que la source en est là
enfouie dans le bonheur des mots
Tenter  d’approcher ce qui est
ce qui demeure
et nous survit

 

Tenter de pénétrer l’instant
où l’émotion surgit
sans raison
il suffit d’en rester ébloui

 

Si les étoiles se dispersent
si les désirs d’enfant transpercent
la monotonie des jours
au sortir de l’averse
il y a cette trace lumineuse dans le ciel

 

Où qu’elle mène
j’en cerne  inlassablement le contour
au-delà des jaunes pastels
et des verts chancelants du jour

Promesse (Susanne Derève)


 

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Cézanne  Le jardin des Lauves  (1906)

Promesse d’un vent clair
les feuilles argentées des peupliers
le vent calme
à peine un soleil
 
Enfouie  toujours – toujours –  l’attente
de ce qui serait
un bruissement dans l’air
le poids du silence
ce qui ne peut se dire
et qui pourtant se fait écho
pour un mot retenu un bruit un son
le louvoiement de la lumière
entre les branches
 
A cette place près du ruisseau
– et les pierres jamais ne mentent –
est-on de trop
cette  vie indicible sous les berges de sable          
ensevelie sous les roseaux  faut-il que toujours
nous tourmente ce qui n’est pas
ce qui n’est plus
le flot qui s’écoule et tarit
ces linges comme effeuillés comme
échappés aux doigts
et puis ce peu qui me reste de toi
après que se soient dissipées
les dernières franges de l’ivresse
                                          l’éveil
qu’ait reculé le jeu des ombres
pour faire place  au zénith
à cette torpeur violente dans la maturité
du jour
elle, seule, dénoue l’attente
sourde, elle que la lumière plombe,
qu’écrase le cadran des heures,
cette torpeur solaire avant que ne descende
le soir écartelé
dans  la douce plainte argentée des futaies
–  profonde  – dans le  vent léger
 
 

Gris lointains ( Susanne Derève)


 

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Peinture : Joaquin Sorolla  (Three boats by a shore)

 

L’eau est grise

gris les lointains

de ce gris qui précède la clarté du matin

bien avant que le vent se lève

 

Au creux des grèves à marée basse

il y a la sinuosité du courant

dont la courbe épouse la rivière

long serpent paresseux

qu’accroche  çà et là  un éclat vif argent  

de lumière

 

M’en souvient     cet éclat

anguilles entre nos mains d’enfants

arrachées au ruisseau

–  autrefois  –

et rendues malgré nous aux roseaux

dans le secret des pierres humides

 

mains vides    paumes ouvertes

dans l’œil ne nous restait qu’un éblouissement

incrédule     –  un aveuglement –

dont tu te détournais trainant  les pieds

en maugréant      puis tout à coup   limpide                                                                    

ton rire ricochait

comme les pierres sèches que nous lancions

à plat  l’eau       ton rire  rebondissait

comme les pierres      de loin en loin

 

les pierres étaient légères et notre enfance

se passait

à fourrager dans les guêtres bleues des rivières

    estuaires  de vase nue                                                                                    

où s’affaissait le ventre vermoulu des barques

avec leurs fonds d’eaux stagnantes

aux relents de goudron et de sel

 

Poches percées

semant les coquillages comme des  Petits Poucets

sondant l’eau grise     en arpentant le cours

ce gris de tourterelle

nous en savions par cœur la ritournelle

le chant sur les doigts de la main

J’en ai bouclé la boucle ce matin

   


Images d’un paysage prolongé – ( RC )


 

 

Une maison  apparaît comme un décor,
Une toile dressée sur un châssis .
Quelque chose  d’inhabituel dans la nature,
Poursuivant la verdure,           et les voix du vent,
Aussi loin que le décalage des ombres …
Les murs en  changent leurs angles  .

Il y a même celles des branches,
Posées sur la façade, qui ne semblent
Pas à leur place ici,         comme celle des habitants,
Curieusement étrangers à l’existence,     à l’inverse
Des mésanges qui           se heurtent aux images
Des fenêtres  d’un paysage      prolongé .

RC –   oct 2014

 


Alda Merini – rêves


 

peinture: Lord Leighton

                                      peinture:       Lord Leighton

 

 

 

 

Le rêve se lève souvent et marche sur ma tête comme un elfe,

un tout petit elfe qui me dérange mais m’amuse aussi.

Combien de rêves ai-je faits ! J’y ai vu quelquefois une lueur magique, il s’agissait parfois de rêves lourds comme des pierres posées dans le centre du cœur.

Moi ces rêves je les ai tous acceptés : les formes me plaisent, qu’elles viennent ou non de l’inconscient.

Si elles venaient de l’inconscient, j’en recherchais l’origine.

Il s’agissait de toute façon de rêves magnifiques, pleins de couleurs, de rêves qui disaient “allez lève-toi ! la vie est belle ; elle est comme nous l’enseigne la nature, elle est toujours au-delà de l’angoisse”.

Et alors je m’asseyais sur mon lit et les rêves disparaissaient et l’air pur du matin entrait et mon corps devenait une merveilleuse statue, la statue d’un guerrier prêt à combattre et à se battre pour sa propre journée.

extrait de  « D é l i r e  a m o u r e u x »


L’absence éveillée – ( RC )


document visuel: montage perso

                document visuel:         montage perso

 

 

 

 

 

Fi des saisons,

Et de leur danse …

Elles reviennent,

Comme elles se doivent,

Ce que tu vois depuis ta fenêtre,

Peint de lumière oscillante,

Se pare des couleurs,

De la nature.

Elle lui est soumise,…

Je n’ai rien inventé.

Et tu peux compter les années,

Qui lentement s’égrennent … ;

Rien ne vient

Dessiner un sourire,

Et occuper de son ombre,

Les rectangles de lumière.

Poser les bras sur tes épaules.

Il n’y a de pli dans le ciel.

Que l’absence,

Elle, toujours éveillée.

 

RC Janvier 2014

en rapport avec un texte  de Nathalie Bardou,

paru dans son blog « tentatives de lumière »


Fernando Pessoa – Plutôt le vol de l’oiseau


peinture: Georges Braque

peinture:        Georges Braque

Plutôt le vol de l’oiseau qui passe sans laisser de trace,
que le passage de l’animal, dont l’empreinte reste sur le sol.
L’oiseau passe et oublie, et c’est ainsi qu’il en doit être.
L’animal, là où il a cessé d’être et qui, partant, ne sert à rien,
montre qu’il y fut naguère, ce qui ne sert à rien non plus.

Le souvenir est une trahison envers la Nature,
parce que la Nature d’hier n’est pas la Nature.
Ce qui fut n’est rien, et se souvenir c’est ne pas voir.

Passe, oiseau, passe, et apprends-moi à passer !

Fernando Pessoa, Je ne suis personne, C. Bourgeois Editeur, 1994,p. 148
En savoir plus sur http://www.paperblog.fr/1472971/plutot-le-vol-de-l-oiseau/#gfQC0XshTft21B9h.99

 


L’improbable côtoie le réel – ( RC )


montage perso  2011

–                montage perso                    2011

Si la nature                       à l’automne,

Pousse    un dernier chant de couleurs,

Une mosaïque           d’ors et de bruns,

Qu’elle brasse        à longueur de vents,

En couronnant la terre de ses saveurs ,

Elle conduit     peut-être –            

 La plume du poète,    

Quand il assemble, 

Ligne après ligne,

La musique de ses mots,

Arcqueboutés,    comme arc-en-ciels,

A travers une nuit  qu’il invente,                    

Des rêves qu’il traverse,

Tissant                 aux fils de l’écrit,

Des images,                  qui se disent,

Et s’entrelacent     comme brindilles,

Et          qu’on entend avec les yeux,

L’improbable             cotoyant le réel,

La joie,

Le saignement du cœur,

Traçant    son chemin,

Toujours                   plus loin,

Oscillant entre les saisons

Des           paroles non dites,

Mais    comprises par chacun .

RC   décembre  2013


Comme j’aurais aimé l’écrire -( Par l’entremise de V Hugo ) – ( RC )



texte proposé – à partir de quelqu’un qui a dit – à propos des vers de Hugo ci après

 » comme   j’aurais aimé l’écrire »:

Ecoute l’arbre et la feuille
La nature est une voix
Qui parle à qui se recueille
Et qui chante dans les bois

Victor Hugo

———————-
( Comme j’aurais aimé l’écrire…
Et faire aussi beau
Qu’un texte de Hugo…. )

Si tel est ton désir,
pour faire un recueil,
prélève donc une feuille

Tresse une couronne
des ors de l’automne,
Chante d’une voix pure,

et conduis l’écriture…
– Elle viendra à toi
suggérant à travers bois

le récit qui allume
le parcours des plumes
au travers des roseaux

Et le chant des oiseaux
grandira, se fera lecture
à travers ta nature…

RC – 15 janvier 2013


Miguel Veyrat – une peur blanche


image: spectacle de la compagnie Luc Amoros:             N’ayez pas peur de la page blanche

 
Une peur blanche

Je suis allé là où la beauté semble être toute nouvelle
pour toujours, et le dernier jour, j’ai trouvé
le premier. Celui qui tombe dans la lumière allumée fauve
nue et douce, avec le son de sa jeunesse
dans l’air.
Belle bien qu’elle cache le bas du visage
dans la première ombre répandue sur la page vierge.
Je me suis retiré vers nulle part
comme un corps  dans l’abîme,
à la recherche d’un  signe pour le copier sur la
première page disparue ce premier jour.
Ainsi l’aube nous ment dans son écriture cachée,
qui n’annule jamais les pas de la nuit en sa première ombre.
Au moment précis où  la beauté se brise en vain
contre le mur du désir qui a effrayé le léopard –
quand nos poitrines se révoltent
en face de la puissance de la Nature
qui règne seulement pour le malheur, et l’ infinie vanité de tout.

trad  RC –

-He ido donde la belleza pareció ser toda nueva
para siempre, y en el último día hallé
el primero. Aquel que cae al fulvo ardor de luz
desnudo y leve, con su juvenil sonido
por el aire. Hermoso aunque se emboce
en la primera sombra derramada sobre la página
en blanco. He retrocedido a ninguna parte
como el salto de un cuerpo en el abismo,
que busca su signo para copiarlo en la página
esfumada de aquel día inaugural. Así nos miente
el alba en la escritura oculta que jamás cancela
los pasos de la noche en su primera sombra.
Momento exacto en que la belleza se estrella
en vano contra el muro del deseo que espantó
a Leopardi —cuando nuestros pechos se amotinan
frente al poder de la Naturaleza que impera
solo para el mal, y la infinita vanidad del Todo.

 


Future friche industrielle – ( RC )


Art     Gerard Murphy           guèpe  et poires

Avançons, avançons jusqu’au bord

Au delà commencent les  rêves

Trève de  la nature

Gros plan, et fondu au noir,

Il n’y a plus de repères,

La perspective est en fuite

Les mots sont partout, en suspension

Il suffit de les rendre…

Tranchons, découpons

Les maux se fondent lentement

Dans la confiture des jours…

Il n’y a plus de certain;

Que la nuit,

Poussée par le train

Que regardent passer

Les ouvriers les mains vides.

Avançons, avançons jusqu’au bord

C’est alors que bascule l’avenir,

Où tout se fond en brouillard

Rien à donner, si ce n’est le passé.

Le présent est parti, vers d’autres contrées;

Le ciel n’a plus de fumées,

Que des cheminées vides,

Retournées à la friche.

Rc  – 1er octobre 2012

photo – forge de Clabecq Belgique

photo Torres: cimenterie Alba


Victor Roussel – Murmures de l’Hoa Sen


MVR

peinture: Paul Klee dans le forêt profonde 1939

.

«  Peuplant la montagne

je m’endors

sur les hautes marches

de ton pays natal.

 

A ton réveil

je me dis que la nature

n’a jamais été aussi belle

que pressée contre ton sein.

 

Dans mon manteau

d’herbes fraîche

j’ouvre les yeux.

 

A mes pieds

une brassée de routes,

 

Dans ma main

une poignée de rires.

.

 

 


Jean Tardieu – le dilemne


J’ai vu des barreaux
Je m’y suis heurté
C’était l’esprit pur
J’ai vu des poireaux
Je les ai mangé
C’était la nature
pas plus avancé!
Toujours des barreaux!
Toujours des poireaux.
Ah! que je voudrais
Laisser les poireaux
Derrière les barreaux
Et partir ailleurs
Parler d’autre chose.

peinture:            P Picasso               nature morte au crâne ,pichet,et poireaux         1945



Joan Mitchell – traces de la nature en moi


peinture: Joan Mitchell -Buckwheat 1982. Lennon Weinberg inc

« Je peins des paysages remémorés que j’emporte avec moi, ainsi que les souvenirs des sentiments qu’ils m’ont inspirés, qui sont bien sûr transformés. Je préférerais laisser la nature où elle est. Elle est assez belle comme ça. Je ne veux pas l’améliorer. Je ne veux certainement pas la refléter. Je préférerais peindre les traces qu’elle laisse en moi ».

peinture: Joan Mitchell

Joan Mitchell  est une  des représentantes  importantes de l’expressionisme  abstrait américain…  comme  Cy Tombly,  ses  grandes  surfaces  abondent  de gestes  graphiques  superposés, et de zones  très colorées,  souvent  proche  des peintures  de Claude Monet  ( en particulier  celles  visibles  au Musée Marmottan, à Paris), l’article  culturebox, sur le rapport  de Monet  avec l’abstraction, est explicité ici...

voila, extrait d’un catalogue  en ligne  édité par le musée des impressionistes de Giverny,  une  partie  de l’analyse  des polyptyques  de Joan Mitchell

….

Joan Mitchell est l’un des plus grands peintres abstraits du XXe siècle.
Entre 1950 et 1958, elle travaille et expose à New York aux côtés des
autres peintres expressionnistes abstraits comme Willem De Kooning,
Robert Motherwell et Jackson Pollock. Elle s’installe à Paris en 1959. En
1967, à la mort de sa mère, elle achète une maison à Vétheuil, à quelques
kilomètres seulement de Giverny, deux villages clés dans le développement
de l’art de Claude Monet.

La peinture abstraite qu’elle met au point, immense, lumineuse,
dynamique, fait profondément référence à la nature (comme en témoigne
les séries de La Grande Vallée, Les Tournesols ou encore les Champs), nature
qui entourait de toute part son atelier de Vétheuil, avec ses larges points de
vue sur la Seine.
Bien que Joan Mitchell ait toujours refusé que l’on compare ses peintures
avec l’oeuvre tardif de Claude Monet à Giverny, les deux artistes ont en
commun plusieurs préoccupations artist iques : l’ancrage de leur pratique
dans une incessante observation de la nature, leur intérêt optique pour la
couleur et la lumière, sans oublier la mise au point d’une surface picturale
monumentale et sans point de fuite, à la fois frontale et transparente.

[…]
A travers ses polyptyques, tout se passe comme si Joan Mitchell ne voulait
pas choisir : vivre à Vétheuil, et parler de paysages la rattachent à la
tradition impressionniste, manier la peinture avec autant de virulence que
de virtuosité fait d’elle une artiste moderne, la disposer sur une série de
panneaux monumentaux et disjoints, à jamais liés, à jamais séparés, c’est
accentuer sa théâtralité phénoménologique.
Concluons en nous penchant sur les titres des oeuvres et l’autre dimension
temporelle qu’ils suggèrent. On pourrait presque dire que le titre est un
panneau supplémentaire qui, conceptuellement, encadre et perturbe la
lecture, déjà hétérogène de l’oeuvre. C’est le cas par exemple des titres qui
font référence à la nature (Bleuets, Tilleuls, Champs) et qui conduisent
immanquablement à un exercice difficile et lui-même mouvant de lien
entre le tableau et son référent9.
Mais parlons aussi d’autres titres comme La Ligne de rupture, Salut Sally,
Mooring (Amarre), Posted, Salut Tom, Also Returned, La Vie en rose, The
Goodbye Door, Edrita Fried, Chez ma soeur, Then, Last Time, Before, Again
ou parmi les dernières toiles Encore ou Ici.
Ces titres et leur allusion plus ou moins explicite à la notion d’adieu
arrivent dans son oeuvre à peu près au moment de l’apparition des
polyptyques. Certains font directement référence à des personnes chères
disparues.

D’autres, plus abstraits, semblent évoquer le temps dans une
dimension intime, sa dimension mémorielle : la remontée en soi d’une
image du souvenir, dans sa continuité douloureuse avec le présent, dans sa
discontinuité fondamentale. Leur caractère mélancolique n’a que très peu à
voir avec l’énergie, la couleur, la sensualité, la présence visuelle intense des
tableaux, si ce n’est la ligne très fine de séparation des panneaux. —

Joan Mitchell: la grande vallée


Walter Benjamin – Klee, Kandinsky


peinture oeuvre de W Kandinsky

 

Klee, et surtout Kandinsky, sont depuis longtemps occupés à nous acclimater aux royaumes où le microscope nous entraîne avec une brusque violence, ces plantes agrandies
nous découvrent plutôt des « formes stylistiques » végétales. Dans la forme de crosse d’évêque de la fougère en aile d’autruche, dans la dauphinelle et la fleur de
la saxifrage, qui fait une deuxième fois honneur à son nom en rappelant les rosaces des cathédrales, on devine un parti pris * gothique.

peinture Kandinsky

 

Les prêles voisines montrent de très antiques formes de colonnes, les pousses dix fois
agrandies des châtaigniers et des érables des formes de totems et celle de l’aconit se déploie comme le corps
d’une danseuse touchée par la grâce. De ces calices et de ces feuilles, la nécessité intérieure de ces images jaillit vers nous et garde le dernier mot dans toutes les phases
et tous les stades — les métamorphoses — de la croissance.

Nous touchons là à l’une des formes les plus profondes et insondables de la création, la variante, qui a toujours été, avant toute autre, la forme du génie, des créations collectives et des créations de la nature.

Elle est la contradiction fertile, dialectique de l’invention : le   « natura non facit saltus »
.< La nature ne fait pas de saut ». La formule est, entre autres, reprise par
Leibniz, Nouveaux Essais sur l’entendement humain, dans Die
Philosophischen Schriften von G.W. Leibniz,

 

Une  série  de photographes  se sont intéressés  au développement  végétal  entre  autres  Karl Blossfeld, qui est très connu, mais  j’ai  choisi  de vous  en présenter  un qui l’est moins.

 

photographie: Antonio Gesmundo

 


Diderot – supplément au voyage de Bougainville ( extrait)


A. Qu’entendez­vous donc par des moeurs ?

B. J’entends une soumission générale et une conduite conséquente à des
lois bonnes ou mauvaises. Si les lois sont bonnes, les moeurs sont
bonnes ; si les lois sont mauvaises, les moeurs sont mauvaises ; si les
lois, bonnes ou mauvaises, ne sont point observées, la pire condition
d’une société, il n’y a point de moeurs. Or comment voulez­-vous que
les lois s’observent quand elles se contredisent ?

Parcourez l’histoire des siècles et des nations tant anciennes que modernes, et vous trouverez les hommes assujettis à trois codes, le code de la nature, le code civil, et le code religieux, et contraints d’enfreindre alternativement ces trois codes qui n’ont jamais été d’accord ; d’où il est arrivé qu’il n’y a eu dans aucune contrée,
comme Orou l’a deviné de la nôtre, ni homme, ni citoyen, ni religieux.

A. D’où vous conclurez, sans doute, qu’en fondant la morale sur les
rapports éternels, qui subsistent entre les hommes, la loi religieuse
devient peut­être superflue ; et que la loi civile ne doit être que
l’énonciation de la loi de nature.

B. Et cela, sous peine de multiplier les méchants, au lieu de faire
des bons.

dallage réalisé à partir de plume de paon, montage perso