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Erick Gaussens – René Chabrière – « romantiques 5 « 


Photo :  B. Monginoux /  www.photo-paysage.com (cc by-nc-nd)

 » à genoux devant ton icône »

Chemins de toutes les traces,
les miroirs de la ville
récitent l’alphabet aux carrefours
de la passion.
Cette ville ne rêvait de ses néons
que pour rire à gorge déployée :
de désir-nylon encombré de rose
sous le couvercle obscur de la nuit.
Bien sûr les étincelles se sont emparées des yeux,
mais plus éphémères que la musique et le sang
lui qui circule dans tes veines
sans que tu t’en aperçoives.
Le sourire de ton visage
a combattu les reflets factices
pour s’emparer de l’âme endormie :
c’est comme ça que tu m’as trouvé
à genoux, devant ton icône
dépossédé de mes larmes
avec mes souliers de pluie,
l’illusion des lambeaux nocturnes
d’une autre vie
quand la ville s’estompe
derrière ses draps de nuage…

RC

écho à Erick Gaussens

Devant la nuit qui dormait J’ai crié ton nom
Et rien ne s’est passé
Alors j’ai mis mes souliers
De nuages et de pluie
Et je me suis enfui

La ville s’oubliait
Dans un plaisir-néon
Dans un désir-nylon

Devant la nuit qui rêvait
Je me suis attendri
Et je l’ai recouverte du drap de ton rire

Alors ses nuages bleus
Se couvrirent d’étincelles
Et d’images tremblantes

La ville s’estompa
En brouillard factice
En fragile illusion

Devant la nuit qui criait
Je suis tombé à genoux
Les larmes à la main

Alors dans un sourire
Qui ressemblait au tien
La nuit s’est rendormie

(c) Erick Gaussens Hillwater


Hugo Le Maltais – Matricule des anges


photo RC de l’île Tioman

A l’heure où s’endorment les pigeons
La lumière se recroqueville,
Au creux humide de la nuit.

Carlingue de lune,
Sur un ciel de rouille bleue

Sous les néons électriques
Les naufragés s’entassent
Entre la chaleur d’un grec et
Les vapeurs
D’une 8-6

Les dieux nocturnes
Ont des enseignes lumineuses
Sex-shop, doner kebab et
Pharmacie de garde.

Les oies sauvages piquent vers le sud
Le feu crépite
Un verre de porto blanc à la main,
Je m’absente du monde.

(J’ai égorgé la nuit, qui s’est répandue dans une aurore écarlate…)


Du blues, et une nuit toute blanche – ( RC )


 

 

 

192523-- blue light.jpg

Je traverse une nuit toute blanche
qui a l’allure d’un vieux blues
où dansent quelques idées
à côté des poubelles.

C’est-il de me réveiller sur le pavé,
en côtoyant des bouteilles vides
et les flaques où se reflètent
les néons des boîtes à strip-tease ?

Des mots me viennent
et apprivoisent des blessures anciennes
quand je me redresse d’un pas mal assuré
en faisant quelques mètres,      plutôt syncopés.

Ce sont des vieux rythmes
qui me bandent la tête,
alors que je m’efforce de traverser
cette nuit de blues,              toute blanche.

 

RC-  avr  2020


le prunier touchera bientôt terre – ( RC )


Résultat de recherche d'images pour "mondrian arbre"peinture : Piet Mondrian

 

Les nuages ruent
à la façon de chevaux se cabrant
sur le soir qui s’en va
et se brodent d’or.

Si c’est l’agonie du jour
et le vent debout
          tout semble se confondre
dans des bribes d’histoire

comme des photos
virant au sépia
         les oiseaux décrochés
d’un ciel en grumeaux.

L’herbe ici;      venue en premier plan
importe plus que les murailles
de la ville et les néons
                clignotant .

C’est une question de mise au point
             le proche et le lointain
ne se mettent pas d’accord
— peut-être le photographe

a regardé au plus près
le jardin
qui se laisse aller .
Les buissons ont débordé

             sur les allées
les lourds arrosoirs
ont cessé leur ballet
à la mort du grand-père

le prunier mal taillé
s’est penché pour soupirer
sous les premières pluies d’automne ;
il touchera bientôt terre.


RC – août 2017


Le périmètre, qui maintient l’étranger à distance – ( RC )


October 1941. "White Tower hamburger stand, the popular place in Amsterdam, New York.":

                              photo: junipergallery.com

 

Je m’installe  à une  table.
Elle  est très longue
il y a des traînées de bière  qui brillent ;
les bancs  sont des barres  revêches,
sous des néons  verdâtres;
c’est dans un quartier populaire de Prague ;
un groupe  d’ouvriers, aux  vestes  matelassées, 

s’assoit.
il fait froid dehors ;
des trams fatigués scindent un espace de brume,
on voit jusqu’au terre-plein au centre de l’avenue,
avec des herbes  roussies  qui s’obstinent .

Ici, le carrelage  s’essaie à la géométrie
sombrant  dans des zones  où le ciment  le nivelle.
L’ordonnance  des panneaux où les spécialités
locales, sont alignées  en colonnes,
est contredite, par un nuage échappé
d’une huile de friture, quelque part dans la cuisine .

Je pense  à d’autres  endroits ;
L’ailleurs  des quartiers  des ports,
l’odeur  persistante  du mazout,
et  toujours  le périmètre,
qui maintient  l’étranger  à distance .
Il faut du temps ,pour  secouer
le manteau de solitude,
au milieu de quelques plantes  maigres,
qui, elles  aussi,
ne semblent pas à leur place.


RC –  janv 2015


Ne rien saisir – ( RC )


photo: Jens Schott Knudsen.

 

Chercher et ne rien saisir…
Suivre un chemin, qui se déroule.
N’étant pas une voie tracée.
Bordée de signes semblent nous être destinés.

En fait c’est un langage qui ne s’adresse pas à soi.
Pas à soi en tant que personne…
Un bavardage qui prolifère, et dans les néons, et dans les annonces.
Une voix chuchotante, qui dissimule sa violence
sous l’amabilité, le jovial.
On peut toujours saisir ce qui nous est tendu, offert.
C’est d’abondance,
mais c’est courir le risque du leurre renouvelé.

Il n’y a de vraisemblance qu’à fermer ses yeux ( et donc n’en rien saisir),
la lumière ne s’accrochant aux choses
que pour mieux en cacher l’ombre .
Ainsi Ulysse continue son voyage
en restant sourd au chant des sirènes.

L’éclat des jeux des lumières, les fanfares pour toute occasion
peuvent poursuivre.

Je ne les écoute pas.

 

RC


D’autres villes – ( RC )


 

peinture:              James Whistler –                  Valparaiso nocturne          en bleu et or.

 
Pendant la nuit,      qui s’enfonce entre violet et silence,
Clignotent encore        quelques néons,
Leur reflet alternativement vert et jaune
Sur l’asphalte mouillée.                             Têtus.
Les baraques du chantier du port, désertées.

Et au loin le flux chuintant des voitures,
Les boucles de l’échangeur éclairées d’orange.
Cependant les nuages sournois masquent alternativement une lune.
Un oeil fixe,                                    cloué là haut.
Il nous dit la présence solaire,      – ailleurs.

Ailleurs à l’opposé de la terre.
Sous d’autres climats.
Avec d’autres langues.
Mais,        la même course du jour,
Se déplaçant    comme une vague.

D’autres villes,  s’enfonçant bientôt,
Entre le violet et le silence …
Et le clapotis des flots.
Alors qu’ici s’annoncera l’aube ,
Sur un jour recommencé.

Les immeubles seront encore au même endroit.
A l’assaut des colllines.
Les grues pourront reprendre  leur ballet.
L’oeil fixe de la lune ,            s’est effacé,
Discrètement,                dans la brume .

 

RC  –  mars  2014


Tu verras bien au loin ( RC )


peinture: James Rosenquist  -The Light That Won't Fail

peinture: James Rosenquist -The Light That Won’t Fail

Tu verras bien  au loin ,
les temps  qui s’abîment,

Les photos  qui noircissent
Et le goût du vin,
Que l’on boit sans plaisir
Attablé au comptoir, Les journaux  de la veille
Une coupelle presque vide.
Le sel poudreux,
Et quelques  cacahuètes  qui traînent.

Ils sont une demi-douzaine  de seuls
A ne savoir quoi faire de leur regard,
Alors ils errent, sur la télé du bar
Et les infos sommaires qui défilent
Sur les  évènements de la journée
En lettres blanches qui s’égarent.

J’ai beau m’envelopper
Dans mon manteau humide

Les carreaux  tristes,
Livrés aux  courant d’air
Dialoguent à l’envers
Des couleurs des néons
De la pub, qui vante
Le nouvel apéro.

Encore deux heures à tuer,
Avant le prochain départ.
Trois rues à parcourir,
Pour atteindre la gare.

RC – 11 et 20 mars 2013

 

 


Sur les étagères de l’ Expérience ( RC )


Sur les étagères,
Parmi les instruments de la fin du siècle dernier
Figurent  , des témoins  d’expérience,
Des éprouvettes, des tubes  et des cornues,
Et des objets de bois et laiton,
Qui ont perdu leur  éclat,

Puis un peu plus haut
En rang d’oignons, bien rangés,
Une série  de bocaux,
Où s’alignent dans un liquide  épaissi,
Une lignée de cerveaux
– en épaisses circonvolutions..

Sans  doute  de grands  esprits
Les habitués du laboratoire
Qui       réfléchissent encore
…..Comme ils regrettent
A leur semblant de corps
– ou bien ils s’en passent –

Mais encore,  se prélassent
Derrière leurs parois de verre
Lisses,       mais aux reflets
Epaissis  de poussière
De décennies  d’hiers
( sur les étagères).

Peut-être  qu’habillés d’un peu de chair,
Et même davantage
On reconnaîtrait leur propriétaire
Et on lirait aussi , sur leur lèvres molles,
La traduction              d’un message
—–>  A travers le formol.

Leur présence suspendue
Dans leur  aquarium
Ils semblent,             la bouche de silence
Ouverte                                en un cri tendu,
– Mais muet – ,  vouloir nous communiquer
Leur existence,         …. qui en est restée

Pour de belles  années
Sous les néons bleutés
Et les carreaux  blancs
Ceux  d’un autre temps
Quelque part arrêtée ,    une part d’enfance
Faisant rimer la science, avec l’   « Expérience »

RC  – 16 novembre  2012

photo: Rich, visible ( avec d’autres sur cette page)