publicité ( sans le texte ) de Christian Dior, modif perso
Après les lendemains de fête, voilà que s’apprêtent les mains qui sortent de l’ombre tenant un petit pot de vernis en équilibre sur deux phalanges, car les squelettes ont toujours envie de vernis à ongles. parce qu’ils ont cette coutume étrange de pousser encore, longtemps après la mort ; personne n’aurait l’idée de raboter des serres aiguisées…
Autant se faire une beauté, ( déjà la bague ne jette plus d’éclats ) : il n’y a plus de soleil en bas, ou bien c’est un astre noir enfoui dans la terre, qu’on ne peut pas voir :
Un léger maquillage ne peut vous faire ombrage on ne sait plus très bien si çà sert : Oublié le rouge à lèvres des noces funèbres ! nous nous contenterons d’un autre décor
je peindrais bien votre main en or – , mais les ongles en noir,
( je suis sûr que ça entretient l’espoir… Acceptez cet auguste geste pour une vie future… Vous avez de beaux restes, je vous l’assure ! )…
Je n’aurai pas grand-chose et ce sera beaucoup J’aurai dedans ma barque des gibiers et des fleurs Des agapanthes bleues des baisers dans le cou Une veine battante pour l’artère des chœurs Des chants à perdre haleine dans la laine bergère Qu’un souffle de printemps vient renaître par l’eau
Pour une aire de soleil et un sourire de frère Qui sait me recueillir au chagrin du sanglot Venez ici le jour est une aube fertile Les nuages du ciel sont des cygnes si blancs Qu’on dirait que les mois s’appellent tous avril Et qu’un baiser de braise s’est assis sur un banc
Un banc de fruits vermeils et de levers charmés Par un bruit de marées et de sables venus Pour le marin perdu et le port arrimé Jusqu’aux jetées gagnées et le phare des nues Je n’aurai pas grand-chose et ce sera beaucoup
Un air de noces claires par la source des vents Une graine posée dans le terreau par où Ma nuit s’est maquillée et desserre les dents Sa candeur vermillon a des lèvres de fruits Et ses seins contre moi sont un tissu de cœur Qui serrent à mourir comme on sert à minuit Aux cuivres des saxos des goulées de clameurs
Quelques mots que je sais hors les dictionnaires Sans besoin de version pour perdre le latin La toile rouge et noire et l’absinthe ouvrière Et les tournées gratuites que servent des quatrains Des dimanches de soie et d’oiselles moqueuses
Des demoiselles folles aux guêpières ouvertes Quand le temps est à rire sur des berges heureuses Pour se coucher sans gêne à même l’herbe verte Je n’aurai pas grand-chose et ce sera beaucoup Pour les enfants malades et leurs plumes égarées Je veux qu’ils dorment au chaud en leur toile cachou Que leurs souliers de cuir leur soient dûment ferrés Qu’ils jouent à perdre haleine aux hochets rigolos Et que le soir venu je relève leurs draps Pour la dernière goulée d’un verre de vin chaud Dans un tendre soupir aux caresses de chat Que les faveurs des flots nous portent des voyages
Au plus loin de l’ivresse et des danses de feux Pour ces gamins heureux jusqu’au bout de leur âge Dans des pays nouveaux sans la larme des yeux Bien loin sont les faïences aux halos scialytiques Bien loin restent les fièvres et les terreurs passées
Je veux ma barque douce pour unique viatique Chargée d’éclats de rires et d’énormes baisers …
Nous avons enfoui l’éclat de noces
En ce bord du haut fleuve,
Et la terre tourne au seul vertige
De notre amour.
Les crues vont sonner l’alerte contre l’arbre
Où l’oiseau des sables sous la feuillée
N’est plus que son propre cri.
Quelques lampées d’eau ne peuvent éteindre
Le feu du cœur.
Tu es le seul pâturage qui me reste,
Étends ton corps comme l’herbe des champs,
Que j’y conduise le troupeau de mes désirs.