Norge – En forêt
La fille au garçon
Parlait de façon
Si douce.
On dirait sous bois
Un petit patois
De source.
La main jeune d’elle
En celle de lui
Gîtant
Si frêle en son nid,
C’est une hirondelle-
Enfant.
Le meilleur de Dieu,
Des temps et des lieux,
C’est eux.
Ineffable, étrange
Façon loin des cieux
D’être anges.
Ne bougez plus, même
Pour baiser leur front,
Comètes.
Ça vaut bien la peine
Que les choses rondes
S’arrêtent !
J’exagère ? Ô doux,
Ce lit de fougères,
C’est tout !
Cet heureux cénacle
Est le seul miracle
Au monde.
L’amie et l’amant,
Tout le firmament
Autour !
Grondez-le, tambours :
On ne vit que pour
L’amour !
Norge – Théâtre
photo Simon Gosselin pour le théâtre des Célestins – Lyon « La vie de Galilée »
—
Un seul personnage dans cette pièce : le silence.
Il est immobile.
Soudain, un second personnage : le temps.
Immobile aussi.
Et pour tout dire : assommant
On entendrait se moucher un voleur.
Et c’est alors qu’entre l’Ennui, gesticulant grimaçant
comme un fantoche pour amuser enfin les spectateurs.
Norge – Petit clairon
Petit clairon de modeste note
Tu t’égosilles dans le matin,
Dis-moi, petit clairon de parlote
Dis-moi pourquoi tu as du chagrin.
Dis-moi pourquoi, clairon de faubourg
Ton fa dièse a tant de détresse,
Dis-moi si c’est le nord qui te blesse
Ou si ton mal est un mal d’amour.
Petit museau musant grêle et froid,
Comment fais-tu pour chanter en berne
Et pour jeter de si peu de voix
Tant de clairon sur tant de caserne ?
Tu te plains trop dans la noire cour,
Petit clairon de petite race.
Dis-moi si c’est le nord qui te glace
Ou si ton mal est un mal d’amour ?
–
NORGE « Le Gros gibier » (Seghers)
Intermezzo