Nâzim Hikmet -Un étrange sentiment-

«Le prunier de Damas est en fleurs,
– C’est l’abricotier qui fleurit le premier
– le prunier de Damas le dernier –
Mon amour,
sur le gazon
agenouillons-nous
face à face.
L’air est clair et savoureux
– mais il ne fait pas encore très chaud –
l’écorce de l’amande
verte et couverte de duvet
n’a pas encore durci…
Nous sommes heureux
parce que nous sommes encore en vie.
Nous serions morts depuis belle lurette
si tu te trouvais à Londres
et moi à Tobrouk ou sur un cargo anglais…
Mon amour,
pose tes mains sur tes genoux
– tes poignets sont épais et blancs
la paume gauche ouverte.
La lumière du soleil est dans ta paume
pareille à un abricot…
Parmi les morts de l’attaque aérienne d’hier
cent avaient moins de cinq ans,
et vingt-quatre tétaient encore…
Mon amour,
j’adore la couleur du grain de grenade
– grain de grenade, grain de lumière –
du melon j’aime le parfum de la prune l’aigre-doux…»
…..un jour de pluie
loin des fruits loin de toi
– pas un arbre fleuri
il est même possible qu’il neige –
dans la prison de Bursa
en proie à un étrange sentiment
et à une terrible colère,
ces vers, je les écris envers et contre tout
pour me narguer moi-même
et ceux que j’aime.
7 février 1941
Nostalgie
éditions Fata Morgana
Jacques Réda – Septembre –

.
Ce qui se lève tout à coup dans la lumière, annonçant l’automne ;
Et ce vent des jours oubliés flottant comme une pèlerine ;
Et ces arbres appareillant non vers la neige ou les brouillards déjà sous les collines,
Mais vers la mer intérieure où le ciel se déploie
Et dans un ciel plus haut comme un drapeau fragile se déchire,
Arbres rentrant au port enfin, feux rallumés en autrefois.
(Autrefois reste la patrie.
Mais de nouveau septembre ici
Ramène la halte du ciel et des arbres d’automne
En vain : nous ne reviendrons pas,
Bien que cette clarté se lève encore sur les bois
Et submerge les prés où nos pas ne couchent plus l’herbe
Ayant ce peu de poids des morts et de leur nostalgie.)
.
.
Amen, Récitatif, La tourne
Poésie Gallimard
Yves Bonnefoy – La voix lointaine (IV)

Et la vie a passé, mais te garda
Vive mon illusion, de ces mains savantes
Qui trient parmi les souvenirs, qui en recousent
Presque invisiblement les déchirures.
Sauf : que faire de ce lambeau d’étoffe rouge ?
On le trouve dans sa mémoire quand on déplace
Les années, les images ; et, brusques, des larmes
Montent, et l’on se tait dans ses mots d’autrefois.
Parler, presque chanter, avoir rêvé
De plus même que la musique, puis se taire
Comme l’enfant qu’envahit le chagrin
Et qui se mord la lèvre, et se détourne.
Les planches courbes
nrf
Poésie /Gallimard
Bohuslav Reynek – Papillons d’automne

Wols – Aile de papillon
Papillons d’automne
Derrière les murs et les clôtures,
papillons d’automne,
ensemble, nous étions blottis
et nous vivions de nostalgie.
Derrière les murs et les clôtures,
derniers papillons,
nous étions à l’abri du vent,
bercés d’espoirs de solitude.
Sur les paumes de l’automne,
mystérieux papillons,
vous aviez dans le silence
des éclats d’or et rougeoyants
Volez une dernière fois,
papillons d’automne,
brillez encore pour le désir
ensorcelé parmi les ombres…
Papillons d’automne
Traduit par Benoit Meunier
Ed Romarin
Les amis de Suzanne Renaud et Bohuslav Reynek
René Depestre – Nostalgie

Myrtha HALL – Joueur de bambou 2001
Ce n’est pas encore l’aube dans la maison
la nostalgie est couchée à mes côtés
elle dort, elle reprend des forces
ça fatigue beaucoup la compagnie
d’un nègre rebelle et romantique.
Elle a quinze ans, ou mille ans,
ou elle vient seulement de naître
et c’est son premier sommeil
sous le même toit que mon sang
Depuis quinze ans ou depuis trois siècles
je me lève sans pouvoir parler
la langue de mon peuple,
sans le bonjour de ses dieux païens
sans le goût de son pain de manioc
sans l’odeur de son café du petit matin
je me réveille loin de mes racines
loin de mon enfance
loin de ma propre vie.
Depuis quinze ans ou depuis que mon sang
traversa en pleurant la mer
la première vie que je salue à mon réveil
c’est l’inconnue au front très pur
qui deviendra un jour aveugle
à force d’user ses yeux verts
à compter les trésors qu’on m’a volés.
La Havane Octobre 1963
Un été indien de la parole (2002)
Points
Sanguine – (Susanne Derève)

Henri Le Sidaner – Les maisons sur la rivière
Te souviens-tu d’un certain soir
où la pierre comme une sanguine
luisait des derniers feux du jour
Où blottie dans tes bras
j’aurais voulu te dire l’amour
pareil à ces façades
comme un visage offert
au regard de l’amant
et qu’alentour tout semble fade
Mais déjà tu lâchais négligemment
ma main tu remontais l’allée
empruntais le chemin
sans plus te retourner
Je refermais sur mes genoux
le livre ouvert qui disait que tout passe
qu’il faut être jaloux d’en conserver la trace
brûlante comme un fer
Brouillard – (Susanne Derève)

Alexandre Hollan – Arbres, vies silencieuses
Brouillard juste sentir
ne pas écarter le rideau
ne pas voir
ou c’est un abîme
qui s’ouvre
comme si les mots avaient pris chair
que devant la chair tout s’efface
la vie un puzzle
une nasse
Qui pourrait croire qu’on raconte
une histoire linéaire
qu’on tait les fausses routes
les impasses
avec ce qu’elle ont pesé de leur poids
de pierre
d’amours déchues
de guerres lasses
de celles qu’on a perdues
sans même porter le fer
sans combattre
qu’on panse comme des plaies
vivaces
Brouillard amère ritournelle
huis clos d’une pluie d’été
les notes virent sur elles-mêmes
avant de s’effondrer
dans un dernier sanglot
d’où renaîtrait le rire
un accord qui s’éteint
un rideau que l’on tire
Evadé de l’enfance – (Susanne Derève)

FX Lalanne Oiseau bleu
On voudrait encore en démêler l’écheveau
quand il faut simplement s’en défaire
de ces visages aux yeux fermés
qu’on abandonne qu’on remise
aux champs clos du passé
des portes qu’on referme
et de ces puits murés
secs
– le sont-ils tout à fait –
Il y a un seau jeté
dans l’herbe
qui tinte contre mon pied
et l’éclat du fer blanc
un sourire évadé
de l’enfance
la courbe d’un bras nu
le halètement d’une gorge,
ténu
le chemin de la corde usée
le treuil grince je l’entends
gémir au-delà des années
Il y a ce matin un bouvreuil perché
sur la margelle
à pépier s’ébrouer d’un œil vif
et sitôt envolé
moi qui ne savais plus hier
que ce verbe éculé, ces mots blancs
je me surprends à fredonner
l’instant
comme l’éveil se déleste des rêves
comme fondent les neiges
au printemps
visages
que j’abandonne aux étoffes du temps
Entre-deux ( Susanne Derève)
Milton Avery (Green Sea)
Les étoiles naissent-elles pour nourrir
les rêves
de ceux qui se déploient
dans des enclaves de bord de mer
gardées du vent et des regards
hors des dérives buissonnières,
hors le temps,
nés d’un hasard chanceux
d’une bonne fortune
un entre-deux libre d’entraves
comme on saute à cloche pied
les chemins creux les dunes
qu’on est heureux sans le savoir
j’ai arpenté des terres nues
autrefois
qui n’étaient ni des couleurs
ni des recoins du ciel
où les fleurs se déploient
sillonné la glaise des jours
et des friches privées d’amour
où le mot dérisoire effleurait
le contour
de souffrances trop lisses
qui craquent sous les doigts
comme cèderait la glace
sous le corps qui se noie
une retraite où l’on se terre
et les étoiles ne brillent pas si fort
qu’on puisse s’en extraire
La nuit venue est-il encore si sûr
qu’elles nourrissent les rêves
peut-être bien qu’à trop briller
un beau matin elles les achèvent
Guy Goffette – le jardin d’enfance
dessin – association du clos du Nid, Lozère
Peuplé de voix et de couleurs,
le jardin d’enfance persiste en nous,
royal malgré la chute et l’exil du roi ;
il rafraîchit les déserts traversés de l’âge,
rattrape l’aveugle dans la musique,
le sourd dans la contemplation.
Toujours ce qui manque à nos vies,
cet innommable vide tout à coup derrière la nuque,
qui nous remplit de regrets, de remords,
de nostalgie, toujours a la forme d’un jardin.
La vie devant nous- (Susanne Derève)
Tollef Runquist- Landscapes
On a la vie devant nous
les matins de branches mouillées
les clés du temple les aurores
la chair dorée des prunes d’Ente
les chaises qu’on laisse dehors
qu’il fasse soleil ou qu’il vente
On a la vie devant nous
le petit kiosque à musique
et le piano désaccordé
près du vieux banc mélancolique
des roses aux premières gelées
On a la vie devant nous
et du bois dans la cheminée
Dans la serrure du temple
suffit de tourner la clé
pousser la porte et qu’on y entre
pour rêver
qu’on a la vie devant nous
et pour peu qu’on soit somnambule
ou que la raison bascule
on y croirait
Marc LE GROS – Mémoires de basse
Paul Sérusier – Bord de mer au Pouldu
II
Puisque rien n’est écrit
D’avance et
Qu’il ne reste que des restes
Après tout
Quelques couleurs à mettre sur le jour
Un peu de voix à faire entrer
Dans le bond des grèves
On est là
Dans la fraicheur qui déteint sur nos mains
Nos yeux ne prennent plus l’eau
Depuis longtemps
Et quand l’un après l’autre les oiseaux
Passent au blanc
Le vent seul nous donne l’heure
On ne répond plus
LXVII
On arpente le bas flot tous les deux
Les yeux frottés
Aux mues vives des marées
De ma pâleur à ton visage d’ailleurs
Il n’y a plus très loin
C’est ma mémoire que tu blanchis
Et quand au bord le plus léger
Le plus mince de nous-mêmes
La lumière doucement touche
A sa fin
On est comme ces anomies
Sur les grèves
Ces fines pelures nacrées
Transparentes à peine comme l’air du temps qui passe
On y passe aussi on court même
Chaque fois
On y laisse sa peau
MEMOIRES DE BASSE – Calligrammes – 1987
Franchi le seuil – (Susanne Dereve)
Assunta Genovesio – Atelier – 2009
Pousser la porte la main tremble
Franchi le seuil
le pas hésite enjambe l’unique marche usée
On ne sait rien des années
de ces heures érodées
comme les sédiments d’une très ancienne histoire
muets
enténébrés d’absence
La pièce respire encore de la pénombre
du silence
à peine un souffle serpentin ondoyant dans les filets
de la mémoire
les housses blanches et la lumière blonde
sur le chevet terni révélant la poussière
un éternel Dimanche
le dernier grain de vie
Dans la frêle réverbération du miroir
discerne-t-on encore l’écho d’une présence
moins qu’une étincelle
un voile masquant la brume lumineuse d’été
– et lorsqu’ elle se déchire on est presque étonné
d’y voir percer le ciel
d’un doux bleu de faïence
d’un vide de dentelle ou de pierre
un chapiteau roman
un cimetière champêtre dormant
à flanc de crête
embrassant la vallée indolente d’un œil aveugle
compassé –
Alors on referme la porte doucement
– on prend soin de ne pas soulever la poussière –
Peut-être les vieilles souffrances implorent-elles
seulement une prière
pour mourir au matin on les couche
comme on irait le faire d’un enfant chagrin
on n’est venu chercher ce que la vie porte de deuil
que pour aller en paix suivre d’autres chemins
Din Mehmeti – Naissance
peinture: étude de nuages – John Constable
Les nuages se donnent la charge,
tels une armée d’enragés.
D’en haut et d’en bas
descendent ou montent des monstres
de tous âges.
Les cloches se brisent quand divorcent les idéaux.
Mais cette cité que vous trouverez
toujours en état de veille
et l’ombre des arbres monte la garde
sur les ponts jetés par-dessus le sang des veines.
Je suis vivant,
debout sur mes jambes.
Quelque chose aspire l’âme
une chose est en train de naître.
Nos yeux sauront la voir.
Passent et repassent mes nostalgies.
Din Mehmeti est un auteur d’origine albanaise. Il vit au Kosovo. voir son ouvrage » il est temps «
Qui chante là-bas ? – ( RC )
–
image extraite du film « qui chante là-bas » de Slobodan Sijan
Je me souviens de l’ex-Yougoslavie
des plaines, de la nostalgie,
de la chanson d’un violon navigant dans le ciel,
et les airs de danse traditionnels.
– Il y a des airs que l’on n’apprend pas,
ils traversent les saisons,
et à travers leurs chansons,
on se demande : » qui chante là-bas ? « .
C’est une musique qui traverse les hivers,
passant outre massacres horreurs
elle triomphe de la mort
et des taches sombres de la guerre
Passant sans encombre par-dessus les frontières .
Entends-tu encore la mélodie ?
celle qui nous dit que la vie
continuera , par-delà les tombes et les cimetières .
–
RC – aout 2018
Guillevic – Chanson
Nicolas DE STAEL Etude de nu,
N’était peut-être pas venue,
Quand tu croyais l’avoir tenue.
N’était peut-être jamais née,
Ton souvenir, ton épousée,
Etait peut-être dans tes bras,
Lorsque tu la pleurais tout bas.
Avait peut-être un corps tout chaud,
C’était pour toi, c’était trop beau.
Avait peut-être deux regards,
L’un pour t’aimer, l’autre pour quoi ?
N’était peut-être que douceur,
Quand c’était toi craignant ton cœur.
A peut-être saigné ton sang
Pour que tu sois cet innocent.
Peut-être née, peut-être morte,
Pour que tes jours, tes nuits la portent.
Peut-être t’aura tant aimé
Que jamais ne s’en est allée.
Est restée, si elle est venue,
Et contre toi se serre nue.
Sphère (Chansons) Poésie Gallimard
Hasards (Susanne Derève)
L’arbre rouge, 1909 (Piet Mondrian, 1872-1944)
Pourquoi donc ce bois mort
cet autre a résisté au gel
Pourquoi ce ciel de fin d’après-midi
soleil après la pluie la course
des nuages leur froid baiser
de bruine aux oiseaux de passage
Pourquoi mes roses hachées de grêle
et les tiennes épargnées était-ce
que ce vieux mur les tenait à l’abri
du vent ou le fruit du hasard
celui qui m’avait fait t’aimer
un jour et en payer le prix
et puis ne plus t’aimer
un matin on s’éveille transi
et l’amour n’est plus qu’un bois mort
entre des bras meurtris
un fruit tavelé un remords
Il ne reste qu’à fuir à temps
– avant – d’avoir gâché
ce qu’on a pu sauver de la grêle
et du vent
et ne rien emporter
L’arbre gris, 1911 (Piet Mondrian, 1872-1944)
… qu’un regret du printemps
Lucie Taïeb – Nous ne reviendrons plus ici
nous ne reviendrons plus ici nous n’avons plus les clefs c’est aussi bien ce lieu n’était plus adapté à la fatigue croissante. rien ne me manquera sinon ce que je voyais au matin depuis mon lit par la fenêtre mansardée un fragment d’arbre conifère. les lieux nous oublient et nous hantent sans nostalgie ils sont heureux et nous errons de halte en halte à demander « où sont nos morts » à des gens qui ne les ont jamais connus. Si je savais qui de mon cœur ou de ma tête me joue ce tour de garder souvenir de ce que mon regard ne pourra plus saisir d’un coup sec et sans remords, je l’arracherais comme un organe inutile, qui trouble vainement le repos de mon âme, et autres effets indésirables.
Ne pas fermer, et conserver à l’abri de la poussière – ( RC
–
–
Tourner le dos au miroir,
La défaite du corps,
Retourner dans soi-même,
Sur un chemin parcouru,
Eviter la nostalgie,
Ajouter deux cuillers de sel,
S’embarquer pour un voyage,
Pour inventer le futur,
Oser le pas dans le vide .
Il n’y a pas que le réel,
Qui nous soutient,
Encore faut-il y croire.
–
Ne pas fermer et conserver,
à l’abri de la poussière.
Deux femmes en chapeau et leur enfant – (RC )

peinture: Claude Monet, les coquelicots d’Argenteuil – 1873, Musée d’Orsay Paris
–
– Deux femmes en chapeau et leur enfant,
Dans une peinture de Monet
D’une musique légère et virevoltante,
Chasse aux papillons, parmi les hautes herbes,
Une fenêtre ouverte sur le beau temps,
Mais rétrécie par le cadre lourd,
Des dorures inutiles,
–
Il fait chaud dans ce musée,
Les gens se pressent, dans l’exposition,
Les pas résonnent, sur le parquet verni,
Et sous la verrière, on voit des nuages gris,
Qui parlent de la ville,
Des immeubles qui se pressent,
Et des rues revêches, et des passants en imperméables.
–
La fenêtre de l’insouciance,
Ouvre sur la campagne.
Elle est riante, et tourne le dos,
Aux nouvelles des journaux,
A l’ère industrielle, qui s’étend,
Aux fumées des usines,
Envahissant bientôt l’horizon.
–
La campagne est riante,
C’est bien sûr le printemps,
Elle sonne , comme nostalgie,
D’un paradis perdu,
Oubliant les songes noirs,
Les anges qui blasphèment,
Et les grondements des avions.
–
Deux femmes en chapeau et leur enfant,
Dans une pente douce….
Il y a une musique légère, en robes longues
Des pianistes aux jambes fines et doigts d’araignées,
… C’est juste avant la ville,
( Enfin, quand je sors du musée,
Pour reprendre le métro ).
–
RC – 7 septembre 2013
–
Olga Alexandra Diaconu – Mon silence est le point d’appui de l’incertitude
de l’incertitude,
est un silence caché
dans la nostalgie de mon âmeDes retours d’oiseaux
m’élancent dans la nostalgie
de l’après-midiIndécise entre terre et ciel,
je suis le fruit avec toutes les semences,
et l’arbre aveugle de l’univers vivant.
Else Lasker- Schüler – Fin du monde

peinture: William Blake : le cercle de la luxure ( amants damnés) Francesca Da-Rimini et Paolo Malatesta, d’après la Divine Comédie de Dante
Il est des larmes dans le monde
Comme si le bon dieu était mort
Et l’ombre de plomb qui tombe
Pèse du poids du tombeau.
Viens, cachons-nous plus près…
La vie gît dans tous les coeurs
Comme en des cercueils.
O! Embrassons-nous profondément.
Au monde frappe une nostalgie
Dont il nous faudra mourir.
(Weltende, 1917)
–