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Articles tagués “nostalgie

Nâzim Hikmet -Un étrange sentiment-


Vincent Van Gogh – Verger de pruniers à fleurs –

 

«Le prunier de Damas est en fleurs,

 

– C’est l’abricotier qui fleurit le premier

– le prunier de Damas le dernier –

 

Mon amour,

sur le gazon

agenouillons-nous

face à face.

L’air est clair et savoureux

– mais il ne fait pas encore très chaud –

l’écorce de l’amande

                verte et couverte de duvet

                               n’a pas encore durci…

Nous sommes heureux

parce que nous sommes encore en vie.

Nous serions morts depuis belle lurette

si tu te trouvais à Londres

et moi à Tobrouk ou sur un cargo anglais…

Mon amour,

pose tes mains sur tes genoux

– tes poignets sont épais et blancs

la paume gauche ouverte.

La lumière du soleil est dans ta paume

pareille à un abricot…

Parmi les morts de l’attaque aérienne d’hier

cent avaient moins de cinq ans,

et vingt-quatre tétaient encore…

 

Mon amour,

j’adore la couleur du grain de grenade

– grain de grenade, grain de lumière –

du melon j’aime le parfum de la prune l’aigre-doux…»

…..un jour de pluie

loin des fruits loin de toi

– pas un arbre fleuri

il est même possible qu’il neige –

dans la prison de Bursa

 

en proie à un étrange sentiment

et à une terrible colère,

ces vers, je les écris envers et contre tout

pour me narguer moi-même

et ceux que j’aime.

                                                                              7 février 1941

 

Nostalgie 

éditions Fata Morgana


Jacques Réda – Septembre –


Edouard Vuillard – La Muette – The sprinkler-

.

Ce qui se lève tout à coup dans la lumière, annonçant l’automne ;
Et ce vent des jours oubliés flottant comme une pèlerine ;
Et ces arbres appareillant non vers la neige ou les brouillards déjà sous les collines,
Mais vers la mer intérieure où le ciel se déploie
Et dans un ciel plus haut comme un drapeau fragile se déchire,
Arbres rentrant au port enfin, feux rallumés en autrefois.
(Autrefois reste la patrie.
Mais de nouveau septembre ici
Ramène la halte du ciel et des arbres d’automne
En vain : nous ne reviendrons pas,
Bien que cette clarté se lève encore sur les bois
Et submerge les prés où nos pas ne couchent plus l’herbe
Ayant ce peu de poids des morts et de leur nostalgie.)

.

.

Amen, Récitatif, La tourne

Poésie Gallimard


Yves Bonnefoy – La voix lointaine (IV)


Antoni Tàpies (Cadira i roba)

 

 

Et la vie a passé, mais te garda

Vive mon illusion, de ces mains savantes

Qui trient parmi les souvenirs, qui en recousent

Presque invisiblement les déchirures.

 

Sauf : que faire de ce lambeau d’étoffe rouge ?

On le trouve dans sa mémoire quand on déplace

Les années, les images ; et, brusques, des larmes

Montent, et l’on se tait dans ses mots d’autrefois.

 

Parler, presque chanter, avoir rêvé

De plus même que la musique, puis se taire

Comme l’enfant qu’envahit le chagrin

Et qui se mord la lèvre, et se détourne.

 

 

 

Les planches courbes

nrf

Poésie /Gallimard


Bohuslav Reynek – Papillons d’automne


 

Wols (Alfred Otto Wolfgang Schulze 2

    Wols – Aile de papillon 

 

 

Papillons d’automne

Derrière les murs et les clôtures,

papillons d’automne,

ensemble, nous étions blottis

et nous vivions de nostalgie.

 

Derrière les murs et les clôtures,

derniers papillons,

nous étions à l’abri du vent,

bercés d’espoirs de solitude.

 

Sur les paumes de l’automne,

mystérieux papillons,

vous aviez dans le silence

des éclats d’or et rougeoyants

 

Volez une dernière fois,

papillons d’automne,

brillez encore pour le désir

ensorcelé parmi les ombres…

 

 

 

Papillons d’automne

Traduit par Benoit Meunier 

Ed  Romarin

Les amis de Suzanne Renaud et Bohuslav Reynek

 

 


René Depestre – Nostalgie


 

2

 Myrtha HALL – Joueur de bambou 2001

 

 Ce n’est pas encore l’aube dans la maison

la nostalgie est couchée à mes côtés

elle dort, elle reprend des forces

ça fatigue beaucoup la compagnie

d’un nègre rebelle et romantique.

Elle a quinze ans, ou mille ans,

ou elle vient seulement de naître

et c’est son premier sommeil

sous le même toit que mon sang

 

 Depuis quinze ans ou depuis trois siècles

je me lève sans pouvoir parler

la langue de mon peuple,

sans le bonjour de ses dieux païens

sans le goût de son pain de manioc

sans l’odeur de son café du petit matin

je me réveille loin de mes racines

loin de mon enfance

loin de ma propre vie.

 

 Depuis quinze ans ou depuis que mon sang

traversa en pleurant la mer

la première vie que je salue à mon réveil

c’est l’inconnue au front très pur

qui deviendra un jour aveugle

à force d’user ses yeux verts

à compter les trésors qu’on m’a volés.

 

 

 

La Havane Octobre 1963

Un été indien de la parole (2002)

Points


Sanguine – (Susanne Derève)


 

Henri Le Sidaner couchant

     Henri Le Sidaner – Les maisons sur la rivière

 

 

 

Te souviens-tu d’un certain soir

où la pierre comme une sanguine

luisait des derniers feux du jour  

 

Où blottie dans tes bras

j’aurais voulu te dire l’amour

pareil à ces façades

 

comme un visage offert

au regard de l’amant

et qu’alentour tout semble fade 

 

Mais déjà tu lâchais négligemment

ma main tu remontais l’allée

empruntais le chemin

sans plus te retourner

 

Je refermais sur mes genoux

le livre ouvert qui disait que tout passe

qu’il faut être jaloux d’en conserver la trace  

brûlante  comme un fer

 

 

 

 


Brouillard – (Susanne Derève)


arbres vies silencieuses

               Alexandre Hollan – Arbres, vies silencieuses

 

 

Brouillard       juste sentir

ne pas écarter le rideau

ne pas voir

 

ou c’est un abîme

qui s’ouvre

 

comme si les mots avaient pris chair

que devant la chair tout s’efface

la vie   un puzzle   

une nasse

 

Qui pourrait croire qu’on raconte

une histoire linéaire

qu’on tait  les fausses routes

les impasses

 

avec ce qu’elle ont pesé de leur poids

de pierre

d’amours déchues      

de guerres lasses 

 

de celles qu’on a perdues

sans même porter le fer

sans combattre  

qu’on panse comme des plaies                                                                 

vivaces

 

Brouillard    amère ritournelle                                                                        

huis clos d’une pluie d’été

les notes virent  sur elles-mêmes

avant de s’effondrer

 

dans un dernier  sanglot

d’où renaîtrait le  rire

 

un  accord qui s’éteint

un  rideau que l’on  tire

 

 

 

 

 


Evadé de l’enfance – (Susanne Derève)


oiseau bleu francois xavier lalanne

               FX Lalanne    Oiseau bleu

 

 

 

On voudrait encore en démêler l’écheveau

quand il faut simplement s’en défaire

 

de ces visages aux yeux fermés

qu’on abandonne      qu’on remise 

aux champs clos du passé 

 

des portes qu’on referme

et de ces puits murés

secs

– le sont-ils tout à fait –

 

Il y a un seau jeté

dans l’herbe

qui tinte contre mon pied

et l’éclat du fer blanc

 

un sourire  évadé

de l’enfance                            

la courbe d’un bras nu

le halètement d’une gorge,  

ténu

le chemin de la corde usée

 

le treuil grince   je l’entends 

gémir au-delà des années

 

Il y a ce matin un bouvreuil perché

sur la margelle

à pépier s’ébrouer d’un œil vif

et sitôt envolé

 

moi qui ne savais plus hier

que ce verbe éculé, ces mots blancs

je me surprends à fredonner

l’instant

 

comme l’éveil se déleste des rêves

comme fondent les neiges

au printemps

visages

que j’abandonne aux étoffes du temps

 

 

 


Entre-deux ( Susanne Derève)


1954 Milton Avery (American artist, 1885-1965) Green Sea

          Milton Avery  (Green Sea) 

 

 

 

Les étoiles naissent-elles  pour nourrir             

les rêves

 

de  ceux qui se déploient

dans des  enclaves de bord de mer

gardées du vent et des regards

 

hors des dérives buissonnières,

hors le temps,

 

nés d’un hasard chanceux 

d’une bonne fortune

 

un  entre-deux libre d’entraves

 

comme on saute à cloche pied 

les chemins creux     les dunes

 

qu’on est heureux sans le savoir

 

 

j’ai arpenté des terres nues

                                  autrefois

qui n’étaient ni des couleurs

ni des recoins du ciel

où les fleurs se déploient

 

 

sillonné  la glaise des jours

et des friches privées d’amour

 

où le mot dérisoire effleurait

le contour

de souffrances trop lisses

 

qui craquent sous les doigts

comme cèderait la glace

sous le corps  qui se noie

 

une retraite où l’on se terre

et les étoiles ne brillent pas si fort

qu’on puisse s’en extraire

 

La nuit venue est-il encore si sûr

qu’elles nourrissent  les rêves

 

peut-être bien  qu’à trop briller

un beau  matin elles les achèvent 

 

 

 

 

 


Guy Goffette – le jardin d’enfance


 

 

 

IMGP2700  Christophe Manguet.jpg

 

dessin – association du clos du Nid, Lozère

 

 

Peuplé de voix et de couleurs,

le jardin d’enfance persiste en nous,

royal malgré la chute et l’exil du roi ;

il rafraîchit les déserts traversés de l’âge,

rattrape l’aveugle dans la musique,

le sourd dans la contemplation.

Toujours ce qui manque à nos vies,

cet innommable vide tout à coup derrière la nuque,

qui nous remplit de regrets, de remords,

de nostalgie, toujours a la forme d’un jardin.


La vie devant nous- (Susanne Derève)


Runquist-Bluff+House+++squarespace

 Tollef Runquist-  Landscapes

 

 

On a la vie devant nous

les matins de branches mouillées

les clés du temple      les aurores

la chair dorée des prunes d’Ente

les  chaises qu’on laisse dehors

qu’il fasse soleil ou  qu’il vente  

 

On a la vie devant nous

le  petit kiosque à musique

et le piano désaccordé

près du vieux banc  mélancolique

des roses  aux premières gelées

 

On a  la vie devant nous

et du bois dans la cheminée

Dans  la serrure du temple

suffit  de tourner la clé 

pousser la porte et qu’on  y entre

pour  rêver

 

qu’on a la vie devant nous

et pour peu qu’on soit somnambule

ou que la raison bascule

on y croirait

 

 

 

 

 


Marc LE GROS – Mémoires de basse


BORD DE MER AU POULDU

    Paul Sérusier – Bord de mer au Pouldu

 

 

                                           II

 

Puisque rien n’est écrit

D’avance et

Qu’il ne reste que des restes

Après tout

Quelques couleurs à mettre sur le jour

Un peu de voix à faire entrer

Dans le bond des grèves

On est là

Dans la fraicheur qui déteint sur nos mains

Nos yeux ne prennent plus l’eau

Depuis longtemps

Et quand l’un après l’autre les oiseaux

Passent au blanc

Le vent seul nous donne l’heure

On ne répond plus

 

 

 

LXVII

 

On arpente le bas flot tous les deux

Les yeux frottés

Aux mues vives des marées

De ma pâleur à ton visage d’ailleurs

Il n’y a plus très loin

C’est ma mémoire que tu blanchis

Et quand au bord le plus léger

Le plus mince de nous-mêmes

La lumière doucement touche

A sa fin

On est comme ces anomies

Sur les grèves

Ces fines pelures nacrées

Transparentes à peine comme l’air du temps qui passe

On y passe aussi on court même

Chaque fois

On y laisse sa peau

 

 

MEMOIRES DE BASSE – Calligrammes –  1987

 

 

 


Franchi le seuil – (Susanne Dereve)


Assunta Genovesio Atelier 2009           

    Assunta Genovesio – Atelier – 2009

 

 

                                                   Pousser la porte     la main tremble

Franchi le seuil

le pas hésite   enjambe l’unique marche usée

 

On ne sait  rien des années

de ces heures érodées

comme les sédiments d’une très ancienne  histoire             

                               

muets    

enténébrés  d’absence       

 

La pièce respire encore de la pénombre  

du silence

à peine un souffle    serpentin ondoyant dans les filets

de la mémoire

les housses blanches    et la lumière blonde

sur le chevet terni        révélant la poussière         

un éternel Dimanche                              

le dernier grain de vie         

    

Dans la frêle réverbération  du miroir 

discerne-t-on encore  l’écho d’une présence                                                

moins qu’une étincelle

un voile  masquant la  brume lumineuse d’été

– et lorsqu’ elle se déchire on est presque étonné 

d’y voir percer le ciel

d’un doux bleu de faïence

d’un vide de dentelle ou de pierre

un chapiteau roman

un cimetière champêtre  dormant

à flanc de crête

embrassant la vallée indolente d’un œil aveugle

compassé –    

 

Alors  on    referme la porte  doucement

– on  prend soin de ne pas soulever  la poussière –

Peut-être les vieilles souffrances implorent-elles

seulement une prière

pour mourir au matin    on les couche

 comme on irait le faire d’un enfant  chagrin

 

on n’est venu chercher ce que la vie porte de deuil

que pour aller en paix  suivre d’autres chemins    

                                             

 


Din Mehmeti – Naissance


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peinture: étude de nuages – John Constable

 
Les nuages se donnent la charge,
tels une armée d’enragés.
D’en haut et d’en bas
descendent ou montent des monstres
de tous âges.
Les cloches se brisent quand divorcent les idéaux.
Mais cette cité que vous trouverez
toujours en état de veille
et l’ombre des arbres monte la garde
sur les ponts jetés par-dessus le sang des veines.

Je suis vivant,
debout sur mes jambes.

Quelque chose aspire l’âme
une chose est en train de naître.
Nos yeux sauront la voir.

Passent et repassent mes nostalgies.

 


Din Mehmeti  est un auteur d’origine albanaise. Il vit au Kosovo. voir son ouvrage   » il est temps « 


Qui chante là-bas ? – ( RC )


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image  extraite  du film « qui chante là-bas » de Slobodan Sijan

 

 

Je me souviens de l’ex-Yougoslavie
des plaines,             de la nostalgie,
de la chanson d’un violon navigant dans le ciel,
et les airs de danse traditionnels.

–        Il y a des airs que l’on n’apprend pas,
ils traversent les saisons,
et à travers leurs chansons,
on se demande :          » qui chante là-bas ? « .

C’est une musique qui traverse les hivers,
passant outre massacres horreurs
elle triomphe de la mort
et des taches sombres de la guerre

Passant sans encombre par-dessus les frontières .
Entends-tu encore la mélodie ?
celle qui nous dit que la vie
continuera , par-delà les tombes et les cimetières .

Résultat de recherche d'images pour "qui chante là-bas"
RC – aout 2018


Guillevic – Chanson


 

                                 Résultat de recherche d'images pour "nicolas de stael nus"                                         Nicolas DE STAEL  Etude de nu,

 

 

N’était peut-être pas venue,

Quand tu croyais l’avoir tenue.

 

N’était peut-être jamais née,

Ton souvenir, ton épousée,

 

Etait peut-être dans tes bras,

Lorsque tu la pleurais tout bas.

 

Avait peut-être un corps tout chaud,

C’était pour toi, c’était trop beau.

 

Avait peut-être deux regards,

L’un pour t’aimer, l’autre pour quoi ?

 

N’était peut-être que douceur,

Quand c’était toi craignant ton cœur.

 

A peut-être saigné ton sang

Pour que tu sois cet innocent.

 

Peut-être née, peut-être morte,

Pour que tes jours, tes nuits la portent.

 

Peut-être t’aura tant aimé

Que jamais ne s’en est allée.

 

Est restée, si elle est venue,

Et contre toi se serre nue.

 

 

Sphère (Chansons) Poésie Gallimard

 


Hasards (Susanne Derève)


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     L’arbre rouge, 1909 (Piet Mondrian, 1872-1944)

 

Pourquoi  donc     ce bois mort
cet autre  a résisté au gel 
Pourquoi       ce ciel de fin d’après-midi
soleil après la pluie  la course
des nuages  leur froid baiser
de bruine  aux oiseaux de passage
Pourquoi     mes roses hachées de grêle
et les tiennes épargnées   était-ce
que ce vieux mur les tenait à l’abri
du vent    ou le fruit du hasard
celui qui m’avait fait t’aimer
un jour et en payer le prix
et puis ne plus t’aimer
un matin  on s’éveille transi
et l’amour n’est plus qu’un bois mort
entre des bras meurtris
un fruit tavelé   un remords
Il ne reste qu’à fuir     à temps
–   avant –   d’avoir gâché
ce qu’on a pu  sauver de la grêle
et du vent 
et ne rien emporter 

Résultat de recherche d'images pour "les arbresde mondrian"

  L’arbre gris, 1911 (Piet Mondrian, 1872-1944)

                                            
                                            …    qu’un regret du printemps 

 


Dominique Sampiero – La claire audience


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Lucie Taïeb – Nous ne reviendrons plus ici


 

 

 

peinture: Adrew Wyeth Dodges Ridge

peinture: Adrew Wyeth Dodges Ridge

nous ne reviendrons plus ici nous n’avons plus les clefs c’est aussi bien ce lieu n’était plus adapté à la fatigue croissante. rien ne me manquera sinon ce que je voyais au matin depuis mon lit par la fenêtre mansardée un fragment d’arbre conifère. les lieux nous oublient et nous hantent sans nostalgie ils sont heureux et nous errons de halte en halte à demander « où sont nos morts » à des gens qui ne les ont jamais connus. Si je savais qui de mon cœur ou de ma tête me joue ce tour de garder souvenir de ce que mon regard ne pourra plus saisir d’un coup sec et sans remords, je l’arracherais comme un organe inutile, qui trouble vainement le repos de mon âme, et autres effets indésirables.


Dominique Sampiero – Le pays a une odeur


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photo:         Takeshi Tuga 

Sampiero    le pays a une odeur.jpg


Ne pas fermer, et conserver à l’abri de la poussière – ( RC


ph non identifiée

photo: Lux Coacta

 

 

 

 

 

 

              Tourner le dos au miroir,

La défaite du corps,

Retourner dans soi-même,

 

Sur un chemin parcouru,

Eviter la nostalgie,

Ajouter deux cuillers de sel,

 

S’embarquer pour un voyage,

Pour inventer le futur,

Oser le pas dans le vide .

 

Il n’y a pas que le réel,

Qui nous soutient,

Encore faut-il y croire.

Ne pas fermer et conserver,

à l’abri de la poussière.


Deux femmes en chapeau et leur enfant – (RC )


peinture:     Claude Monet,        les coquelicots d’Argenteuil –       1873,       Musée d’Orsay  Paris

–         Deux femmes en chapeau et leur enfant,

Dans une peinture de Monet

D’une musique légère et virevoltante,

Chasse aux papillons,   parmi les hautes herbes,

Une fenêtre ouverte          sur le beau temps,

Mais rétrécie                      par le cadre lourd,

Des dorures inutiles,

Il fait chaud dans ce musée,

Les gens se pressent,      dans l’exposition,

Les pas résonnent,        sur le parquet verni,

Et sous la verrière,   on voit des nuages gris,

Qui parlent de la ville,

Des immeubles qui se pressent,

Et des rues revêches, et des passants en imperméables.

La fenêtre de l’insouciance,

Ouvre sur la campagne.

Elle est riante, et       tourne le dos,

Aux nouvelles des journaux,

A l’ère industrielle, qui s’étend,

Aux fumées des usines,

Envahissant bientôt l’horizon.

La campagne est riante,

C’est bien sûr le printemps,

Elle sonne ,       comme nostalgie,

D’un paradis perdu,

Oubliant les songes noirs,

Les anges qui blasphèment,

Et les grondements des avions.

Deux femmes en chapeau et leur enfant,

Dans une pente douce….

Il y a une musique légère,           en robes longues

Des pianistes aux jambes fines et doigts d’araignées,

… C’est juste avant la ville,

( Enfin, quand je sors du musée,

Pour reprendre le métro  ).

RC – 7 septembre 2013


Olga Alexandra Diaconu – Mon silence est le point d’appui de l’incertitude


Elena Carozzi    02

peinture:           scan de catalogue :              Elena Carozzi

Mon silence est le point d’appui
de l’incertitude,
est un silence caché
dans la nostalgie de mon âmeDes retours d’oiseaux
m’élancent dans la nostalgie
de l’après-midiIndécise entre terre et ciel,
je suis le fruit avec toutes les semences,
et l’arbre aveugle de l’univers vivant.


Else Lasker- Schüler – Fin du monde


peinture: William Blake :    le cercle de la luxure ( amants damnés)                     Francesca Da-Rimini et Paolo Malatesta, d’après la Divine Comédie  de Dante

 

 

 

Il est des larmes dans le monde
Comme si le bon dieu était mort
Et l’ombre de plomb qui tombe
Pèse du poids du tombeau.

Viens, cachons-nous plus près…
La vie gît dans tous les coeurs
Comme en des cercueils.

O! Embrassons-nous profondément.
Au monde frappe une nostalgie
Dont il nous faudra mourir.

 

(Weltende, 1917)