Rat de bibliothèque – ( RC )
image extrait de « Maus »
Comment souris-tu,
… – Ignorant
De toutes tes dents ?
En mangeant tout cru
Les encyclopédies :
et tout le travail de l’imprimeur
dont se repaissent les rongeurs
les entrailles alourdies …
Serais-tu, rat de bibliothèque
féru de l’écriture
au point d’en faire nourriture
comme tu le ferais avec
n’importe quelle page
déchiquetant les mots,
comme de l’âme, les maux,
– Il te serait offert comme un fromage :
C’est un repas parfait
à l’abri des reliures :
Çà c’est de la culture :
Cela vaut bien un autodafé !
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RC – avr 2016
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en écho à Norge:
http://nuageneuf.over-blog.com/article-norge-chere-souris-63855758.html
Aria – ( Comme un air d’Italie ) – ( RC )
peinture: B Gozzoli – détail-
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C’est en franchissant les portes des jardins,
que la vue se porte, sur les collines.
Elles se dandinent, dans une robe chamarrée d’ors.
On y trouve des villages à mi-pente
Où les maisons s’épaulent de leurs lignes.
Les cyprès forment une couronne, sur les lignes de crète.
Ce serait une lumière, comme celle que peint Botticielli ;
La transparence diaphane de l’air, et le vent léger soulève les voiles de la Vénus,
La caresse du regard enchante même les parterres de fleurs .
Les mains se tendent et les bras s’arquent en chorégraphie.
Les cloches se répondent de vallée en vallée .
La terre ne serait pas comme on la voit ailleurs : blonde ou brune,
Nourrie à la tiédeur solaire,
Presque nourriture à son tour ,
Elle en a le parfum, et son pesant de couleur
Qu’on retrouve dans la robe des vins ,
Alignées dans les trattoria.
Les linges sont oriflammes en travers des rues ;
On a l’impression d’entrer de plain pied dans un tableau …
La langue italienne est une porte ouverte sur sa chanson.
photo Robert Schrader
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photo: Edmondo Senatore – atmosphère toscane
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RC – mai 2015
Maria Luisa Spazian – mordre le temps comme le pain
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Je voudrais mordre le temps comme le pain.
Trouver une résistance, laisser l’empreinte de mes dents.
Avaler l’essence, sentir la nourriture
Qui doucement envahit le sang.
Mais, fleuve invisible, le temps s’écoule.
Il murmure à mes côtés. A portée de main
Il me passe un poisson-fable, une pépite d’or
Déjà réabsorbée par des tourbillons.
Maria Luisa Spazian
Robert Piccamiglio – Midlands – 03
En poursuivant le partage d’extraits du livre du poète Robert Piccamiglio, et le souffle de son récit épopée… ( noter que, comme moi, R Piccamiglio – le savoyard -, apprécie l’esprit particulier des récits de Richard Brautigan,, dont j’ai publié il y a une semaine un extrait…
RP, dont j’ai déja publié des textes ici... et LA
Puissant, fier, Indestructible.
Tranchant à même l’absurde de la vie
et de la terre qui s’étonne de nous
Puis s’étale d’elle-même
dans les saisons
garnissant l’impitoyable silence.
Mais que reste-t-il à raconter
Et surtout à qui ?
Même ces murs je les sens si faibles
accrochés désespérément à la triste couleur du papier.
D’une terre sans racine,
D’une branche innombrable, Multiple, sans écorce.
D’une écorce sans nourriture
pour se fixer au tronc moelleux de l’arbre
A notre image
Puisque nous nous ressemblons L’arbre,l’écorce, l’homme
Partageant toutes ces paroles oubliées.
Avec cet argile si faible
entourant le coeur.
Comme la tristesse du papier
entoure les murs assoupis de la chambre
_ Ouvre-moi tes bras !
Dis-moi je t’en prie quelle histoire
de vie ou de mort , s ‘il me reste à raconter.
Et que tous les échecs passés ne soient plus que triomphe au seuil de l’impitoyable course.
Une nuit. ! Une seule nuit d’espérance
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NB: R Piccamiglio est l’auteurs de nombreux récits, poèmes, romans, pièces de théâtre…
Midlands, dont sont extraits les textes présentés, est publié par les éditions Jacques Bremond ( à Remoulins, Gard)
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