Yanka Diaghiléva – Nous attendons les temps nouveaux
photo: Boris Wilensky
Nous attendons les temps nouveaux
Qui vont tomber du ciel,
Mais nous ne voyons que des cordes
En attendant.
Il va venir pourtant,
Il va venir nous consoler,
Nous comprendre et nous sauver,
Donner à chacun son dû
Puis tous nous vendre
Pour une poignée de roubles.
Il va nous rendre notre joie,
Suffit de se remettre en rangs :
Enveloppés dans un drap
Les pieds dans la rosée
Le nez dans le sens du vent
Tous nous serons recomptés –
Depuis les idées stériles
jusqu’aux ossements inutiles,
Depuis les portes fermées
jusqu’aux bêtes inhumées,
Depuis les oreilles assourdies
jusqu’aux chassés du paradis,
Depuis les invités au bal
jusqu’aux nuques percées d’une balle.
quelques informations sur l’auteur
Guy Goffette – le jardin d’enfance
dessin – association du clos du Nid, Lozère
Peuplé de voix et de couleurs,
le jardin d’enfance persiste en nous,
royal malgré la chute et l’exil du roi ;
il rafraîchit les déserts traversés de l’âge,
rattrape l’aveugle dans la musique,
le sourd dans la contemplation.
Toujours ce qui manque à nos vies,
cet innommable vide tout à coup derrière la nuque,
qui nous remplit de regrets, de remords,
de nostalgie, toujours a la forme d’un jardin.
Roger Wallet – ça ressemble à une vie
photo: Willy Rizzo
Ca ressemble à une vie
bonjour tristesse
le titre qui lui a plu il ne connaît
pas l’auteur mis à part du passé
il ne connaît
pas d’auteur Saint-Ex bien sûr comme tout le monde
et puis l’aîné l’a offert à son frère…
il l’a dans un coin de l’atelier adieu tristesse / bonjour tristesse /
tu es inscrite dans les lignes du plafond / tu es inscrite dans les yeux que j’aime…
ému les yeux que j’aime cette voix…
c’est comme si c’était elle qui lui parlait
et il le relit le sait vite par cœur le poème de P.Eluard au début
je vous le rapporte je il se sent gauche. je l’ai lu.
un silence. c’est très…
il se tait
elle est debout elle le regarde
aurait pas dû venir c’est trop… compliqué ?
prenez-en un autre elle sourit. lui : le cœur qui
bat comme un fou là-dedans
la main tremble elle doit le voir [il pense]. s’approche de la bibliothèque
la dévisage les yeux le nez la bouche
– le mot rien que le mot le fait frissonner
–
vous…
rien d’autre.
tourne le dos s’excuse
il sent sa main sur sa nuque ses yeux sa bouche….
( extrait du site des éditions des Vanneaux )
Georges Vernat – Dämmerung ( crépuscule )
–
‘Il a senti son dos sa nuque se raidir
Ses bras se consteller de brunes moisissures
Il allait raide blanc dans les éclats de rire
Ses petits yeux mouillés plantés sur ses chaussures’
Georges Vernat – Dämmerung (de Juego y Libertad )
–
plus de renseignements ? : voir chez Voxpoesi
Guy Goffette – Le palier
Le palier
Le soleil debout dans le vert
avec les troupeaux frais
réapprend pas à pas la rondeur du monde
et l’équilibre au convalescent
qui va sous sa propre chemise.
Main posée sur l’échine des jours
il gravit lentement chaque marche du ciel
jusqu’à ce palier derrière ta nuque
où ce qui est advenu
et ce que tu attends
partagent la même ombre
–
Guy Goffette
–
Joël Bastard – Bakofè
Bakofè
Midi, les ombres terreuses dans les jus noirs se vautrent.
Traînées lentes se mouillent.
Une brebis malingre le museau dans la jarre vide s’immobilise.
Comme cet homme, dos au soleil, à la porte de son carré.
La main dans un foulard de fortune, tête penchée à l’intérieur, la nuque s’offrant au couperet de l’obscurité.
Dedans, le désir enfariné frémit dans un bouillon d’huile dorée