Citadelle de D – ( RC )
Toutes photos perso : citadelle désaffectée de Daugavpils, Lettonie oreintale
Point de cloche ici qu’un
aujourd’hui saccagé
Pourtant la lumière s’accroche
Aux lambeaux de sinistres blocs
Qu’ailleurs on dirait bâtiments
D’ oiseaux téméraires, oublieux d’un passé
empoisonné, pourtant s’approchent
Et les autres s’en vont.
Et viennent tisser des fils incertains
D’entre les arbres, qui lentement
Reconquièrent la place d’Armes
Etouffant soigneusement, des heures abrasives
Des symboles d’oppression
Aux réverbères géants
Jusqu’au kiosque moisi
Aux péremptoires sonneries militaires
J’écoute venir toutes les voix
Mais la musique du silence
L’extension insensible des branches
L’herbe folle d’entre fissures
Dessine, la fragilité des choses
Et l’arrogance géométrique
Du lourd, du laid, des pouvoirs ,
des voix claironnantes de l’arrogance .
Dans la Citadelle, l’ordre du cordeau
Se transforme, en « presque joyeux désordre »
Les rues défoncées, sont un chapelet
De sable et flaques réfléchissantes.
Poutrelles, et amoncellements divers
Gravats et encadrements pourris
Occupent indécemment les lieux
Marqués par la dictature du prolétariat .
Et triste est la rue , où , malgré tout
La vie s’insinue , confinée
Tout près de moi
Malgré le suint des lieux
Aux rumeurs vénéneuses d’un
Passé encore proche. Et le lierre s’accroche
Aux symboles de fer , des canons :
On en voit plus d’un , glisser avec l’ombre
En portant la nuit, sur ses épaules
Avant, encore, qu’on nettoie la mémoire
Comme on le ferait du sang répandu
Sur un carrelage – facile d’entretien.
En cours, une rénovation proprette, et des rues nettes
> Aux sordides carcasses, plus de traces…
Est-ce que le monde s’efface ?
Aux ensevelis, peut-être même plus de place
Faute d’avoir les leurs, ils ont – peut-être
Confié leur chant , aux oiseaux
Qui voient s’éloigner du trottoir
Les barbelés rouillés du désespoir.
la place d’armes et ses canons dressés.
Marie-José Desvignes – Plus rien ne presse
–
——— Dans tous mes livres il est question d’écrivain, d’écriture, de mots (de maux ?).
Le premier n’était qu’une tentative de trouver les mots, ceux que j’avais perdus.
D’ailleurs, ça s’appelait Faille… composé de centaines de « on », propos d’autres auteurs jamais atteignables, trop sacralisés (un centon).
Le texte se tenait, c’était l’histoire d’un homme qui avait tout perdu et se retrouve une nuit dans un hôtel, il n’a plus de travail, il fuit l’annonce à sa femme. Il part.
Et durant la nuit, assis à sa table, il s’endort et rêve qu’il écrit. Le lendemain matin, le livre est là devant lui. Tout écrit. Quelle merveille !
J’ai délaissé ce texte, n’y suis pas revenue, presque deux cents pages de mots des autres, d’autres si prestigieux, mis bout à bout pour former une histoire, d’autres que jamais je n’égalerai, à quoi bon ? J’ai oublié, rangé le livre dans un tiroir.
Un jour, j’ai repris les mots, ils venaient de je ne sais où, syncopés, douloureux, longs poèmes tirés d’une âme tourmentée, cette fois c’étaient les miens…
La poésie apportant avec elle, ces minutes heureuses, brèves fuites dans le temps, j’avais ce sentiment délicieux de faire partie d’un monde que moi seule habitais, un monde que seules la musique et la présence de la nature venaient visiter.
J’ai repris l’habitude. Ecrire. Je retrouvais les mots et je revenais dans le monde, ce monde où je ne savais pas trouver ma place, dans lequel je m’agitais, tentant de défendre l’être (le mien peut-être) contre l’oppression, le carcan dans lequel il sombrait depuis la nuit des temps, aveugle et sourd aux murmures.
Les mots me revenaient, ceux de la révolte… Le stylo retrouva son désir premier. J’avais pourtant tout oublié… Et j’écrivais chaque jour des mots bruyants, tapageurs que je ne donnais à personne et dont je ne voulais pas moi même…
Je haïssais ce monde et ses mots (faut-il encore entendre maux ?) je me gonflais d’orgueil et de révolte et mes mots me heurtaient violemment, s’agrippaient sans jamais trouvés à s’accrocher ailleurs que dans ma détestation. Ca m’a pris tant de temps que j’en perdais régulièrement le goût.
Et les mots toujours venaient, insatiables, incomplets, par bouts, jetés dans des centaines de carnets… rien ne se tenait et tout faisait corps. Un corps informe, massif, désespéré, toujours plus lourd, si mal nourri, dans la rage et le silence, les mots se sont taris.
Ils étaient pauvres à nouveau, pauvre de moi, ne m’intéressaient plus. Je ne vivais pas le monde, je vivais de mots, ceux que je fabriquais, et de luttes… contre quoi ?
Contre ce que je fuyais, contre une appartenance, pour une liberté que je ne trouvais nulle part. N’étant pas de ce monde, comment pouvais-je y trouver une liberté ?
- ( c’est la dernière partie du texte que l’on peut trouver sur le blog ardemment.com)
Staline- Poutine ( rimes en ine ) – ( RC )
Parti, en basculements,
Le peuple de Russie s’est dressé
un siècle a passé,
Contre le régime des tsars
Et l’immense pays des steppes
En avalant des milliers de gens
Au delà de la Volga
Sous son manteau de gel
A déchiqueté l’espoir des peuples
Sous le manteau gris de Staline,
– « petit père des peuples »
Mais boucher bureaucrate, qui,
Confortant ses statistiques
Désigne d’un trait de plume
Paye par millions, un voyage en Sibérie,
—- Touristes sans retour…
–
Le mauvais cycle des automnes
Se poursuit dans l’espace
— Même sous un autre nom,
Sous le masque de Poutine
Est-ce le reflet de l’histoire
et son éclat, dans la mémoire,
que l’élégance de la formule
« buter les Tchétchènes jusque dans les chiottes » ?
Ou la poursuite
» le changement dans la continuité…. »
———Que l’oppression assassine
Rime avec ses dirigeants en « ine » ….
–
RC – 17 décembre 2012
Lambert Savigneux – et mâcher la machette – Utopia –
Emily Kame KNGWARREYE
et mâcher la machette
quand la pression du monde est si violente, que sur les tempes le monde appuie avec des barres de fer qui écrasent la pensée même
est t »il simplement possible de vivre et qu’est ce vivre ?
se dire c’est dire je suis et faire abstraction de la pesanteur, se délaisser du monde qui enserre
prendre la plume et écrire deux mots semble impossible, étrangler dans les langes d’un linceul, se fait croire pour la vie
UTOPIA
l’imaginaire est compressé, emprisonné dans une lente mort, les yeux eux mêmes ne voient plus autre choses que ce monstre qui détruit,
l’autre, les autres car écrire cela n’est pas écrire
écrire c’est libérer l’étranglement, c’est desserrer l’étreinte
vaincre la mort et l’étouffement
rétablir l’équilibre et l’énergie,
asphyxié
rétablir l’équilibre, mentalement de sa place dans l’univers et ouvrir la main et relâcher un tant soi peu tout ce qui croupit dans cette tension de mare où pourrit la vie, délétère sous le couvercle d’une oppression qui empêche de respirer, inspirer et laisser aller le flot de parole garant de la vie
c’est l’imaginaire, cette porte ouverte, cette nappe intérieure d’où s’échappe le lotus
fleuri
pouvoir dire cela et ciller apercevoir un autre soi et se mettre à courir
56 EMILY KAME KNGWARREYE (c1910 – 1996). UNTITLED (ALHALKERE), 1995
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Mur ment ( RC )

photo: destruction du mur de Berlin
Il a poussé , cette nuit
Un mur , au fond de l’allée
Il barre le jardin , de gris
Et même l’allée dallée
Si je ne peux pas passer au travers
Et te voir de l’autre côté
Comme d’une paroi en verre
Avec l’échelle des songes , l’ôter
—–> Je vais l’habiller de lierre
Ou le peindre de ton visage,
Enlevant une par une, ses pierres
Qui bousculent le paysage.
Je vais dessiner une fenêtre
Pour que rentre la lumière
C’est quand même , peut-être
Somme toute, affaire d’imaginaire
Le coucher sur le sol,
Le mettre en suspension,
Et faire que s’envole
L’ombre et l’oppression…
Tout ce que les murs murent,
Et l’ennui, l’enfermement
Ce que le prisonnier endure,
Quand durement , le mur ment.
Il n’y aura plus, sur place
Que son dessin dans le jardin,
–Ton sourire qui remplace,
Tout ce que j’avais peint.
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RC – 26 novembre 2012