Tsadur Berberian – au cimetière du quartier arménien

Quand je mourrai un jour, emmenez-moi dans le cimetière du quartier arménien
et en silence, rendez-moi à la patrie.
Car elle est sainte, pure, comme mon sel et le sang
Elle le gardera dans son sein jusqu’à sa mort.
Quand le cercueil descendra dans le trou glacial,
Semez de la terre sur le côté et laissez-la telle quelle.
Pas d’oraison, pas de prière, pas de cris d’angoisse,
mais mettez seulement une rose sur ma tombe pour me sourire en silence.
Parce que je n’ai jamais vu un sourire ou un mot ,
qu’il soit important, pour eux d’essayer d’apaiser ma douleur en silence.
Mais malgré ma bonté, j’ai reçu des flèches acérées.
Des flèches pointues, des agrafes, qui m’ont transpercé sans pitié.
Je ne veux pas qu’ils s’approchent de mon monticule,
Et avec des mots maquillés , me transpercent à nouveau.
Qu’ils me laissent partager ma douleur avec nos saints,
Qui sont tombés menottés pendant les jours sombres d’avril.
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Croix des Corbières – ( RC )

photo: croix discoïdale de Fanjeaux
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Je me rappelle du soleil
Se déplaçant lentement sur les Corbières :
La roche est ocre et vermeil ;
Il y a du sang sur les pierres.
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Parmi les ronces, de noires prâlines,
Éclate l’offrande des fruits mûrs,
– Un ciel cristallin et dur –
> Les doigts sont couverts d’épines .
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Si c’était le coeur transplanté
Qui part en déconfiture,
se couronnant de blessures…
Puis une tête ensanglantée
–
Qui penche, sous son propre poids,
Avec celui du ciel indifférencié,
La fournaise du Mont des Oliviers…
L’ombre de la croix, lentement, tournoie.
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Le soleil , avant d’aller se coucher,
envoie ses dernières flèches,
Qui vont se ficher,
Dans l’épaisseur de la terre sèche.
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… Se détache à l’horizon,
La silhouette d’un château Cathare,
Recueillant les derniers rayons du soir,
– une ultime oraison – .
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RC – avril 2015