Nature morte au verre, à l’orange et aux citrons – ( RC )

Grande joie de lumière
dans la toile rectangulaire
dès qu’on ouvre la porte :
une nappe plissée,
quelques fruits disposés,
un verre , et la musique du silence
en couleurs complémentaires :
c’est ce qu’on pense
être une nature morte…
Trois citrons aux ombres vertes,
attendent sur une assiette.
Aucun des fruits ne bouge,
personne ne les dérange
dans leur écrin rouge
voisin du verre à pied
où transparaît la valse des bleus
dans leur savant camaïeu.
Juste une orange isolée
dans le coin droit,
dépourvue de pesanteur
attend qu’on la mange.
Avant qu’on l’attrape
elle répercute un peu de couleur
sur le verre vide
dont la matière limpide
se dresse sur la nappe.
Le côté gauche est plus incertain:
il est probable
qu’on devine un coin de table :
– on a négligé le reste du festin
pour concentrer notre attention
sur la composition -,
les courbes qui se répondent
et les formes rondes
de la nature morte aux citrons.
RC – Août 22
Abdallah Zrika – ivresse de l’effacement 3

L’amertume ne vient
qu’après la soie d’une blancheur
et l’or d’une main
La lamentation quand elle s’élève
ne se guérit pas par l’ivresse
d’un œil et la bougie d’un front
Tu montes les échelles d’un visage
et tu tombes dans le fond
d’un poème
Tu montes l’arbre de l’énoncé
et tu dors sous l’orange
d’une poitrine
Mais que doit-il rester de toi
pour que quelque chose reste de toi ?
Les conteurs eux-mêmes fuient
ta tombe
Les oiseaux emportent les cheveux
des filles de tes mots
Même la terre
n’est pas attirée
par la pâleur de ton visage
Quand le bois de ton nom
se tord
sous le froid d’un automne.
Julien Bosc – écrire avant de se taire
écrire
avant se taire
rallumer son feu dès l’aube peler l’orange
raccommoder sa langue et sa peau
compter les gouttes de pluies glissées sous le rameau nu du pommier
laisser venir
offrir un toit au vent et
si du dedans le papillon frappe au carreau de la fenêtre ou de la porte
lui parler peu sans surtout forcer la voix
le prendre dans le creux d’une main
entrebâiller la fenêtre ou la porte et ouvrir après la main
ainsi
des ocelles rouge et jaune à ras des crêtes et
dans de la nuit bleue
l’éventualité d’un poème
à vingt jours du printemps
offrir un nouvel air à la terre du jardin en
ratissant les feuilles mortes puis
allumer un feu de petits bois et vieux genêts
les y jeter et voir partir en fumée
(penser qu’on pourrait se pendre
allez savoir pourquoi à ce moment-là)
compter les premières jonquilles tel un enfant les pièces au fond de sa poche
et avec huit être riche comme Crésus
rentrer tandis que les pâquerettes hâtives se replient pour la nuit
allumer sa lampe comme d’autres mettent à la voile
faire le vide et
tenter d’en tirer quelques bribes — gagnées sur la mélancolie
——————
Jean Guéhenno – l’orange de Noël
.
Noël, dans mon enfance, c’était le JOUR ou on me donnait une orange et c’était un grand événement
Sous la forme de cette pomme d’or, parfaite et brillante, ]e pensais tenir dans mes mains le bonheur du monde
Je regardais ma belle orange , ma mère la tirait de son papier de soie ,
tous deux, nous en admirions la grosseur, la rondeur, l’éclat ,
]e prenais dans le buffet un de ces beaux verres a pied en cristal qu’on achetait alors dans les foires Je le renversais, le mettais à droite, au bout de la cheminée, et ma mère posait dessus la belle orange
Pendant des mois, elle nous assurait par ses belles couleurs, que le bonheur et la beauté étaient de ce monde
Quelquefois, je la palpais, Je la tâtais
II m’arrivait d’insinuer qu’elle serait bientôt mûre
— Attendons encore ! répondait ma mère,
quand nous l’aurons mangée, qu’est-ce qui nous restera ! ( )
Jean GUÉHENNO « Changer la vie » (ed Grasset et Fasquelle)
Paul Gravillon – un feu d’artifice suspendu
Un feu d’artifice suspendu
s’enfonce dans le passé de la nuit
et l’illumine
Il jette des pièces d’argent
qui ont toutes les couleurs de la nacre
tous les mariages de la nuit et du jour
auxquels font contrepoint les basses
des mains entr’ouvertes
aux gris diaphanes
et des doigts demi joints
aux velours mauve
les bois s’estompent
à la lisière du soir
et tu t’avances
derrière ton masque de dentelles
froissées
ton œil pervenche
ta joue ambrée
ta moiteur crépusculaire
deux gouttes blanches
jaillissent de ton bouquet de plumes
des chauves-souris aux cris orange
fixées dans le vol
par le cerf-volant mordoré de leur beauté
déchirent un duvet rosé
leur élan vert
zigzague derrière elles
comme les veines du ciel
et de ton ventre
un doux tourbillon de papillons
saumon et pourpre
palpite
dans la transparence marine
où je m’enfonce
–
P G
Guillaume Apollinaire – Orange
peinture : Pierre Alechinsky : la cantatrice
Te souviens-tu mon Lou de ce panier d’oranges
Douces comme l’amour qu’en ce temps-là nous fîmes
Tu me les envoyas un jour d’hiver à Nîmes
Et je n’osai manger ces beaux fruits d’or des anges
Je les gardai longtemps pour les manger ensemble
Car tu devais venir me retrouver à Nîmes
De mon amour vaincu les dépouilles opimes
Pourrirent J’attendais Mon cœur la main me tremble !
Une petite orange était restée intacte
Je la pris avec moi quand à six nous partîmes
Et je l’ai retrouvée intacte comme à Nîmes
Elle est toute petite et sa peau se contracte.
Et tandis que les obus passent je la mange
Elle est exquise ainsi que mon amour de Nîmes
O soleil concentré riche comme mes rimes
O savoureux amour ô ma petite orange !
Les souvenirs sont-ils un beau fruit qu’on savoure ?
Le mangeant j’ai détruit mes souvenirs opimes
Puissé-je t’oublier mon pauvre amour de Nîmes !
J’ai tout mangé l’orange et la peau qui l’entoure
Mon Lou pense parfois à la petite orange
Douce comme l’amour le pauvre amour de Nîmes
Douce comme l’amour qu’en ce temps-là nous fîmes
Il me reste une orange
Un cœur un cœur étrange
Guillaume APOLLINAIRE « Ombre de mon amour »
Murièle Modely – ma langue pauvre
Tête de pierre Yugito (900-600 av J.C.) Olmeque – sculpture pré-colombienne
peut-être que ma langue pauvre finira
comme une peau d’orange
sous un buffet normand
ou un buffet sans nom
ces meubles remplaçables de lieux interchangeables
que l’on fait durer
où l’on peut oublier
toutes ces langues pauvres
dépiautées
dépecées
qui ne disent plus rien
qui ne leur parlent pas
un objet
et rien d’autre
figé
sans valeur
peut-être que ma langue pauvre langue finira dans ta bouche sous le flux de salive par encore palpiter
Soleils des gongs – ( RC )

photo: commémoration de l’anniversaire du Bouddha – Indonésie
–
Le frisson, soudain prend de l’amplitude,
Le soleil des gongs, s’élargit .
Proche. On pourrait presque le palper.
Ses rayons fusent dans l’espace
Et se posent sur les ors des Bouddhas.
–
Le temple est sérénité…
Même l’encens est immobile .
Il plane, comme brume d’automne,
Sur l’assemblée agenouillée,
Qui médite …. – orange .
–
RC- juin 2015
Jackie Plaetevoet – Speranza ( extrait )
J’espère
mais je ne suis pas sûre du tout
que tu pourras lire ces mots cependant je voulais te dire que je t’écris chaque nuit et que le temps porte l’écharpe que je t’avais offerte bleu pâle cernée d’orangé.
Sûrement tu te souviens de ce jardin où nous avions contemplé le ciel alors que Mars était de feu.
Les étoiles jouaient à changer de constellations et devant cette sarabande la nuit riait à pleins silences avec la lune sereine et pleine. Dans la demi obscurité les parfums mélangés de seringua et de pivoines s’étreignaient entre nos visages qui se cherchaient se retenaient.
Jackie Plaetevoet – Editions Sang d’encre –
–
Main-mise de la sécheresse – ( RC )
–
Je suis des yeux le mince ruban d’un chemin
Il progresse lentement entre les pierres,
Un convoi laisse sa trace, en ruban de poussière
Derrière on ne distingue pas encore les engins,
–
La main-mise de la sécheresse est partout,
Elle a mis à nu les pentes rousses,
Où aucune plante ne pousse,
Et aucun arbre n’est debout.
–
En s’aventurant dans les creux,
Des maisons d’argile se dressent,
La fantaisie les délaisse,
Elles se distinguent à peine du sol rocheux.
–
Au pied de pentes raides,
Quelques palmiers survivent,
Bordée de roches coupantes, la rive
A peine humide, de l’oued…
–
Le regard des enfants a l’éclat de la fièvre,
Il n’y a pas d’herbes, mais un sol orange.
On se demande ce que mangent,
Les quelques troupeaux de chèvres…
–
Tu as le visage cuivré au grand air,
Buriné de rides,
Cuit au soleil de l ‘aride,
Offrant du cuir, plutôt que de la chair.
–
L’astre du jour monte en puissance,
Tant, que l’éblouissement prolifère,
Et la mince croûte de terre,
S’ouvre en béances,
–
Sans ombre protectrice,
Ce sont d’abord quelques fissures
Puis sol se lézarde en brisures,
Aux plaies du sacrifice.
–
Sous l’abri des tentes berbères ;
Le thé à la menthe …..
Et les heures passent, lentes,
Aux portes du désert…
–
RC – 17 novembre 2013
–
contre le jour – ( RC )
- –
peinture Jeffrey T Larson – -hanging-laundry-2009
- Une main devant les yeux
- Si je reçois le soleil de face-
- Il n’y a plus devant-
- que ce que je vois. En blanc
- Et une découpe. Une forme flottante
- Dont je ne perçois une présence,
- Un drap orange
- Il claque au vent,
- Avec tes pieds – pour de vrai-
- Et ta silhouette, qui suit,
- Les courbes des secousses,
- D’une brise douce.
- Il fera encore chaud aujourd’hui,
- Et, au cours des heures,
- Le linge suspendu plus loin,
- Portera sa découpe aussi,
- Dansante… en soustrayant les couleurs
- –
- Au sommeil du soir, qui attend.
- -RC- 21 octobre 2013
–
Vois comme le soir s’éteint – ( RC )
–
Regarde, la lumière orange,
Se coucher sur le lac,
Que les rides d’une brise, dérangent,
Ou cette feuille tombée sur la flaque…
–
Regarde comme les pierres s’envolent,
Détachées du filet
Elles ne sont plus attachées au sol,
Que par leur reflet.
–
Regarde, comme il rebondit,
Le petit soleil tenace
Bientôt englouti
Dans les eaux lasses
–
Regarde, comme les nuages filent,
Et moussent une écume d’or,
Au dessus des îles,
En géantes fleurs.
–
Vois comme le soir s’éteint,
Il se dissout sans bruit,
Pour préparer demain.
De l’autre côté , c’est bientôt la nuit.
–
RC – 26 septembre 2013
–
Paroles en déni, glacées d’incendies ( RC )
–
Des dits, des non dits,
Et des paroles en déni
Autant glacées qu’elles brûlent,
–
Ainsi sur mes doigts crispés,la neige…
Voguant la passion,
Avant que retombe le murmure du silence,
–
Poignards des incendies,
Effaçant la nuit,
Orange, la ville s’allume,
–
Comme elle illumine sa tragédie,
En quelque sorte, le bouquet final,
Juste avant le retour du glacial,
–
Lorsque tout sera partie en fumée,
Et notre histoire, consumée.
–
RC – 5 septembre 2013
–
Douleur orange ( RC )
peinture : W Turner – Sun Setting Over a Lake-
Comme tu es loin … !
Plaquée en ombre sur le soleil
Aveuglé, d’ une douleur – orange.
–
RC – 26 avril 2013
–
la verte menace du supérieur aux oiseaux (RC )
art A Wölfli
–
Notes assemblées, collées,
passages soulignés, paragraphes décalés,
—- Secrets d’alcôve de palais vénitiens
Ce calme précaire suspendu dans les airs,
- intérieur à la flamande,
La toilette de la mariée se détourne ,en carrelage froid.
Le somptueux , voisine l’éventail rosi
– chevelure fantasque,
Comme le plumage onctueux d’orange, se profile
L’œil fixe, me cloue, – rapace – de face.
Peu à peu le récit se cristallise de métaphores lisses,
Décrites d’ombres nettes, vers le double encadré.
Epinglé, et qui n’est pas miroir.
Lance brisée, sous la verte menace du supérieur aux oiseaux,
Et l’arlequin déguisé, rentré là, comme par effraction.
Rien n’est dit , du robinet qui goutte,
( On l’entend plus qu’on ne le montre, )
Contre le temps qui s’écoule, cascade
La coiffure , d’un gnome aux quatre seins,
Avorton oublié là, sans qu’on paraisse y prêter attention,
Au seuil de l’inquiétude.
–
RC – 28 avril 2013
–
Ahmed Mehaoudi – la fin d’une parenthèse

Arcs ; sculpture –installation extérieure: Bernar Venet
c’est mieux la rose et l’eau
à ce ciel de soleil
on rira
au crépuscule
on pleura l’ami
qui dira mieux à l’eau de rose
c’est mieux que d’aller fouiner dans la nuit
meilleur qu’un oiseau de bonne augure
à ce visage d’idée
sans arrière boutique
c’est mieux d’écouter un grillon
éplucher une orange
lire en dormant
fermer la porte en baillant
c’est mieux de laisser closes les latrines
car c’est mieux de couler
dans les bras du printemps
vieillir au silence des étoiles
écrire se taire à l’impératif…
–
Elle, dans le miroir ( RC )

photo Sciences et Avenir: lune en croissant se déplaçant
Bascule doucement l’horizon
Qui s’étire au fil des heures…
Il y a plus haut, une course
Entre deux cercles
L’un s’éteint d’orange, et l’autre
Monte blanchâtre en son halo
Partie de ping-pong dans les nuages
Et lentement se déplace
Il paraît même qu’elle me regarde
Le dos à la fenêtre, quand j’écris
C’est ce que me dit le miroir
En face
Au dessus du reflet de ma lampe
Quand arrive la nuit
Qui l’enveloppe
Et lui sourit
–
RC – 25 décembre 2012
–
Softly Toggles the horizon
Stretching over hours …
There is above, a race
Between two circles
One turns off orange, and the other
Rises whitish in its halo
A part of ping-pong in the clouds
And slowly moves
It even seems to me that it looks at me
Back to the window, when I’m writing
That is what the mirror tells me
in front of me
Above the reflection of my lamp
When the night comes
Which envelopes it
And smiled at it.
–
Jean Daive – Le monde est maintenant visible .
Le monde est maintenant visible
entre mers et montagnes.
Je marche entre les transparences
parmi les années
les fantômes
et le matricule de chacun.
Les pierres
les herbes sont enchantées.
Tout se couvre
jusqu’au néant
de pétroglyphes.
Je compte les mâts
penchés près du rivage.
À perte de vue, la prairie des cormorans
car chaque maison est un navire
qui se balance.
Plutôt le crime ou plutôt
la mort des amants ou
plutôt l’inceste du frère
et de la sœur ou ―
je prends le temps
de manger une orange.
Dans ces moitiés d’assiettes et
autres fragments trouvés
avec pierres taillées, dessinées ou peintes
masse de cailloux, graviers avec sable
mesurent un site
une ville que j’explore
avec l’énergie d’un oiseau.
.
Jean Daive, L’Énonciateur des extrêmes, Nous, 2012, pp. 39-40.
–
Jean-Pierre Duprey – Sommeil dont j’ai peur
–
Un jour je dormirai du sommeil dont j’ai peur
Pour ne plus m’éveiller
Je descendrai au fond de ces temps oubliés
Où les sirènes pleurent.
Et les très longs voyages repliés dans ma tête
Seront chiffons de rêve
L’archange qui nous garde et sans nous ne s’élève
Sera l’ange de la fête
Puisse durer longtemps le phare du vaisseau
Qui nous porte sur terre
L’abri que se construisent les marins sous les flots
Me semble bien précaire
Allégés de leur poids ils sont bulles de verre
Portés par les anges
Un rêve qui les cogne claque comme une orange
Entre deux bras de mer.
Jean-Pierre Duprey
–
Jacques Prévert – Alicante

peinture: Paul Sérusier, nature morte dans l'atelier
Mercredi dans les Alpes (RC)
——–
Pourquoi j’ai choisi ce titre ?
Hein, -sans doute parce que
Cà sonne comme un jour changeant ,
Et les sonnailles du bétail dispersé.
Le lendemain, transforme le monde,
Les murailles gris bleu sont maintenant orange
En tournant la tête, je déchire quelques nuages
Cavalcade de quelques bouquetins en éboulis
Le lendemain est aussi tout à l’heure
L’épaule suspendue de la montagne
Se teinte d’éclairages d’hiver et la fantaisie
d’oiseaux de Magritte englués dans le roc
Sages tracés de remontées mécaniques
striant les pentes de lignes mobiles
Ruches bourdonnantes d’immeubles agglutinés
Comme d’excroissances vénéneuses.
Le lendemain changeant me dit le pays voisin
Transformant la parole, en langage étranger
Mon père disait » mâcher de la paille »
En absence – Prévert -de passage- muraille
Et de tunnels routiers audacieux
Et les spirales des voies ferrées d’antan
Forant des kilomètres rocheux
Et jouant des ponts si improbables
C’est vers Tende, je me souviens
Me rappeler pourquoi, avant la mer
Les pentes sont encore les Alpes
Les replis gardant de petits lacs miroirs
Autant de joyaux liquides
Aux balcons des pentes velours
Le lendemain qui transforme le monde
Attend en silence le départ de l’ombre
Le rideau de lumière, combattant la nuit
Après avoir happé les crêtes,
Peu à peu lui grignote une part de jour
En allégeant son triangle- c’était en rosé
Le lendemain est aujourd’hui, posé
L’aube a relégué mercredi
D’un éclairage nouveau le haut fantasme
de glaces construit le jeudi.
—-
RC
5 fev 2012
Frédéric Angot – LA NAISSANCE DU POETE ORANGE
LA NAISSANCE DU POETE ORANGE
Ce jour là, mille anges, au titre de délégation divine, vinrent sur notre belle et bleue planète afin d’assister à une naissance.
Oh! Pardieu! Ce n’était point naissance ordinaire!…
C’était celle du Poète Orange.
Ce nouvel être, tant attendu des anges et peut-être de Dieu le Père lui même, devait symboliser à mes yeux et à ceux de bien d’autres l’incarnation du Bonheur Terrestre.
La venue sur Terre de ce nouveau-né pouvait être alors comparée à un avènement, oui, je dis bien un avènement!
C’était comme l’arrivée d’un nouveau messie qui aurait pour vocation l’enseignement du bonheur, ce bonheur auquel chacun de nous aspire.
Concrètement parlant, le sort, fort cocasse,
voulut qu’il naisse dans la chaude et
brillante ville d’Orange. Un soleil grec
célébrait à sa manière la venue au monde du Poète Orange.
L’accouchement s’exécuta à la vitesse de l’éclair et sans trop de douleurs pour la mère. La présence des anges dut donner des ailes au nourrisson qui devint ainsi le troisième enfant de la famille.
A la naissance, le Poète Orange était accablé d’une rude tignasse brune prolongée d’un discret duvet annonçant déjà la présence future d’épais favoris.