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Nature morte au verre, à l’orange et aux citrons – ( RC )


peinture  Marsden Hartley – nature morte aux citrons – 1928

Grande joie de lumière
dans la toile rectangulaire
dès qu’on ouvre la porte :
une nappe plissée,
quelques fruits disposés,
un verre , et la musique du silence
en couleurs complémentaires :
c’est ce qu’on pense
être une nature morte…

Trois citrons aux ombres vertes,
attendent sur une assiette.
Aucun des fruits ne bouge,
personne ne les dérange
dans leur écrin rouge
voisin du verre à pied
où transparaît la valse des bleus
dans leur savant camaïeu.

Juste une orange isolée
dans le coin droit,
dépourvue de pesanteur
attend qu’on la mange.
Avant qu’on l’attrape
elle répercute un peu de couleur
sur le verre vide
dont la matière limpide
se dresse sur la nappe.

Le côté gauche est plus incertain:
il est probable
qu’on devine un coin de table :
– on a négligé le reste du festin
pour concentrer notre attention
sur la composition -,
les courbes qui se répondent
et les formes rondes
de la nature morte aux citrons.

RC – Août 22


Abdallah Zrika – ivresse de l’effacement 3


montage RC

L’amertume ne vient
qu’après la soie d’une blancheur
et l’or d’une main

La lamentation quand elle s’élève
ne se guérit pas par l’ivresse
d’un œil et la bougie d’un front

Tu montes les échelles d’un visage
et tu tombes dans le fond
d’un poème

Tu montes l’arbre de l’énoncé
et tu dors sous l’orange
d’une poitrine

Mais que doit-il rester de toi
pour que quelque chose reste de toi ?

Les conteurs eux-mêmes fuient
ta tombe

Les oiseaux emportent les cheveux
des filles de tes mots

Même la terre
n’est pas attirée
par la pâleur de ton visage

Quand le bois de ton nom
se tord
sous le froid d’un automne.

reblog du site « terre de femmes »


Julien Bosc – écrire avant de se taire


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écrire
avant se taire
rallumer son feu dès l’aube peler l’orange
raccommoder sa langue et sa peau
compter les gouttes de pluies glissées sous le rameau nu du pommier
laisser venir
offrir un toit au vent  et
si du dedans le papillon frappe au carreau de la fenêtre ou de la porte
lui parler peu sans surtout forcer la voix
le prendre dans le creux d’une main
entrebâiller la fenêtre ou la porte et ouvrir après la main

ainsi
des ocelles rouge et jaune à ras des crêtes et
dans de la nuit bleue
l’éventualité d’un poème
à vingt jours du printemps
offrir un nouvel air à la terre du jardin en
ratissant les feuilles mortes puis
allumer un feu de petits bois et vieux genêts
les y jeter et voir partir en fumée
(penser qu’on pourrait se pendre
allez savoir pourquoi à ce moment-là)
compter les premières jonquilles tel un enfant les pièces au fond de sa poche
et avec huit être riche comme Crésus
rentrer tandis que les pâquerettes hâtives se replient pour la nuit
allumer sa lampe comme d’autres mettent à la voile
faire le vide et
tenter d’en tirer quelques bribes — gagnées sur la mélancolie
——————


Jean Guéhenno – l’orange de Noël


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Noël, dans mon enfance, c’était le JOUR ou on me donnait une orange et c’était un grand événement

Sous la forme de cette pomme d’or, parfaite et brillante, ]e pensais tenir dans mes mains le bonheur du monde

Je regardais ma belle orange , ma mère la tirait de son papier de soie ,

tous deux, nous en admirions la grosseur, la rondeur, l’éclat ,

]e prenais dans le buffet un de ces beaux verres a pied en cristal qu’on achetait alors dans les foires Je le renversais, le mettais à droite, au bout de la cheminée, et ma mère posait dessus la belle orange

Pendant des mois, elle nous assurait par ses belles couleurs, que le bonheur et la beauté étaient de ce monde

Quelquefois, je la palpais, Je la tâtais

II m’arrivait d’insinuer qu’elle serait bientôt mûre

— Attendons encore ! répondait ma mère,

quand nous l’aurons mangée, qu’est-ce qui nous restera ! ( )

Jean GUÉHENNO          « Changer la vie »                        (ed Grasset et Fasquelle)


Paul Gravillon – un feu d’artifice suspendu


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Un feu d’artifice suspendu
s’enfonce dans le passé de la nuit
et l’illumine

Il jette des pièces d’argent
qui ont toutes les couleurs de la nacre
tous les mariages de la nuit et du jour
auxquels font contrepoint les basses
des mains entr’ouvertes
aux gris diaphanes
et des doigts demi joints
aux velours mauve

les bois s’estompent
à la lisière du soir
et tu t’avances
derrière ton masque de dentelles
froissées
ton œil pervenche
ta joue ambrée
ta moiteur crépusculaire

deux gouttes blanches
jaillissent de ton bouquet de plumes
des chauves-souris aux cris orange
fixées dans le vol
par le cerf-volant mordoré de leur beauté
déchirent un duvet rosé
leur élan vert
zigzague derrière elles

comme les veines du ciel
et de ton ventre
un doux tourbillon de papillons
saumon et pourpre
palpite
dans la transparence marine
où je m’enfonce

 

P G


Guillaume Apollinaire – Orange


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peinture  : Pierre Alechinsky  : la cantatrice

 

Te souviens-tu mon Lou de ce panier d’oranges
Douces comme l’amour qu’en ce temps-là nous fîmes
Tu me les envoyas un jour d’hiver à Nîmes
Et je n’osai manger ces beaux fruits d’or des anges
Je les gardai longtemps pour les manger ensemble
Car tu devais venir me retrouver à Nîmes
De mon amour vaincu les dépouilles opimes
Pourrirent J’attendais Mon cœur la main me tremble !
Une petite orange était restée intacte
Je la pris avec moi quand à six nous partîmes
Et je l’ai retrouvée intacte comme à Nîmes
Elle est toute petite et sa peau se contracte.
Et tandis que les obus passent je la mange
Elle est exquise ainsi que mon amour de Nîmes
O soleil concentré riche comme mes rimes
O savoureux amour ô ma petite orange !
Les souvenirs sont-ils un beau fruit qu’on savoure ?
Le mangeant j’ai détruit mes souvenirs opimes
Puissé-je t’oublier mon pauvre amour de Nîmes !
J’ai tout mangé l’orange et la peau qui l’entoure
Mon Lou pense parfois à la petite orange
Douce comme l’amour le pauvre amour de Nîmes
Douce comme l’amour qu’en ce temps-là nous fîmes
Il me reste une orange
Un cœur un cœur étrange

 

Guillaume APOLLINAIRE « Ombre de mon amour »


Murièle Modely – ma langue pauvre


Carved Yugito (900-600 B.C.) Middle Preclassic, Olmec. Gulf coast, Veracruz, Mexico:

Tête de pierre  Yugito (900-600 av J.C.)  Olmeque –         sculpture pré-colombienne

 

peut-être que ma langue pauvre finira
comme une peau d’orange
sous un buffet normand
ou un buffet sans nom
ces meubles remplaçables de lieux interchangeables
que l’on fait durer
où l’on peut oublier
toutes ces langues pauvres
dépiautées
dépecées
qui ne disent plus rien
qui ne leur parlent pas
un objet
et rien d’autre
figé
sans valeur
peut-être que ma langue pauvre langue finira dans ta bouche sous le flux de salive par encore palpiter

 


Soleils des gongs – ( RC )


photo: commémoration de l’anniversaire du Bouddha – Indonésie

Le frisson, soudain prend de l’amplitude,

Le soleil des gongs, s’élargit .

Proche. On pourrait presque le palper.

Ses rayons fusent dans l’espace

Et se posent sur les ors des Bouddhas.

Le temple est sérénité…

Même l’encens est immobile .

Il plane, comme brume d’automne,

Sur l’assemblée agenouillée,

Qui médite …. –        orange .

RC- juin 2015


Jackie Plaetevoet – Speranza ( extrait )


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J’espère
mais je ne suis pas sûre du tout
que tu pourras lire ces mots cependant je voulais te dire que je t’écris chaque nuit et que le temps porte l’écharpe que je t’avais offerte bleu pâle cernée d’orangé.

Sûrement tu te souviens de ce jardin où nous avions contemplé le ciel alors que Mars était de feu.

Les étoiles jouaient à changer de constellations et devant cette sarabande la nuit riait à pleins silences avec la lune sereine et pleine. Dans la demi obscurité les parfums mélangés de seringua et de pivoines s’étreignaient entre nos visages qui se cherchaient se retenaient.

 

Jackie Plaetevoet – Editions Sang d’encre –

 


Main-mise de la sécheresse – ( RC )


photo perso -  route de Ouazazate Maroc

photo perso –                  route de Ouazazate                   Maroc

Je suis des yeux le mince ruban d’un chemin

Il progresse lentement entre les pierres,

Un convoi laisse sa trace, en ruban de poussière

Derrière on ne distingue pas encore les engins,

La main-mise de la sécheresse est partout,

Elle a mis à nu les pentes rousses,

Où aucune plante ne pousse,

Et aucun arbre n’est debout.

En s’aventurant dans les creux,

Des maisons d’argile se dressent,

La fantaisie les délaisse,

Elles se distinguent à peine du sol rocheux.

Au pied de pentes raides,

Quelques palmiers      survivent,

Bordée de roches coupantes, la rive

A peine humide,          de l’oued…

Le regard des enfants a l’éclat de la fièvre,

Il n’y a pas d’herbes,  mais un sol orange.

On se demande        ce que mangent,

Les quelques troupeaux de chèvres…

Tu as le visage cuivré au grand air,

Buriné de rides,

Cuit au soleil de l ‘aride,

Offrant du cuir, plutôt que de la chair.

L’astre du jour monte en puissance,

Tant, que l’éblouissement prolifère,

Et           la mince croûte de terre,

S’ouvre en béances,

Sans ombre protectrice,

Ce sont d’abord   quelques fissures

Puis sol se lézarde  en brisures,

Aux plaies du sacrifice.

Sous l’abri des tentes berbères  ;

Le thé à la menthe …..

Et les heures passent,       lentes,

Aux portes du désert…

RC – 17 novembre  2013

 

photo perso - Maroc   octobre 2013

photo perso –                       Maroc octobre 2013


contre le jour – ( RC )


Photo perso  Saint-Louis

Photo perso   Saint-Louis – 68

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peinture  Jeffrey T Larson   – -hanging-laundry-2009

 

 

Une main devant les yeux
Si je reçois le soleil de face-
 Il n’y a plus devant-
que ce que je vois.              En blanc
Et une découpe. Une forme flottante 
Dont je ne perçois  une présence,
Un drap orange
Il claque au vent,
Avec tes pieds – pour de vrai-
Et ta silhouette, qui suit,
Les courbes des secousses,
D’une brise douce.
Il fera encore chaud aujourd’hui,
Et, au cours des heures,
Le linge suspendu plus loin,
Portera sa découpe aussi,
Dansante… en soustrayant les couleurs
Au sommeil du soir, qui attend.
-RC- 21 octobre 2013

 


Vois comme le soir s’éteint – ( RC )


photo: Michael~Ashley Carver                                   photo:          Michael~Ashley Carver

Regarde, la lumière orange,

Se coucher sur le lac,

Que les rides d’une brise, dérangent,

Ou cette feuille tombée sur la flaque…

Regarde comme les pierres s’envolent,

Détachées du filet

Elles ne sont plus attachées au sol,

Que par leur reflet.

Regarde, comme il rebondit,

Le petit soleil tenace

Bientôt englouti

Dans les eaux lasses

Regarde, comme les nuages filent,

Et moussent une écume d’or,

Au dessus des îles,

En géantes fleurs.

Vois comme le soir s’éteint,

Il se dissout sans bruit,

Pour préparer demain.

De l’autre côté ,  c’est bientôt la nuit.

RC – 26 septembre 2013


Paroles en déni, glacées d’incendies ( RC )


peinture: Baziotes

      peinture:            Baziotes

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Des dits, des non dits,

Et des paroles en déni

Autant glacées qu’elles  brûlent,

Ainsi sur mes doigts crispés,la neige…

Voguant la passion,

Avant que retombe le murmure  du silence,

Poignards des incendies,

Effaçant la nuit,

Orange, la ville  s’allume,

Comme elle illumine sa tragédie,

En quelque sorte, le bouquet final,

Juste avant le retour du glacial,

Lorsque tout sera partie  en fumée,

Et notre histoire,  consumée.

RC – 5 septembre 2013

 

 

 


Douleur orange ( RC )


Résultat de recherche d'images pour "turner sun setting over a lake"

peinture  : W Turner –  Sun Setting Over a Lake-

 

Comme  tu es              loin … !
Plaquée en ombre sur le soleil
Aveuglé,       d’ une douleur   – orange.

RC –  26 avril 2013


la verte menace du supérieur aux oiseaux (RC )


Adolf Wolfi artist de l'art Brut, Suisse.:

 

art  A  Wölfli

 

–  

                   Notes assemblées, collées,

passages soulignés, paragraphes décalés,

—-    Secrets d’alcôve de palais vénitiens

Ce calme précaire suspendu dans les airs,

  • intérieur à la flamande,

La toilette de la mariée se détourne ,en carrelage froid.

Le somptueux ,                   voisine l’éventail rosi

                                    – chevelure fantasque,

Comme le plumage onctueux d’orange, se profile

L’œil fixe, me cloue,   – rapace –        de face.

Peu à peu le récit se cristallise de métaphores lisses,

Décrites d’ombres nettes,   vers le double encadré.

Epinglé,                              et qui n’est pas miroir.

 

Lance brisée, sous la verte menace du supérieur aux oiseaux,

Et l’arlequin déguisé,         rentré là,     comme par effraction.

Rien n’est dit ,           du robinet qui goutte,

( On l’entend plus         qu’on ne le montre, )

Contre le temps qui s’écoule,        cascade

La coiffure ,      d’un gnome aux quatre seins,

Avorton oublié là,     sans qu’on paraisse y prêter attention,

Au seuil de l’inquiétude.

RC  –  28 avril 2013


Ahmed Mehaoudi – la fin d’une parenthèse


c’est mieux la rose et l’eau

à ce ciel de soleil

on rira

au crépuscule

on pleura l’ami

qui dira mieux à l’eau de rose

 

c’est mieux que d’aller fouiner dans la nuit

 

meilleur qu’un oiseau de bonne augure

à ce visage d’idée

sans arrière boutique

c’est mieux d’écouter un grillon

éplucher une orange

lire en dormant

fermer la porte en baillant

 

c’est mieux de laisser closes les latrines

car c’est mieux de couler

dans les bras du printemps

vieillir au silence des étoiles

 

écrire se taire à l’impératif…

17 mars 2013

Elle, dans le miroir ( RC )


photo Sciences et Avenir:         lune en croissant se déplaçant

Bascule  doucement l’horizon
Qui s’étire au fil des heures…

Il y a plus haut, une course
Entre deux cercles

L’un s’éteint  d’orange, et l’autre
Monte blanchâtre en son halo

Partie de ping-pong dans les nuages
Et lentement se déplace

Il paraît même  qu’elle me regarde
Le dos à la fenêtre, quand  j’écris

C’est ce que  me dit le miroir
En face

Au dessus du reflet de ma lampe
Quand arrive la nuit

Qui l’enveloppe
Et lui sourit

RC –  25 décembre  2012

Softly Toggles the horizon
Stretching over hours …

There is above, a race
Between two circles

One turns off orange, and the other
Rises whitish in
its halo


A part of ping-pong in the clouds
And slowly moves

It even seems to me that it looks at me
Back to the window, when I’m writing

That is what the mirror tells me
in front of me

Above the reflection of my lamp
When the night comes

Which envelopes it
And smiled at it.

 


Jean Daive – Le monde est maintenant visible .


photo perso, Burkina Faso,  environs  de Bobo Dioulasso

photo perso, Burkina Faso, environs de Bobo Dioulasso

 

 
Le monde est maintenant visible
entre mers et montagnes.

Je marche entre les transparences
parmi les années
les fantômes
et le matricule de chacun.

Les pierres
les herbes sont enchantées.

Tout se couvre
jusqu’au néant
de pétroglyphes.

Je compte les mâts
penchés près du rivage.

À perte de vue, la prairie des cormorans
car chaque maison est un navire
qui se balance.

Plutôt le crime ou plutôt
la mort des amants ou
plutôt l’inceste du frère
et de la sœur ou ―

je prends le temps
de manger une orange.

Dans ces moitiés d’assiettes et
autres fragments trouvés
avec pierres taillées, dessinées ou peintes
masse de cailloux, graviers avec sable
mesurent un site
une ville que j’explore
avec l’énergie d’un oiseau.
.

Jean Daive, L’Énonciateur des extrêmes, Nous, 2012, pp. 39-40.

 


Jean-Pierre Duprey – Sommeil dont j’ai peur


peinture;             Winslow Homer    :               la vigie      1896

Un jour je dormirai du sommeil dont j’ai peur
Pour ne plus m’éveiller
Je descendrai au fond de ces temps oubliés
Où les sirènes pleurent.

Et les très longs voyages repliés dans ma tête
Seront chiffons de rêve
L’archange qui nous garde et sans nous ne s’élève
Sera l’ange de la fête

Puisse durer longtemps le phare du vaisseau
Qui nous porte sur terre
L’abri que se construisent les marins sous les flots
Me semble bien précaire

Allégés de leur poids ils sont bulles de verre
Portés par les anges
Un rêve qui les cogne claque comme une orange
Entre deux bras de mer.

Jean-Pierre Duprey


Jacques Prévert – Alicante


peinture; Jane Peterson

Une orange sur la table
Ta robe sur le tapis
Et dans mon lit, vous
Cadeau doux de cette
Fraîcheur de la nuit
Chaleur de ma vie …

peinture: Paul Sérusier, nature morte dans l'atelier


Mercredi dans les Alpes (RC)


photo perso: lumière du matin dans les Cévennes ( St Cirgues en Montagne)

——–

Pourquoi j’ai choisi ce titre ?

Hein,  -sans doute parce que

Cà sonne comme un jour  changeant ,

Et les sonnailles du bétail dispersé.

 

Le lendemain, transforme le monde,

Les murailles  gris bleu sont maintenant orange

En tournant la tête, je déchire   quelques  nuages

Cavalcade  de quelques bouquetins en  éboulis

 

Le lendemain est aussi tout à l’heure

L’épaule suspendue  de la montagne

Se teinte  d’éclairages  d’hiver et la fantaisie

d’oiseaux de Magritte englués dans le roc

 

Sages tracés de remontées mécaniques

striant les pentes de lignes mobiles

Ruches bourdonnantes d’immeubles agglutinés

Comme d’excroissances vénéneuses.

 

Le lendemain changeant me dit le pays voisin

Transformant la parole, en langage étranger

Mon père disait  » mâcher de la paille »

En absence – Prévert -de passage- muraille

 

Et de tunnels routiers audacieux

Et les spirales des voies ferrées d’antan

Forant des kilomètres  rocheux

Et jouant    des ponts si  improbables

 

C’est vers Tende, je me souviens

Me rappeler pourquoi, avant la mer

Les pentes  sont  encore les Alpes

Les replis gardant de petits  lacs miroirs

 

Autant de joyaux liquides

Aux balcons des pentes velours

Le lendemain qui transforme le monde

Attend en silence le départ de l’ombre

 

Le rideau de lumière, combattant la nuit

Après avoir happé les  crêtes,

Peu à peu lui grignote une part de jour

En allégeant son triangle- c’était en rosé

 

Le lendemain est aujourd’hui, posé

L’aube a relégué mercredi

D’un  éclairage nouveau le haut fantasme

de glaces                      construit le jeudi.

—-

RC

5 fev 2012

Peinture: René Magritte


Frédéric Angot – LA NAISSANCE DU POETE ORANGE


 

 

 

 

 

 

LA NAISSANCE DU POETE ORANGE

 

Ce jour là, mille anges, au titre de délégation divine, vinrent sur notre belle et bleue planète afin d’assister à une naissance.

Oh! Pardieu! Ce n’était point naissance ordinaire!…

C’était celle du Poète Orange.

Ce nouvel être, tant attendu des anges et peut-être de Dieu le Père lui même, devait symboliser à mes yeux et à ceux de bien d’autres l’incarnation du Bonheur Terrestre.

La venue sur Terre de ce nouveau-né pouvait être alors comparée à un avènement, oui, je dis bien un avènement!

C’était comme l’arrivée d’un nouveau messie qui aurait pour vocation l’enseignement du bonheur, ce bonheur auquel chacun de nous aspire.

Concrètement parlant, le sort, fort cocasse,

voulut qu’il naisse dans la chaude et

brillante ville d’Orange. Un soleil grec

célébrait à sa manière la venue au monde du Poète Orange.

 

L’accouchement s’exécuta à la vitesse de l’éclair et sans trop de douleurs pour la mère. La présence des anges dut donner des ailes au nourrisson qui devint ainsi le troisième enfant de la famille.

A la naissance, le Poète Orange était accablé d’une rude tignasse brune prolongée d’un discret duvet annonçant déjà la présence future d’épais favoris.