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Les mailles écorchées de la réalité – ( RC )


photo-sixpersoenquetedauteur-jeanlouisfernandez-ca-3056975-jpg_2671550_660x281                          image: « Six personnages en quête d’auteur », mis en scène par Emmanuel Demarcy.  » – provenance  lepoint.fr

 

J’ai du mal à ordonner les choses,
ordonner dans le sens « ordre donné »,
plutôt que dans celui de ordre-désordre… :
J’ai dû prendre la formule à l’envers.

Je navigue sans doute à contre-sens,
et justement les choses sont comme
on n’a pas l’habitude de, ( l’inversion du mode d’emploi)
et du mélange du tout …

(            Qui de l’ordre du fantasme,
des mailles écorchées de la réalité,
des formules à l’alchimie incertaine,
où le fil qui les tient ensemble se dissout…         )

J’énonce des choses, où,
comme les légumes, se juxtaposent, ceux qui
crus , crissent sont la dent,
ceux qui , trop cuits ,      dont la matière s’échappe .

Et avec le tout, une architecture fantasque.
On se demande comment ça tient debout,
quelle est la part du rêve,
et où se glissent les carillons des fêtes,

La sonate des pages qui s’envolent,
le pavillon de l’impatience,
l’essence volatile des sentiments,
et l’encre qui se dépose,

  •   où je vais puiser…
    encore sous le coup du choc d’un regard,
    des noces de plume,
    et de l’obscur affrontement des mots.

RC- dec 2015


Pierre Torreilles – Où je suis


photo perso: rochers en Margeride

photo perso: rochers en Margeride

 

 

Où je suis
——–
Ordre
de ce qu’ont tu

le grand désordre évanescent,
l’oubli déchiqueté d’une mémoire souveraine,
je suis le Décillant.

Chaque épave
, gravide,
laisse à mes doigts l’écho.
…je sculpte le silence
,parole improvisée,

la montagne sonore.

L ‘oiseau est ma ponctuation.

Voici
le grand ressac,
l’ absence écrite,

sur l’ épaule du jour
la terre,
en suspens, ô bannissement ressassé !
la volonté féconde et la ténèbre qui l’accueille

le feu
de quelque encerclement.

Sans ombre le déclin
à la merci de la rupture,
le corps
bleu
maintenant qui me voit.
S ‘entre-dévorent , .
éblouissant,
la lumière et la nuit dans la parole qui sommeille.

Viennent bientôt m’habiller l’aube,
ruse,
de ses mots éloignés le silence,

le corps de l’air.
De nulle écoute l’horizon
quand accoste ma résonance.
*
Le mot,
déjà reçu,
dans mes pas
, oublié,
oblique lame sinueuse
l’éclat…
de quel sentier,
livide cicatrice?
Vacille
le miroir le fleuve où s’est réfugiée la mer.

Soudain tari
le puits,
intime appui du jour
abrupte éclosion de ma bouche sonore.

Quel fil descend
depuis l’ éther jusqu’en la terre,
s’étend au plus profond où séjourne l’éveil?
Du plus obscur survient l’imprononcé,
détrempé de lumière.

extrait de  « Où se dressait le cyprès blanc  »  Gallimard  1992

 


Là-haut, ici bas – ( RC )


 

 

 

 

 

 

 

Là-haut, ici bas.

Sans limites, se poussent les nuages en épaisseurs  grises
C’est un ciel  d’étains, qui bascule à coups  d’éclairs…
Une  couverture  dont  on ne  connaît pas la lisière
Tandis  que, dans un mélange de clairs et de bruits, la terre  s’enlise.

C’est une  dispute  de géants, à coups de cimeterres
Pour la conquête  d’un territoire immense
Et l’on reçoit ici, les échos  du combat,  en pluie dense
Agrémentée des roulements  du tonnerre.

Les  fanfares  d’Eole  embouchent leurs  trompettes
Les arbres  se secouent  en tout sens
Et mêlent  leurs  membres  de toutes  essences
Quand  s’approche la tempête.

Voila que  gifle une tornade de grêle…
Le sol accepte sans  résistance
Que les dieux bataillent  sans  décence
Et s »envoient  à la figure  leur vaisselle .

Ceux qui connaissent l’endroit se demandent ce qu’il est advenu
Du paysage  riant,  de sa vallée large, maintenant déserte
Des routes emmêlées de troncs, une marée verte
De branches  en tous sens, et du feuillage haché menu…

Il faudra une main large pour écarter les nuages
Et mettre une fin provisoire, aux  hostilités
Déjà, s’amoncèlent  les  dégâts  – une calamité
Pour les habitants d’en bas, comptant leurs dommages.

Une main puissante  qu’on ne puisse pas mordre
Pour  retrouver  le chemin de l’entente, et l’esquisse
D’un début de paix et sérénité, une  armistice
Que certains nommeront le retour à l’ordre.

Pour  fuir la confusion, un peu d’autorité
Que le pays panse ses plaies
Il faut reconstruire,     et sans  délai
Après l’ouragan ,         de la fin de l’été.

 

RC  –  17 octobre  2012

 

( toute similitude  avec les situations politiques  ne serait pas complètement fortuite)