Denis Samson – Pistes effacées

Pistes effacées
des incarnations de l’errance
la nuit un gant de satin
refermé sur nous
qui dérivions à l’éphémère
grammaire d’odeurs
miroir reflétant
l’indolence des eaux
enchaînées à des roses
mains échevelées oreiller qui baille.
texte de l’auteur D Samson ( Québec )… tiré du riche blog CLS Poésie
Garous Abdolmalekian – Esquisse 1

extrait de « Nos poings sous la table »
Li-Young Lee – Oreiller
–
Oreiller
Rien
que je ne puisse trouver là-dessous.
Des voix dans les arbres.
Les pages manquantes de la mer.
Tout
sauf le sommeil.
Et la nuit est une rivière
reliant les rivages du dire
à ceux de l’écoute.
Une forteresse
inviolée,
indéfendue.
Rien
qui ne puisse y être contenu :
fontaines obstruées
de boue et de feuilles,
habitacles de l’enfance.
Et la nuit commence
avec les doigts de ma mère
délaissant les fils noués
et dénoués
pour effleurer les motifs de notre histoire
à vif.
La nuit est l’ombre allongée
des mains de mon père
réglant l’horloge
pour la ressusciter.
Ou alors celle
de la pendule disloquée,
et des chiffres qui s’envolent.
Rien qui n’y ait trouvé sa place :
plumes élimées,
chaussures orphelines,
un alphabet en miettes.
Tout
sauf le sommeil.
Et la nuit commence
avec la première décapitation
du jasmin.
Son parfum captif débarrassé enfin
de la parure du deuil.
–
Pillow
There’s nothing I can’t find under there.
Voices in the trees.
The missing pages of the sea.
Everything but sleep.
And night is a river
bridging the speaking
and the listening banks.
A fortress,
undefended and
inviolate.
There’s nothing that
won’t fit under it :
fountains clogged with
mud and leaves.
The houses of my chilhood.
And night begins when
my mother’s fingers
let go of the thread
they have been tying and
untying
to touch toward our
fraying story’s hem.
Night is the shadow of
my father’s hands
setting the clock for
resurrection.
Or is it the clock
unraveled, the numbers
flown ?
Parfum & image – (RC )
–
Virevolte au travers de la chambre,
Une senteur, habillant ta présence,
Qui n’est plus qu’un petit creux,
Sur l’oreiller, et parmi les draps
–
-Un peu froissés., il y a un ou deux,
Fils d’or – tes cheveux…
Tu n’es plus là, et même,
Si lentement, le parfum, se dissipe…
–
De l’absence il n’est plus distance-
Quand les nuits persistent,
A remplir d’ivresse, ton image.
Elle envahit tout l’espace,
–
Sans rumeur ni tapage,
Et revient , équilibriste
Sur la pointe des pieds,
En attendant, ton retour.
–
RC – 17 septembre 2013
–
Flottements – (ombrecontrevents)
Adeline, dans son blog , nous fait partager ses publications et écrits, que je découvre de façon très récente, et qui m’autorise à republier qq uns de ses posts, en voila un..
Flottements
Tu t’insistes
Décalques pour rester ne pas t’oublier
tu aimes tes assuétudes tes désuétudes tes solitudes
papillonnes à travers des paysages toujours les mêmes
tu as si peur de t’égarer
Tes berceaux flottent en souvenirs d’inconsistance
je crois que tu aimais ces barreaux bleus en rais de ciel
Tu t’envolais
cachais sous ton oreiller des fleurs de rêve
pour assurance
Tu t’éveillais
te grisais de la lumière en traits rayés
qui dansait à travers le vert des volets
Parfois encore tu te berces de droite à gauche
te perds un peu
Tu t’es rapprochée des soleils des vents d’été
tu le sais enfin ce pays où tu es bien
Il s’est fixé sous tes paupières
Alors pourquoi flotter encore…
Sans doute parce que tu as lu la dernière page
Depuis si longtemps
Tu sais…