Derrière le mur, le ciel joue un concert – ( RC )
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Derrière le mur,
Le ciel joue un concert,
Avec des cuivres,
Et des ors,
Brodés sur les nuages.
L’herbe est profonde,
Le champ en pente douce,
Jusqu’à la rivière,
Dont on perçoit,
Juste le murmure .
On dirait que dehors t’attend,
Mais tu restes immobile,
Derrière le mur .
Les os sont fragiles,
Mais tu peux risquer quelques pas,
Et ouvrir la porte.
Le crépuscule n’est pas la nuit,
Et du soleil couchant,
C’est sa lumière encore,
Qui donne le relief à la vie.
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RC – mai 2015
Esther Tellermann – Choucas
photo perso fresque de l’église de JANAILHAC
Ils sont tiens
les choucas
les Dieux peints
les tissus refroidis
la sueur
et la grille
Ils sont tiens
les lits durs
les goûts de paille
l’usure
des soulèvements
***
Car
rien ne donne la réponse
ni dômes surgis
ni masques de terre
Pistes s’égrènent en copeaux
en nuits balayées par les torches
Etions accoutrés d’os
faisant commerce de braise
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Miguel Hernandez – Même si tu n’es pas là
photo Francesco Borrelli
MÊME SI TU N’ES PAS LÀ Même si tu n’es pas là, mes yeux
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AUNQUE TU NO ESTAS Aunque tú no estás, mis ojos |
Cancionero y romancero de ausencias (1938-1942)
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Avec la citation de ce poète espagnol, dont on peut trouver d’autres textes et leur traduction sur le site « Fibrillations »...
je ne peux m’empêcher de faire le rapprochement avec mon propre texte , qui a un titre, et un esprit très approchant. RC
Jacques Dupin – Grand vent
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Nous n’appartenons qu’au sentier de montagne
Qui serpente au soleil entre la sauge et le lichen
Et s’élance à la nuit, chemin de crête,
À la rencontre des constellations.
Nous avons rapproché des sommets
La limite des terres arables.
Les graines éclatent dans nos poings.
Les flammes rentrent dans nos os.
Que le fumier monte à dos d’hommes jusqu’à nous !
Que la vigne et le seigle répliquent
À la vieillesse du volcan !
Les fruits de l’orgueil, les fruits du basalte
Mûriront sous les coups
Qui nous rendent visibles.
La chair endurera ce que l’œil a souffert,
Ce que les loups n’ont pas rêvé
Avant de descendre à la mer.
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du recueil » le corps clairvoyant » –
Marie Hurtrel – gelures au bord de l’étang
L’heure est aux gelures des bords des étangs incrustés de lune.
Là,
entre un silence et le souffle des monstres brennous,
les plumes s’agitent,
les mots tombent,
Dans l’antre ouverte de l’outre âge :
Il est temps,
où le temps sourd.
Il crime,
de l’autre côté de la terre ;
la mort a l’odeur des baptêmes intégristes.
Le sens broie où les os craquent,
quand la patience cure ses canines occidentales.
© Marie Hurtrel
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Antoine Wauters – cinq extraits d’os
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La maison de la poésie de Belgique présente Antoine WAUTERS
5 extraits d’Os.
cueille langue, dents, dame d’onze heures et muguet, cueille cheveu chenu, regard chauve en larmes tombées à l’eau, fauche les mal pensées, les amorphes, tasse-moi de frissons sauvages, de gorges où rugir en sang, cueille, tasse, entame l’incendie des feuillus térébrants
ne parle pas des bris sous peau, des soupentes, du mur couru de lézards, pas du sac à carnage, des tissus fous de rixes, vices et tire-fonds, tais la bouche enflée de nids d’effrois, tournes-y sept fois le manque, cent fois tes vies de venin, cent fois dix corps en cri boa
joue-moi du compas dans l’œil, du chien andalou où tu veux, coiffe-moi d’ankylose et de paralysies centuples, joue-moi sur toutes les gammes de la disparition, varie valse-moi sur les chemins néants, intimes en capharnaüm
ris, il fait soif de blanches, de canines, de vent levé de vie, ris les larmes ça va, en aval de toi courant l’un de ton nombre, ris, le corps pillé plié en quatre fois cent quatre, aux larmes en fifrelin de toi, en aval de l’œil et des larmes ça va
ne les suis pas nécessairement dans l’empresse du pas, la rogne des vigilances jouant du coude, ne les suis pas dans la santé, les corsos d’yeux en fleur, repose, futile et nu, dans l’ordonnance des impasses, l’agencement des assis, avec pour tout motif un soir tombé entre les mains
Czeslaw Milosz – Rien de plus

Jangarh Singh Shyam - Un paon
Rien de plus
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Si j’avais pu décrire comment les courtisanes vénitiennes
Avec un roseau taquinent un paon dans la cour
Et du brocart mordoré, des perles de leur ceinture,
Délivrent leurs seins lourds, si j’avais pu dépeindre
La trace rouge de la fermeture de la robe sur leur ventre
Tels que les voyait le timonier de la galère
Débarqué au matin avec son chargement d’or,
Et si, en même temps, j’avais pu trouver pour leurs os,
Au cimetière dont la mer huileuse lèche les portes,
Un mot les préservant mieux que l’unique peigne
Qui, dans la cendre sous une dalle, attend la lumière,
Alors je n’aurais jamais douté. De la matière friable
Que peut-on retenir ? Rien, si ce n’est la beauté.
Aussi doivent nous suffire les fleurs des cerisiers
Et les chrysanthèmes et la pleine lune.
Czeslaw Milosz
Voir aussi par rapport au texte de Milosz la belle création de Manouchka ( à la hauteur des mots)… voir ici
Quant à moi, sur la peinture de van Gogh j’ajoute ceci:
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En chemin vers l’été
La voûte d’Azur de Vincent
Offre ses dons fleuris d’amandiers
RC 4- avril 2012

peinture: V Van Gogh, branches d'amandiers en fleurs
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Robert Piccamiglio – Smith & Wesson
- peinture-serigraphie: Andy Warhol – Dracula
Je viens de me faire deux meurtres
au Smith et Wesson calibre 35
Trois balles chacun dans la tête
de la cervelle plein les murs
des petits os plein le parquet
Ensuite je prends les corps
je les enveloppe dans le tapis
j’attache le tout
avec la ficelle qui sert à tirer
les rideaux du salon
J’oublie pas non plus d’effacer
mes empreintes
de tirer la chasse d’eau
du cabinet de toilette
après avoir essuyé le parquet
avec des serviettes en papier
Ensuite je redescends les escaliers
les deux meurtres
c’était au deuxième
que çà se passait
Je repasse devant la loge de la concierge
je lui décroche un vache de sourire
en soulevant mon chapeau
Arrivé à ce stade de l’histoire
je me dis que moi aussi
pourquoi pas dans le fond
n’écrirai-je pas des romans
policiers pour faire du fric
et rouler dans de chouettes
bagnoles décapotables
avec sur le siège de gauche
une poule super vison de chez Cardin
négligemment posé sur l’épaule
Alors je reprends tout
comme Chase au début
je viens de me faire deux meurtres
au Smith et Wesson calibre 35
de la cervelle partout
des morceaux d’os pareil
éparpillés sur le parquet