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Derrière le mur, le ciel joue un concert – ( RC )


la- thphotographe non identifié


Derrière le mur,
Le ciel joue un concert,
Avec des cuivres,
Et des ors,
Brodés sur les nuages.

L’herbe est profonde,
Le champ en pente  douce,
Jusqu’à la rivière,
Dont on perçoit,
Juste le murmure .

On dirait que  dehors t’attend,
Mais tu restes immobile,
Derrière le mur .
Les os sont fragiles,
Mais tu peux risquer quelques pas,

Et ouvrir la porte.
Le crépuscule n’est pas la nuit,
Et du soleil couchant,
C’est sa lumière encore,
Qui donne le relief à la vie.


RC – mai  2015

 


Esther Tellermann – Choucas


egl romane JANAILHAC  sud Limoges  fresques   06.jpg

photo perso fresque  de l’église de JANAILHAC

 

 Ils sont tiens
les choucas
les Dieux peints
les tissus refroidis
la sueur
et la grille
Ils sont tiens
les lits durs
les goûts de paille
l’usure
des soulèvements

***
Car
rien ne donne la réponse
ni dômes surgis
ni masques de terre
Pistes s’égrènent en copeaux
en nuits balayées par les torches
Etions accoutrés d’os
faisant commerce de braise

***

 


Miguel Hernandez – Même si tu n’es pas là


 

photo  Francesco Borrelli

photo: Francesco Borrelli

 

MÊME SI TU N’ES PAS LÀ

Même si tu n’es pas là, mes yeux
de toi, de tout, sont remplis.
Tu n’es pas née à une seule aube,
à un seul couchant je ne suis pas mort.
Le monde est plein de toi
et nourri, le cimetière
de moi, par toutes les choses,
de tous les deux, par tout le peuple.
Dans les rues je vais laissant
quelque chose que je ramasse :
morceaux de ma vie
perdus depuis longtemps
Je suis libre dans l’agonie
et je me vois emprisonné
dans les seuils resplendissants,
resplendissants de naissances.
Tout est plein de moi :
de quelque chose qui est à toi et souvenir
perdu, mais retrouvé
quelques fois, quelques temps.
Temps qui reste derrière
résolument noir,
d’un rouge indélébile,
doré sur ton corps.
Tout est plein de toi,
transpercé de tes cheveux :
de quelque chose que je n’ai pas obtenu
et que je cherche entre tes os.

 

 

 

AUNQUE TU NO ESTAS

Aunque tú no estás, mis ojos
de ti, de todo, están llenos.
No has nacido sólo a un alba,
sólo a un ocaso no he muerto.
El mundo lleno de ti
y nutrido el cementerio
de mí, por todas las cosas,
de los dos, por todo el pueblo.
En las calles voy dejando
algo que voy recogiendo :
pedazos de vida mía
perdidos desde muy lejos.
Libre soy en la agonía
y encarcelado me veo
en los radiantes umbrales,
radiantes de nacimientos.
Todo está lleno de mí :
de algo que es tuyo y recuerdo
perdido, pero encontrado
alguna vez, algún tiempo.
Tiempo que se queda atrás
decididamente negro,
indeleblemente rojo,
dorado sobre tu cuerpo.
Todo está lleno de ti
traspasado de tu pelo :
de algo que no he conseguido
y que busco entre tus huesos.

Cancionero y romancero de ausencias (1938-1942)

Avec la citation de  ce poète  espagnol,  dont on peut  trouver d’autres  textes  et leur  traduction sur le site « Fibrillations »...

je ne peux  m’empêcher de faire  le  rapprochement  avec mon propre texte , qui a un titre, et un esprit très approchant.  RC


Jacques Dupin – Grand vent



oriental  country   108158

 

 

 

 

Nous n’appartenons qu’au sentier de montagne
Qui serpente au soleil entre la sauge et le lichen
Et s’élance à la nuit, chemin de crête,
À la rencontre des constellations.
Nous avons rapproché des sommets
La limite des terres arables.
Les graines éclatent dans nos poings.
Les flammes rentrent dans nos os.
Que le fumier monte à dos d’hommes jusqu’à nous !
Que la vigne et le seigle répliquent
À la vieillesse du volcan !
Les fruits de l’orgueil, les fruits du basalte
Mûriront sous les coups
Qui nous rendent visibles.
La chair endurera ce que l’œil a souffert,
Ce que les loups n’ont pas rêvé
Avant de descendre à la mer.

 

du recueil  » le corps  clairvoyant  » –


Marie Hurtrel – gelures au bord de l’étang


givre sur plantes –      photo perso  – Bretagne

L’heure est aux gelures des bords des étangs incrustés de lune.
Là,
entre un silence et le souffle des monstres brennous,
les plumes s’agitent,
les mots tombent,

et la magie n’existe plus que dans l’eau rouge des veines.

Dans l’antre ouverte de l’outre âge :
Il est temps,
où le temps sourd.

Il crime,
de l’autre côté de la terre ;
la mort a l’odeur des baptêmes intégristes.

Le sens broie où les os craquent,
quand la patience cure ses canines occidentales.

© Marie Hurtrel

 

 


Antoine Wauters – cinq extraits d’os


 

 

_

La maison de la poésie de Belgique  présente  Antoine WAUTERS

5 extraits d’Os.

cueille langue, dents, dame d’onze heures et muguet, cueille cheveu chenu,  regard chauve en larmes tombées à l’eau, fauche les mal pensées, les amorphes, tasse-moi de frissons sauvages, de gorges où rugir en sang, cueille, tasse, entame l’incendie des feuillus térébrants

ne parle pas des bris sous peau, des soupentes, du mur couru de lézards, pas du sac à carnage, des tissus fous de rixes, vices et tire-fonds, tais la bouche enflée de nids d’effrois, tournes-y sept fois le manque, cent fois tes vies de venin, cent fois dix corps en cri boa

 

 

joue-moi du compas dans l’œil, du chien andalou où tu veux, coiffe-moi d’ankylose et de paralysies centuples, joue-moi sur toutes les gammes de la disparition, varie valse-moi sur les chemins néants, intimes en capharnaüm

ris, il fait soif de blanches, de canines, de vent levé de vie, ris les larmes ça va, en aval de toi courant l’un de ton nombre, ris, le corps pillé plié en quatre fois cent quatre, aux larmes en fifrelin de toi, en aval de l’œil et des larmes ça va

ne les suis pas nécessairement dans l’empresse du pas, la rogne des vigilances jouant du coude, ne les suis pas dans la santé, les corsos d’yeux en fleur, repose, futile et nu, dans l’ordonnance des impasses, l’agencement des assis, avec pour tout motif un soir tombé entre les mains

 


Czeslaw Milosz – Rien de plus


Jangarh Singh Shyam - Un paon

Rien de plus

…………

Si j’avais pu décrire comment les courtisanes vénitiennes


Avec un roseau taquinent un paon dans la cour


Et du brocart mordoré, des perles de leur ceinture,


Délivrent leurs seins lourds, si j’avais pu dépeindre


La trace rouge de la fermeture de la robe sur leur ventre


Tels que les voyait le timonier de la galère


Débarqué au matin avec son chargement d’or,


Et si, en même temps, j’avais pu trouver pour leurs os,


Au cimetière dont la mer huileuse lèche les portes,


Un mot les préservant mieux que l’unique peigne


Qui, dans la cendre sous une dalle, attend la lumière,



Alors je n’aurais jamais douté. De la matière friable


Que peut-on retenir ? Rien, si ce n’est la beauté.


Aussi doivent nous suffire les fleurs des cerisiers


Et les chrysanthèmes et la pleine lune.



Czeslaw Milosz

Voir aussi par rapport au texte  de Milosz  la belle  création  de Manouchka  ( à la hauteur des mots)…  voir ici

 

Quant à moi,  sur la peinture  de van Gogh j’ajoute ceci:

En chemin vers l’été

La voûte d’Azur  de Vincent

Offre ses dons fleuris d’amandiers

 

RC  4- avril 2012

peinture: V Van Gogh, branches d'amandiers en fleurs


Robert Piccamiglio – Smith & Wesson


peinture-serigraphie: Andy Warhol – Dracula

Je viens de me faire deux meurtres

au Smith et Wesson calibre 35

Trois balles chacun dans la tête

de la cervelle plein les murs

des petits os plein le parquet

 

Ensuite je prends les corps

je les enveloppe dans le tapis

j’attache le tout

avec la ficelle qui sert à tirer

les rideaux du salon

J’oublie pas non plus d’effacer

mes empreintes

de tirer la chasse d’eau

du cabinet de toilette

après avoir essuyé le parquet

avec des serviettes en papier

 

Ensuite je redescends les escaliers

les deux meurtres

c’était au deuxième

que çà se passait

Je repasse devant la loge de la concierge

je lui décroche un vache de sourire

en soulevant mon chapeau

 

Arrivé à ce stade de l’histoire

je me dis que moi aussi

pourquoi pas dans le fond

n’écrirai-je pas des romans

policiers pour faire du fric

et rouler dans de chouettes

bagnoles décapotables

avec sur le siège de gauche

une poule super vison de chez Cardin

négligemment posé sur l’épaule

 

Alors je reprends tout

comme Chase au début

je viens de me faire deux meurtres

au Smith et Wesson calibre 35

de la cervelle partout

des morceaux d’os pareil

éparpillés sur le parquet