Pablo Neruda – Le potier –

Ton corps entier possède la coupe ou la douceur qui me sont destinées. Quand je lève la main je trouve en chaque endroit une colombe qui me cherchait, comme si, mon amour, d'argile on t’avait faite pour mes mains de potier. Tes genoux, tes seins et tes hanches me manquent comme au creux d une terre assoiffée d’où l’on a détaché une forme, et ensemble nous sommes un tout comme l’est un fleuve ou comme le sable.
El alfarero Todo tu cuerpo tiene copa o dulzura destinada a mí. Cuando subo la mano encuentro en cada sitio una paloma que me buscaba, como si te hubieran, amor, hecho de arcilla para mis propias manos de alfarero. Tus rodillas, tus senos, tu cintura faltan en mí como en el hueco de una tierra sedienta de la que desprendieron una forma, y juntos somos completos como un solo río, como una sola arena.
Vingt poèmes d’amour
et une chanson desespérée
nrf Poésie/Gallimard
Alejandro Oliveros – Table de travail

Table de travail Au petit matin, avant que les coqs ne se perdent dans le ciel, j’écris sur tes jambes et restent au sol mes plumes et mes livres. Voici ma table de travail : ici j’écris de mes doigts contes et poèmes sur les feuilles de ton corps. Dans une maison lointaine sont restés tous mes livres et mes papiers, les éditions de Catulle et d’Horace et le théâtre complet de Shakespeare. Loin de mes cahiers, seul me reste le papier de ta peau, en ce si petit matin où les murs sont aveugles.
Mesa de trabajo En las horas más pequeñas, antes que los gallos se pierdan en el cielo, escribo entre tus piernas, donde quedaron mis plumas y libros en el suelo. Es mi mesa de trabajo, aqui escribo con mis dedos los cuentos y poemas en las hojas de tu cuerpo. En una casa lejana han quedado todos mis libros y papeles, las ediciones de Catulo y Horacio y el teatro entero de Shakespeare. Lejos de mi cuadernos, solo me queda el papel de tus pieles, en estas horas mas pequeñas, cuando son ciegas las paredes.
Le Royaume perdu
Editions CONFERENCE
Trois femmes à la fontaine – ( RC )
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Plus d’espace dilettante,
Mais la fenêtre resserrée,
Où dialoguent les trois romaines,
Pétries d’ocre comme leurs pichets,
C’est aussi le lieu
Où s’échangent les paroles.
De leur tunique aux plis rugueux,
Rappelant les colonnes grecques,
Leurs membres lourds,
Modelés de chair …
– Sculpturales,
Dans leurs gestes quotidiens ;
– Aux langues méridionales,
Parlent aussi les mains,
En un curieux ballet.
Au centre d’une arcade,
Alors que se remplissent ,
Les jarres , à la fontaine.
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RC – février 2014
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Seiches, encres et oursins (RC)
Quand les sèches encraient au fond du sablier,
Il ne leur suffisait que du temps à étirer,
Pour que se liquéfient leurs rires.
Accompagnées des oursins
Dans le petit bassin.
Pour que, le peintre ,d’un geste se mette à les écrire.
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Picasso seiches et oursins
en liaison avec le souvenir des toiles de Picasso au musée d’Antibes: plusieurs toiles comportant des seiches et des oursins ( au moins quatre à ma connaissance)

Peinture: P Picasso Nature morte au panier, aux trois oursins, à la lampe
Elégie à la République Espagnole (RC)
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En hommage au célèbre Guernica de Picasso, aux portraits de la « femme en pleurs », qui ont précédé ce grand tableau, et plus récemment aux « élégies à la République Espagnole », de Robert Motherwell. (expressioniste abstrait américain)
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L’âme nue, coquillage brisé
Les yeux chavirés
Dans un mouchoir de peau
Les mains tout en angles
S ’accrochant au visage
Au cœur lacéré d’ algues violettes
Un trou dans la vie, la coupe noire
Des avions croisés, écrasant Guernica
La valse des innocents, les éclairs des bombes
Les façades qui explosent, Les fards du défunt
Le rire des fascistes ,leur parfum de mort,
Dans le ciel d’ Espagne de Pablo
L’enfant rouge avale un rasoir
Le bras à l’épée, crispé sur la fleur
D’un dernier vol ivre
Alors que se déchire
La colombe de la paix, et la République
Et que son portrait se lacère
Aux élégies de Motherwell .
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The naked soul, like a broken shell
Eyes rolled back
Into a tissue of skin
the hands full of angles
Clings to the face
Lacerate the heart with purple algaes
A hole inthe life, the black bowl
Aircraft crossed, crushing Guernica
Waltz of the innocent, lightning of the bombs
The facades that explode, the makeup of the deceased
The laughter of the fascists, their scent of death,
In the sky of Pablo’s Spain
The red child eats a razor
The arm with the sword, clenched on the flower
From a least drunk flight
While rips
The dove of peace, and the Republic
And its lacerating portrait
To the Motherwell’s elegies.
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RC 5 avril 2012
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