
Je reviendrai – ( RC )

Effacé dans la nuit fugitive du théâtre,
personne n’ira chercher des indices de mon passé.
Car je ne suis plus d’ici.
Certains diront que je ne suis
qu’un tigre de papier…
Les archéologues pourront mettre à jour
ceux qui prétendent tenir de moi,
je ne les contredirai pas.
Nul ne sait que la vénération
dont s’entoure mon souvenir
n’a pour objet qu’une tombe vide.
Je suis toujours ailleurs
là où on m’attend pas.
On se consolera devant un cénotaphe
qui tend à matérialiser
ce qui n’est qu’une absence.
Ne vous inquiétez pas :
Je reviendrai.
Un effet d’hiver – ( RC )

photo Caroline D – tempête douce
C’est sans doute un effet d’hiver.
Les lèvres sont fermées.
Ne m’en veux pas de t’avoir jeté la pierre…
Le livre a les pages raides,
les corneilles ont laissé leur empreinte noire
sur un ciel gris au-dessus de nous.
Qu’est devenu ton sourire ?
maintiendra-t-il aussi les lèvres fermées
comme au moment de ton départ:
j’irai le découper dans le papier
pour le coller sur la photo floue
que tu trouvais laide.
Ce n’est rien qu’un détour d’écriture
qui cachera un peu ma blessure…
Colette Daviles-Estinès – le poème de papier,

Le poète distribuait des poèmes de papier
avec des mots d’encre dessus
et de la joie, et de la peine
dedans les mots
du désespoir, des espoirs
des questions, de la colère
jamais de réponse mais des doutes
Il y avait du passé dedans
et des errances
et du vivant
Il voulait que ses mots ouvrent des chemins
que ses poèmes soient des clefs
dans la serrure des cerveaux
en faire des grenades de soleil
Dégoupiller le soleil
et BOUM sur les frontières
Mais c’est un poème de papier
qu’un passant a jeté par terre
après avoir froissé les mots
dans sa main
J’ai ramassé le poème de papier
l’encre, l’espoir
et le vivant
Défroisser les mots
Etre le cœur qui bat
dans la voix qui les porte
Colette Daviles Estines
Carl Norac – Chansons pour Robert Walser 2

J’écris sur des bandes de papier dit-il
je n’enfile pas les perles toute parole digitale
le passé rôde où on l’enterre il y a
des visages à compter des cibles à contenter
je viens gâcher mes yeux en signes minuscules qui me lira tombera
sur la paroi d’un grain de sable
( Walser ainsi va au clocher
au merle à l’arbre à la rivière
il a perdu cent noms cachés
sait comment peser sur la terre
les ailes sont pour les passants
et lui ne passant plus vraiment il écrit à défaut de vivre )
De la lumière, là où il n’y en avait pas – ( RC )

Puisque nos paroles repoussent l’obscurité,
nous avons fait de la lumière,
là où il n’y en avait pas,
en décrivant les songes
qui nous font voyager.
Peut-être ne suffit il pas de parler,
mais de mettre nos rêves sur le papier,
les mots d’encre rendus visibles
se mettront ensemble à danser:
petits soleils dans notre nuit partagée…
voir parallèlement l’écrit de Candice N’Guyen dans « traverses 8 »:
Tout au fond de la nuit
nos rêves comme banc de lucioles
éclairant l’obscurité des jours
déchirant leur désastre
Pierre Bergounioux – Liber

Des acceptions primitives du mot liber, un seule a survécu : le livre.
Mais elle combine toutes les autres. C’est à la chose de papier de dispenser l’ivresse, la sève, la liberté que la réalité contemporaine a exilées.
Il y a un goût amer au temps que nous vivons. Mais il contient, comme chacun des moments dont notre histoire est faite, une requête intemporelle.
Il exige que nous tâchions à réaliser, quoiqu’il advienne, la forme entière de notre condition.
Quand les choses qui exaltèrent Rimbaud, l’oiseleur, l’enfant-fée, ont déserté le paysage, c’est au livre qu’il appartient de prodiguer aux enfants leur dû imprescriptible d’images, d’errances, de rêves et de beauté.
Houle et boucles, gestes liquides – ( RC )

Houles et boucles,
une main emportée par les flots
tenant un pinceau :
un ressac ,
un lavis d’encre de chine …
un geste liquide
laisse son empreinte légère
sur le papier.

Souvenir d’école – ( Susanne Derève) –

Une fleur de papier qu’on fixait à la toile
ou l’aile d’un moineau
le froissement du crépon sur la peau
la soie délicatement abandonnée
au point de colle
… un souvenir d’école
Et dans la cage de l’oiseau l’éblouissement du vol
vertige funambule l’éclipse des pinceaux
un frémissement d’ailes
le vert brillant des plumes
l’ocelle noire de deux yeux affolés
et sous le fin duvet le cœur désordonné
de l’oiseau
petit corps tiède entre mes mains
qui me disait la vie dans une histoire sans paroles
l’air de rien
Raymond Queneau – mouches

Les mouches d’aujourd’hui ne sont plus les mêmes que les mouches d’autrefois
elles sont moins gaies plus lourdes, plus majestueuses, plus graves
plus conscientes de leur rareté elles se savent menacées de génocide
Dans mon enfance elles allaient se coller joyeusement par centaines,
par milliers peut-être sur du papier fait pour les tuer
elles allaient s’enfermer par centaines, par milliers peut-être
dans des bouteilles de forme spéciale elles patinaient, piétinaient,
trépassaient par centaines, par milliers
peut-être elles foisonnaient elles vivaient
Maintenant elles surveillent leur démarche
les mouches d’aujourd’hui ne sont plus les mêmes que les mouches d’autrefois.
Francis Ponge – la main
main – sculpture antique
La main est l’un des animaux de l’homme ; souvent le dernier qui remue.
Blessée parfois, traînant sur le papier comme un membre raidi quelque stylo bagué
qui y laisse sa trace.
A bout de forces, elle s’arrête.
Fronçant alors le drap ou froissant le papier, comme un oiseau
qui meurt crispé dans la poussière, — et s’y relâche enfin.
Francis PONGE « Pièces » (Gallimard)
Colporteur du temps – ( RC )
Le colporteur du temps
N’a pas sa montre à l’heure
Et a laissé se faner les fleurs
Des rendez-vous d’avant
En semant les traces à tout vent,
C’est tout un champ d’enfants
Qui grandissent en chantant
Déposés en sommeil, on les oublie souvent
Lorsque le hasard nous amène
A revenir sur nos traces
Les souvenirs reviennent, et nous embarrassent
Le temps avait figé, – quel phénomène – !
un geste dans l’espace
La terre humide, qui fume
Le village, perdu dans la brume
Et de lointains ressentis passent
Ton sourire d’avant est resté le même
Dans mon souvenir; il est ce défi
Que me lance encore, ta photographie
Les fleurs d’antan , pour ce poème
Sont encore fraîches, et la couleur
Que n’a pas retouchée le colporteur
Du temps, qui s’est étiré, sans toi.
Couleur du bonheur, en papier de soie.
25-01-2012
issu de la création de Pantherspirit: le colporteur du temps
Comme se consument les heures – ( RC )
peinture: Paul Klee
—
S’il faut laisser passer les heures ;
ce sont des images fugitives,
elles se consument, comme du papier qui brûle,
et il n’en reste rien.
Même pas un peu de cendre.
Alors, justement , où est l’empreinte,
d’où peut naître la future lumière ?
Il faut que je la creuse,
que j’y dépose des paroles,
que je sème quelque chose
pour marquer ce qui passerait
pour un désert :
fertiliser le temps
d’un poème, avant que le jour ne s’éteigne .
Certains diront que je n’ai pas vécu pour rien.
–
RC avr 2017
Ménagerie de papier – ( RC )
( un hommage à Tennessee Williams, et Chr Boltanski )
installation: Chr Boltanski
Petit zoo miniature,
de la ménagerie …
objets de prix,
en villégiature
deux par deux
se suivent à la queue leu-leu,
sur les étagères…
petites choses en verre…
Vous auriez pu choisir,
pour parader à loisir
entre deux pots de bière,
une autre matière:
celle un peu plus malléable
que l’on trouve sur la table,
juste des morceaux de papier,
que je pourrais plier.
Trente millions d’amis,
tous en origami,
certifiés d’origine,
occupant la vitine,
en état de marche:
tout le bestiaire,
à l’abri des courants d’air :
– une nouvelle arche.
Comment s’est-elle échouée là
à côté de la penderie,
la vitrine de la ménagerie
où se reflète le matelas
et deux ou trois caisses ?
les restes d’un naufrage:
l’arche après l’orage
( et toute la chambre en détresse ).
En fait, vous avez compris,
j’occupe mes nuits
à transformer les légendes,
en une sorte de sarabande,
où l’hiver se tient au chaud,
quand je découpe aux ciseaux
tout un parc arboré, et un zoo,
pour tous ces animaux.
Ce sont des rêves fragiles,
qui dérivent comme les îles
que je prélève dans un cahier
en faisant des bandes de papier :
promis à la déchirure,
où la part de l’écrit se disloque elle-même
on dira que les poèmes
trouvent une seconde nature.
Mais les rêves refusent de se faire attraper,
dragons et tigres de papier
ont pris leur indépendance
( quand le chat n’est pas là, les souris dansent ! ),
si on regarde toutes ces bêtes,
la nuit leurs ombres se projettent
sur le plafond
et comme il se doit, le manège tourne en rond.
Les corbeaux et les canards
partagent le cauchemar,
du cahier sur la table:
le château sera de sable
un souffle, une petite averse,
et tout se renverse,
sans même un cri,
( rêves en confettis ).
C’est la fin de la procession :
cela tourne à l’obsession:
le manège occupe maintenant la malle,
et tout ce petit monde s’emballe,
aussi, le matin, de bonne heure,
quand tout le monde semble dormir
je me transforme en inquisiteur,
et décide de l’avenir .
Ce sera bien un drame
quand je livrerai aux flammes
pieds et poings liés
ce monde de papier…
Souhaitons qu’une autre matière
puisse échapper à l’enfer:
Choisissons-la moins éphémère
– une ménagerie de verre fera l’affaire –
–
RC – août 2017
Marine Laurent – Femme de papier
peinture: Egon Schiele
–
Suis une femme de papier
De celui dont on fait les arbres
Et j’ai puisé à leur aubier
Et mangé leurs feuilles vivantes
Arraché l’écorce du fût
Pour tenir debout à ma table
L’hiver sur du papier glacé
Je laisse mes traces effaçables
La sève qui coule des doigts
Trace des mots sans importance
Je flotte au vent car mes racines
Courent à peine sous le sable
Suis une femme de papier
Qui se froisse à moindre risée
Qui brûle à petite flambe
Dans un foyer désaffecté
Mais si l’oiseau à ma fenêtre
Vient poser une plume blanche
Je sens mes folioles renaître
Et la plante à mon encrier
Je partirai sur une branche
Emportée par nuit sans étoile
Et vous dirai dans mon absence
Ce que j’ai laissé sur la toile.
Parfois les choses durent – ( RC )
Parfois les choses durent
autant qu’elles le peuvent :
– C’est comme la preuve
de ce qu’elles endurent .
Il y avait quelques traits,
ceux de ton écriture,
posés dans le carnet,
avec désinvolture :
Comme ils m’étaient dédiés
ils sont restés,
au coeur même du papier :
on les dirait incrustés
unissant les paroles d’hier,
comme celles du temps qui passe
et se dépose sur la matière
avec une légère trace .
- C’était un échantillon
de la brillance de l’été :
– Souviens-toi du papillon
qui s’était frotté
sur la page :
avant qu’il ne s’en aille
pour un autre voyage :
– Il a laissé quelques écailles
qui brillent encore :
des pensées oubliées
– Comme un trésor
au fond de l’être aimé .
–
RC – avr 2017
( à partir des « cahiers du déluge » « constat #17 ) de Marlen Sauvage
Le texte se soustrait au regard – ( RC )
–
J’ai eu un peu de mal à lire :
Les caractères sont trop petits,
mais en plissant les yeux,
j’arrive à distinguer les mots ;
avant qu’ils ne retournent dans le blanc.
Peut-être que ces écrits
se dissolvent d’eux-même,
et n’ont pas de rapport
avec ma vision
Reste à savoir pourquoi.
Le message se soustrait au regard,
rentre dans le blanc du papier,
d’abord pâlissant,
puis carrément blanc :
> il se dissimule ,
jouant les extrèmes
comme pouvait le faire
Malevitch avec son fameux
» carré » ( qui n’en est pas tout à fait un )
posé en oblique ,
mais qui, avec les années,
reste apparent.
Le texte est sans doute toujours là,
en encre blanche,
celle qu’on dit sympathique.
Il suffirait
d’un procédé simple,
pour le faire réapparaître :
la chaleur d’une flamme,
comme dans chaque page
( que l’on croit vierge d’intentions ) .
–
RC – juin 2015
Jean Cocteau – Fête de Montmartre
Image retravaillée – RC
Ne vous balancez pas si fort,
Le ciel est à tout le monde ;
Marin d’eau douce, la nuit profonde
Se moque de vos ancres d’or,
Et boit, debout, en silence,
Comme du papier buvard,
Votre dos bleu qui encense
Puissamment le boulevard.
Jean COCTEAU
Sylvie Durbec – Notes pour mon père
Une pluie parfumée à mes pieds:
Eugenio de Andrade – Jeune est la main
–
Jeune est la main sur le papier
ou sur la terre !
Jeune et patiente : quand elle écrit
et quand au soleil
elle se transforme en caresse.
Jorge-Luis Borgès – Insomnie
photo: montage perso
–
Légendairement petit et lointain est désormais ce moment où les horloges versèrent un minuit absolu.
Ces six murs étroits emplis d’une éternité étroite me suffoquent.
Et dans mon crâne vibre encore cette pitoyable flamme d’alcool qui ne veut pas s’éteindre.
Qui ne peut pas s’éteindre.
Réduction à l’absurde du problème de l’immortalité de l’âme.
Trop de couchants m’ont rendu exsangue.
La fenêtre synthétise le geste solitaire de la lanterne.
Film cinématique plausible et parcheminé.
La fenêtre aimante toutes les oeillades inquiètes.
Combien m’étranglent les cordes de l’horizon.
Pleut-il? Quelle morphine ces aiguilles injecteront-elles aux rues?
Non.
Ce sont de vagues lambeaux de siècles qui gouttent, isochrones, du plafond.
C’est la lente litanie du sang.
Ce sont les dents de l’obscurité qui rongent les murs.
Sous les paupières ondoient et s’éteignent à nouveau les tempêtes brisées.
Les jours sont tous de papier bleu, minutieusement découpés par les mêmes ciseaux sur le trou inexistant du Cosmos.
Le souvenir allume une lampe:
Une fois de plus nous traînons avec nous cette rue si joyeusement pavoisée de linge tendu.
Le piano luxuriant du Tupi s’est évanoui au loin.
Le soleil, ventilateur vertigineux, élague les demeures décaties.
En nous voyant tanguer en tant de spirales les portes rient aux éclats.
Pedro-Luis me confie: – Je suis un homme bon, Jorge.
Tu es un homme bon, Jorge… ça nous passera avec une petite tasse de café.
Les yeux éclatent quand les frappent les pales du soleil.
Quel hangar abritera à jamais les émotions?
Il existe à n’en pas douter une dimension ultra-spatiale où toutes sont des formes d’une force disponible et soumise.
Comme l’eau et l’électricité dans notre dimension.
Colère. Anarchisme. Faim sexuelle.
Artifice pour nous faire vibrer sous la magie.
Aucune pierre ne brise la nuit.
Aucune main n’avive les cendres du bûcher de tous les étendards.
–
.
Le sentiment d’appartenir à une même espèce – ( RC )

photo et création Mickaëlle Delamé
–
Plutôt qu’insérer sa tête,
Dans une photographie,
et l’ovale découpé,
pour y placer son visage
il faut punaiser sur le mur
une feuille de papier kraft,
se dessiner en taille réelle,
toi debout, toi assis,
et parfois tourner la tête,
pour que les gens
puissent se regarder,
se mettre en couleurs,
s’échanger quelques paroles,
en bulles phylactères,
animer un bras, un torse,
puis les jambes ….
L’habit qu’on a choisi,
ne fait pas son moine ;
D’ailleurs il n’y
en a pas ( de moines)
chacun alors,
sort à sa manière
de son rôle, et du dessin,
devient lui-même,
sorti du regard de l’autre,
se côtoient,
les personnages
trouvant leur auteur,
décalés d’ombres chinoises,
et quelque chose de commun,
le sentiment d’appartenir,
sans doute
à une même espèce .
–
RC –
nov 2014
Ps posthume ( RC )
—
C’est un dialogue brisé,
D’un grand coup de hache,
Qui t’a jetée au sol.
…. Et ce dialogue continue dans l’absence.
Il y a toujours
Sur la table, tes paroles,
Prisonnières du papier,
Qui pourtant , s’envolent,
Aussi fraîches qu’elles sont écloses.
Et qui parlent encore,
Sitôt sorties de l’enveloppe.
Je pourrais presque
Encore te répondre,
Mais mes lettres envoyées
Tomberaient dans le vide,
Comme dans un puits sans fond,
Ne restituant aucun écho.
———- – plus aucun écho.
> (alors, je les pense )
Peut-être aussi, que tu te caches si bien,
Que tu te confonds
Avec la nuit,
Comme un jour elle , ( tu ) m’enveloppera (s).
–
RC – mars 2014
—–
– auquel je joindrai le beau poème de Pierre Dhainaut, qui va dans le même sens:
A la mort de M.

Au bord de l’aquarelle – (RC )

aquarelle: William Turner – Venise
–
Les couleurs transparentes se posent,
Et laissent les reflets en papier blanc,
Il faut les contourner,
Pour que la caresse de l’éclat
De la lumière,
Prenne tout son sens,
Et que le ciel éblouissant,
Se tienne à distance,
Des eaux tranquilles,
Et des palais de Venise.
Le coeur se serrerait
A oublier ce paysage,
Saisi dans un instant,
D’un crépuscule,
D’un soleil sanglant.
Et le vent,
Echappé d’une bouche noire
Resterait palpable,
Presque,
Au dessus des navires,
Approchant du port…
Chaque détail, accrochant la lumière,
Reste ici, inscrit
Il traverse notre regard,
Comme celui du peintre,
Et nous parvient dans une aube nouvelle,
Un coin de la mémoire,
Une vague suspendue,
L’ombre des pins,
Superposée à elle-même,
Lovée dans le perpétuel
Mouvement du temps …
…Au bord de l’aquarelle.
–
RC- janvier 2014

aquarelle John Singer Sargent – Venise: Ponte San Giuseppe di Castello 1903
Projections – ( RC )

dessin: Carl Mehrbach / drawing_No1-1977.jpg
On peut toujours faire appel aux interprètes,
Pour savourer la couleur des mots,
Rendre la douceur des peaux,
Et dire la pesanteur des jours,
En plaçant une feuille de papier,
Entre ce qu’on perçoit du monde,
Et son espace , rouillé des couleurs
Qui se mélangent hors de notre atteinte.
Mais se traduisent néanmoins,
Par ce que j’y projette …
Une empreinte dont l’obscurité,
Accompagne notre marche.
Des pas lourds, et ,à tout âge
On peut me suivre à la trace,
Les pistes s’emmêlent, se contredisent…
Je me perds souvent dans la forêt des songes.
C’est sans doute justement,
Parce qu’il y a cette feuille,
Sur laquelle la joie cotôie la tristesse,
Et les écritures s’y recouvrent.
–
RC- Janvier 2014
Kaléïdoscope – ( RC )

Art: Gilbert & George – Flagleaf
Regarde bien!
La scène se découpe,
Elle se démultiplie,
Les images se mélangent,
Se chevauchent et se renvoient,
A elles-mêmes,
C’est un décor de théâtre,
Enfin, je crois,
–
On y voit des acteurs
Ils sont en travers,
Projetés sur les murs,
Recomposés, remplis de couleurs,
Elles s’enfuient ensuite,
Se soudent et se rassemblent
Un peu plus loin,
–
Et c’est une fontaine joyeuse,
Des idées . Elles viennent,
Se cristallisent,
S’enchevêtrent,
Puis se séparent …
–
Des poèmes surgissent,
On dirait, de nulle part,
Fusent, à travers la tête.
Il suffit de les attraper,
De les laisser vivre,
–
Une danse effrénée,
Les mots sont là,
Des images s’assemblent,
Comme débordant,
De compartiments étroits,
Je vais les assembler,
–
Les faire s’épouser,
Dans une maison de papier,
Translucide
Je te les enverrai,
Par la poste,
Tu verras ainsi,
Sous tes yeux, venir
–
Une magie une fantaisie,
A mesure que les images
Se reforment,
Et se projettent …
Les acteurs sont à l’envers,
Maintenant.
–
Dans ta tête,
C’est toute une histoire,
Ce que tu interprêtes,
A ta façon,
En quelque sorte une aventure,
Dont tu deviens le héros,
–
Si tu prends à ton tour,
Le stylo,
Pour me répondre
Tout en changeant les couleurs.
,
RC – décembre 2013
Aux rêves, il n’est plus d’absence ( RC )
–
Le matin tire sur la corde des rêves ;
A la lumière naissante,
Le papier absorbe l’encre,
Comme la mer vient lécher la grève.
–
Si, absente en ton sommeil,
Tu voyages dans le noir,
Et s’il n’est de mémoire,
Que le vent des soleils,
–
Au-delà des montagnes…,
Il n’est plus d’absence,
Je comble le vide de la distance
Comme je t’accompagne,
–
Ame consolatrice
A la longue nuit
Que tu traduis
Sans artifices.
–
Il reste le silence boréal
Et de tes rêves côtoyés,
Le regard déployé
Et la pluie des étoiles…
–
RC – 21 août 2013
–