voir l'art autrement – en relation avec les textes

Articles tagués “parachute

Quelque chose d’indéfinissable – ( RC )


3454613917_a9af31bbff Sorge il sole_L.jpg     

                   Il y a quelque chose d’indéfinissable,

lorsque ta voix s’empare des mots
et les projette,             haut dans le ciel,
un ciel
qui ne semble être fait    que pour toi.

Et les voilà qui redescendent doucement,
      – ainsi ces graines de pissenlit, légères,
               celles en forme de parachute –
qui s’allient avec le vent    pour se poser
                        comme des fleurs de neige.

Lorsque se forgent des lignes,
      chaque flocon trouve sa place,
      rejoignant leurs semblables
portés par une onde calme
naissant en toi.

        Il y a quelque chose d’indéfinissable,
une évidence qui s’offre
comme les notes dessinent le chant
         ravissant l’oreille de celui,
               prêt à les entendre .

       C’est un cadeau que l’on reçoit,
évident comme l’accord
entre le silence et la musique,
         émanation discrète
         du corps et de l’âme .

         Le poème est une constellation,
et les mots,  des étoiles
qu’un fil invisible relie :
     toi seule en maîtrise ces atomes,
                qui restent insaisissables .

 


RC – mai 2019


Jorge Luis Borges – instants


Moon13.jpg
photographe non identifié « moon 3 »

Instants

 

Si je pouvais de nouveau vivre ma vie,
dans la prochaine je tâcherais de commettre plus d’erreurs.
Je ne chercherais pas à être aussi parfait, je me relaxerais plus.
Je serais plus bête que je ne l’ai été,
en fait je prendrais très peu de choses au sérieux.
Je mènerais une vie moins hygiénique.
Je courrais plus de risques,
je voyagerais plus,
je contemplerais plus de crépuscules,
j’escaladerais plus de montagnes, je nagerais dans plus de rivières.
J’irais dans plus de lieux où je ne suis jamais allé,
je mangerais plus de crèmes glacées et moins de fèves,
j’aurais plus de problèmes réels et moins d’imaginaires.

J’ai été, moi, l’une de ces personnes qui vivent sagement
et pleinement chaque minute de leur vie ;
bien sûr, j’ai eu des moments de joie.
Mais si je pouvais revenir en arrière, j’essaierais
de n’avoir que de bons moments.

Au cas où vous ne le sauriez pas, c’est de cela qu’est faite la vie,
seulement de moments ; ne laisse pas le présent t’échapper.

J’étais, moi, de ceux qui jamais
ne se déplacent sans un thermomètre,
un bol d’eau chaude,
un parapluie et un parachute ;
si je pouvais revivre ma vie, je voyagerais plus léger.

Si je pouvais revivre ma vie
je commencerais d’aller pieds nus au début
du printemps
et pieds nus je continuerais jusqu’au bout de l’automne.
Je ferais plus de tours de manège,
je contemplerais plus d’aurores,
et je jouerais avec plus d’enfants,
si j’avais encore une fois la vie devant moi.

Mais voyez-vous, j’ai 85 ans…
et je sais que je me meurs.

.
.

.
.
.
.
.

 


Je n’entends plus ce qu’il faut écrire ( RC )


peinture: Andrew Wyeth - nu

peinture: Andrew Wyeth – nu

 

 

Je secoue mes mains pauvres,
Il y a encore  des plis qui s’accrochent,
Et puis l’encre mauve,
Des froissements d’ailes qui s’approchent.

Un parachute innocent qui passe;
Je sème à tout vent dit Mme Larousse,
Occupant un bout d’espace,
Aux graines de pissenlit, douces.

Reviennent rêves de constellations,
Je vois dans ma boule de cristal,
Des étoiles brunes en gravitation,
En dessins sur ta peau boréale.

Le regard se pose en bonds,
Dans les champs d’amandiers.
Ton visage, qui tourne en rond.
Dans la glace,il me faut l’étudier.

Déjà, il prend  toute la place,
Et n’entends plus ce qu’il faut écrire,
Au loin, les mots s’entassent,
Quand traverse ton sourire.

RC – 27 janvier  2013