Allons, Shéhérazade – ( RC )

détail de peinture de G Moreau : » Jupiter & Semelé » 1895
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Allons Shehérazade, et rêvant
de partager tes senteurs d’orient,
il y a la course des vents d’or,
sur les collines de ton corps,
Comme dunes du désert,
où même le soleil se perd,
dans des creux d’ombre,
et ta chevelure sombre
Et comme l’étendue se plisse,
ensorcelée d’épices,
S’il y a , Shéhérazade, mille et une nuits,
Des feux d’artifice éclatent sans bruit,
> Ils illuminent ta peau lisse,
jusqu’à ton regard de réglisse.
Tes essences voyagent sur toi, lentes,
respiration entêtante.
Elle exhale toutes les moissons,
et presse mes horizons,
J’y ressens le tiède et le frais,
même en ce que tu gardais secret…
dévalant courbes et pentes,
aimée, aux fragrances de menthe..
La mer de ton ventre, bascule au nombril,
c’est en creux, un tourbillon, une île ;
une île au trésor ? – pas besoin de parchemin,
pour le lire et t’envelopper de mes mains…
Silences, attentes et fièvres,
voyagent sur le carmin de tes lèvres…
écoutant le cœur qui résonne,
autant que ta peau frissonne.
Je n’ai pas besoin d’être ailleurs,
car, souveraine, toute en fleurs,
tu rends jalouse , même la lune,
– exultant de parfums, que j’hume.
tu captes de tes seins la lumière,
et le vent n’a plus qu’à se taire….
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RC – 14 décembre 2013
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et comme je viens de trouver ce poème de Baudelaire…,
je le joins…
—
Le serpent qui danse
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Que j’aime voir chère indolente,
De ton corps si beau,
Comme une étoffe vacillante,
Miroiter la peau !
Sur ta chevelure profonde
aux âcres parfums,
mer odorante et vagabonde
aux flots bleus et bruns,
comme un navire qui s’éveille
au vent du matin,
mon âme rêveuse appareille
pour un ciel lointain
Tes yeux où rien ne se révèle
de doux ni d’amer,
sont deux bijoux froids où se mêlent
l’or avec le fer
À te voir marcher en cadence
belle d’abandon
on dirait un serpent qui danse
au bout d’un bâton
sous le fardeau de ta paresse
ta tête d’enfant
se balance avec la mollesse
d’un jeune éléphant
Ton corps se penche et s’allonge
comme un fin vaisseau
qui roule bord sur bord et plonge
ces vergues dans l’eau
Comme un flot grossi par la fonte
des glaciers grondants
quand l’eau de ta bouche remonte
au bord de tes dents.
Je crois boire un vin de Bohème,
amer et vainqueur
un ciel liquide qui parsème
d’étoiles mon cœur !
Charles Baudelaire…
Federico Garcia-Lorca – Le vent et la belle
LE VENT ET LA BELLE
(Précieuse et le vent)
De sa lune en parchemin,
par un hybride sentier
de lauriers et de cristal,
Précieuse s’en vient jouer.
De sa lune en parchemin
Précieuse s’en vient jouer.
A sa vue le vent se lève,
car jamais il ne sommeille.
Dis, laisse-moi relever
ta robe pour voir ton corps.
Ouvre entre mes doigts anciens
la rose bleue de ton ventre.
Lâchant son tambour, Précieuse
prend la fuite à toutes jambes.
Le vent mâle la poursuit.
Avec une épée brûlante.
Précieuse, cours vite, vite.
Le vent va t’attraper !
Précieuse, cours vite, vite,
Regarde-le arriver,
Satyre d’étoile basses
aux mille langues lustrées !
Précieuse, morte de peur,
est allée se réfugier,
au-dessus de la pinède,
Et tandis qu’elle raconte
son aventure en pleurant,
le vent sur le toit d’ardoises
plante, furieux, les dents.
Maria Calandrone – Corps-diaphragme en majeure partie
Maria Grazia Calandrone
Corps-diaphragme en majeure partie
De la végétation affleure le corps
des pommiers – avec leurs médaillons d’or. Bannières de calme plat
dans le blanc de la machine adriatique – déboussolée
par la tempête immobile des estacades, sanctuaires tanguants
de bois et de rebuts
ferroviaires sur plusieurs mètres de mer. Les hommes de la montagne
dominent l’Inquiet de leurs plateformes – ils prolongent dans le deuil
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . des eaux
la terre, sa verdeur de meule sylvestre – et le soleil
règne plus grand que la peur.
Les manches retroussées, les pieds nus
– de la côte ils prononcent les Nombres donnés
par les étrangers
qui cultivent l’ange des rêves – cœurs pleins de larves
et de pissenlits – arrachés à la beauté boréale. Ah, si nous étions !
forêts de mâts dans la brume – voici le Souverain Ensemble
sur les taches du Neutre de tous les jours – le pollen dispersé
par le vase des siècles, où la somme des tempêtes est égale
au froncement inconstant d’un sourcil.
Mettez donc ma santé à côté de celle de notre frère
avec des projections de neige polluante sur les pins
qui ont des ombrelles de méduses terrestres pour que rien ne manque,
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . pas même
des roses hématiques et des rouleaux de parchemin dans les mains – ou
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . .. .. . . discours
sur le climat et le sol et sur les passerelles rongées, qui changent
la mer en terre – frêles – comme toi mon amour, qui sillonnes le large
de tes sabots de pierre et manifestes une originelle collision.
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texte que l’on peut retrouver dans le blog « une autre poésie italienne »
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