La patience des pierres – (Susanne Derève)

S’il demeurait des cendres fertiles sous la glace
qui donc pouvait le dire
nul ne savait ce qu’ourdissaient les pierres
dans le silence
J’imaginais des causses arides sous le manteau
des neiges,
leurs sinuosités translucides et bleutées
leurs boues fossilisées
et côté ombre
réfractant le soleil en lisière des chemins
de blanches cheminées de gel
des éboulis de roches et d’herbes sèches
gainés de givre
Ce qu’ourdissaient les pierres dans le silence
qui le savait ?
– est-il un sens à l’éternel recommencement
des rêves et des saisons –
Sans doute attendaient-elles armées d’une infinie patience
qu’œuvre lentement le dégel
pour éprouver enfin le vertige du vide
répondre à son appel