le temps dépassé des châteaux – ( RC )

C’est le temps dépassé,
des habitats et châteaux
qui dominent les sommets
pour clore une partie du paysage.
Plantés sur des pitons inaccessibles,
qui fréquente aujourd’hui
ces demeures médiévales,
sinon les amateurs de cartes postales ?
Il faut longtemps pour que la nature
reprenne ses droits,
que la forêt vierge édicte sa loi
qui n’a que faire des siècles
de fiefs et quelques bouts de terre…-
J’enlèverais toutes ces pierres
qu’ignorent les rivières
et les oiseaux,
ou je laisserai ces ruines
pour les touristes
en mal de sensations
qui se font photographier
à côté d’un mannequin
paré d’une armure…
- c’est que la nostalgie des conflits
a la vie dure…-
Du lait sur la table – ( RC )

C’est un rectangle blanc,
qui demeure immobile,
répandu sur la table,
exactement comme neige ;
ainsi j’invente un paysage
où nulle trace ne s’imprime
à la surface du lait.
Le monde se console
de la laideur,
et mon dessin
restera inachevé.
Fantaisie élastique – ( RC )

Fantaisie élastique,
je suis un être multiforme,
qui délaisse l’uniforme
parcours les rues à sens unique,
je change leur décor ,
et parcours tes pensées :
je me laisse guider,
et suis ton chemin sans effort :
( à chaque jour sa peine );
ne m’en veux pas si je repeins
chaque jour avec tes mains ,
aucun train ne va où je te mène :
Ce n’est même pas le désert ,
quand résonne la musique,
– fantaisie militaire de la clique
cheveux ras, sans crinière -,
équilibriste sur un fil tendu ,
entre deux pans de montagnes;
On peut sortir le champagne,
jouer de malentendus :
il reste encore plein de questions
qui tournent dans ma tête ,
comme une moulinette,
( sans plus de précision… )
Laisse moi donc encore le temps,
de murmurer le refrain,
l’écho s’en lave les mains ,
et te répond que je mens,
de tourments en overdose,
que je viens seulement,
pour attraper le vent,
et peindre ma vie en rose ,
me fondre dans le paysage :
je suis ici, et partout à la fois :
c’est de bon aloi
d’offrir plusieurs visages :
on me voit encore de dos,
mais toujours à contre-jour
à chaque carrefour ,
sur toutes les photos
C’est pour décrire l’ambiance,
car je suis un être multiforme,
qui délaisse l’uniforme,
et prends toutes les apparences
comme un caméléon
un jour au cirque
( puis voleur d’amphores au fond des criques)
le lendemain en habit de démon .
–
RC – inspiré en l’occurrence de la chanson de A Bashung
texte paru initialement sur Welovewords
Le coeur funambule – Ecchymoses

Sur les ecchymoses du jour
Perlent quelques gouttes de ciel
L’onguent du crépuscule
Brode un ourlet pourpre
Aux jupes élimées des vagues
Brindilles de mer
Le souffle du courant
Efface les taches de l’oubli
Sur les visages de l’eau
Toutes les teintes du vent
Accrochées aux ailes des mots
En friselis d’écume
Dansent aux marges des rochers
Le bavardage des algues
En strophes d’ombre et de lumière
Sème les graines des phrases
Au chant muet de nos lèvres
Face aux festins des couleurs
Nous habitons tout à la fois
Le paysage et son reflet
Le brasier montant aux joues de la lune
Dans le silence aiguisé du jusant
Les rouges gorges des braises du couchant
En rayons brûlants pénètrent lentement
Le ventre humide de l’océan
avec l’autorisation d’Olivier ( voir son site )
Georges Drano – prairie

La prairie se reconnait
dans ce qui est plus loin
dans l’insignifiance
où le corps de l’eau remue
et se défait.
Le fossé est une arrière-pensée
pas même un paysage.
Dans ses fenêtres, des fleuves entiers,
des ravins
des couleurs
et lui-même, un lieu tourné
par la terre.
Paysage – ( Susanne Derève)

Broyer le vide
le tordre comme un linge
J’en fais surgir des paysages que ne recouvre pas la mer
et qui pourtant moutonnent comme des vagues
à l’horizon
des verts profonds qui se chevauchent
et qu’au matin grise le gel
Une main y dessine pour moi le contour d’un chemin
l’herbe légère
Je lui dirai d’y ajouter quelques galets
pour changer le cours des rivières,
et la roue d’un moulin
y tissera les pleins arceaux du jour
ceux de magie et de lumière
où les heures s’étalent
Ainsi la couleur déposée sur la toile
en cerne les contours
Je repasse inlassablement le même air – ( RC )
Je repasse inlassablement le même air,
– comme pour vérifier que rien n’a changé.
Ainsi, faisant face à un paysage renouvelé :
je m’assure que les rochers sont bien à leur place.
Les accords se suivent, sans fausse note,
et même, on oublie qu’il y a une composition,
des musiciens, chacun à leur instrument,
l’oeil rivé sur la partition,
emportés par le flux de sons,
s’y fondant littéralement .
L’oreille s’est faite familière ,
moulée dans la forme du concerto,
les prestos , les andante ,
suspendue au défilé des mesures .
Il n’y a pas de surprise,
– pourtant on attend le thème,
sous les doigts du pianiste
comme s’il venait de fleurir à l’instant,
creusant son sillon
d’une fraîcheur renouvelée .
Les cordes se superposent,
s’entraînent l’une l’autre dans un entrelac,
où les archets caressent la mélodie,
ou lui répondent .
C’est un flux d’amour,
d’une alchimie savante,
qui parait pourtant spontanée ,
née du souffle des cuivres
et du rythme lancinant des basses,
comme un orgasme sonore qui enfle .
….enfle et finit par se déverser,
à la manière de la grande vague d’Hokusaï :
( on en vient même à regretter la progression de la musique,
lorsque le finale s’achève, et que le disque s’arrête ) .
–
RC – sept 2017
Des grands serpents au jardin étoilé – ( RC )
Van Gogh – la nuit étoilée
Du jardin étoilé
c’était un toit
pesant son poids
de ciel d’été
de plusieurs atmosphères :
un vide abyssal
parcouru de mistral
qu’une fausse lune éclaire,
les nuées se déroulant furieuses ,
loin du village immobile ,
– et les fers du campanile –
vallée ténébreuse
à la tranquilité factice
pourtant inquiète et raide
comme Le Greco peignant Tolède
au bord du précipice .
Des cyprès sont des flammes noires,
que l’on entendrait crépiter
défiant la réalité
d’un paysage expiatoire.
Celui-ci n’est pas décrit
avec exactitude ,
car la solitude
de Vincent est un cri
emportant tout sur son passage :
une nuit profanatrice
jetant ses feux d’artifice
juste avant l’orage
et qu’elle ne vrille
de ses grands serpents
un ciel devenu dément
au-dessus des Alpilles .
–
RC – juill 2017
Mai n’en prendra pas ombrage – ( RC )
photo Emilio Jimenez
En avril ,
ne te découvre pas d’un fil,
mais en mai offre toi au ciel,
à la caresse du soleil,
dorée comme le pain chaud,
étendue sur ta peau.
Très chère dame,
on voit bien l’ombre de la palme
qui se dessine
sur tes collines,
à la façon d’un coeur
posé tout en douceur
Une feuille dont les doigts
oscillent et s’emploient
à laisser leur trace claire
– un dessin sur la chair
du paysage .
Mai n’en prendra pas ombrage.
–
RC – mai 2017
Le temps rit de toutes ses dents – ( RC )

–
Le temps rit de toutes ses dents ,
appelle la calligraphie mobile des arbres,
le hennissement des chevaux
et l’éternuement des nuages .
( toujours pressés, ceux-là ! ) .
Les hommes se sont un jour
approprié le paysage, en traçant
de longues pistes, cultivant jusqu’au fleuve.
Pour marquer leur emprise,
ils ont construit un temple,
aux lourdes pierres, abritant
l’esprit des dieux, pensant
dialoguer avec l’éternité.
Mais on ne l’a pas à l’usure.
La lune brille toujours entre les branches.
Oui, ce sont d’autres branches,
et d’autres arbres.
Et d’autres hommes sont passés,
ont vécu, puis sont partis,
abandonnant leurs dieux , coincés dans les sanctuaires.
Désormais vides de prières.
Les statues regardent dans le vide,
( ou plutôt leur regard s’est voilé ) ,
couvert de mousses.
La jungle a repris le dessus :
> la nature a horreur du vide.
–
–
RC – avr 2016
Recul de la falaise – ( RC )
–
Le dos sur le mur,
Où les mots glissent,
Et rien ne s’accroche
A la verticale.
Cette plongée,
Au-dessus de laquelle,
De multiples oiseaux s’élancent,
N’a pas de toit.
Elle ne peut pas en avoir,
Corrodée, sans relâche
Par le va-et-vient des vagues.
La pierre est arrêtée net,
Dans son élan ..
On imagine mal, à la dureté de la roche,
Cette rupture brutale,
D’une partie de paysage,
Disparu soudain :
Horizontale brisée ;
Le basculement dans le vide,
Le fracas de la chute,
Entraînant bétail,
Arbres et chemins.
Brusque recul de la falaise .
–
RC – avr 2015
Georges Lisowski – troisième élégie
sculpture : McDermott
Je ne connais plus l’éblouissement pourtant
je l’ai connu je me couvre les yeux contre un vent de sable
j’appelle des mots qui sont en retard de plusieurs années
années vides de quoi que ce soit de beau
Imprudemment je pénètre le labyrinthe du langage
et voulant émerger à la lumière du jour
je dis trop ou je dis trop peu
les signes me fatiguent, je me raccroche aux choses
Toi qui apaises l’inquiétude des hirondelles
tu m’as compris
mais bien trop à la lettre, le monde s’est éloigné
et l’oiseau est une pierre
le visage humain se transforme en paysage
Georges Lisowski ( 1972-76)
Envahissement du ciel , par le corps d’une géante – ( RC )
photo: Raoul Ubac – nu solarisé 1938
Flottante, entre deux peaux,
Ou bien ayant quitté un temps la terre …
C’est un nuage de chair,
– Ainsi l’indique la photo.
L’envahissement du ciel,
Par le corps d’une géante :
Confisquées: les montagnes et leurs pentes ,
Battement à tire d’elle…
Peuplée de formes blanches,
Il n’y a de neige douce,
Que cette peau de rousse,
Et vers nous elle penche.
Souffle une brise dans tes cheveux,
- As tu froid, ainsi découverte ,
- Quel message, portent tes lèvres entr’ouvertes ?
- Que nous confient tes yeux ?
Tu prends tout l’espace de la vision
Occupes la totalité du paysage,
Nous protégeant des orages ,
de leur sourde invasion :
Prenons nos désirs pour la réalité,
Allons nous réfugier sous le parapluie,
De son corps : un prélude à la nuit,
> Indulgence et sensualité .
Une ondulation des hanches ,
Répand des sourires sur la ville,
Le creux de ton nombril est une île,
Où pas un cyclone ne se déclenche .
Et de ces syllabes à détacher,
S’il faut parler mété-o,
Je préfère t’aimer haut
Ayant quelque mal à m’arracher
A l’humaine condition …
Pour admettre que les caresses,
Conviennent aussi aux déesses ,
( et qu’il peut pleuvoir en émotions ).
–
RC – sept 2015
Dans l’armoire secrète de nos corps – ( RC )
–
–
–
L’harmonie de nos matières, nous fait intégrer dans l’armoire secrète de nos corps, toutes nos fragilités, et certitudes.
Parfois sous forme d’une pierre rugueuse, parfois, la corolle fragile d’une fleur rebelle, parfois le coffret étanche d’une boîte où rien ne semble pénétrer .
C’est un paysage intérieur, qui se heurte à des parois,
Mais qu’on ne peut pas voir, percevoir clairement.
Peut-être parce que j’en ai perdu les origines, l’explication propre à ma présence en ce monde .
–
De l’extérieur me parviennent les cris d’amour des vivants,
les mines profondes, les pays ravagés par la guerre,
les chemins hésitants ou les rails brillants à travers la nuit .
Il est difficile de saisir où tout cela mène , car cela s’est construit sans moi ;
et beaucoup de langages se croisent
sans que j’en connaisse le langage et les intentions .
D’autres ont leurs certitudes, leur passé, et poursuivent leur aventure, se confrontent à la souffrance, à la joie :
Ils se côtoient, dans un temps commun,
sans forcément disposer librement de leurs destinées .
–
Celles-ci se croisent, se confrontent, se combattent, sous des auspices contradictoires.
Eux non plus n’ont pas d’explication de leur présence en ce monde .
Ils essaient de l’exploiter à leur bénéfice, de façon détournée, comme des contrebandiers .
Mais, malgré les apparences, sont toujours dans l’armoire secrète de leur corps, de leurs croyances, et de limites invisibles ;
Celles-ci se déplacent avec eux, car ils les portent en eux, , comme une ligne d’horizon,
avec le mystère prolongé de leur origine, qu’ils ne peuvent pas atteindre .
–
RC – nov 2014
–
Lorsque le paysage bascule – ( RC )
photo d’actualités _ conséquences du passage du typhon Haiyan (Philippines)
–
Aux horizons de langueur,
Supposons, des certitudes,
Cartes postales du bonheur,
Où rien n’apparaît de rude,
–
S’ouvre soudain sous nos pieds,
De ces gouffres qui fument,
D’une angoisse tout le temps niée,
De tout temps recouverte par la brume…
–
Alors, la ligne émeraude à travers les palmiers,
Se déchire avec les saisons,
Comme un tas de vieux papiers,
sous le passage du typhon.
–
Le bateau prend eau de toutes parts
On se trouve désemparé, minuscule,
Dans l’oeil du cachemar,
Lorsque le paysage bascule,
–
Et que les éléments, déchaînés,
Se montrent autrement qu’aimables,
S’il faut pour s’en échapper, se démener,
Et oublier l’idée même d’un monde stable.
–
RC – 13 novembre 2013
–
Naître le paysage ( RC )
–
De pas en pas, je t’assure,
Naît le paysage,
Où se bousculent les pierres,
Sur la page.
Juste des traits qui s’aventurent
Quand la main voyage,
Et qu’elle invite la lumière,
Ou l’orage,
Il faut suivre lignes et hachures,
Elles disent ressac, et plage,
Landes et bruyères,
Et marécages…
Le dessin, l’épure,
S’élance au passage,
Traverse la rivière,
Avec pour tout bagage,
Le crayon dans la main.
–
RC – 25 août 2013
–
En pensant, comme le montre le dessin qui l’accompagne, aux créations de Jacques Hemery,
voir aussi son compte rendu d’expo » Le jardin propice «
.
–
Feuilleter le recueil des causses ( RC )
–
Texte en rapport avec « A la mer retirée »
Causse Méjean – reliefs et neige – ( toutes photos présentes ici : perso – me contacter pour une réutilisation éventuelle )
–
Des bouffées de lumière,
décrivent ,mieux que je ne ferais,
le recueil des causses.
Encore striés sous les neiges,
piquetés d’impatientes pousses, et de bruns.
A chaque détour, le savoir lire ,
du vent de l’ivresse,
épouse les accidents des collines,
chapeautées de bois sombres.
Le dialogue menu des eaux, serpentant dociles,
puis, rassemblées, mugissantes,
De chants clairs cascadeurs,
et résurgences vertes.
Le pied des pentes abruptes,
surplombées de témoins sévères, verticaux
Une route mince, s’essaie à contourner
ces vases de pierre,
Pour plonger dans une vallée étroite,
encore habitée par l’obscur,
Dispensée des lignes orgueilleuses,
des ponts de béton.
Et le silence matinal, n’est habité
que de spirales lentes
Des vautours, glissant sous des écharpes
blanches, effilochées ,portées par la brise.
Peu importe la route
Ses dévers et sa course,
Soumise au caprice de la rivière,
Ou lancée sur les plateaux.
La constance du roc
Ou le moelleux des terres.
Le paysage reste une porte
Feuilletant le passé calcaire
D’un océan, son souvenir
Enfui
–
RC – 19 mai 2013
–
Causse Méjean – restes de neige
Causse Méjean – restes de neige
Causse Méjean – restes de neige
Causse de Sauveterre, vers Montmirat
Vallée du Tarn au dessus de St Chély
Arbre illuminé entre rocs St Chély-du-Tarn
« couple »: rochers ruiniformes vallée du Tarn
Sainte Enimie, Vallée du Tarn, résurgence de la Burle
Sainte Enimie, Vallée du Tarn
![]() |
Causse de Sauveterre, environs de Champerboux |
![]() |
Causse de Sauveterre, environs de Champerboux
Article visible aussi sur mon site de photos des causses .
–
Marie-Claire Bancquart – Battement
Nous nous replions jusqu’à ce mince battement
qui nous sépare de la mort, juste le sang,
et si nous écoutons le paysage, ce n’est par pour aimer
sa musique
mais pour un autre bruit messager de palpitation.
Marie-Claire Bancquart
–
La route tracée de pluie ( RC )
La route tracée de pluie
Ta route est tracée de pluie et de soleil
Les ombres s’y allongent et s’y diluent
Dans une perspective incertaine
Les allers et retours, et croisées de chemin
Offrent en raccourcis leurs ornières et leurs dos d’âne
Les reflets des orages dans les flaques
Et celui de ta vie, qui mène comme elle l’entend
Son petit bonhomme de chemin
Et croise souvent le mien.
C’est à croire que la carte est écrite,
Qu’il est des rencontres fortuites,
Ou presque, qui nous retrouveront à l’abri
Aux petits bars de la côte, les odeurs de soupe
de chou-fleur et les fish ‘n chips,
Alors que la mer s’est suspendue,
Un instant de repos en paysage
Et la lumière au fond de toi
Qui me guide souvent, d’entre les nuages…
–
18 juin 2012
–
auquel de nouveau Lutin fait écho avec
C’est douloureux et tendre à la fois
la route tracée de pluie
le silence des corps interdits
pliant leur ombre en désespoir
Comme il est doux de traverser les lieux solitaires
dans le dos des marches
descendre le long fil de l’oubli
refusant de dormir
le soir tendu comme l’orage
Il manque la longévité des heures
cogne le cœur
un jour le ciel s’arrêtera de pleurer
creusant la mer de sel
aux couleurs d’un champ de neige
Entre-temps les cheveux poussent
fleurs aquatiques dans les flaques d’eau
la mort n’éteint pas les lumières
glissent nos yeux dedans
les mains retenues
lutine – 19-06-2012
–
Bernard Vargaftig – Les bruits sont lents
Les bruits sont lents ils font un paysage
D’oubli et d’eau de pentes qu’on remonte
Petites peurs frottées les unes aux autres
C’était rêver le ciel dans les bassines
Entre les noix et le bois sec le chanvre
Quelles durées fuient toujours dans la mienne
Semblants de mots d’habitudes qui cèdent
Quand on dirait qu’une à une les choses
S’étendent et se recouvrent indifférentes
Ombre enlisée enfance complaisante
Et que déjà l’herbe pousse à travers
Description d’une élégie
Editions Seghers Poésie 75, 1975
Flottements – (ombrecontrevents)
Adeline, dans son blog , nous fait partager ses publications et écrits, que je découvre de façon très récente, et qui m’autorise à republier qq uns de ses posts, en voila un..
Flottements
Tu t’insistes
Décalques pour rester ne pas t’oublier
tu aimes tes assuétudes tes désuétudes tes solitudes
papillonnes à travers des paysages toujours les mêmes
tu as si peur de t’égarer
Tes berceaux flottent en souvenirs d’inconsistance
je crois que tu aimais ces barreaux bleus en rais de ciel
Tu t’envolais
cachais sous ton oreiller des fleurs de rêve
pour assurance
Tu t’éveillais
te grisais de la lumière en traits rayés
qui dansait à travers le vert des volets
Parfois encore tu te berces de droite à gauche
te perds un peu
Tu t’es rapprochée des soleils des vents d’été
tu le sais enfin ce pays où tu es bien
Il s’est fixé sous tes paupières
Alors pourquoi flotter encore…
Sans doute parce que tu as lu la dernière page
Depuis si longtemps
Tu sais…
Jean-Pierre Duprey – IL Y A DE LA MORT DANS L’AIR
IL Y A DE LA MORT DANS L’AIR
Mon pays navigue sur un fond de mer
Je me promène dans ses jeux de vagues Sur les larmes éclatées
Les églantines sont des pirogues de verre
Mon pays est un vaisseau parti pour les étoiles
Le sang dedans maraude comme une folle
Paysage nivelé à zéro
II y a de la mort dans l’air
Mon pays est un vieux banjo de sanglots
On y joue des larmes très méchantes
Un grand poids pèse sur notre terre
II y a de la mort dans l’air
Au bout du ciel une plage de cristal
Sur un fond de mer s’affirme un pays de sang
Tout autour la boue rougie
Les plus belles morts sont de verre
A minuit sonnant, un vaisseau de marbre entra dans le port,
l’appel de ses sirènes répercuté par toutes les cloches d’alentour devint comme une révélation pour l’esprit du vagabond. On vit sortir des squelettes bancals portant l’insigne des pirates
d’Epinal. Des têtes armées de visières, des pieds torturés, des mains, des yeux sans propriétaire, les suivaient, innombrables petits chiens. Les araignées conquérantes occupèrent immédiatement la rade et pendant qu’ils pillaient les magasins, on leur construisit des baraquements de toile. Les peintres appelés en hâte teignirent en rouge les voiles décolorées du navire de marbre ; ce qui prouve que la mort va jusqu’aux pierres.
14 mars 1946
Roland Dauxois: – Le vent soulève des présages
Le vent soulève des présages,
nous allons vite, tous les vivants vont trop vite,
et le coursier noir qui emportait lénore
nous emporte aussi en une course absurde.
Nous allons vite, tous les vivants vont aujourd’hui trop vite
en abandonnant la lenteur
nous avons peu à peu déserté les paysages de la pensée.
Que nous importe de rejoindre une autre rive lointaine
en quelques heures ou minutes
si notre esprit est enchaîné à ce corps
mué en un seul véhicule,
que nous importe cette liberté
si la distance amoindrie dans l’espace physique
devient un gouffre pour nos rêves.
Merci à Roland Dauxois, pour ses publications toujours appréciées… voir son blog…
Sur la croisée des chemins (RC)
–
Sur la croisée des chemins, en ondules et creux,
du paysage c’était sa main
des traces qui menaient quelque part,
sans doute, mais où?
je ne savais rien de l’après ,
de ce qu’ était derrière la colline du lendemain,
la boule de cristal peut-être, – c’est sûr -,
les lignes de la main, encore,
m’auraient lu mon destin,
mais j’ai préféré continuer ma route,
avec toi, la main dans la main
–
et la traduction en espagnol que m’a gentiment fait parvenir Josephine Coll…
En la encrucijada
–
En la encrucijada, en ondulaciones y oquedades
del paisaje era su mano
huellas que llevaban hacia algún rumbo,
sin lugar a dudas, pero ¿a dónde?
del después yo lo ignoraba todo
de lo existente detrás del monte del mañana,
la bola de cristal quizás, — es cierto–,
las líneas de la mano, más aún,
me hubieran desvelado mi destino,
mas preferí proseguir mi travesía
contigo, cogidos de la mano
Ce texte est un commentaire à partir du thème original proposé par Juliette, et repris par JoBougon..
comme elle a fait un autre écrit dans le même sens que je cite ici, je lui ai fait la réponse suivante hier ( plus bas)…
———
Invitation
La banquise ne sied guère
A la passion torride
Venez-donc très chère
Avec moi parcourir
Le monde et ses secrets
Et s’installer qui sait
Sur la plage du désir
Qui attend nos soupirs
Puisque c’est la chaleur
Mariée à la douceur
Qui fait vibrer mon cœur.
Jo
——–
Chère toi…
tu sais tout de mes vibrations
de mon âme en sensations
de mon âme en ascension
et de mes tensions
Nous alons patiner dans les moules
Tamiser la semoule
Découper la banquise en dés
En faire chasse gardée
Et garder les glaçons
Pour faire à l’hameçon
De la pêche miraculeuse
Abondance merveilleuse
En plaisirs friandises
Qu’avec toi j’autorise
A partager moments
Au bal des amants…
–